La painpauté
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Ghosto1977
Ghosto1977
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La malédiction de l’alchimiste Empty La malédiction de l’alchimiste

Sam 29 Oct - 23:06
Le vent de la mer soufflait fort ce jour-là sur la lande du Poitou. Comme le train stoppe enfin dans la petite gare du tout aussi petit village de Malval, Christelle, jeune femme brune de 29 ans, s’empare de sa lourde valise et la traîne comme elle le peut hors du wagon.

« Bon, enfin arrivée ! Une chance que je n’ai pas raté le premier et dernier train de la journée, se dit-elle en dégringolant avec son bagage sur le quai. »

Ses yeux parcourent un instant les alentours. Une petite vingtaine de maisons entourent une vieille église de style gothique tandis que, partout autour, s’entend une vaste plaine marécageuse parsemée, çà et là, de quelques rares chênes ou bouleaux.
« Mais qu’est-ce que je fous dans ce bled perdu, soupire-t-elle ? »

Elle se remémore rapidement ce qui l’a amené là, ici, au milieu de nulle part, en ce jour précédant Halloween. Son métier d’écrivaine, sa panne d’inspiration actuelle, et l’appel de la mère d’une lointaine cousine maternelle dont elle ne connaissait pas l’existence il y a à peine une semaine.

« Bonjour Christelle, à l’aide, lui avait demandé la mère de celle-ci. Je dois m’absenter avec mon mari pour la soirée d’Halloween. Pourrais-tu me rendre service et t’occuper de ma petite Léa, s’il te plaît. Je te laisserai la maison pour toi toute seule pour 4 jours.
– OK Séverine, avait-elle répondu. Ce petit séjour loin de la Région parisienne va peut-être m’oxygéner et me donner de l’inspiration… »
Quelle naïve elle avait été ! Pour l’oxygénation et le dépaysement, pas de souci. Mais pour ce qui est de l’inspiration pour son prochain roman, on repassera. La jeune femme scrute le quai, et remarque tout à coup une grande femme auburn d’une cinquantaine d’année qui lui fait signe de la main.
« Ah, Séverine. Heureusement, elle ne m’a pas oubliée, se rassure-t-elle. Idiote, elle t’attendait pour pouvoir partir en week-end avec son mari, bien sûr qu’elle n’allait pas t’oublier ! »

Son hôte attrape la lourde valise de la jeune femme, et la place difficilement dans le coffre de sa vieille Renault.

« Salut, ça me fait plaisir que tu es accepté de venir. Tes parents vont bien ?
– Oui, ils vont bien, je te remercie.
– T’as bien grandi depuis la dernière fois que je t’ai vue. Bon, en même temps, ça fait combien de temps que je ne t’ai pas vu… ah oui, t’étais encore dans ton landau… le temps passe vite !
– Oui
– T’as fait un bon voyage ?
– Ça peut aller !
– Dans le coin, c’est plutôt calme. C’est sûr que c’est pas Paris, mais, ici, la seule chose qu’on tue, c’est le temps !
– Bah, ça peut pas me faire de mal de m’isoler un week-end, je suppose.
– Ta mère m’a dit que tu es écrivaine ?
– Ouai
– Et ça marche ?
– Tu sais, je ne suis pas Marc Levy ou Amélie Nothomb. Je publie en auto-édition. Mais je m’en sors à peu près. Enfin, on va dire ça.
– Et tu écris quoi ? De la romance ? De l’historique ? De la poésie ?
– Non, de la fantasy, young adult.
– Ah, réplique la cousine, surprise, je suppose qu’il y a un public pour ça aussi… Ah, mais nous sommes arrivées ! »

La voiture stoppe net devant un petit manoir ancien aux murs blancs. De larges fenêtres verticales percent ses 2 étages, et plusieurs mansardes semblent avoir été aménagées sous le toit d’ardoise. Une étrange angoisse saisit la jeune romancière en sortant de la voiture pour rejoindre la demeure familiale, comme si quelque chose ou quelqu’un l’observait. Elle se retourne, mais personne ne se trouve derrière elle, bien sûr. Son imagination fertile doit commencer à se libérer, ce qui doit être bon signe, elle suppose.

« Bienvenue dans notre petite demeure. C’est assez isolé, mais plutôt cossu. On dit qu’elle a été bâtie sur l’emplacement d’un ancien château, et que les blocs de pierres de ce dernier ont servi pour les murs. Elle est dans notre famille depuis au moins 3 générations. Je suis sûre que tu vas t’y plaire. Mais, d’abord, laisse-moi te présenter ta cousine Léa, continue-t-elle en faisant remarquer à Christelle une jeune fille d’une quinzaine d’année aux cheveux auburn qui sort du bâtiment juste à ce moment précis.
– C’est elle, Léa ? Elle a l’air d’être en âge de se surveiller toute seule, non ?
– On va dire ça. Elle a tendance à n’en faire qu’à sa tête en ce moment. »

Séverine sort la valise de la jeune femme du coffre et monte péniblement les 2 marches menant à la petite terrasse. Elle se tourne vers sa fille.

