Atelier 01 - 17/10/2021 - Mission de nuit

Elle venait de passer le dernier lampadaire allumé. Il projetait une ombre qui s’allongeait à mesure que Samantha marchait. La lumière donnait l’impression de déformer anormalement la silhouette de la jeune fille jusqu’à lui donner une forme inquiétante. L’obscurité finit par engloutir l'adolescente.

Elle marchait dans une rue pavée qui descendait, découpée sur ses côtés par d'immenses silhouettes noires, semblables aux crocs d'un monstre gargantuesque prêt à vous dévorer. Devant elle, la nuit semblait couler dans un violet chaud qui se mourait derrière la silhouette d’autres bâtiments. L’adolescente était vêtue légèrement, un peu trop au vue du froid qui commençait à lui mordre les jambes. Une veste en fausse fourrure au motif léopard. Une robe en simili cuir traversée d’un petit sac à main noir et chaîne en or. Voilà tout du moins ce que n’importe quelle personne qui la croiserait pourrait voir.

Samantha avait quitté depuis plusieurs minutes le brouhaha des rues pleines de vie, remplies de bars et de restaurants. Ne résonnait à ses oreilles que l’écho du bruit de ses pas sur les pavés. Elle était à l’écoute du moindre bruit annonciateur de sa proie. C’était ça ou ce serait elle la proie cette nuit si elle faisait preuve d'inattention. Elle avait beau avoir déjà fait ce genre de chose des centaines de fois, elle appréhendait toujours le passage à l’acte.

— Sam, reste concentrée » entendit-elle par l’oreillette dissimulée derrière ses cheveux. « Je suis là pour intervenir si il y a le moindre problème. C’est dans l’obscurité que tout se joue. »

« C’est dans l’obscurité que tout se joue » se dit-elle intérieurement en même temps que son père le lui disait. Il lui avait rabâché cette phrase tellement de fois depuis qu’elle était petite que c’était presque devenu un leitmotiv. Ce qui était assez amusant puisqu’il savait très bien que l’obscurité n’était pas vraiment un problème pour elle. Si elle avait bien un atout dans ce type d’excursion nocturne, c’était de voir la nuit comme en plein jour. Oh bien sûr, elle ne voyait pas de la même manière mais elle distinguait très bien son environnement. Après tout, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Quel père ne voudrait pas protéger sa fille ? Elle se disait qu’en même temps c’était assez ironique car il la mettait également souvent en danger avec ce type de plan.



[Je n'étais pas la pour l'atelier d'écriture mais j'ai fait l'exercice dans les mêmes conditions que vous en 45 min. C'est ma première reprise d'écriture ! ]