AE scène de combat

Voici ma participation pour l'atelier d'écriture sur les scènes de combat. C'est un texte que j'ai effectivement écrit pendant l'atelier, mais il s'intégrera dans mon projet principal.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ariane était inquiète. Octavia ne l’avait probablement pas remarqué quand elles étaient parties de leur pension de famille, mais deux hommes en noir les attendaient à la sortie. Elle avait peur que Jules Bagnat ait détaché des sbires pour leur nuire. Avait-il cette influence ? Pouvait-il avoir déjà retrouvé son ex-femme alors qu’elle était arrivée l’avant-veille ? La jeune Apprentie scruta les environs alors qu’elle sortait de la salle des archives où elle avait effectué sa dernière mission de classement mais ne remarqua rien de particulier. Le soleil brillait haut dans le ciel à l’approche de midi et les allées étaient emplies d’Apprentis qui se dirigeaient vers le Réfectoire. Toujours inquiète pour sa sœur de lait, Ariane se dirigea vers les bâtiments administratifs pour la retrouver et lui demander comment c’était passé son inscription.

« Ariane ! Ariane ! »

La jeune femme se retourna pour observer Alban qui courrait dans l’allée derrière elle.

« Je suis content de te voir. Tu sais où est Claudie ? lui cria-t-il alors qu’il était encore à quelques mètres.
⎯ Claudie ? Tu ne cherches pas plutôt Bertille ?
⎯ Ne rigole pas, lui répondit-il essoufflé. Tu… As lu la gazette étudiante qui est parue avant-hier ?... On l’a distribuée à la dernière réunion. C’est… Regarde l’article… En page 3. »

Ariane saisit le journal que lui tendait son ami et lut. Une diatribe contre la secte du Dieu occupait toute la page 3, en réponse aux évènements survenus lors de la clôture du dernier pèlerinage de Saint-Est, où une fraction dissidente des prêtres du Dieu avait monopolisé l’Office Trinitaire. Elle eut l’impression de recevoir un coup de poignard quand elle lut le nom de l’auteur : Claudie Germain. Mais quelle mouche l’avait piquée ? Et les deux hommes en noir à la sortie de la pension ce matin… ? Son cœur se mit à battre à toute vitesse.

« J’ai vu deux hommes traîner du côté des bâtiments d’archives ce matin, continua Alban alors qu’il retrouvait un peu de souffle. Je n’avais pas lu toute la gazette à cause des débats publics, je l’ai fait que ce matin, à la sortie de ma mission d’archivage. Je la cherche partout depuis…
⎯ Tu as regardé du côté du Réfectoire ?
⎯ J’ai commencé par là. Elle n’y était pas, personne ne l’a vue. Tu sais où elle devait faire sa mission aujourd’hui ? »

Ariane fit quelques pas pour réfléchir, inspira et expira profondément pour chasser la tension. Activer sa mémorisation, comme ils avaient tous appris à le faire depuis leur entrée à la Bibliothèque Francilienne. Ce n’était pas hier, ce n’était pas avant-hier… Quand Claudie leur avait-elle parlé de sa dernière mission d’archivage ? Etait-ce vraiment de l’archivage ? Elle se refit mentalement les derniers repas partagés, la conversation après l’arrivée d’Octavia dans la cuisine… Elle avait parlé des archives d’avant la catastrophe… Les archives d’avant la catastrophe !

« Alban, elle est vers le bunker ! Elle travaille probablement sur les archives anciennes, tu sais qu’elle a les accès, elle est au Département d’Histoire !
⎯ Bon sang ! »

Ils se mirent à courir. Ariane sentait le sang battre contre ses tempes, résonnant en rythme avec ses pas sur les pavés. Le bunker était de l’autre côté des bâtiments administratifs, à l’Est de l’enceinte sacrée. Ils passèrent devant la lingerie et trouvèrent Octavia qui sortait avec sa pile d’uniformes neufs sous le bras. Ariane n’eut que le temps de saisir au vol son expression interloquée.

« Ariane ! Alban ! Qu’est-ce que… ? »

Elle voulut lui crier de ne surtout pas les suivre – elle avait assez de blessures comme ça – mais elle avait peur de manquer de souffle avant d’arriver à destination. Il fallait prévenir Claudie, qu’elle se tienne sur ses gardes. Non, mais quelle inconsciente ! Quelle stupidité !

« Alban… Est-ce que… Quelqu’un d’autre… La cherche ?... Est-ce que tu… As eu le temps… De prévenir quelqu’un ?... »

Ariane avait l’impression que ses poumons allaient éclater. Chaque mot semblait lui demander un effort surhumain, mais elle maintint sa course. Alban, quelques mètres devant elle, lui répondit.