« Léa, ma chérie, je te présente ta cousine Christelle !
– Enchantée, ajoute l’écrivaine en tendant la main pour la lui serrer.
– Ouai, salut, maugréée l’adolescente. Je suppose que c’est toi la garde chiot !
– Euhhh, je ne sais pas ce que tu entends par là, mais je suis juste là pour te tenir compagnie ! Je suis sûre qu’on va s’éclater !
– Merci, mais je sais prendre soin de moi, et, pour m’éclater, j’ai mes potes !
– Tes potes, les mêmes qui ont saccagé ma cuisine il y a un mois le jour de tes 15 ans ?
– Ils ont voulu préparer un repas d’anniversaire.
– Chérie, les 3 litres de whisky, c’était peut-être un peu trop pour faire ton gâteau !
– On voulait juste mettre de l’ambiance, rien de mal !
– Vous avez juste failli mettre le feu quand l’un d’entre eux, le rondouillard à lunettes, a posé l’une des bouteilles par erreur sur une plaque de cuisinière en marche ! Christelle, tu vois, il n’y a pas de soucis. Tu peux t’amuser avec ta cousine, mais je ne veux pas que ces olibrius pénètrent à nouveau dans ma demeure, c’est clair ?
– Oui, très clair, bredouille la jeune femme en se demandant où elle avait bien pu tomber ! »

Séverine avait mené l’écrivaine jusqu’à sa chambre, aménagée dans une des mansardes. La pièce est plutôt petite mais bien assemblée, avec un lit, un petit bureau devant à sa droite, face à une gigantesque fenêtre rectangulaire, et une gigantesque armoire de chêne en face.

« Bon, j’espère que tu te sentiras bien. Cette pièce n’est pas bien grande, mais ce n’est que pour quelques jours. Surtout, si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésites pas. On part demain matin à la première heure !
– C’est parfait, répond Christelle en parcourant des yeux les murs recouverts d’un papier peint bleu uni. Tant qu’il y a une prise pour mon ordi, ça me va ! »
La jeune femme fixe la grande fenêtre, et son regard est attiré par un groupe de 4 garçons et 2 filles qui s’entretiennent avec Léa.
« C’est donc eux, les fameuses terreurs, soupire l’écrivaine. Espérons qu’ils ne me causeront pas d’ennuis demain ! 
– Laisse-moi de faire faire le tour de la maison, histoire que tu t’y sentes chez toi, continue Séverine. »

La maîtresse de maison désigne le couloir de la main.

« Voilà le troisième étage. Comme tu peux le voir, on y a fait aménager 3 mansardes, qui servent de chambres à nos invités. Laisse-moi te montrer le premier étage… »

D’un geste de la main, elle désigne le grand escalier central en colimaçon.

« Tu vois, au bout de ce couloir se trouve notre chambre. Juste à côté se trouve celle de Léa, puis, la grande pièce juste à côté, nous l’avons aménagée comme salle de jeu avec une seconde télé, l’ordinateur et la dernière console de jeu. La pièce du fond est le bureau de Jérôme, mon mari ! C’est suffisamment à l’écart pour qu’il ne soit jamais dérangé quand il a besoin de bosser ! Bon, je crois qu’on peut passer au rez-de-chaussée ! »

Les 2 femmes descendent encore d’un étage, et se retrouve face à Léa qui, dédaigneusement, les ignore. La pièce dans laquelle elles se trouvent maintenant est vaste avec, en son centre, une gigantesque table ronde en chêne brut encerclée d’une dizaine de chaises. Derrière, accolés au mur d’un jaune pâle, sont fixés plusieurs armoires ainsi qu’un buffet. Plus à l’écart, dans un coin, se trouve une étagère de télé avec le téléviseur, un lecteur DVD agrémenté de toute une collection de ces derniers.

« Là, nous sommes dans le grand salon, qui donne sur la terrasse. Relié à lui se trouve la cuisine. »

Séverine fait pénétrer Isabelle dans une petite salle avec, en son centre, une minuscule table rectangulaire. Tout au fond se trouve un évier avec, accolé à ce dernier, une petite paillasse destinée à la cuisine ainsi qu’un four micro-onde posé dessus et une cuisinière installée tout au bout. Juste à gauche, contre le mur, est posé un grand frigo – congélateur gris américain. À droite sont posés un lave-vaisselle et un lave-linge.

« Normalement, il y a tout ce qu’il faut dans le frigo pour ces 4 jours. Mais, si tu as besoin de quoi que ce soit, l’épicerie est juste au bout de la rue. »
La maîtresse des lieux ouvre une petite porte sur la gauche, juste à côté du frigo, qui mène à un petit couloir desservant la cuisine, le salon, et 3 autres petite pièces. La zone étant plongée dans l’obscurité, elle presse un bouton qui allume la lumière.
« Cette pièce-là, c’est les WC et celle dans le fond, la salle de bain.
– OK, et celle juste à gauche ?
– Oh, c’est juste un petit placard vide. Mais il reste un endroit que je dois te montrer. Attention, c’est un endroit peu sûr, alors je te déconseille d’y aller seule, et c’est interdit à Léa ! »

Retournant dans le salon, les 2 femmes empruntent une dernière fois le grand escalier central pour descendre et atterrir, cette fois, dans le sous-sol. Effectivement, le lieu est assez sinistre avec ses toiles d’araignées et ses murs fissurés, mais la pièce est probablement plus vaste que le salon et la salle de jeu réunis. En pénétrant dans cet endroit, un frisson parcoure l’échine de la romancière, comme si quelque chose d’ancien et maléfique hantait cette partie de la maison.
« T’es conne, Christelle, c’est juste une vieille cave ! »

L’écrivaine remarque, contre un mur du fond, plusieurs gros tonneaux laissés là depuis sûrement des décennies.

