Atelier du 17 octobre: Les ombres de la nuit

Les deux jeunes filles sortirent du restaurant.

Rose admira la lune qui éclairait le ciel de sa douce lumière. Depuis petite, elle adorait contemplait l’astre lunaire.

Aujourd’hui, les deux amies avaient visité le musée de la ville. Rose venait de passer une bonne journée en compagnie de sa meilleure amie, après des mois de déprime à cause d’une rupture amoureuse. Rose se sentait maintenant de bonne humeur et plus détendue. Sortir lui demandait toujours beaucoup d’effort, pourtant ce ne fut pas le cas aujourd’hui. Après avoir fait les magasins, elles avaient dîné dans un restaurant coréen.

Ce soir, il faisait très froid pour se promener longuement en ville. Rose sentit une présence derrière elle, mais préféra ne pas y prêter attention pour poursuivre sa route jusqu’à chez son amie. Elles avaient décidé de finir la soirée chez Anna.

Rose dut tourner à droite dans une petite ruelle éclairée par de grands lampadaires dont les ampoules vacillaient sur leurs passages. L’impression qu’on les épiées recommença à lui faire peur, elle se sentait espionnée. Une bien désagréable sensation.

— On ne peut pas prendre un autre chemin ?

— Il n’y a pas d’autre chemin. Mais on est presque arrivé.

Rose fit contre mauvaise fortune bon cœur et suivit son amie dans la ruelle sombre. Rien de rassurant. Elles se serraient toutes les deux pour se donner du courage pour continuer à marcher. Habituellement, Anna s’arrangeait toujours pour rentrer chez elle avant la tombée de la nuit.

Anna habitait dans les quartiers pauvres. Personne ne se souciait de savoir de savoir si les rues étaient bien illuminées.

L’air devint beaucoup plus froid, sans raison.

Un hurlement strident brisa le silence de la nuit. Les deux jeunes filles sursautèrent. Devant elles, à quelques mètres, une créature plaqua sa jeune proie, contre le mur en lui ordonnant de se taire, d’une voix terrifiante, presque surnaturelle.

Les deux amies frissonnèrent en l’entendant. Son timbre de voix n’avait rien d’humain, procurant des sueurs froides dans le bas du dos de Rose.

Anna avait tiré son amie vers un coin plus sombre de la ruelle, cachée derrière des escaliers en colimaçon d’un immeuble délabré. Rose sentit ses jambes devenir du coton et sa respiration se bloqua. Mais le pire était qu’Anna ne semblait, elle, ne pas être étonné plus que ça, par l’horreur de la situation. Alors que pour la jeune fille, elle avait l’impression d’être plongé en plein cauchemar.

Rose ne réussit pas à réagir, son corps glacé par l’effroi lui faisait claquer des dents. Tout semblait irréel, elle cru entendre un cri, mais elle ne réagissait pas.
Quand la créature se mit à maintenir le cou de sa victime avant de plonger son regard dans le sien. La pauvre hurla de douleur, de la fumée s’échapper de son corps en laissant une odeur de brûler. Étrangement, Rose ne pensait plus à sa propre terreur, elle voulait aider la pauvre jeune fille en détresse, néanmoins Anna l’en empêcha.

Rose la regarda interloquer.

— Il faut faire quelque chose, murmura Rose, terrifiée, mais bien décider à réagir.

— Chut... Rose, Crois-moi, on ne peut rien faire.

La victime brûlait de l’intérieur, à mesure que la créature se nourrissait de son énergie. L’entendre souffrir, c’était insupportable !

Les lumières vacillaient et crépitait avant de s’éteindre complètement. Il ne restait que la lumière de la lune et d’un vieux néon accroché sur une ancienne boutique.

Anna aurait tellement désiré lui venir en aide. Mais l’utilisation de ses pouvoirs incontrôlables pouvait tout aussi bien blesser son amie. D’autant plus que la créature était bien trop puissante pour une jeune sorcière comme elle. Lasse, elle se couvrit les oreilles pour ne plus rien entendre.