« Non… Pas eu le temps !... »

Alors qu’ils arrivaient près des Départements d’Histoire, d’Archéologie et de Langues Anciennes, ils ralentirent leur course.
« Est-ce que… Tu sais où se situe… L’entrée du bunker ?... demanda Alban qui se tenait le flanc droit. Je… N’y suis jamais… Allé. »

Ariane s’arrêta pour réfléchir. Ce n’était pas sa section habituelle, mais elle avait déjà accompagné plusieurs fois Claudie à cet endroit. Et en général, elle partait…

« Par là ! » dit-elle en indiquant du doigt une petite allée discrète, derrière un imposant buisson d’hortensias.

Elle avait fait quelques pas vers l’allée qui menait au discret entresol servant d’entrée au bunker d’archivage, quand un homme en noir se plaça devant elle.

« Bonjour Claudie. Alors comme ça, le Dieu n’a pas à demander la prévalence ? »

Ariane se retourna. Un autre homme se tenait de l’autre côté de l’allée. Elle refit face au premier inconnu.

« Qui êtes-vous ? demanda-t-elle pour gagner du temps. Pourquoi vous êtes là ?
⎯ Nous sommes ses serviteurs. Personne ne peut parler de lui comme ça.
⎯ Au contraire ! s’exclama Alban. L’harmonie du monde dépend de l’harmonie entre les trois Entités, on ne vous a jamais enseigné ça au catéchisme ?
⎯ Trahison, hurla le deuxième homme, obligeant Ariane à se retourner une nouvelle fois. Aucun homme ne peut parler de Lui comme ça ! Trahison ! »

Il se jeta sur Alban, qui bascula sous son poids. La jeune femme cria. L’autre fanatique s’approcha pour la saisir, Ariane attrapa sa sacoche par la poignée et l’envoya valser contre le visage de son adversaire. Le cuir buta contre la chair dans un son mat et l’inertie du mouvement manqua de la faire basculer. L’inconnu recula en se tenant la lèvre. Un peu plus loin, Alban avait réussi à prendre le dessus sur son agresseur et lui assénait un coup de poing au visage.

« Sauve-toi ! »

Ariane ne se le fit pas dire deux fois. Elle coupa à travers les pelouses. Son adversaire se reprit et partit à sa suite. Elle n’avait fait que quelques mètres quand elle sentit qu’on la saisissait par le col de sa robe, le tissu s’enfonça dans ses chairs et manqua de l’étrangler. Un bras s’enroula autour de son cou, le choc la fit basculer violemment en arrière et elle sentit ses pieds décoller du sol. Elle aperçut le ciel pendant une fraction de secondes avant de heurter la pelouse avec un son mat. Elle en eut le souffle coupé. Une décharge de douleur remonta sa colonne vertébrale.

« Salope ! Tu vas payer ! »

Son agresseur appuya son genou contre sa poitrine pour la maintenir au sol et enserra son cou avec sa main gauche. Ariane se débattit, essaya de le griffer au visage, frappa son bras, tenta de lui asséner un coup de pied et de se retourner. Sans succès. Il fouillait dans sa veste, à la recherche de quelque chose.

« Traînée ! Tu te crois intelligente et supérieure parce que t’es Apprentie ! Mais vous êtes toutes baisables et bonnes qu’à ça ! Retourne dans ta cuisine et laisse les grandes personnes décider ! »

Il serrait de plus en plus fort. Des étoiles commençaient à apparaître devant ses yeux alors qu’elle manquait d’air. Bougeant ses mains au hasard, elle réussit à attraper un pan de sa veste et tira dessus de toutes ses forces, rapprochant le visage de l’homme de sa tête. Elle se redressa brutalement et son front heurta celui de son agresseur. Il eut un mouvement de recul qu’elle utilisa pour se dégager en rampant et en toussant.

« Ariane ! »

Son cœur manqua un battement alors qu’elle reconnaissait la voix d’Octavia. Que faisait-elle ici ?

« Qu’est-ce que… »

Le fanatique se tourna vers la nouvelle venue et reçut un coup de pied en plein visage. Il hurla de douleur en s’écroulant : Octavia n’avait pas ralenti sa course pour le frapper. Un couteau tomba au sol. Octavia se tourna vers Ariane, l’attrapa par le devant de son uniforme pour l’aider à se relever et elles se mirent à courir vers le Département d’Histoire. Alban se battait toujours, du sang inondait sa veste et sa chemise d’uniforme, coulant de son nez et de sa lèvre inférieure.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda Octavia paniquée.
⎯ Des fanatiques ! »

Alors qu’elles traversaient la pelouse, Claudie apparut au bout de l’allée.

« Qu’est-ce que… ?
⎯ Cours ! Le bunker ! Il faut sonner l’alarme ! lui cria Ariane. »

Claudie se mit à courir vers l’entresol, ses amies la suivant de quelques mètres.