« Voilà la cave ! On ne l’utilise plus depuis l’époque de ma grand-mère ! On dit de cette partie de la maison pré date sa création, et qu’il s’agit de la dernière partie de l’ancien château fort qui se trouvait là avant et qu’on a détruit sous la Révolution. »

En effet, l’endroit a l’air particulièrement ancien, et Christelle remarque des piliers gothiques qui soutiennent encore comme ils peuvent les murs délabrés

« Il faudrait vraiment que nous fassions des travaux ici. La pièce serait assez grande pour faire des fêtes !
– Possible, mais, en tout cas, c’est un endroit parfait pour retrouver l’inspiration pour mon prochain roman d’horreur ! »

La soirée se passa tranquillement, et la nuit qui suivit fut paisible pour Christelle qui, le lendemain matin, s’était réveillée en pleine forme. Nul ne doute que l’air de la campagne la plus profonde lui avait fait du bien. Comme prévu, Séverine et Jérôme étaient tous 2 partis dès les premiers rayons du soleil, et ne reviendraient que dans 4 jours. D’ici là, Christelle aurait sûrement pu retrouver son inspiration et commencé son nouveau roman. Mais, d’abord, il fallait passer cette soirée, la soirée d’Halloween. Après s’être lavée, la jeune femme rejoint le salon. Léa s’était, elle aussi, enfin décidée à sortir de son lit, et déjeunait tranquillement.

« Salut, t’as bien dormi ?
– Ouai, j’ai bien dormi !
– Ce soir, c’est Halloween, je crois que je dois avoir de quoi nous déguiser. On pourrait peut-être se faire une soirée crêpes ou raclette entre nanas, ça te dirait ?
– Ouai, je suis sûre que ça pourrait être sympa, mais tu sais ce qui pourrait l’être encore plus ? Une soirée costumée horreur avec mes potes, mes vrais !
– T’es une fille vraiment charmante. Tu sais que tes parents ont dit non !
– Tu commences à me saouler !
– Ta mère doit vraiment adorer vos conversations !
– Mes parents, ils en ont rien à foutre de moi, ou ils m’obligeraient pas à vivre dans ce bled pourri et cette maison « creepy » !
– Tes parents t’aiment… mais je suis d’accord avec toi sur ce village… Paris, c’est plus « cool » !
– Vas-y, frime devant moi sur ta super vie !
– Écoutes, j’ai pas « une super vie », d’abord. J’ai aussi des galères comme le fait de devoir faire rentrer de l’argent régulièrement, car je suis indépendante, de trouver l’inspiration pour mes bouquins, ou de discuter avec une tête de mule qui ne m’a pas adressé le moindre mot sympa depuis hier soir ! Alors tu as le choix entre accepter une soirée sympa avec moi, ou de passer la nuit attachée sur ton lit si je te vois courir après tes potes, alors, tu préfères quoi ?
– OK, miss rabat-joie ! »

Le reste de la journée s’était passé tranquillement. Christelle s’était attelée premier chapitre de son nouveau roman, « la terreur du chevalier zombie », avant d’aller acheter des bonbons pour les enfants du coin, et Léa avait tranquillement suivi ses cours de collège. À son retour, elle s’était de bon gré attelée à aider sa cousine à décorer le manoir avec des citrouilles et des toiles d’araignées. Puis la jeune fille s’était-elle déguisée en démone, avec un costume rouge intégral moulant, une petite jupette noire et des cornes. Christelle aussi s’était changée, enfilant un costume de vampire composé d’une longue noire, un bustier rouge avec un léger décolleté, ainsi qu’une petite cape noire à intérieur rouge. La jeune femme avait complété son déguisement par un fond de teint blanc.

« Le costume de démon te va bien, déclare l’écrivaine en scrutant sa cousine.
– Le costume de vampire te va pas mal non plus, réplique la jeune fille.
– C’était soit ça, soit je me déguisais en mon perso Jessica, ironise la romancière en souriant, révélant ses fausses canines de plastique.
– Tu te déguises en tes propres persos ?
– Ouai. Bon, je pense que j’ai passé l’âge de jouer les ados rousses rebelles, donc j’ai préféré la vampire ! »

Léa éclate d’un rire franc et sincère.

« Moi pas ! En fait, je crois que t’es plus cool que t’en a l’air, derrière tes grosses lunettes d’intello !
– J’espère… et elle ne sont pas si grosses que ça, mes lunettes, hein ? »

Cette soirée semblait se présenter sous les meilleurs auspices. Oui, elle « semblait », car un bruit sur la terrasse sort Christelle de ses pensées. Elle se dirige vers la porte, quand 6 jeunes déguisés font irruption dans le manoir. Pas de doute, il s’agit bien du petit groupe entraperçu la veille par la fenêtre de sa chambre.

