Les Amoureuses [Atelier d’Écriture du 28/08/22] (Ouais je sais le titre est nul)

Seule au fond de ce lit trop grand, trop vide, trop froid, je me tortillais à moitié endormie. J’enserrais machinalement la couverture de tout mon être. Ce n’était pas simplement pour contrer la froideur de cette nuit de novembre. C’était pour me la rappeler. Garder avec moi une partie d’elle.
Le jour le plus triste de ma misérable existence, cela faisait déjà trois semaines. Trois semaines qui n’avaient paru durer qu’une longue nuit tant je restais sous mes draps, et qui dans le même temps semblaient éternelles par la douleur qu’il m’avait fallu supporter. Trois semaines et je n’avais toujours pas trouvé le courage de laver les draps. Son odeur y était partout imprégnée, comme si son parfum continuait de voler dans la pénombre de la chambre. Son oreiller, affaissé, déformé, était toujours de son côté du lit. Une moitié parfaitement délimitée dans laquelle je prenais le soin de ne jamais pénétrer. Il m’envoyait parfois l’odeur sucrée de son après-shampoing. Odeur familière et réconfortante qui me faisait facilement plonger dans un profond sommeil. Je me réveillais bien plus tard, à une heure inconnue, toujours aussi épuisée.

J’avais perdu toute notion du temps. En vérité si ma mère ne m’avait pas appelé plus tôt pour me souhaiter mon anniversaire j’ignorerais encore la date d’aujourd’hui.

J’attendais patiemment, l’effluve de parfum qui me permettrait de rejoindre le pays des songes. Celui où elle était encore vivante. Où mon subconscient me permettait le curieux privilège de caresser ses cheveux, de la voir rougir quand je la complimentais et même d’observer sa fossette se creuser quand elle se mettait à sourire. Un souvenir de nous deux, marchant sur les berges du canal, sous un soleil de plomb. Je pouvais même t’entendre rire aux éclats à l’une de mes blagues grivoises dont tu disais que j’avais le secret.

Mais ce soir l’effluve ne vint pas, et les rêves non plus. À la place je vis sa main, serrant fermement la rambarde du balcon. La manche de son gros pull duveteux couvrait presque tous ses doigts. Elle faisait face au vide. Son pantalon de jogging ample était balayé par le vent.
Agitée au fond de mon lit, je sentais mes mains devenir moites. La sueur qui coulait dans mon dos humide gagnait du terrain sur le drap.
Je revis ses pieds, violacés par le froid, au bord du précipice. À côté d’eux la plaquette de comprimés entièrement vide. Sans doute, que sais-je, qu’elle voulait déjà être partie à mon retour, mais que l’effet se faisait attendre.
Elle avait toujours été d’une nature énergique et impatiente. Les gens s’évertuaient à dire que j’étais la fille dans le couple. Ça l’a faisait pester, à raison.
Mes cheveux trempés inondaient mon oreiller. Ma gorge se nouait, impossible à soulager. Je haletais, mon souffle rauque ressemblait à un moteur au ralenti. Piégée dans ce demi-sommeil cauchemardesque.
Elle tourna sa tête en ma direction mon regard vide et perdu croisa le sien. Il criait à l’aide et m’ordonnait de fuir dans le même temps. Tétanisée. J’aperçus ses doigts relâcher la rambarde et son corps disparut presque instantanément. Comme aspiré. Mon dernier souvenir fut ce bruit. Le bruit caractéristique d’un corps humain qui heurte une route pavée, quinze mètres plus bas.

Je me redressai en sursaut dans mon lit, les joues baignées de larmes, la gorge brûlante. La sueur avait gagné toute la couche. L’odeur était partie. Adieu le doux parfum, adieu l’après-shampooing. Recroquevillée sur un coin du matelas, sanglotante, je réfléchissais aux choix qui s’offraient à moi. La rejoindre dans la mort, ou continuer de vivre une vie en n’étant plus moi-même.

C'est triste, la pauvre, elle passe le pire anniversaire de sa vie ^^' C'est tout de même dommage, car j'ai l'impression que la scène de mort est un peu rushée, je n'ai pas tout compris : elle s'est suicidée pendant la nuit ?

Bravo tout de même pour ta contribution, tu as tout de même réussi à me donner le cafard donc niveau émotions, ça va

C'est toujours super de pouvoir te lire, mon Tanuki <3

Un petit suicide, ça change des accidents et des maladies ! (on notera la vision absolument détachée par rapport au dramatique x3)
Mais c'est vraiment bon, où on est dans l'engourdissement et la dépression la plus totale.

