Atelier du 17/10/2021

Enfin je suis sortie. Cette soirée a été un calvaire. Trop de monde, j'avais la sensation d'étouffer. Pourquoi est-ce que je m'inflige cette torture? M'obliger à faire la conversation à des gens qui m'ennuient au plus haut point, me forcer à rire à leurs blagues débiles.

   Mais ça y est c'est fini. Je respire enfin l'air frais. La soirée est bien avancée, il doit être près de minuit. Mais la ville est loin d'être prête à rejoindre les bras de Morphé. Les terrasses des bars sont encore pleines, les lampadaires brillent tant qu’on ne voit pas le ciel. Les façades des magasins sont allumées malgré la fermeture, vive l’économie d’énergie. Le bruit de la ville m’angoisse, j’ai encore l’impression d’être à cette soirée.

   Je me mets à marcher, impatiente de retrouver mon petit “chez moi”. Mon chemin me mène dans des rues un peu moins fréquentées et un peu moins fréquentables… Un homme visiblement éméché me regarde passer, sa bière de mauvaise qualité dans la main. Son regard me donne plus froid que la brise légère de ce soir. Je resserre ma veste contre moi. Le bruit des fêtards se fait de plus en plus lointain.
  Toutes les personnes que je croise maintenant me semblent hostiles. Aurais-je trop bu? Leurs visages semblent déformés par un air mauvais ou pervers. J’accélère le pas, le cœur qui bat à tout rompre. Je sens des sueurs froides envahir mon corps. J’entend des pas derrière moi, en plus la lumière est moins présente dans cette rue, je m’éloigne du centre ville. J’ai chaud et froid à la fois, je suis un instant tentée d’appeler un ami pour qu’il vienne me chercher, j’abandonne l’idée en me traitant de trouillarde.

  Je tourne imperceptiblement la tête pour voir si je suis bel et bien suivie. Je ne vois rien. Pourtant je jurerais que j’entend quelqu’un, je sens un regard dans mon dos. Je frissonne. J’essaye de me remémorer les techniques de self défense que j’ai apprise, mais c’est le trou noir. Black out. Nada. La seule chose dont je me souviens c’est qu’il faut taper là où ça fait mal et courir aussi vite que possible! Vu ma vitesse de course, ça promet…

  Il n’y a quasiment plus de bruit venant du centre ville. Mais je sens toujours cette ombre me poursuivre. La lumière se fait rare elle aussi. Je commence à discerner le ciel et ses étoiles, que j’aurai adoré observer si je n’avais pas été pétrifiée de terreur. Je suis persuadée que tous les ivrognes de la ville sont à ma poursuite. Parano! j’essaie de tourner ma peur en dérision, mais ça ne m’aide pas vraiment. J’ai du mal à respirer, ma poitrine est oppressée, mes épaules voûtées. J’ai mal à la nuque à être si crispée.

  Je passe aux abords d’une petite forêt, où j’aime aller me promener le week-end. Je suis face à un dilemme: Continuer par les petites rues où je peux être aisément suivie? Ou passer par la petite forêt, ce qui me fera faire un détour, mais où je pourrais plus facilement semer d’éventuels agresseurs? Et s’il y avait des vampires ou des loups garous? N’importe quoi! Je ne boirais plus jamais, ça me rend bargeot!

   Je décide finalement que les vampires et les loups garous me font moins peur que des ivrognes et je m'engouffre dans la forêt. J’accélère le pas, les arbres autour de moi me paraissent plus protecteurs que menaçants. La ville à complétement disparu derrière moi. La lumière des lampadaires aussi. Mais il ne fait pas totalement noir, la lune, quasiment pleine, éclaire la forêt. J’essaie de marcher silencieusement, le sable sous mes pieds m’y aide.

   Plus je m’enfonce parmi la végétation, plus je sens mon cœur s’apaiser. La sensation d’être suivie disparaît peu à peu. Le vent dans les branches, qui pourraient me donner l’impression d’être dans un film d’horreur, me font plutôt l’effet d’un murmure là pour me rassurer.