« Léa, ma chérie, t’es là, on arrive, lance un grand gaillard déguisé en Freddy Krueger.
– Théo, je suis contente que tu sois là, mais, bafouille la jeune fille en se précipitant dans les bras de l’arrivant. Je te présente ma couz, Christelle !
– Elle était pas prévue au programme, soupire-t-il.
– Vous non plus, coupe l’écrivaine agacée.
– Mes parents lui ont dit de venir pour me surveiller !
– Putain, Léa, tu as 15 ans, t’es plus une gamine. Tes parents sont vraiment relous…
– Ils m’ont dit de ne pas vous laisser rentrer, sous aucun prétexte, poursuit la romancière. Je ne sais pas ce que vous leur avez fait, mais ils ne semblent pas vous apprécier. Alors, je vous conseille de dire au revoir et de partir !
– Désolée, Théo, elle m’a promis de m’attacher sur mon lit pour toute la soirée si je lui désobéissais en passant la soirée avec vous !
– Elle a l’air aussi chiante que tes vieux !
– Désolée, « Théo », mais c’est ce que sa mère m’a demandé ! J’ai rien contre vous, mais, soyez raisonnables, et partez. S’il vous plaît !
– Viens, Théo, lance un petit homme bedonnant à lunettes déguisé en momie. Ça en vaut pas la peine !
– Ta gueule, Clément ! Putain, mais on devait passer une soirée sympa, tous ensemble !
– Je suis désolée, poursuit Léa, une autre fois, peut-être !
– Tu voulais ligoter ma copine ?
– Eh, du calme, soupire Christelle, ce n’est qu’une façon de parler. Je ne vais pas faire de mal à ma cousine, quand même !
– Kader, ordonne-t-il en se tournant vers un grand gaillard habillé en Michael Myers, va chercher de la corde dans le garage !
– Eh, mais tu vas faire quoi, s’inquiète Léa. Fais pas encore de conneries, s’il te plaît !
– T’en fais pas, ma belle, on va juste lui donner une bonne leçon, continue-t-il en l’embrassant tendrement, et on va ensuite passer une soirée super sympa que t’es pas prête d’oublier !
– Ça, je ne pense pas, réplique la romancière furieuse. »

Mais la jeune femme n’a pas le temps de continuer que l’homme au costume de Michael Myers, revenu avec des cordes, et un troisième gaillard blond grimé en Jason Voohrees l’empoigne, et la traîne vers le petit placard vide du rez-de-chaussée. Une fille élancée au costume de Catwoman apporte une chaise et l’installe dans le petit réduit.

« Attachez là, ordonne sèchement Théo.
– Mais ça va pas, s’énerve Léa, c’est ma couz !
– T’inquiète pas, bébé, on va pas lui faire de mal, je te promets. C’est juste une petite plaisanterie d’Halloween ! »
Christelle tente de résister, mais le petit groupe s’avère bien trop fort pour elle seule. Rapidement, « Michael Myers » la pousse sur la chaise et lui attrape une main, commençant à enrouler la corde autour.
« Mais lâchez-moi, vous êtes cinglés ou quoi ? »

À 6 contre une, devant une Léa horrifiée mais incapable de faire le moindre geste, Christelle est prestement ligotée. Rapidement, des tonnes de cordes, sécurisées par de solides nœuds très serrés, entravent ses poignets dans son dos, ses bras, son torse et ses chevilles. Une fois le travail terminé, Théo teste méticuleusement l’efficacité des liens de sa victime.

« Voilà, c’est parfait ! Comme ça, tu seras bien sage ! On viendra te libérer tout à l’heure, quand le repas sera prêt !
– Mais détachez-moi, bande de cons !
– T’en fais pas, Christelle, bredouille une Léa à la mine déconfite et pâle comme la mort. Je viendrais te libérer d’ici quelques minutes ! On va se la faire, notre soirée raclette, t’en fais pas !
– Tu vois, souligne Théo. Faut juste que tu te calmes !
– Si j’étais pas ligotée, je te casserai bien le nez !
– Kader, je crois qu’elle a besoin de se détendre, et j’ai pas envie de l’entendre gémir, scotche lui la bouche ! »

Furieuse, mais incapable de se défendre entravée comme elle l’est, Christelle sent rapidement un morceau de chatterton lui recouvrir les lèvres. Désormais, elle ne peut plus que grogner.

« Dis, Théo, supplie la jeune cousine, on ne devrait pas, elle risque de s’étouffer !
– T’en fais pas, ma puce, ta cousine est solide !
– On ne va pas la laisser dans le noir, dis !
– Mais non, on n’est pas des sauvages ! »

La jeune fille allume la lumière de la minuscule pièce vide, comme la prisonnière pousse un long soupir dans son bâillon.

« T’en fais pas, je vais vite revenir. Calme-toi, hein, continue-t-elle. Je vais revenir, hein, n’aie pas peur ! »

Christelle la regarde, désespérée ! La jeune fille semble être aussi terrifiée qu’elle par la situation. Ces satanés gosses n’ont pourtant pas l’air si méchants. Mais ils sont si idiots et irresponsables. La captive a un mauvais pressentiment. Ils vont faire une très grosse connerie, c’est sûr ! La jeune femme entend la clé tourner dans la serrure. La voilà désormais enfermée à double tour. Elle se tortille comme elle peut, mais impossible de desserrer le moindre de ses liens ni d’attraper le moindre nœud.

« Note à se rappeler pour l’avenir ou ses futurs romans, ne plus se laisser saucissonner par des gosses de la cambrousse, ils le font un peu trop bien ! »

La jeune femme se débat de plus en plus fort, mais ne réussit qu’à brûler ses poignets à cause de la friction des cordes. C’est inutile. Christelle soupire et balaye le petit local du regard. La pièce est totalement vide et dépourvue du moindre objet pouvant l’aider à couper ses entraves. Cette fois, la voilà vraiment dans une sacrée panade !
Pendant ce temps, dans la cuisine, Théo, Kader et une petite jeune fille à la peau sombre et au costume de sorcière s’affairent à préparer la pintade accompagnée de soupe à la citrouille du dîner.

