Atelier n°4 du 20-03

Vous attendez pas à grand chose... J'étais pas du tout inspirée et le machin est pas terminé parce que j'avais aucune foutue idée de la direction que je voulais lui donner XD Je l'ai vraiment pris pour ce que c'était pour le coup, un entraînement...
Aussi, certains mots peuvent choquer, mais sachez que cela ne reflète pas du tout ma pensée mais celle du personnage en question ! (Je pense que vous saurez tout de suite de quoi il s'agit dès que vous lirez). Sur ce, bonne, euh non, pas trop mauvaise lecture ? xD

Avant même que la douleur n'eût parcouru son corps, sa première pensée fut pour son blouson de cuir tout neuf. Il l’avait acheté la veille dans sa boutique de fringues préférée. Des mois d’économie pour s’offrir ce modèle, et il n’avait même pas pu en profiter. Même la bile qui lui montait aux lèvres n’était pas aussi amère que sa frustration.
Il observait, indigné, le trou béant laissé par la balle sur la peau tannée. Il y passa sans difficulté son index, qu’il ressortit teinté de rouge. Il ne se souvenait pourtant pas avoir mis un T-shirt rouge aujourd’hui. Il reposa ses doigts sur l’ouverture et sentit un liquide chaud et poisseux s’en échapper. Du sang. Beaucoup de sang.
Alors qu’il s’écroulait au sol dans une lenteur improbable, il ne reconnut pas tout de suite le visage flou qui passa au-dessus de lui.
– Tu vois ce qu’il en coûte d’essayer de me baiser ?
La voix était rauque, agressive. Il l’aurait distinguée entre mille. Gianni. Son frère.
– Je voulais pas en arriver là, poursuivit-il, le front appuyé contre son pistolet. Mais tu m’as pas laissé le choix. T’as voulu la jouer solo, garder tout le pognon pour toi, et tout ça pour quoi ? Pour t’acheter une veste de pédé ! Ca en valait vraiment la peine, selon toi ?
L’homme au sol essaya de sortir un seul et unique mot.
– Enfoi…
Alors qu’il allait péniblement franchir ses lèvres, avec le peu de souffle qu’il lui restait, l’homme fut pris d’une toux incontrôlable. Il roula sur le côté et recracha le sang qui envahissait peu à peu sa gorge.
– Pathétique. Aussi bien dans la vie que dans la mort. Malgré tout, tu restais mon petit frère adoré, alors je t’ai protégé. Et toi, tu m’as trahi.
Le ton de Gianni s’était adouci. On sentait dans sa voix la douleur sincère que lui avait causé cet affront. Et le regret tout aussi sincère de faire ce qu’il était en train de faire.
– Tout est de ta faute ! reprit-il, tout à coup furieux. Pourquoi il a fallu que tu me fasses ça, pourquoi ? A cause de toi, je dois en arriver là, parce que sinon, si je te punis pas maintenant, même si tu es mon frère, je serai jamais reconnu dans le milieu ! Tu aurais pu en faire partie, avec moi, mais non ! T’as préféré un putain de bout de tissu à la place. Alors crève.
Gianni pointa son arme sur la tête de son frère, allongé dans une mare de sang de plus en plus vaste. Sa main tremblait frénétiquement, peinant à ajuster son tir. Il finit par baisser son bras avant de s’accroupir, la tête entre les mains, secoué de violents sanglots.
– Je voulais pas, je voulais pas ! beuglait-il. Je voulais pas, oh mon dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que maman va dire ?
Ah oui, maman. Le jeune homme au sol voyait déjà cette femme bourrue et bien en chair s’effondrer en larmes lorsqu’elle apprendrait la nouvelle, tout en le fustigeant de remarques acerbes, même mort. “Je savais bien que ça lui arriverait un jour, cet imbécile… Mais jamais il m’écoute, jamais, et voilà le résultat !”
Bougonner pour alléger sa peine, c’était bien son genre. Mais elle n’aurait pas tort. Pourquoi ne l’écoutait-il jamais ? Pourquoi, Gianni comme lui, n’en faisaient toujours qu’à leur tête ? Elle les avait pourtant bien élevés, généreuse comme personne alors même qu’elle n’avait rien. Elle leur avait toujours dit qu’être pauvres ne justifiait pas de se comporter comme un voyou. Et elle avait eu raison, comme toujours. Sûrement qu’un peu plus de “oui maman” et un peu moins de “tu me saoules la vieille” lui aurait sauvé la vie.
Alors que Gianni semblait avoir plus ou moins retrouvé ses esprits, le canon à nouveau pointé vers lui, le mourant sentit un autre liquide lui mouiller les joues. L’eau salée roulait sur la commissure de ses lèvres. Il aurait tellement voulu revoir sa mère une dernière fois. Il la voyait tous les jours, mais là l’envie était si pressante qu’elle lui déchirait les entrailles plus encore que la balle ne l’avait fait. Oublierait-il son visage là où il allait ? S’il allait bien quelque part… L’enfer, c’est tout ce qui attendait un type comme lui. Non pas qu’il pouvait être associé aux plus grands criminels de l’histoire, loin de là. Il n’était qu’une petite frappe du quartier, qui tabassait des collégiens et piquait les sacs à main des mamies. Par facilité. Ce n’était qu’un lâche qui ne s’en prenait jamais à plus fort que lui. Sauf aujourd’hui. Il avait cru qu’il ne se ferait pas prendre. Et que même si ça arrivait, on le lui pardonnerait, parce que c’était le frère du chef du gang. Gianni avait raison sur toute la ligne lui aussi. On ne pouvait pas se permettre d’être médiocre dans ce milieu. Alors il n’avait que ce qu’il méritait. Et c’était presque serein qu’il regarda la balle émerger du canon, accompagnée de ces derniers mots:
– Adieu, Marco.