  La pression retombe, je me sens d’un coup terriblement lasse. Je m’affale par terre, dans le sable, la tête presque dans les fougères. Je respire de façon posée, pour finir de calmer les battements de mon coeur. Je lève la tête et je peux enfin profiter du ciel, si magnifique ce soir. Les étoiles brillent, un avion traverse le ciel par moment. Le calme absolu autour de moi me fait tellement de bien! Moi qui d’habitude ne supporte pas le silence total. Le temps semble s’être arrêté.

   Je n’ai plus peur, j’ai l’impression de ne faire plus qu’un avec la forêt, de faire partie de la nature elle même. Je sens une araignée courrir sur ma main. En temps normal, j’aurais hurlé. Mais là, même elle, me semble amicale. J’entend une chouette hululer au loin. Comme je me sens bien! Je pourrais rester là pendant des heures, mais je commence à avoir bien froid. Alors, à contrecœur, je me lève et je reprend la route. Je profite du calme de la nature jusqu’au bout, jusqu'à atteindre la sortie de cette petite forêt. Les lumières artificielles reprennent leurs places. J’arrive à mon lotissement, je rentre chez moi rapidement et me précipite sur une feuille de papier et un crayon. Ma balade m’a inspirée un poème.
  Je commence à noircir ma page:

J’étais au sol, méditant
Les ombres grandissaient
Tout prend un sens différent
Au cœur de la forêt

Le soleil à disparu
Caché derrière les arbres
Les étoiles sont apparues
Fini le temps des palabres

J’aurais dû avoir peur
M’enfuir et crier
Mais à ma grande stupeur
J’ai été envahi par la sérénité

Je voulais danser avec les ombres
Murmurer avec le vent
Me lier aux éléments
Avec ces arbres en surnombre

Des insectes fini ma peur!
Je me sentais l’une des leur
Je me suis couchée dans le sable
Cette odeur de pin, comme c’était agréable !

Je voulais quitter toute civilisation
Rester loin de la folie des Hommes
La voie lactée pour seule vision
C’est ça la vraie vie en somme.

Hélas il a fallu rentrer
Si un jour je dois me réincarner
Je voudrais être une chouette effraie
Et veiller sur ma forêt

Je repose mon crayon, un sourire sur les lèvres. Finalement, la soirée finit plutôt bien!

Bonjour Ophélie,

Un rapide avis sur le texte. Le fait que Christelle dise qu'il y avait un poème dans ton texte a attiré mon attention.
En espérant que mon retour ne soit pas ennuyant ni trop bruyant

Pour le texte, Morphée prend 2 e. Sinon, ce n'est que mon avis, les phrases ont en règle générale un bon rythme.
Pour le chaud et froid à la fois, j'aurai vu quelque chose d'un peu plus imagé.

Pour le poème, je le trouve vraiment bien équilibré, un coup des rimes croisées et parfois qui se suivent.
Pour ma part je le fais souvent dans mes poèmes, ça donne un certain rythme je trouve.
Le + c'est qu'il exprime vraiment bien le contraste de pensée de l'héroïne et c'est chouette (sans jeu de mot)

Pour ma part je trouve que c'est un bon texte de manière générale, à voir ce qu'en pense Christelle après.

En espérant que mon avis soit utile.

Bonjour !
Merci beaucoup pour ton avis! Qui est très positif en plus, je ne m'attendais pas à un si bon retour donc ça fait plaisir !
J'ai toujours un doute avec Morphée, donc merci de m'éclairer sur ce point! Pour le chaud et froid c'est vrai que j'aurai pu trouver mieux, mais j'étais tellement à la bourre sur le temps que je n'ai pas cherché plus loin

Merci pour ton commentaire !

Hello !

Merci pour ta participation une nouvelle fois !
Attention à ne pas commencer trop de phrases à la suite par "mais", ça peut casser le rythme vu que c'est redondant.
Aussi, ça peut être confus lorsque tu mets "plus" et "moins" dans la même phrase :"en plus la lumière est moins présente dans cette rue".
Il y a peut-être un peu trop de "je" dans le texte. Cela aide à ressentir les émotions du personnage, mais il nous manque l'immersion dans la scène je trouve (ce qui est autour du protagoniste).
Bravo à toi !

Coucou !
Merci beaucoup pour ton retour ! Je notes t'es remarques et essaierai de faire mieux la prochaine fois !