« Bon, d’ici 5 minutes, tout devrait être près, ma puce, déclare Théo en se tournant vers Léa. Tu vas pouvoir aller libérer ta chère petite cousine. À moins qu’on la laisse attachée et qu’on la force à manger comme ça, sans les mains !
– T’es vraiment con, parfois, s’énerve la jeune fille.
– Eh, relax, c’est rien, lui répond le faux Freddy Krueger en l’embrassant délicatement sur les lèvres. Je plaisantais, juste. Détends-toi, c’est une soirée entre nous ! À propos, où sont Sarah et Clément ?
– J’en sais rien, ils étaient das le salon il y a 2 minutes, répond calmement Kader.
– Ramène-les ici. Ça va bientôt être l’heure de la bouffe. Et qu’ils ne fassent pas d’autres conneries comme la dernière fois, où le père de Léa va nous massacrer !
– Ouai, réplique le faux Michael Myers en quittant la cuisine. »

Mais où pouvaient donc être la « momie » et « Catwoman », en effet ? Le jeune homme rondouillard avait emmené sa petite amie au sous-sol, dans la fameuse « pièce interdite ».

« Je… je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée d’être ici, bredouille Clément. Ces mûrs n’ont pas l’air d’être très solides !
– Oh, tu as peur ?
– Moi, peur, no…no…non !
– J’entends tes dents claquer d’ici, s’amuse la jeune fille.
– Non, j…j’ai pas peur, hein, mais les autres, ils doivent nous chercher !
– T’es une « pou…pou…poule mouillée » ! 
– Non, je suis pas une poule mouillée, j’ai pas peur de rien, s’énerve le jeune homme.
– Ah ouai, s’amuse la fausse Catwoman en braquant une lampe torche qu’elle cachait dans son sac à main sur son visage. »

La malicieuse Sarah avait pris soin de discrètement, placer de fausses dents de vampires dans sa bouche. Devant l’horrible rictus de la jeune fille éclairée par la lampe, Clément, surpris, est pris d’une peur panique et recule brusquement, se heurtant à un vieux pilier chancelant… qui s’effondre avec lui. Devant son petit ami terrifié au sol dans un nuage de poussière, la fausse Catwoman éclate de rire.

« C’est pas drôle, merde, s’énerve le jeune homme en se relevant et replaçant ses lunettes sur son nez. Eh, merde, c’est quoi, ça ? »

Stupéfaits, les 2 adolescents fixent le mur derrière eux, ou, plutôt, l’endroit où se trouvait un mur précédemment. En effet, la chute du pilier venait juste de révéler une étrange cavité derrière celui-ci. Sarah illumine l’endroit et fait un bon en arrière. Face à elle se tient maintenant le squelette enchaîné d’un homme dont le crâne est à demi recouvert, au niveau de la mâchoire, d’un demi-masque de docteur de peste. Une élégante veste de cuir noir à demi décrépie recouvre une antique chemise écarlate. Mais ce qui attire le plus le regard des 2 jeunes est la menaçante dague passée à la ceinture du cadavre, et l’étrange anneau orné d’un rubis passé à sa main gauche.

« Putain, faut qu’on se casse d’ici, Sarah, les parents de Léa vont nous égorger !
– Regarde cette bague, il nous la faut ! »

La jeune fille se rapproche, illuminant une inscription gothique au-dessus du défunt :

« Jean Lagoule, hérétique »

« Arrête Sarah, je me sens mal, ici. Des mecs ont enterré un gars vivant je sais pas trop quand, on devrait prévenir la police !
– Oh, poule mouillée, regarde cette écriture et ce qui reste de ces habits. Ce mec est mort depuis des siècles… Quelle superbe bague, dit-elle en l’attrapant. Tiens, mets là à ton doigt !
– Non, pas ça !
– Eh, t’es qu’une poule mouillée !
– M’appelle pas comme ça ! »

Piqué au vif, le jeune homme attrape la bague et la passe à son doigt. Presque aussitôt, il a comme une sorte de soubresaut.

« Clément, t’es con, tu ne m’auras pas, rigole la jeune fille. »

Mais le petit homme à costume de momie ne semble pas l’écouter. Muré dans une sorte de mutisme, il se dirige vers le corps, et retire l’étrange dague à pommeau doré de son fourreau.

« Ah, tu veux jouer à Michael Myers, s’amuse Sarah en éclatant de rire. »

Mais l’amusement de la jeune fille stoppe net. Comme il se retourne, Clément lui plante son arme dans le ventre. Stupéfaite, elle se recule comme la « momie » retire son couteau en laissant échapper une mare de liquide écarlate, la poignarde encore une fois, puis deux. Sarah s’effondre en poussant un hurlement de douleur, tandis que le sang semble comme absorbé par la bague. Comme « éteint », le jeune homme tombe à genoux à côté du corps de sa compagne, tandis que le cadavre, derrière lui, voit la chair de ses bras et de ses jambes se recomposer. Lentement, Jean Lagoule se relève, brise aisément ses menottes oxydées par les siècles, récupère sa bague et sa dague que lui tend Clément, puis égorge le jeune homme d’un coup sec. Comme l’hémoglobine de sa nouvelle victime recouvre un peu plus le rubis de son anneau, Jean Lagoule retrouve ses yeux d’un bleu perçant et son larynx.