Ne pouvant en supporter davantage, Rose sortit de sa cachette, ne sachant que faire exactement. Mais elle n’avait pas réfléchi, elle avait seulement laissé parler son cœur. Et plus moyen de faire marche arrière.

Elle regarda de droite à gauche, à la recherche d’un objet qui pourrait lui servir. Elle attrapa le couvercle en métal d’une poubelle qui traînait par terre. Pas à pas, sans faire de bruit, elle s’approcha de la créature et souleva le couvercle pour le frapper. Il ne lui en laissa pas le temps. Il la regarda avec intensité. Ses iris étaient de feu, ses canines sorties de ses gencives.

Rose voulut crier ; aucun son ne franchit le passage de ses lèvres. La créature souriait à pleines dents en l’admirant. Le sol se mit à trembler. Rose le connaissait ! Elle en était convaincue. Pourtant, les traits du visage de l’agresseur étaient méconnaissables. Cela lui semblait comme un lointain souvenir. Son intuition ne s’y trompait pas. Les secousses s’amplifièrent.

C’était sensé être une soirée tranquille, pensa Rose, au bord des larmes. Et non une soirée digne d’un bon film d’horreur.

Très vite, la victime perdit la vie. Son dernier souffle de vie s’épuisa, ne laissant que des pupilles blanchâtres. Tout s’était passé à une vitesse incroyable. Aucune des deux amies n’avaient eu le temps de comprendre ce qui venait réellement d’arriver.

En passant devant elle, le criminel adressa un sourire diabolique à Rose, avant de s’évaporer. Il ne restait qu’un tas de cendres au côté de la victime.

Un complice du meurtrier, tapi dans l’ombre jusqu’à, s’approcha dangereusement de Roe. Dans ses prunelles, les flammes semblaient danser. Ses yeux brillaient dans l’obscurité, donnant presque la nausée. Une odeur de soufre monta dans l’air, si forte que la jeune fille peinait à respirer.

Anna quitta la cage d’escalier en se reprochant sa lâcheté. Il fallait à tout prix qu’elle réussisse à se calmer, afin de contrôler ses pouvoirs. Par la force de la pensée, elle envoya la créature dans les airs. Celle-ci se cogna contre le mur d’en face, brisant quelques brisques de l’immeuble. Quant à Rose, sous le choc, elle revoyait dans son esprit ces yeux rouge sang, animé comme des flammes dans l’obscurité. Et ce sourire démoniaque...

— Viens, Rose, on doit partir et vite, l’encouragea Anna en l’attrapant par le bras.
La créature se releva, un peu sonnée, mais surtout en colère contre elles. Il montra ses crocs acérés. En jurant entre ses dents, il s’approcha d’elles, prêt à les déchiqueter. Anna se concentra de nouveau pour se défendre contre lui. Cette fois, il parvint à éviter l’attaque. Il jubilait, pensant avoir le dessus sur elles.

Au loin, un hurlement de loup retentit, les alertant de la présence de la garde dans les parages. Deux loups à la taille impressionnante arrivèrent dans la ruelle en montrant les crocs. À leurs passages, les lampadaires s’allumèrent comme par magie. Le loup noir et blanc attrapa la créature par le bras, mais ne vit pas qu’un troisième ennemi venait de se poster derrière Rose, la menaçant d’un poignard.

Les loups montrèrent leurs crocs et restèrent sur leurs gardes.

— Sales chiens galeux ! hurla le phénix de cendre. Si vous bougez ne serait-ce qu’une seule patte, je l’égorge aussitôt, ajouta-t-il en appuyant plus sur la lame pour accentuer sa menace.

Il recula en maintenant la jeune fille devant lui, comme un bouclier.

C’était sa garantie que les loups ne le tueraient pas, tant qu’il la gardait en otage.

