Atelier 30/01/2022 - Sortilège

Xavier sentit une légère fluctuation magique traverser l'air. Ici, en pleine rue ? Il y a quelques passants, mais aucun ne semblent réagir, ils ne doivent pas posséder d'affinité avec la magie, ils n'ont probablement pas remarqué. Un sortilège est rarement lancé en l'air sans raison, il devait avoir une cible. Le fait qu'il soit le seul à réagir dans le rayon de détection du sortilège le fait tiquer. La cible, c'est lui ! Au vu de la sensation que lui a évoqué la fluctuation qu'il a ressentit, il a sûrement affaire à un sort longue distance. Un charme ? Une malédiction ? Il ferme les yeux, il essaye de suivre le flux magique, trouver une direction pour potentiellement découvrir la position de l'enchanteur. Vers l'ouest ! Il va voir de quoi il en retourne avant que des effets néfastes se manifestent.
Une minute, les murs des palissades autour de lui semblent avoir changé, quelque chose cloche, ils semblent plus lointains, plus bas. Il serait en train de rétrécir ? Un cri retenti, l'une des passantes a les yeux braqués sur lui, l'air horrifié. A mieux y regarder, son regard est tourné vers ses jambes. Ce n'est pas Xavier qui rétréci, le sol s'enfonce sous ses pieds dans une vase verte gluante. Mince, alors ça a commencé. Il tire sur ses jambes, perd l'équilibre, tombe au sol. Tout le monde le regarde avec incompréhension. Il arrive finalement à ramper hors de ce bourbier, jette un œil à ses jambes, elles n'ont rien, seul les pavés ont fondu. Le sortilège aurait maudit cet endroit plutôt que lui ? Ça n'aurait pas de sens.
Il sent son corps s'affaisser de nouveau, le sol se met à fondre à l'endroit ou il se trouve à présent. Il a l'illumination, il fait fondre tout ce qu'il touche. Il n'y a plus un instant à perdre. Direction l'ouest. Il s'élance, ses pas sont gênés, il court comme sur un matelas qui se dérobe sous ses pieds. Il manque de s'effondrer à plusieurs reprises, l’équilibre est délicat.
Alors qu'il est concentré sur sa course, il remarque une douleur lancinante au niveau de son poignet. Qu'est ce que c'est encore ? Il relève sa manche. Il devient pale. Une bonne partie de son avant-bras était craquelé, suintant d'un pus verdâtre. Une crevasse s’était creusé, si bien qu'on pouvait apercevoir un morceau d'os pointer le bout de son nez. A cet vue, Xavier est prit d'un haut-le-cœur, il voit trouble, ses pensées se mélangent. Son allure ralenti et plus il ralenti, plus ses pieds s'enfoncent généreusement dans le sol. Il se reprend, s'il se laisse aller il court droit à sa perte. Il se concentre... Ouest... Ouest... Sud-Ouest à présent !
Il oublie son bras, il n'a plus qu'une idée en tête : trouver le responsable. Il le sait, la meilleure façon de désamorcer un tel sort est de trouver celui qui l'a lancé et de le forcer à le contrecarrer. Il est assez proche maintenant, il arrive à le localiser instinctivement sans avoir a s’arrêter pour se concentrer. Ne pas penser à son bras. Il regarde autour de lui, il est en pleine ville, derrière lui s’étend une traînée de bourbe et de visages terrifiés. Ne pas penser à son bras. Il le distingue clairement maintenant, la personne qu'il recherche se trouve dans la tour qui surplombe la ville, il en approche, il est à quelques pas. Ne pas penser à son bras ! Les cris autour de lui l'interpelle, il jette un regard par dessus son épaule. L'un des passants à les yeux rivés sur son bras, il ne peut s’empêcher de regarder. L'erreur ! Ce n'est plus un bras, il en a perdu la forme. Tout ce qui lui reste de membre est à présent un amas de chair informe et dégoulinant. Si il y a quelques minutes encore on ne pouvait qu'entrevoir un bout d'os, à présent la donne a changé, toute la partie de son poignet à son coude est apparente sous sa peau ouverte en deux comme une manche de chemise. Sa main n'est pas en meilleure état, ses doigts ne sont plus que des lambeaux bringueballant dont les derniers morceaux de peaux qui les retiennent à sa main coulent en lourdes gouttes sous ses pas.