Le silence. Un silence absolu. Le noir, ou le néant peut-être. Il n’en savait rien. Il se sentait si léger. Ou plus exactement, il ne sentait plus rien. C’était comme si son corps n’était plus. Alors c’était ça, la mort ? Quelle sensation… étrange. Il se sentait plein et vide à la fois. Marco s’imaginait une carafe vide d’eau mais par conséquent remplie d’air. Pourquoi était-ce cette comparaison qui lui venait à l’esprit à ce moment précis ? Même mort, il restait un imbécile. Un idiot comme lui était-il condamné à errer pour l’éternité ? S’il avait pu, Marco aurait frémi rien qu’à cette idée.
D’ailleurs, cela faisait combien de temps qu’il était ici ? Il n’en avait aucune idée. Etrangement, il s’était plus ou moins fait à l’idée de passer sa vie, ou plutôt sa mort, ici.

Après un temps indéterminé, un faisceau de lumière déchira l’obscurité. Marco voulut maugréer, avant de se souvenir qu’il n’avait plus de bouche.
– Putain de soleil de merde !
Comment ? Qui avait prononcé les mots qu’il avait l’intention de dire ? Il lui avait semblé entendre la voix d’un adolescent à peine sorti de l’enfance.
La lumière se fit plus intense encore, à tel point qu’elle lui brûlait les yeux. Quoi ? Elle lui brûlait… les yeux.
Devant Marco s’étalait un univers flou et étonnamment coloré. L’image gagna peu à peu en netteté, jusqu’à lui offrir un tableau des plus plaisants. Devant lui se tenaient des dizaines de personnes aux visages ronds et souriants, vêtus d’étoffes aux couleurs chatoyantes. Marco n’en croyait pas ses yeux - de vrais yeux ! Abasourdi, il abaissa son regard avec un espoir mêlé d’appréhension. Il poussa un soupir de soulagement puis éclata d’un rire nerveux lorsqu’il s’aperçut qu’il possédait un corps. Pas le corps qu’il connaissait, certes, mais un corps tout de même.
– La cérémonie a fonctionné ! s’extasia un vieil homme à la longue barbe blanche. Un des grands héros de l’histoire est de nouveau parmi nous !
Des acclamations de joie retentirent après ces mots. Marco les regardait en papillonnant des yeux. Qu’est-ce qu’ils étaient en train de raconter ?
– Je crois qu’il y a un malentendu…
Sa voix était juvénile, celle d’un garçon qui n’avait pas encore mué. Comment, pourquoi se retrouvait-il dans un corps si jeune ?
– Impossible, affirma le vieil homme. Le rituel de réincarnation du héros ne permet aucune erreur !
Un héros ? Lui ? Marco hésitait à dire toute la vérité ou bien… à utiliser cela en sa faveur.
– Veuillez m’excuser, mon brave, reprit-il avec l’air le plus prétentieux qu’il savait prendre. Je m’éveille à peine, j’ai l’esprit encore… embué.
Marco remercia intérieurement son frère d’avoir enrichi son vocabulaire, avant de pester en se rappelant que c’était à cause de lui qu’il était ici.