« Merci, bredouille l’étrange mort-vivant, avant de se diriger vers l’escalier, délaissant les 2 cadavres ! 
– Sarah, Clément, vous êtes là, interroge une voix en haut des escaliers tandis qu’une ombre humaine se projette en bas qui attire l’attention de la créature. »
Sans dire un mot, la créature monte les marches quatre à quatre, et lance sa dague en avant. Celle-ci trouve le ventre de son adversaire qui pousse un hurlement de douleur.
« Eh bien, quoi, ironise Jean Lagoule, vous n’avez jamais vu de liche ? »

Le croque-mitaine donne alors un puissant coup sec de son arme qui ouvre le ventre de Kader de bas en haut, libérant une tonne de sang et de morceaux de viscères au passage.
« En ceci est mon phylactère, continue-t-il en présentant sa bague qui, une fois recouverte de sang, lui permet de retrouver son nez aquilin et ses 2 grandes oreilles. »

Surpris et quelques peu effrayés par les cris, Théo, Léa, la « sorcière » et le faux Jason Voohrees stoppent net leurs préparatifs de repas.

« On dirait Kader, mais qu’est-ce qu’il fout, s’énerve le faux Freddy Krueger.
– Théo, je le sens pas. On devrait aller détacher Christelle et se barrer. J’ai un mauvais pressentiment, soupire la jeune cousine en se serrant contre son petit ami.
– Petite nature. Je suppose que les autres nous font juste une sale blague. Mais t’as raison, va détacher l’autre emmerdeuse, le repas est presque fini. Maël, Mia, continue-t-il en désignant le faux Jason et la sorcière, allez voir ce que les autres foutent, et ramenez les ici avant qu’ils fassent des conneries ! »

Le faux Jason et son amie se ruent aussitôt en direction des escaliers. Mais, avant d’y arriver, ils se retrouvent rapidement face à face avec un étranger au costume de cuir noir et à l’étrange demi-masque de peste.

« Salut, t’es qui toi ? En tout cas, il est vachement cool ton costume, déclare Maël en le voyant. »

Jean Lagoule le fixe, grogne, semble acquiescer, puis lui plonge soudainement sa dague dans l’abdomen. Le faux Jason se recule, incrédule, tandis que sa petite amie se met à hurler comme une folle. La jeune « sorcière », épouvantée, recule, fuit, et tombe nez à nez avec le cadavre tout boyaux dehors de Kader ! Fou furieux, la cruelle liche continue de poignarder allégrement sa pauvre victime qui s’effondre à terre, morte, tandis que la main gauche du croque-mitaine voit le cuir noir de son gant retrouver son éclat et s’orner de tranchants ongles d’acier. Il se lance aussitôt à la poursuite de la fuyarde.
Léa, quant à elle, a rejoint le placard dans lequel Christelle est séquestrée. Elle ouvre la porte et retire le bâillon de la captive.

« Il se passe quoi, là, demande l’écrivaine.
– J’en sais rien, et je commence à baliser ! Les autres sont trop cons !
– Allez, détache-moi, et tout va aller mieux !
– Merde, grommelle la jeune fille.
– Quoi, il y a un problème ? Grouille de me libérer et qu’on se casse !
– C’est trop serré, j’arrive pas à défaire les nœuds ! T’as du trop les serrer en te débattant !
– C’est pas grave, récupère un couteau à la cuisine pour trancher mes cordes. Garde ton calme !
– OK, OK ! »

Réellement stressée, la pauvre Léa se précipite vers la cuisine en laissant la porte du placard entrouverte, au même moment qu’une Mia épouvantée surgit dans la petite pièce.

« Faut qu’on se casse, faut qu’on se casse, hurle la jeune fille.
– Qu’est-ce qu’il y a, grommelle Théo.
– Un mec est dans la maison, et il a buté Kader et Maël, y a du sang partout.
– OK, vous voulez nous faire flipper, mais ça ne marche pas, rigole le faux Freddy Krueger. »

Il a à peine terminé sa phrase que Jean Lagoule, fou de rage, pénètre dans la petite salle, dague en avant. Le coup de couteau manque de justesse le jeune homme.

« Putain, mais c’est qui, lui ! »

Pour seule réponse, le croque-mitaine repart à l’attaque, sous les cris de terreur des 2 jeunes filles, et réussit à planter son arme dans l’épaule de sa victime qui se recule et commence à fuir.

« Barrez-vous, c’est un taré, hurle-t-il. Faut prévenir les keufs ! »

De son côté, ayant entendu les hurlements, Christelle a bien conscience que tout le monde, dans le manoir, est en danger. Mais que peut-elle bien faire, ligotée comme elle l’est ? Dans son état, elle est la cible idéale pour le psychopathe qui semble aux trousses des ados. La chose idéale à faire serait de rester dans son placard, maintenant ouvert, et d’attendre la police. Mais le tueur risquait de la trouver et, surtout, la petite Léa était maintenant en grand danger. Il fallait l’aider !

« Jessica, Lola, mes autres persos de roman, je fais quoi ? Je vous promets de ne plus vous torturer, juré, si vous me dites quoi faire ! Je ne vous offrirai que des happy ending ! Allez, je vous le promets ! »

Mais rien ne se passe. La captive pousse un soupir, lorsqu’un coup de vent entrouvre un peu plus la porte du placard.