« Il nous suit ! cria Octavia. »

Ariane se retourna. Bien que mal en point, l’homme essayait de les rattraper en titubant. Claudie bataillait maintenant avec ses clés pour ouvrir l’entresol. Elle y arriva au moment où les filles la rejoignaient. Elles s’engouffrèrent à l’intérieur et claquèrent la porte derrière elle. Claudie activa un mécanisme de fermeture qu’Ariane n’avait jamais vu et appuya fermement son pouce droit sur une surface métallique.

« Empreinte digitale scannée, annonça une voix désincarnée. Que désirez-vous ?
⎯ Fermeture d’urgence et activation de l’alarme ! hurla Claudie.
⎯ Fermeture hermétique activée. »

Une série de serrures s’activèrent automatiquement et les vérins libérèrent une épaisse fumée blanche. Les filles reculèrent. Ariane n’avait jamais rien vu de tel et au vu des exclamations d’Octavia, elle n’était pas la seule.

« Déclenchement de l’alarme », reprit la voix étrange.

Une sirène retentit, suivit par le tintement des cloches. L’enceinte sacrée était en alerte.

Coucou !

De ce que j'ai compris, c'est une scène que tu vas intégrer à ton roman (ce qui explique qu'il y a beaucoup de noms d'un coup !) J'ai eu un tout petit peu de mal à comprendre le début, mais j'ai bien aimé lorsque le combat a commencé, c'était assez haletant  
Dommage qu'il soit un peu court, j'aurais aimé voir Ariane et Alban se battre plus longtemps, surtout que le pauvre a l'air d'en prendre plein la figure ^^
On ressent bien aussi le côté "pressant" et "urgent" de la situation.

J'ai trouvé qu'il y avait pas mal de  "Qu'est-ce que..." dans ton texte, je ne sais pas si c'est voulu, mais bon j'ai aussi beaucoup de répétitions. Dans une scène de combat c'est particulièrement difficile, de toute façon !
Bravo à toi pour avoir ton texte en tout cas

Coucou! Merci pour ton commentaire et contente que tu aies aimé le combat

Oui, c'est un extrait du chapitre 10 de mon roman en cours d'écriture, donc tous les personnages sont déjà introduits: Ariane et Octavia ont eu la même nourrice et ont grandi ensemble, Bertille et Claudie vivent dans la même pension de famille qu'elles, Jules Bagnat est l'ex-mari d'Octavia et Alban est un ami qui demande tout le temps des nouvelles de Bertille. Mais je n'avais pas vraiment le temps d'exposer tout ça, et ce n'était pas le but ^^'

Ah, je n'avais jamais fait attention au "qu'est-ce que...", mais c'est vrai que j'ai tendance à en mettre à chaque fois qu'un personnage ne comprend pas une situation. Je vais faire du vide à la relecture

Pareil j’avoue avoir été un peu perdue au début, mais si c’est un milieu de roman, c’est logique !

Pour le reste, ça coule tout seule, même sans connaître trop les personnages, je trouve que les dialogues les caractérisent bien, les événements s’enchaînent avec fluidité et on se sent investi dans l’action donc bravo

Scalenary a écrit:Pareil j’avoue avoir été un peu perdue au début, mais si c’est un milieu de roman, c’est logique !

Pour le reste, ça coule tout seule, même sans connaître trop les personnages, je trouve que les dialogues les caractérisent bien, les événements s’enchaînent avec fluidité et on se sent investi dans l’action donc bravo

Merci pour tes compliments

Comme les autres Miettes, j'ai été un peu perdue au départ, mais c'est bien normal vu qu'il s'agit d'une scène qui ira au milieu de ton roman. Au final, après quelques paragraphes, ça ne gène plus et on se prend vraiment bien dans l'action.

On ressent bien l'urgence et le danger de la situation et du combat. Le combat en lui-même est bien décrit et on se le représente bien.

Pas grand chose d'autre à dire ! Bravo en somme ! Ton univers semble très singulier et pique la curiosité. Dis, il va s'en sortir Alban ?

Sam Rory Vega a écrit:Comme les autres Miettes, j'ai été un peu perdue au départ, mais c'est bien normal vu qu'il s'agit d'une scène qui ira au milieu de ton roman. Au final, après quelques paragraphes, ça ne gène plus et on se prend vraiment bien dans l'action.

On ressent bien l'urgence et le danger de la situation et du combat. Le combat en lui-même est bien décrit et on se le représente bien.

Pas grand chose d'autre à dire ! Bravo en somme ! Ton univers semble très singulier et pique la curiosité. Dis, il va s'en sortir Alban ?

