Pour Ismaël

Il me donnait un coup avec la protection de son épée. Je m’écroulais au sol dans l’herbe humide, la terre du marais commençait à m’avaler. Le métal de son arme resonnait dans ma tête. L’arbitre déployait lentement son bras et me fixait avec son masque blanc. Si je ne me levais pas rapidement,  il me donnerait une sommation avec son pistolet au-dessus de ma tête. Son deuxième pistolet achevait les lâches. C’était un combat à mort.

On jetait les corps dans une mare vaseuse, à côté du pré, qui engloutissait les corps. Ça sentait la mort et le froid me saisissait mon corps. J’étais trempé jusqu’à mon âme. Je me relevai. L’arbitre recroisait ses pistolets au niveau de son cœur. Je vérifiais que ma dague, ma deuxième arme, était toujours accrochée à mon ceinturon de cuir. Mon adversaire me fixait face avec son masque noir, la lame de sa hache, accroché sur le dos,  dépassait et me menaçait . L’épée était une arme imposée on pouvait choisir une autre arme blanche de notre choix.  Je n’escrimais pas mais ma stratégie était simple : fatigué mon adversaire. Il chargeait, des flaques d’eau éclaboussèrent les longs manteaux des deux témoins. Je parais ses attaques du mieux que je pouvais, mais mon adversaire était plus adroit que moi. Je réussissais à le désarmer,  son arme avec la mienne volait dans les airs. Il regardait un moment incrédule son épée. Je lui assénai un coup de poing au le visage. Il reculait avec un regard surpris. Du sang coulait de son nez. Il fonçait sur moi et me plaquait au sol. Le froid du sol commençait à geler mon sang. J’évitais ses coups de poings et me protégeais avec mes avant-bras. Il reprenait son souffle. J’en profitais pour lui assener un coup de poings dans les yeux. Je me dégageais et me redressai. Il avait un genou à terre. La rage se lisait sur son visage. L’arbitre levait ses deux pistolets au ciel, cela indiquait la pause.

Un des témoins marchait sur la pointe des pieds et ramenait les épées et les plantait devant nous au sol. Je courrai récupérer mon épée, mais il fut plus rapide que moi. Il fonçait sur moi et m’entaillait la joue. Je ripostais on lui assenant un coup de poing avec mon l’épée. Je combattais mieux à mains nues. J’évitais ses coups et quand il se rapprochait, je lui donnais un coup poing dans les flans, dans les côtes, dans l’estomac… Ma stratégie commençait à fonctionner : je le fatiguais. J’étais aussi fatigué que lui. La brume commençait à monter du sol. Le signal que la mort approchait.  Cela me distrait et je reçu un coup de poing plus fort qui m’assommait. Je sentais sa transpiration. Je vis son épée planté au sol. Ma tête penchait en avant. L’odeur de la mort m’empêchait de respirer. C’était le final et je risquai de le manquer. Je l’entendais dégrafer l’attache de son hache. J’attendais qu’il la lève le plus haut possible. Calmement, je reculai un pas derrière lui et de je lui donnais un coup pied au niveau de sa jambe d’appui.  Le poids de son arme le déséquilibrait en arrière. Je le retiens avec ma dague qui lui transperçait son cœur. Je lui murmurai à l’oreille.

_ C’est pour la mort de mon frère Ismaël !

Le duelliste qui aimait défier tout le monde, pour le plaisir de tuer s’écroulait à terre, devant les visages étonnées des témoins. Je mettais à profits mes années de services en tant que palefreniers ou je regardais se tueur s’entrainer tous les jours dans la cours. J’avais vu ce qu’une personne ne décelait dans ce terrible guerrier, une faiblesse, moi qui ne savais pas utiliser une épée.