J'ai adoré ! On ne comprend pas bien les raisons qui l'ont poussée à commettre cet acte, mais ça m'a pas du tout empêchée de ressentir de la peine pour les deux personnages, je me suis attachée à elles, arriver à faire ça en aussi peu de lignes, franchement bravo !

P.S: Je voulais utiliser l'odeur des draps aussi haha, mais j'ai pas eu le temps d'arriver jusque là.

Bravo pour ton texte, je l'ai beaucoup aimé. J'ai bien ressenti la froideur et le vide que peu apporter le suicide.
J'ai cependant eu un peu de mal à saisir la temporalité dans ton récit. Entre le souvenir et ce que fais le personnage qui est dans un demi-sommeil surtout dans l'avant dernier paragraphe, mais c'est peut-être moi qui yoyotte xD
J'aime bien le fait qu'on ait le point de vue de quelqu'un pour qui tout se passait bien et qui n'a apparemment pas saisi la détresse de sa partenaire. ça rend l'acte d'autant plus énigmatique et dramatique.

Merci pour ton texte et encore bravo !

Un joyeux anniversaire ! En lisant j'avais une impression de temporalité déformée et c'est ce qu'on ressent pendant le deuil alors j'ai vraiment apprécié. J'ai bien ressentie la tristesse du personnage. Il lui manque sa moitié et maintenant elle ne peut même plus se raccrocher au souvenir de son parfum. La fin en suspens nous laisse présager une dure épreuve ou le pire. Bravo

Ben y'a pas de problème de temporalité je trouve. la scène se passe 3 semaines après le suicide. Je conseille vraiment de relire ce texte une deuxième fois pour l'apprécier pleinement.
C'est un joli texte et qui respecte à fond la consigne. Je trouve ça hyper triste l'idée qu'elle fasse disparaitre le dernier souvenir avec la sueur de son cauchemar.

Il y a rien de nul dans le titre Tanuki Je trouve qu'il fait bien écho à ton histoire parce qu'on sent toute la force du lien qui unissait ces deux femmes. Du coup oui, on ne sait pas pourquoi l'une des deux en est arrivée au suicide mais ça ne dérange pas, ça coïncide avec l'état d'esprit de ton héroïne qui n'a pas l'air de le savoir non plus ou qui se refuse peut-être à l'admettre vu qu'elle est en pleine dépression. C'est triste mais c'est un beau texte en tout cas j'ai adoré le lire Bravo à toi Tanuki !

Hello ! Bravo pour ton texte ! Il se lit très bien, même si je pense que la narration est un peu longue vu qu'elle n'est pas interrompue par des pensées directes ou des dialogues.

Trois semaines qui n’avaient paru durer qu’une longue nuit tant je restais sous mes draps, et qui dans le même temps semblaient éternelles par la douleur qu’il m’avait fallu supporter. : la phrase est un peu confuse/bancale

Je pouvais même t’entendre rire aux éclats à l’une de mes blagues grivoises dont tu disais que j’avais le secret. : on était à la troisième personne, et là tu passes à la deuxième

Sans doute, que sais-je, qu’elle voulait déjà être partie à mon retour, mais que l’effet se faisait attendre. : trop de "que", ça hache les phrases

mon regard vide et perdu : point de vue interne, il ne le sait pas

Merci pour ta participation !

Superbe les émotions transmises dans ton texte ! On ressent bien le manque vécu par la mort de sa compagne et le choc vécu en assistant au suicide ...

Bravo pour ton texte ! Il est super poignant ! Et le titre est pas nul !!

J'ai pas eu de problème de temporalité.  

C'est super d'avoir choisi un couple de femmes, et de le souligner à travers cette phrase:  "Les gens s’évertuaient à dire que j’étais la fille dans le couple".

"Celui où elle était encore vivante." : je trouve cette information bien amenée.

J'ai beaucoup aimé tes descriptions des émotions, de son cauchemar, notamment le souvenir du bruit d'un corps qui tombe. "Le bruit caractéristique d’un corps humain qui heurte une route pavée, quinze mètres plus bas."

J'aime beaucoup la fin, ton texte fait nouvelle et se suffit à lui-même.

J'ai trouvé certaines phrases un peu longues, surtout celle-ci: "Celui où elle était encore vivante. Où mon subconscient me permettait le curieux privilège de caresser ses cheveux, de la voir rougir quand je la complimentais et même d’observer sa fossette se creuser quand elle se mettait à sourire. "

Bravo pour ton texte j'ai beaucoup aimé
on ressent bien la tristesse et la détresse  de ton personnage. je te félicite pour cette idée d'anniversaire c'est terrible et terriblement bien trouvé
j'ai beaucoup aimé l'idée d'assister à la mort à travers les songe de ton personnage classique mais efficace