Terrifiée, tremblante, elle fit une prière muette, demandant à être épargnée. Son cœur s’affola davantage, elle pensa s’évanouir.

Sans réfléchir, elle flanqua un coup de coude dans le flan de son agresseur, qui la tenait toujours en joue. Sous l’effet de surprise, il la lâcha ; elle en profita pour se mettre à courir pour rejoindre son amie.


Il faut qu’on sorte de là, songea-t-elle.

Devant elles se tenaient des loups exactement comme ceux que son amie lui avait montré au musée.

Tous les loups présents se mirent à tourner autour de la créature, prêts à l’attaquer au moindre signe de faiblesse de sa part. Le phénix tenta à plusieurs reprises de se téléporter dans un autre endroit. Étrangement, son don ne fonctionnait plus. Il rugit en levant ses deux mains, paumes ouvertes, afin de faire jaillir des flammes. Mais là encore, rien ne se produisit. Il ne lui restait plus que les armes en argent et les humaines pour sauver sa peau.

En tentant de rejoindre les deux filles, le loup au pelage gris s’interposa. Le phénix le mit à terre d’un coup de pied. Mais aucun répit pour lui, un autre loup tenta de lui sauter dessus, il l’esquiva et s’avança vers Rose.

Sans qu’il ne sache comment cela fut possible, il réussit à créer un esprit de feu pour occuper les loups. Désormais, le dernier à lui faire face était le loup au pelage noir et blanc qui se plaça entre la jeune fille et le phénix, montrant ses crocs, prêt à tuer sans pitié toute créature lui voulant du mal. Les deux ennemis se faisaient face ; le poignard enchanté avec lequel il avait menacé Rose, un peu plus tôt, brillait dans la nuit.

En tentant de protéger la jeune fille, le loup noir et blanc la blessa en la poussant contre le mur.
Le phénix en profita pour frapper le loup noir au niveau du ventre avec son poignard. Sa rage était telle qu’il ne voulait plus seulement sauver sa vie, mais tuer le plus de monde possible. Il gémit de douleur, mais resta debout auprès de Rose.

Le loup au pelage brun-roux – réussis à vaincre l’esprit de feu, ce qui lui valut des brûlures. Il s’apprêtait à porter secours à son ami blessé, quand il fut soulevé dans les airs. Dans la confusion, Anna s’était trompée de proie. Les yeux d’Anna devinrent vert émeraude.

— Repose-moi à terre, espèce d’idiote, rugit-il en pensée, conscient qu’elle ne pouvait l’entendre.

Il était réellement en colère contre elle. Car il ne supportait pas de se sentir impuissant.
Anna essaya de le reposer calmement à terre. Au lieu de ça, elle le projeta sur la créature. Profitant de l’occasion, le loup noir et blanc tua le phénix en lui rompant le cou.
Après avoir poussé un cri d’épouvante, Rose perdit connaissance. Elle entendait des voix, mais c’était très lointain.

— Bon sang ! C’était quoi, cette chose ? demanda Rose.

Les loups reprirent forme humaine d’un seul bond.

— Un phénix de cendre, annonça un des leur en redevenant un humain, comme si cela coulait de source.

À chaque transformation de loup en humain, il portait à nouveau ses vêtements humains. La croyance populaire véhiculait l’idée que les métamorphes se retrouvaient nus comme des vers, en redevenant humains. Mais ceci était faux.

— Un quoi ?

— Ah, génial ! En plus, on a affaire à une novice, souffla-t-il d’un ton méprisant.

— Tu te prends pour qui, monsieur muscles ? répliqua la jeune fille en colère. C’est la novice, comme tu dis, qui vous a aidés.

— Aidés ? Tu veux plutôt dire gênés.

Elle s’approcha de lui en le fixant d’un air qui n’annonçait rien de bon. Mais le jeune homme à l’apparence d’un loup noir et blanc poussa un autre gémissement de douleur. Tous deux mirent leurs différents de côté afin d’aider leur camarade. Son ami l’aida à se relever.