L'alchimiste et le Prince d'Alimp

J'écris plus de la fantasy que de la romance, mais j'ai tenté de me prêter au jeu    

***

La salle avait été dépourvue des tables auxquelles les membres royaux mangeaient habituellement. Gardée pour les repas importants et les réceptions, Kiara ne pensait pas que David la ferait vider pour elle. Elle croyait qu’ils dineraient dans un des nombreux salons du palais.
À la vue des hauts lustres en cristal et des moulures dorés, la robe cobalt de la jeune fille lui parut davantage banale que lorsqu’elle l’avait enfilé. Les hautes fenêtres laissaient entrer le clair de lune dans une douce lumière rehaussée par la lueur des chandelles posées sur la table.
Ses pas étaient légers, ne voulant pas briser le silence du grand espace. Aucun garde en vue. Elle aurait bien pu trébucher tant elle était nerveuse, il n’y aurait eu personne pour la voir. Elle s’arrêta devant la longue table dressée avec des couverts étincelants.

Une des portes latérales s’ouvrit face à elle. David, le Prince héritier d’Alimp, entra sans cérémonie.
Il n’avait pas changé son attitude depuis leur première rencontre dans la serre royale : adoptant toujours une démarche décontractée. Au début, elle avait cru avoir affaire à un garçon d’écurie tant ses manières lui paraissaient légères et sans prétention. C’était d’ailleurs aussi cela qui l’avait poussé à tisser des liens avec lui jusqu’à développer une attache trop intime pour qu’elle ne puisse la définir. Ils s’étaient revus plusieurs fois, et à chacun des départs de David, son cœur se serrait jusqu’à leurs retrouvailles. Mais lorsqu’elle avait découvert sa réelle identité, il y a un mois, elle avait pris soin de l’éviter au maximum, jusqu’à ce soir.

—Navré pour l’attente, commença-t-il en reprenant son souffle, Lloyd s’est montré quelque peu collant avant mon départ, j’ai dû le confier à un de mes hommes.
Kiara sourit sans même le vouloir. L’attention que David portait à son chien, Lloyd, avait le don de l’attendrir. Le prince se racla la gorge, ramenant la jeune fille à la réalité.
—Je viens d’arriver… Votre Altesse, ajouta-t-elle après une seconde de flottement.
David s’approcha d’un des sièges à l’extrémité de la table, le tira en arrière et fit un signe de tête à Kiara.
—David, déclara le Prince alors qu’elle prenait place, appelez-moi David.
Le souffle chaud de ce dernier frôla la nuque de Kiara, qui ne sut réprimer un frisson.
—Appelez-moi Kiara alors, dit-elle dans un souffle.
—C’est ce que je fais, Kiara, lança-t-il en s’installant à l’autre bout de la table.
Son prénom roula sur ses lèvres dans un mélodie qui fit rater un battement au cœur de la jeune fille. Dès qu’ils furent assis, deux serviteurs amenèrent des plats sous cloche qu’ils posèrent devant les deux jeunes gens.

La nervosité de Kiara augmenta dans son estomac, réduisant son appétit à néant.
Pitié, faîtes que Lia ait raison, pensa-t-elle en posant sa serviette sur ses jambes exactement comme son amie le lui avait indiqué plus tôt.
Elles avaient passé deux heures à revoir les manières à adopter lors d’un dîner en présence d’un membre de la famille royale. Son amie, employée au palais depuis plusieurs années, lui avait expliqué chaque détail à connaître des protocoles royaux. Kiara, arrivé quelques mois auparavant, n’avait pas encore appris toutes les conventions de rigueur.

—Alors, débuta David, la tirant une nouvelle fois de ses songes, comment était votre journée ?
Son ton était léger, désinvolte, et pourtant, le cœur de Kiara s’emballa à l’idée qu’il puisse se préoccuper de ses activités d'apprentie alchimiste à la cour. Du vin fut versé dans son verre alors qu’elle réfléchissait à la réponse la plus appropriée.
—Probablement bien plus barbante que la vôtre, dit-elle en choisissant ses mots avec minutie.
—Détrompez-vous, ria son interlocuteur en attrapant son verre, mes journées sont bien plus ennuyeuses qu’elles n’y paraissent. Permettez-moi de vous porter un toast, à vous qui m’avait donné du fil à retordre pour vous inviter ce soir, dit David, une étincelle dans ses yeux émeraudes.