Il est prit de vertige. Il est si proche du but mais ses forces l'abandonnent. Il a juste quelques étages à monter, il peut le faire. Il se ressaisit, l’énergie du désespoir. Il entre dans le bâtiment. Il faut qu'il prenne l'escalier, l’ascenseur fondrait avant qu'il n'atteigne le bon étage. Il gravit les marches quatre à quatre.
Il est suant, grelottant, sa vue se limite a des flash, des ombres et quelques grésillements. Il halète, il ne peut même pas s’appuyer à la rampe d'escalier, la douleur ne serait plus soutenable, d'autant qu'elle se dissiperait instantanément sous son poids. Il n'est plus sur du nombre d’étages qui lui reste à parcourir, deux ? Peut-être trois ?
Il sent la douleur envahir sa poitrine et la base de son coup, il le sent, l'asphyxie l’achèvera avant qu'il perde conscience.
Ça y est ! Le bon étage ! Il y est, il en est sur. Non, ce doit être le bon étage, il n'y a plus le choix, plus le temps. Il se précipite dans les couloirs, passe devant chacune des portes. Pas celle-ci, ni celle-la... Un objet tombe au sol derrière lui. En se retournant il constate que le couloir autour de lui est en train de s'affaisser sur lui, le sol, les murs, l'immeuble entier se disloque. Sa gorge se noue, l'objet qui venait de tomber est un cubitus immaculé, qui s'enfonce dans le sol. Le sien !
Ne pas y penser ! C'est trop tard à présent, il faut qu'il continue quoi qu'il en coûte ! Toujours tout droit !
Il remarque une silhouette sortant d'un des appartements, leurs regards se croisent. Il lit dans ces yeux, ça ne fait plus de doute. Il est face au coupable. Sans qu'il n'ait eu le temps de prononcer un mot, le coupable s'enfuit en direction des escalier les plus proches. Xavier lui emboîte le pas, il ne le laissera pas lui échapper. Il s'engouffre dans la cage d'escalier et le rattrape assez vite, il ne se pensait pas aussi rapide dans cet état. Non, ce n'est pas lui qui est rapide, l'homme qu'il poursuit est enchevêtré dans la mélasse, les parois des murs se sont effondrés sur lui, il a un des bras englouti.
- … !
Xavier essaye de lui hurler dessus d'annuler son sortilège, mais les mots ne sortent pas, il a la gorge sèche et est a bout de souffle.
- … le sorts... !
Son assaillant se tourne vers lui, il est d'une colère sombre. Il est borné, il ne veut pas lever le sort. Mais il le sait, il n'aura pas le choix, Xavier ne mourra pas avant qu'il finisse écrasé. Avec un air de remord il tend fébrilement le bras et claque des doigts.

Un rythme haletant, une vraie course contre la montre ! Fin ouverte ou manque de temps ? Que de suspens ! En tout cas GG car c'est quand même très long, on sent bien que c'est fastidieux pour lui ^^ (et un peu dégueu x) )

Ahah, merci beaucoup !
Manque de temps surtout, je voulais vraiment me cantonner à l'exercice, ne pas trop dépasser. Du coup j'ai un peu accéléré la fin, même si quand j'y suis arrivé je me suis dit que quitte à "ne pas finir", ca terminait sur une note qui pouvait s'apparenter à une fin ouverte.

Hello !
Bravo pour ton texte et merci pour ta participation !!
J'ai trouvé le début un peu confus avec toutes ces questions/pensées, mais on entre rapidement dans l'action et j'ai apprécié la course du héros ! Beaucoup de rythme et d'imagination, bravo pour la narration qui nous emporte !
J'avoue ne pas avoir compris la fin, qui claque des doigts (c'est l'assaillant qui annule le sort ? et comment ça il y en a un qui est écrasé ?) mais c'est sûrement par manque de temps ! Bravo !