– Oh, par tous les dieux, c’est bien lui, notre seigneur vénéré !
Tous s’inclinèrent devant lui, face contre terre. Un rictus narquois anima les lèvres de Marco. Tout ceci lui plaisait décidément beaucoup.

Eh bien moi j'ai tout simplement adoré ton texte Michi ! J'étais à fond dedans. L'émotion est bien présente, les regrets de Marco, le déchirement de Gianni et la description de la mort... Et cette fin ! Tu penses que l'histoire s'arrête là et en fait non x) J'aurais adoré lire la suite j'étais partie pour suivre Marco un bon moment. Grand bravo à toi

Eh bah Sayuri ! Très étonnée et ravie de ton commentaire    je m'y attendais pas du tout sur ce texte que j'ai personnellement trouvé mauvais    (Lupi, sors de ce corps ! xD)

Ca me fait super plaisir ! Si tu as des idées, des suggestions sur comment ça pourrait se terminer et que j'écrive éventuellement la suite, je suis preneuse ! xD

Ton texte était super ! Les émotions de Marco est très décrit, j'étais dedans à fond. Je me demande où il s'est réincarné.

Merci beaucoup pour ton commentaire Lian ! J'ai essayé de rendre ça le plus émouvant possible, j'espère que Christelle trouvera ça mieux que la mort de Marion Cotillard

Lian a écrit:Je me demande où il s'est réincarné.

A vrai dire... J'en ai aucune idée moi non plus

Super histoire ! Les personnages sont nuancés et émouvants, et la fin est très intrigante !
J'espère qu'on pourra lire la suite si tu trouves l'inspiration et l'occasion de l'écrire

Merci beaucoup pour ton message Marie, ça fait super plaisir ! J'essaierai d'écrire la fin si l'inspiration me vient, je dois déjà terminer l'histoire de l'atelier du 30 janvier Mais promis, si je continue, vous aurez la suite ici !
J'avais pas l'intention de continuer à la base parce que je m'attendais pas à ce que les gens aiment bien

Hello ! Bravo pour ton texte, il est vraiment cool et j'adore l'idée !
Juste deux trucs :
Je trouve que cette phrase qui "raconte" n'est pas nécessaire, puisqu'on voit sa peine ensuite : "On sentait dans sa voix la douleur sincère que lui avait causé cet affront. Et le regret tout aussi sincère de faire ce qu’il était en train de faire."
Et à la fin, j'ai trouvé que Marco intégrait plutôt vite sa nouvelle situation, mais c'était sans doute par manque de temps.
Merci pour ta participation et encore bravo !

Merci pour ton retour Christelle !
Je suis totalement d'accord avec les points que tu soulèves ! La phrase sonnait bien dans ma tête à l'écriture, mais effectivement, c'est pas nécessaire et du coup ça rend le tout inutilement lourd.
Et la fin est totalement bâclée, c'est assumé, j'avais plus d'idées xD