Cendres de l'humanité - Atelier 20/03

« J’arrive bientôt, je sors du travail avec deux-trois choses à grignoter ce soir, ne m’attends pas. »
…
« Joyeux anniversaire ma puce ! »
…
« Toute la famille sera là dans pas longtemps, on va faire une grande fête ! »
…
*quinte de toux* « Ça recommence… »
…
*toux qui s’aggrave* « Il ne faut pas… que ça gâche sa fête... »
…
*un bruit sourd retentit au loin, vite effacé par la musique de la fête*
…
..
.

« Étrange… Pourquoi ces souvenirs ont l’air si fragiles et si… irréels…
Je ne me sens pas, ni mon souffle, ni mon corps, ni mon cœur.. rien.
Ah… ça me revient maintenant, cette foutue maladie m’a eu, je suppose que je n’en ai plus pour longtemps… il fallait bien que ça arrive un moment…

Pour la première de ma vie, je ne me suis pas débattu, après tout, on peut toujours s’en sortir quand on a peu d’argent, quand une famille est au bord de la ruine ou quand des choix horribles se dressent devant nous. Mais on ne peut pas se débattre quand c’est la mort qui décide de nous emporter. Je le sais depuis que je trempe dans ces sales affaires, afin de maintenir ma famille, même depuis ma naissance, j’ai une épée de Damoclès au-dessus de moi depuis toujours.

À part les ancêtres de la famille, personne ne savait pour moi, je souhaite que ça reste ainsi, je ne peux pas imaginer le visage de ma nièce déformé par la réalité sur mon lit de mort… pas après ces dix ans que j’ai passé à m’occuper d’elle comme un père, pendant que ma sœur travaillait d’arrache-pied pour sa fille…

*soupir*, il ne me reste plus qu’à fermer les yeux et dormir »

J’avais l’impression d’avoir les yeux fermés, pourtant j’avais l’impression de voir, voir une lumière blanche grandir de plus en plus : « ça y est, c’est fini » me suis-je dis… et pourtant.

-

Soudain, j’ai pris une grande inspiration, comme si j’étais sur le point de me noyer, l’air empli tant mes poumons que cela faisait mal, mes muscles étaient certes endoloris mais je pouvais sentir les battements de mon cœur et mon sang circuler dans tout mon corps. Ma vue s’accommodait lentement à la pièce dans laquelle j’étais, j’arrivais juste à percevoir les odeurs humides et moisies de la salle avant de comprendre que je me trouvais assis sur le lit d’une salle d’opération.
Je n’avais rien d’autre qu’une serviette attachée à la taille, ainsi qu’un casque à électrodes sur la tête que j’ai retiré très vite.
En me levant j’ai vite compris que l’endroit était abandonné, pas seulement dans la pièce, mais tout le bâtiment… « Qu’est-ce qui a bien pu se passer sérieusement ? », pas un bruit, pas un souffle, même le bâtiment ne grinçait pas, le silence total commençait lentement à déchirer ma santé mentale… Les jambes tremblantes, je me suis mis à la recherche d’un casier comportant mon nom, au moins celui de ma famille.
Le bloc opératoire était totalement vide, mon nom n’y étais pas, ni dans la salle d’attente, ni dans les casiers des soignants, mais il y avait au moins des vêtements… J’ai d’ailleurs remarqué qu’il y avait un tatouage étrange sur mon torse, une sorte de vortex, ou de toile noire qui semblait s’étendre comme une corruption…

