La painpauté
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ninja-janine
Messages : 102
Date d'inscription : 29/01/2023

Dans les profondeurs du marais Empty Dans les profondeurs du marais

Dim 29 Jan - 16:47
Au milieu de nulle part. Elle se trouvait au milieu de nulle part. Son téléphone portable HS, sans aucun réseau. Sans lumière de surcroît. Elle avait quitté une soirée ringarde et grotesque. Les autres s’amusaient. Elle, pas du tout. Ses amis avaient refusé de la reconduire ne fut-ce qu’à la route. Au petit matin, elle en avait eu assez. Elle avait emprunté une lanterne à pétrole au décor dantesque de la fête. Il serait toujours temps de la rendre plus tard.
En voulant rejoindre la route, faire du stop, rentrer chez elle, elle s’était perdue. Voilà comment elle s’était retrouvée à patauger dans la gadoue. Enfin, au début elle avait cru que c’était de la gadoue. A mesure qu’elle avançait, elle dût se rendre à l’évidence, elle s’était vraiment perdue. Le paysage se transformait. Des morceaux de brume flottaient entre des arbres nus, noirs. Elle sentait leurs griffures sur ses bras. Menaçants ils tendaient leurs maigres rameaux pour lui barrer le passage. Comme s’ils essayaient de protéger quelqu’un ou quelque chose. Qui ? Et surtout pourquoi ? La lanterne à bout de bras, elle repérait sur le chemin les endroits plus propices où poser ses pieds. Ses pieds s’enfonçaient dans la boue jusqu’aux chevilles. Ses chaussures étaient fichues. Elle contourna une espèce de flaque d’eau glauque. Les nuages de vapeur se déplaçaient.
Sous l’effet d’une brise, dont l’endroit seul connaissait le secret, la brume se dispersa. En se dissipant, elle dévoila la forme d’une grosse bâtisse massive. Inquiétante. Son cœur s’emballa. Son estomac se noua. Elle déglutit péniblement. L’édifice avait tout à fait l’apparence d’une maison hantée comme elle en avait vu tant de fois dans des films d’horreur. Elle aimait bien les maisons hantées. Celle-ci s’avérait bien réelle tout de même ? Etait-elle habitée ? Et surtout que faisait-elle plantée au milieu dans cet endroit lugubre ? Un instant, elle eut l’envie de tourner les talons. La maison cependant l’attirait comme un aimant. Sa forme, son gabarit hors du commun éveillaient sa curiosité.
Un craquement à sa gauche la fit sursauter. Elle fit un bond de côté. Son pied atterrit dans une flaque d’eau avec un abominable bruit de succion. Elle leva la jambe aussitôt. Pas assez vite. La boue garda sa chaussure, une chaussure exquise à talon haut, en trophée.
Un pied nu l’autre chaussé, elle claudiqua vers la maison tout en pierres de rivière. Grise. Elle avait dû être de toute beauté au moment de sa construction. Enfin, peut-être pas. L’architecte était certainement un peu déjanté pour avoir construit pareil monument. Les plans n’avaient pas dû être au point au moment de la pose de la première pierre car des éléments avaient été ajoutés sur les côtés. Ou alors la famille s’était agrandie et les propriétaires avaient eu besoin de plus de place pour loger tout leur petit monde. Aucune des fenêtres n’avaient la même grandeur. Le manque d’entretien avait laissé des marques sur la façade et les toits éventrés de tous les côtés étaient de guingois.
Un frisson parcourut sa colonne vertébrale. Malgré la fraîcheur, elle épongea son front. Sa peau était humide.
Sur le dessus, posé comme sur un gâteau, une tourelle. Elle s’immobilisa. Avait-elle vraiment aperçu de la lumière là tout en haut ? Une prison ? Ou bien était-ce un poste d’observation ? Quelqu’un l’avait-il vue arriver ? Etait-ce un signal de reconnaissance ? Elle n’osait plus s’approcher.
Elle buta sur une souche, tomba à genou dans la boue, une main en l’air pour retenir la lanterne de justesse. Quelque chose lui caressa la cuisse. Elle poussa un hurlement, tenta de se relever, retomba les fesses dans la boue. En tombant un peu plus loin, la lanterne fut entraînée dans les profondeurs fangeuses par une espèce de liane noire et visqueuse. Celle qui lui avait frôlé la cuisse. Elle se releva, tâtonna autour d’elle à la recherche d’un appui. Sa main faillit s’empaler sur branche cassée d’une souche, aussi pointue qu’une aiguille à tricoter.
Et dire qu’elle avait refusé d’accompagner son amie Jackie à une séance de bain de boue promotionnelle. Elle était en plein dedans à présent. Jackie aurait matière à se moquer quand elle lui raconterait. Pour l’instant, elle était dans de sales draps. Sans lumière, elle ne savait pas trop comment elle allait pouvoir se débrouiller pour rejoindre la route. Elle grimaça en direction de l’imposante et de la petite lumière qui continuait à scintiller à intervalles régulières tout en haut de la tourelle.
Quelque chose s’enroula autour de sa cheville, remonta le long de son mollet, bloqua son genou, enserra le haut de sa cuisse. Ses poumons s’emplirent d’épouvante et expulsèrent un hurlement dément. La chose, la liane visqueuse, la traînait. D’une main elle tenta de s’en débarrasser. De l’autre, elle s’accrocha à tout ce qu’elle pouvait. En vain. Aux abords de la maison, elle fut libérée. Elle sentit la chose parcourir son corps comme si elle voulait enregistrer ses formes. Un nouveau hurlement s’échappa de sa gorge. Avant de s’arrêter net. Un grincement se faisait entendre. Comme le grincement d’une porte. Sauf qu’il n’y avait pas de porte.
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