Avant, elle aurait sûrement trouvé une réplique cinglante à lui lancer, mais à présent, elle ne sut quoi répondre. Elle leva donc son verre à son tour, soutenant le regard du Prince avec autant d’audace qu’elle le pouvait.
Ils entamèrent leurs entrées, puis leurs plats, et bien que Kiara n'ait trop peu d’appétit, elle mangea jusqu’à la dernière bouchée du porc mariné qu’on lui avait servi. David l’interrogea de nouveau sur ses occupations, puis des banalités débuta une longue conversation plus intime. La curiosité de Kiara se tourna innocemment vers les histoires du Prince avec sa cour.

—N’avez-vous donc aucune prétendante qui vous sied ? ria Kiara alors qu’il terminait une anecdote sur une rencontre avec la fille d’un duc qui avait tourné au fiasco.
—Il semblerait que les demoiselles de noblesses vivant à Tolem soient… trop extravagantes pour moi, soupira le concerné.

Kiara finit son troisième verre de vin sans s’en rendre compte. Ses joues avaient rougies suite à un compliment de David sur sa robe, et gardaient étrangement leurs couleurs depuis. La jeune alchimiste se leva, le dessert devait encore leur être apporté mais elle sentait une soudaine envie de mouvement. Elle se posta devant les grandes fenêtres, tournant le dos au Prince.
Lia n’a rien dit sur le fait de sortir de table me semble-t-il… murmura une voix pâteuse dans sa tête.
Le crissement d’une chaise lui indiqua que David s’était levé à son tour. Le bruit de son verre qui claqua sur la table la fit sursauter.

—Pensez-vous qu’une femme se cache au-delà de Tolem et vous attend ? demanda-t-elle en débitant une des pensées fugaces qui traversait son esprit.
Il avait dit que les “les demoiselles de noblesses vivant à Tolem” ne semblaient pas lui convenir, pas qu’il ne chercherait pas ailleurs. Un poids serra sa cage thoracique sans qu’elle ne sût pourquoi.
—Je… pense que je vais concentrer mon énergie à aider mon père dans ses affaires politiques, avoua David en s’approchant de Kiara.

Le son de ses pas arrivant près d’elle affolait son cœur. L’odeur du musc et des bois titilla les narines de la jeune fille. Il était derrière elle, et elle sentait déjà ses jambes trembler sans même qu’il n’eut à la toucher.
Elle reprit son souffle, sans avoir eu conscience de le retenir jusque-là, puis se tourna.
—Voudriez-vous danser ? lança-t-elle pour éviter de s’effondrer sur place.
Oh.
Il était très proche d’elle, trop proche pour que cela ne convienne aux protocoles. Elle fit un pas en arrière sans s‘attendre à ce que David l’attrape à la taille et entremêlent ses doigts aux siens.
—Avec plaisir, voulez-vous que j’appelle un violoniste pour nous accompagner ? souffla le Prince en sondant la réaction de Kiara à cette soudaine proximité.
—Non, non, bredouilla-t-elle en baissant pour la première fois le regard devant cet homme dont elle s’était efforcée de rester éloignée de peur de se perdre dans ses sentiments.
Sans un mot, il commença à l'entraîner dans une valse. La seule musique se composait de leur souffle et de leurs pas sur le marbre du sol.

Bravo pour ton texte ^^ L'ambiance est bien posée et on sent bien la tension amoureuse entre les deux Ça donne envie de voir leur relation évoluée ^^

Bravo. je trouve ton texte très intéressant on ressent bien les sentiments des personnage je trouve et on voix aussi l'influence de la fantaisie, beau travail

La suite, la suite...

Le texte est très bien, bravo à toi ! c'est rythmé, les dialogues fonctionnent bien, la narration aussi. Tu as très bien suivi la consigne.

La salle avait été dépourvue des tables : bizarre le "dépourvu"

de la jeune fille lui parut davantage banale que lorsqu’elle l’avait enfilé : maladroitement dit

jusqu’à développer une attache trop intime pour qu’elle ne puisse la définir. : on comprend le sens, mais la forme est confuse

La nervosité de Kiara augmenta dans son estomac : maladroitement dit

puis des banalités débuta une longue conversation plus intime. : pas compris

Merci pour ta participation !