Fuite nocturne (marécage)

J’étais parti sans me retourner, ni même savoir où aller. Dans la précipitation, j’avais juste pu attraper en coup de vent la lampe à charbon qui se trouvait sur le meuble de l’entré. Avant d’avoir pu réfléchir aux conséquences de mes actes, je courais loin du centre-ville, loin de cette maison, loin de cet homme.

Mes pensées étaient floues et mon cœur frappait lourdement dans ma poitrine. Mes pieds nus quittèrent les pavés pour venir s’enfoncer dans une boue fraîche et visqueuse. Lorsque je relevai la tête, j’étais complètement perdu au beau milieu d’une forêt marécageuse. Je m’arrêtai net. Autour de moi, il n’y avait plus que des arbres à pertes de vue. Plus aucune lueur de la ville n’était visible. J’étais allé trop loin pour faire demi-tour. Peut-être que si je traversais cette forêt, je parviendrais à trouver les abords d’un village pour y passer la nuit.

Tout en essayant d’oublier la fraîcheur et l’humidité de cette nuit qui me glaçait les os, j’avançai.

Par chance, la nuit était lumineuse. En dépit de l’épais brouillard qui stagnait au sol, les reflets de la lune éclairaient suffisamment pour me permettre de faire un pas devant l’autre sans être totalement à l’aveugle. Ma lampe à charbon ne m'était aucune utilité, la flamme, c’était éteinte depuis bien longtemps, mais la braise restante avait le mérite de me réchauffer quelque peu.

Mes orteils pataugeaient dans cette eau croupie. À chaque pas, mes pieds s’enlisaient plus profondément dans la boue. L’eau puait la gadoue et l’herbe coupée mélangées à des déjections animales. Le bois était étonnamment bruyant. Les branches ne cessaient de grincer. Des animaux bougeaient dans tous les recoins. Ils m’observaient. Je n’étais pas la bienvenue sur leur terre. Je ne pouvais m’empêcher de me retourner à chaque craquement, à chaque bruit de pas, à chaque ululement de chouette. J’étais à l'étroit dans cette vaste forêt. J’essayais de me faire la plus minuscule possible, la plus discrète malgré le clapotement de mes pieds sur la boue.

Après une marche qui me semblait avoir durée plus d’une heure, j’aperçus enfin un bâtiment, mais ce n’était pas un village. J’étais toujours plongé en pleine forêt, et il n’y avait toujours aucune lumière. Cette maisonnette délabrée était seule au milieu des arbres. De loin, elle paraissait abandonnée et peu accueillante, mais je tremblais de froid et il n’y avait toujours pas l’ombre d’un village. Je ne pouvais pas me permettre de faire la fine bouche.
J’étais déterminé à y passer le reste de la nuit en attendant le lever du soleil, mais pour cela, il me restait encore quelques flaques à traverser.

Soudainement, un puissant bramement raisonna brisant le silence relatif de cette forêt habité. Surprise par la vigueur du cri, je perdis l’équilibre et glissai sur la terre visqueuse.

- Rah… Génial. Râlais-je à haute voix.

Je me relevai doucement afin de ne pas chuter à nouveau. Mes vêtements étaient désormais alourdis par la terre et ma lampe à charbon perdue au fin fond de cette mare de boue.
D’un révère de la main, je retirai le maximum de saleté de mes vêtements pestant contre ma maladresse.

Je finis de traverser la dernière flaque, les jambes souiller jusqu’au tibia. J’atteignis enfin le porche de la bâtisse. Le toit était délabré, la mousse recouvrait les murs fissurés par le temps. Je saisis la poignée en métal et ouvrit délicatement la porte qui grinçait déjà priant pour qu’il y ait aucune mauvaise surprise à l’intérieur. Quoi qu’il en soit, cela ne serait rien de comparable à ce qui m’avait obligé à fuir ma demeure.  [/justify]

Je trouve que tu réussis à bien transparaitre l'atmosphère de la photo et ce qui est plus flagrant c'est du passage de la ville au marécage.
Tu emploies des verbes forts comme l'a conseillé Christelle.
Je vois aussi qu'on a eu la même idée de la chute dans l'eau boueuse mdrr.

kathleenmauteur a écrit:Je trouve que tu réussis à bien transparaitre l'atmosphère de la photo et ce qui est plus flagrant c'est du passage de la ville au marécage.
Tu emploies des verbes forts comme l'a conseillé Christelle.
Je vois aussi qu'on a eu la même idée de la chute dans l'eau boueuse mdrr.

Merci pour ton avis !
En effet la chute était inévitable avec toute cette gadoue

Super cool ton texte ! On sent bien la détresse de ton personnage et le fait qu'elle soit totalement perdu et faible dans cet environnement.

Excellent texte ! J'ai adoré ! Tu maîtrises parfaitement les descriptions, je me suis plongée dans le marais avec ton héroïne dans ces eaux boueuses et puantes, j'étais bien partie pour continuer longtemps à la suivre J'aime beaucoup ta plume au passage, tes phrases sont vraiment très belles. Un grand bravo à toi !

Yoomise a écrit:Super cool ton texte ! On sent bien la détresse de ton personnage et le fait qu'elle soit totalement perdu et faible dans cet environnement.

Merci !

Sayuri.K a écrit:Excellent texte ! J'ai adoré ! Tu maîtrises parfaitement les descriptions, je me suis plongée dans le marais avec ton héroïne dans ces eaux boueuses et puantes, j'étais bien partie pour continuer longtemps à la suivre J'aime beaucoup ta plume au passage, tes phrases sont vraiment très belles. Un grand bravo à toi !

Merci beaucoup ! Ton avis me fait chaud au cœur !

Hello !
Bravo pour ton texte ! Tu y as mis pas mal de rythme et tu sais gérer action/description/dialogue. Mais il y a des petites maladresses :

Avant d’avoir pu réfléchir aux conséquences de mes actes, même structure que la phrase précédente

Mes orteils pataugeaient dans cette eau croupie. À chaque pas, mes pieds s’enlisaient plus profondément dans la boue. L’eau puait la gadoue et l’herbe coupée mélangées à des déjections animales. Le bois était étonnamment bruyant. Les branches ne cessaient de grincer. Des animaux bougeaient dans tous les recoins. : tu as perdu tout le rythme créé avant ici.

mais ce n’était pas un village. J’étais toujours plongé en pleine forêt, et il n’y avait toujours aucune lumière. : Tu énonces l'évidence, je pense que tu peux amener les choses différemment.

J’étais déterminé à y passer le reste de la nuit en attendant le lever du soleil, mais pour cela, il me restait encore quelques flaques à traverser. : ne pas forcément décrire une intention, plutôt se concentrer sur l'action et si tu veux amener une info, un dialogue ou une pensée.

habité : le détail en trop sur la forêt, tu donnes déjà pas mal d'adjectifs dans le reste de la phrase

Merci pour ta participation !