La Cité Halfeline

Notre voyage touche à sa fin. Peu à peu, la brume se lève et dévoile la vallée en contrebas. Un berger accompagné de son chien fait paître ses bêtes. Nos pas se mêlent à ceux des voyageurs et locaux qui rejoignent comme nous la Cité Halfeline.

Au détour d’une ultime corniche, nous l’apercevons enfin, enchâssée entre deux montagnes. Tournée vers l’est, la mère de tous les elfes au visage de pierre accueille l’astre levant. Les teintes rouges colorent tout autant les cimes enneigées que la mer de tuiles d’argile des tours et bâtisses millénaires. La muraille finement taillée à même la roche scintille elle aussi sous les premiers rayons de l’aube. Tout là-haut dans le ciel, un aigle glatit puissamment, comme pour nous accueillir. Son cri strident se répercute dans toute la vallée.

La contemplation de ce décor ravive les forces de chacun. Tacitement, nous pressons le pas. La brise nous apporte les effluves de venaisons, de bière, de pain chaud et de bouillons des tavernes, ainsi que le battement des tambours de la fête prévue pour le soir même. Sur le chemin de terre que nous arpentons, de larges charrettes tirées par des bœufs apprêtent le bois qui nourrira le feu éternel prévu pour les célébrations de la nuit à venir. Cette nuit est bien particulière pour les habitants du mont Âpre-brume, car il s’agit de la nuit la plus longue de l’année, celle précédant l’hiver et sa rudesse. Passée cette nuit et pour au moins trois mois jusqu’au retour des beaux jours, la forteresse devient alors le seul endroit sûr et habitable de la montagne, car les ombres s’éveillent et chassent durant la saison froide.

Les familles d’Halfelins qui nous précédent, et pourtant bien loin de se morfondre, semblent consacrer toutes leurs pensées à la fête à venir. Les enfants jouent, rient et chahutent en s’échangeant des fragments de pierres noires, imitations des précieux minéraux de la montagne. Nous passons la grande porte. Ils s’élancent déjà dans les ruelles familières de la cité en pierre de taille et aux maisons à colombage. Les adultes sont formels, ils joueront ainsi jusqu’à la tombée du jour, jusqu’au commencement de la fête de l’astre.