Malgré mes souvenirs un peu effacés, cet hôpital me disait quelque-chose, je suis persuadé d’y avoir passé des tests à cause de ma maladie (on m’a toujours parlé d’un cancer du poumon mais j’y ai très peu cru).
J’ai continué d’explorer, la boule au ventre, la gorge nouée, le seul bruit que je pouvais entendre était les pas de mes chaussures dans les couloirs de l’hôpital et les lumières grésiller. Plus je m’aventurais et plus je commençais à voir l’état du bâtiment se décrépir, des fissures, dans les murs, le sol et le plafond, qui faisaient passer de l’air frais, il y avait encore plus de moisissure aux murs à mesure d’avancer.
Je voulais descendre, mais prendre l’ascenseur serait trop dangereux vu l’état de la bâtisse, alors j’ai pris l’escalier. Et à ma grande surprise, après avoir poussé les portes rouillées, les escaliers semblaient en bon état, il y avait juste un champignon rouge phosphorescent dans un coin, il dégageait une étrange odeur et ses nuages de spores obstruaient les voies respiratoires, tout indiquait qu’il ne fallait pas s’en approcher et s’échapper au plus vite. J’ai descendu les étages en courant, le t-shirt autour de ma bouche afin de sortir, mais les champignons étaient de plus en plus nombreux et la mousse noire sur laquelle ils poussaient aussi. Quand soudain, une fois le rez-de-chaussée atteint, je vis l’horreur à l’état pur : des centaines de corps humains décomposés gisaient au sol et dans le sang séché, les champignons étaient encore plus nombreux et respirer devenait un véritable défi, en plissant des yeux j’ai aperçu que d’immenses racines avaient pris possession de l’hôpital, par chance, elles semblaient se développer très lentement, j’en ai alors profité pour m’enfuir en direction d’une issue de secours et sortir.
La porte était obstruée par les corps et la rouille mais j’ai fini par la démolir.

-

Ce monde… ce monde n’est plus ce que je connaissais… combien de temps s’est écoulé ? Sérieusement, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi je suis encore en vie, dans quel but ?
Tout ce la civilisation humaine a construit semblait dorénavant balayé par ce fléau : ces racines immenses, ces champignons étranges et surtout, des créatures étranges qui déambulent dans les rues, au milieu des routes craquelées et des épaves de voitures, camions et parfois même d’avions. Le ciel n’avait plus ce bleu paisible dont je me souvenais, c’était maintenant le même rouge que ces champignons et ces sortes de pustules sur les racines gigantesques. Les bâtiments tombaient en ruine, certains étaient déjà en poussière, rien ne tenait plus debout…
J’ai eu peur, encore aujourd’hui encore j’ai peur, je me suis emparé d’un tube de métal et me suis mis en route en direction d’une supérette, un magasin un truc où je pourrais récupérer de quoi me nourrir.
Soudain j’ai senti une présence devant l’hôpital, au niveau d’un grand arbre mort, même en m’avançant discrètement, la personne semblait m’avoir remarquée, c’était une femme asiatique qui s’adressa à moi.
« Inutile d’être discret, la Toile sait reconnaître les siens, et puis nous entre-tuer ne nous servirait à rien »
« Qui êtes-vous ? C’est quoi cette Toile ? Depuis quand vous êtes là ? »
« Oui, j’imagine que vous avez beaucoup de questions. Sachez, Porteur, que les individus de notre genre n’ont pas de nom, vous êtes un porteur de la Toile, tout comme je le suis. Qu’est-ce que la Toile ? C’est le moyen que les gens d’avant l’Effondrement ont trouvé pour garder des boucs émissaires qui feront renaître le monde ou le réduire à néant… Et depuis quand je suis là ? Trop longtemps, si longtemps que j’ai perdu espoir... »

Bon, là aussi j'ai mis beaucoup de contenu donc pas eu le temps de terminer ^^'
Le début était long et ce style d'écriture est largement différent de ce que je fais habituellement, hâte de savoir ce que vous en pensez  

Hello !
Merci pour ta participation à l'atelier et bravo pour ton texte ! J'aime beaucoup l'univers que tu nous fais entrevoir
Juste deux-trois petites choses, attention à ne pas écrire les actions entre étoiles. Aussi, je trouve dommage que les détails "importants", sous-entendu ceux qui peuvent marquer l'imagination du lecteur, soient un peu au second plan. Par exemple, lorsque tu dis qu'il a un vortex au milieu du torse, ou qu'il voit des champignons bizarres, on dirait que tu mentionnes un détail en passant. Et je pense que ce serait chouette si tu nous rapprochais un peu plus des scènes, que tu nous les faisais vivre davantage plutôt que de raconter/résumer
Mais bravo à toi encore une fois, c'est vraiment mystérieux!

Merci beaucoup pour ce retour ! Je prends note de tout ça et je vais m'améliorer pour mes écrits personnels et les prochains ateliers ! Encore merci