Merci pour ton commentaire, je suis contente que ça t'ait plu et que l'univers t'intrigue.
Sans trop spoiler, oui, j'ai prévu qu'Alban s'en sorte, rassure-toi.

Bravo pour ton texte ! Ton univers a l'air très intéressant, ça donne envie d'en savoir plus  

Le combat est bien décrit, on arrive vraiment à le visualiser.

Juste une petite remarque, mais c'est vraiment un détail, limite du chipotage. Pour ces deux phrases :
"L’autre fanatique s’approcha pour la saisir, Ariane attrapa sa sacoche par la poignée et l’envoya valser contre le visage de son adversaire."
"Elle n’avait fait que quelques mètres quand elle sentit qu’on la saisissait par le col de sa robe, le tissu s’enfonça dans ses chairs et manqua de l’étrangler."
J'ai un peu buté sur le rythme de ces phrases, sur l'enchainement des actions. Je pense que si tu les coupais en deux ça serait plus fluide (j'arrive pas à trouver le terme qui va vraiment bien, désolée j'ai du mal à trouver mes mots aujourd'hui ^^') :
"L’autre fanatique s’approcha pour la saisir. Ariane attrapa sa sacoche par la poignée et l’envoya valser contre le visage de son adversaire."
"Elle n’avait fait que quelques mètres quand elle sentit qu’on la saisissait par le col de sa robe. Le tissu s’enfonça dans ses chairs et manqua de l’étrangler."
Mais bon, c'est surtout du ressenti personnel en fait.

Encore bravo pour ton texte  

Coucou Ginevra ! Comme les autres j'ai été un peu perdue au début avec tout ces noms et ces évènements, on sent qu'il y a du background derrière^^ Par contre c'est très bien écrit, c'est fluide et quand on arrive à la scène de combat on se laisse complètement emporter : on sent l'urgence, la tension... Bref rien à dire, ton texte est top !  

Coucou! Pour faire dans l'originalité, moi aussi j'ai un peu été perdue au début avec tous les personnages et termes spécifiques à ton roman, mais comme durant ton précédant atelier, j'ai beaucoup apprécié ma lecture! On ne comprend pas tout mais comme dit plus haut c'est normal vu que ça fait partie d'un plus gros projet, mais ça n'empêche pas la lecture d'être fluide et agréable. On sent vraiment l'urgence et le combat est bien mené, les dialogues aussi sont bons et tu as bien décrit les différentes scènes qui se succèdent donc bravo à toi!

Merci à tous pour vos retours sur mon texte, ça me fait trop plaisir Je suis contente que ça vous ait plu et que l'univers vous intéresse, même si le début du texte vous a perdu ^^'

Concernant ta remarque marie_jda, je suis d'accord avec toi, merci de me l'avoir signalé

Et bien ! Ta session a été productive !
J'ai bien aimé les phases de réflexion, les détails sur les lieux où étudient les Apprentis, et puis la confrontation avec les fanatiques qui permet de traiter un sujet/thème très intéressant autour des dieux de ton monde

@MitcholeBidou: Merci pour ton commentaire
Je suis contente que le contexte t'a autant intéressé, j'ai au peur d'en faire trop comme c'est complètement hors sujet par rapport à la consigne de l'atelier

Hello hello ^^ Ouaaaaah, ça fait beaucoup de mots x') J'ai bien peur de me répéter avec les autres, j'étais un touuuut petit peu perdu au début (dans le sens où je comprenais vite fait les relations des persos, mais pas trop le contexte geo-tempo-socio-religieux, tout ça tout ça x') ). Mais du coup je suis qu'encore plus épaté de voir que j'ai accroché du début à la fin, tant le reste est limpide et agréable à lire ! J'ai bien senti la tension monter (alors que ces gens, je sais pas ce qu'il leur arriverait s'ils se faisaient choper jusqu'à ce qu'on serre à fond la gorge d'Ariane, en vrai ^^'), et je me suis senti vachement impliqué pour eux (ou alors contre le garde, en même temps il a littéralement dit "les femmes à la cuisine", j'y peux rien si j'ai envie de le détester au plus profond de mon âme x') )
Bref, texte trèèèèès impressionnant, j'ai beaucoup aimé, bravo à toi ! ^^

Hello ! Bravo pour ton texte !
Beaucoup de contexte pour l'exercice, mais ça s'enchaîne bien, c'est rythmé et ça se lit tout seul !
Merci pour ta participation !

Merci pour tous ces commentaires !
Je suis vraiment très contente que mon texte vous ait plu et d'autant plus que le contexte était absolument incompréhensible, vu qu'il y a 30 000 mots dans mon roman avant cette scène ^^' Je ferai différemment sur un prochain atelier.
@martatin: les fanatiques du Dieu, ils sont assez détestables. Donc mission accomplie en quelques mots XD Merci!