« OK, compris, maugrée la jeune femme. »

Entendant les bruit de pas s’éloigner, la jeune écrivaine tente de libérer ses chevilles. Elle se débat fougueusement, mais ne réussit qu’à renverser sa chaise.

« Merde, se dit-elle, je suis dans une sacrée merde là, surtout si l’autre taré m’a entendu. Attends… ma chute a libéré mes chevilles ! »

Rampant vers la cuisine, la jeune femme sent son souffle se raccourcir. Et si « il » l’attendait derrière la porte !

« Du calme, Christelle, il est aux trousses de Léa. Il est parti ! »

Donnant un brusque coup de pied, la prisonnière parvient à ouvrir la porte. Elle retient son souffle.

« L’a-t-il entendu ? »

Elle hésite, puis passe la tête. Personne. Balayant la pièce du regard autant que ses liens le lui permettent, ses yeux se concentrent vite sur un objet. Sur la paillasse en face d’elle… un couteau de cuisine abandonné, sa libération ! Reprenant sa reptation, elle passe l’intégralité de son corps dans la petite cuisine, et tend ses pieds.

« Allez, t’y es presque… Allez ! »

L’écrivaine s’énerve, mais son talon parvient à accrocher l’objet, et à le glisser… tranquillement. Le couteau tombe, brutalement, lame la première. Christelle réprime un juron, mais il ne fait que frôle sa joue, l’entaillant superficiellement. Ouf, allez, plus le moment d’hésiter ou de rêver ! Parvenant à le faire glisser avec son bras, elle parvient à s’en saisir de sa main droite. Plus de temps à perdre, la captive entreprend immédiatement de sectionner ses liens !
Mia, quant à elle, se glisse dans la salle de jouets. Ouf, elle est déserte, mais il lui faut trouver une planque où se cacher. Tout à coup, un bruit se fait entendre dans l’un des placards.

« Léa ? C’est toi ? »

Hélas, aucune réponse ne lui parvient. Tout juste remarque-t-elle une petite lumière semblant éclairer l’intérieur du meuble.

« Léa, c’est toi ? Il y a de la place dans ta cachette ? »

Doucement, la petite sorcière place son œil droit contre la serrure, dans le but de percevoir ce qui se passe à l’intérieur. Elle ne voit d’abord rien, mais pousse rapidement un hurlement de douleur lorsque la dague sacrificielle de Jean Lagoule lui transperce l’œil. Dans un flot de sang, la jeune fille s’extirpe de la lame en plaçant sa main sur son orbite désormais éborgnée, tandis que la liche sort du placard et l’égorge de ses ongles d’acier. Aussitôt, le crâne de la créature commence à s’orner de longs cheveux blonds.
Ayant entendu les cris de son amie, Léa se précipite à son secours, mais se retrouve nez à nez avec la créature qui se précipite vers elle, toute dague en avant. Juste comme il est sur le point d’empaler sa nouvelle victime, Jean Lagoule est brutalement renversé au sol par Christelle qui surgit comme un boulet de canon.

« Touche pas à ma couz, connard ! »

Surpris et décontenancé, le monstre se remet d’un bond sur ses pieds, et repart à l’attaque, zébrant le ventre de l’écrivaine. Poussant un cri de douleur, cette dernière empoigne sa cousine et la traîne à l’extérieur.
De son côté, Théo a rejoint la porte. Comme il l’ouvre, il se retrouve face à face avec un étrange individu habillé de noir.

« Le taré, c’est forcément lui ! »

Le jeune homme fait un bon vers l’arrière, mais retrouve son calme en découvrant, face à lui, le visage du prêtre du village !

« Père Matthieu ?
– Qu’avez-vous encore fait, bande de petits imbéciles ?
– Qu’est-ce que vous faites là ?
– Je vous retourne la question !
– J’allais aller à la police, un taré s’en prend à mes potes !
– Bandes de crétins, la police ne peut rien faire pour vous ! En commettant une de vos conneries, vous avez réveillé Jean Lagoule !
– Jean Lagoule, c’est qui, lui ?
– Il était une sorte de sorcier / alchimiste de l’époque de la guerre de cent ans. Ce sinistre individu a passé un pacte avec le malin pour obtenir la vie éternelle ! Mais, pour cela, il devait nourrir Satan d’âmes pures, à l’aide de sa dague. Lorsque les Anglais ont brièvement pris l’ancien château sur lequel cette demeure était construite, Lagoule a tenté de marchander avec eux. Mais le roi de France a rapidement récupéré ces terres, et Lagoule a été emmuré vivant sous les douves ! Maintenant… »

Le prêtre n’a pas le temps de finir que le monstre surgit face à lui.

« Jean Lagoule, au nom du Seigneur, je t’ordonne de te stopper ! Arrière, Satan, tu ne peux rien contre le pouvoir du Seigneur ! »

La créature stoppe soudain, et se retrouve comme pétrifiée.

« Abomination de l’enfer, je te chasse de cette terre, retourne à ton maître ! »

L’alchimiste maudit stoppe tout mouvement. Théo, lui, pousse un soupir, le tueur paraît définitivement vaincu. Mais ce dernier commence alors à psalmodier quelque chose.

« Arrête, suppôt de Satan, je t’ordonne de retourner à ton Maître, je… »

Le prêtre ne peut hélas finir sa phrase, car ses cordes vocales, comme le reste de son cou, sont brutalement tranchés net par les griffes d’acier bien réelles du faux Freddy Krueger ! Le regard dans le vide, Théo tombe à genoux comme Léa et Christelle, se précipitant vers la porte, arrivent juste à ce moment-là. La petite ado pousse un hurlement lorsque la dague de Jean Lagoule décapite d’un coup sec son petit ami tandis qu’un pentagramme se forme sur la veste de cuir du monstre désormais redevenu complètement vivant et « humain ».

Les 2 jeunes femmes sont sur le point de franchir la porte lorsqu’une poutre du plafond s’écrase sur Christelle. Léa pousse un cri d’horreur tandis que la liche se saisit de son poignet et l’entraîne vers la cave.

D’interminables minutes se passent jusqu’à ce que l’écrivaine reprenne conscience. Où se trouvait-elle ? Ah, oui, elle était toujours prisonnière de la poutre qui venait de l’assommer. Comment avait-elle survécu à un tel coup sur la tête, d’ailleurs ? Des bruits se font entendre, en bas. Pas de doute, Léa est encore en vie, mais probablement plus pour longtemps. Christelle doit se sortir de là.

« Comment Jessica ferait à ma place ? Peut pas bouger cette poutre, elle est trop lourde ! Léa, je dois la sauver ! »

Une colère désespérée s’empare de la jeune femme qui, d’un coup brutal qui la stupéfait, renverse brutalement la poutre qui l’emprisonne.

Pendant ce temps, au même moment, la pauvre Léa reprend conscience à son tour. Où se trouvait-elle ? Elle tente de se relever, mais ses mains sont très solidement liées derrières son dos, et ses chevilles sont elles aussi attachées. Autour d’elle, de solides barreaux d’acier l’entourent… Elle se trouve dans une cage ! Brusquement, la porte de celle-ci s’ouvre, et une main aux griffes d’acier l’en extirpe.

« Allez ma chère, c’est l’heure !
– Ne me tuez pas, je vous en prie !
– Mais, je ne vais pas te tuer, sinon je l’aurais déjà fait ! J’ai besoin de toi en vie !
– C’est… C’est vrai ?
– Mais, bien sûr, reste-là 2 minutes ! »

La créature se dirige vers une sorte d’autel qu’il a aménagé, et se tranche la main de sa dague maléfique. Un peu de sang s’écoule de la blessure qui, ayant à peine touché la pierre, provoque une sorte de rayon lumineux qui ouvre une sorte de porte dimensionnelle.

« Voilà, je viens d’ouvrir la porte des enfers ! C’est la dernière chose dont j’ai besoin pour obtenir la vie éternelle maintenant que tes petits copains m’ont ressuscité complètement , déclare le monstre en posant sa dague sur l’autel.
– Vous allez faire quoi ?
– Mais, ma chère, c’est très simple. Une âme contre une autre ! Si je veux libérer mon âme du Royaume de mon Maître, je dois lui en fournir une en échange… La tienne ! Une fois que je t’aurais jeté dans les flammes de l’enfer, je vivrai libre. Toi, en revanche, tu subiras une éternité de tourments et de tortures !
– Non, pas ça, supplie la jeune fille, horrifiée !
– C’est pourtant un marché qui me comble totalement. Allez ! »

L’horrible liche empoigne la jeune fille et se prépare à la jeter dans les flammes se trouvant derrière la porte dimensionnelle lorsqu’une nouvelle fois, Christelle se jette sur lui, le renversant ainsi que Léa.

« Combien de fois je devrais te répéter de ne pas faire de mal à ma cousine, connard ! »

Le monstre tente de lui lacérer la gorge de ses griffes d’acier, mais l’écrivaine esquive, se saisit de sa dague sur l’autel et la plante dans l’œil droit du monstre. Ce dernier hurle de douleur. Fou de rage, il se relève et envoie la jeune femme au tapis.

« Cette fois, tu vas mourir, chère damoiselle ! »

Christelle commence à paniquer. Comment vaincre une telle abomination. La liche va la tuer pour régénérer son œil ! Du bout des doigts, la jeune femme parvient à attraper une torche et à la plaquer contre son ennemi qui s’enflamme aussitôt ! La créature de l’enfer titube et panique, mais retrouve rapidement ses esprits et repart à l’assaut. Il frappe violemment l’écrivaine au niveau de son ventre écorché, ce qui la désarçonne et la fait tomber à la renverse, sur le dos. Sur le point d’achever sa victime à l’aide de la dague qu’il vient de ramasser, il se précipite sur elle. D’un geste réflexe, Christelle, utilisant ces 2 pieds, le repousse vers l’arrière. Surpris, Jean Lagoule est propulsé violemment, perdant sa bague au passage. Se relevant, il remarque alors qu’il vient juste de franchir la porte dimensionnelle, et qu’il se trouve désormais entièrement en enfer ! Le monstre pousse un hurlement d’horreur comme le passage vers le royaume de Satan se referme, le piégeant à tout jamais !

« Eh ben, soupire Christelle, je t’avais dit que si tu touchais à ma couz, tu l’emporterais pas au Paradis !
– Christelle, supplie la jeune fille, détache-moi, s’il te plaît ! »

Souriante, l’écrivaine se précipite vers la jeune fille pour lui libérer les mains tandis que, dans l’ombre, la bague de l’alchimiste qui commence à l’illuminer d’une lueur étrange.

                                                                                                        FIN ?
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