Atelier 1 - 17/10/21 - Alcool et amour

Rappel : l’abus d’alcool est dangereux pour la santé (et faites gaffe à vos ami.e.s en soirée)

Les rues étaient plutôt tranquilles, en cette soirée d’octobre. Il fallait dire que le froid de la charmante petite ville du nord faisait fuir les quelques malheureux qui voulaient bien s’y frotter. Tout le monde s’était empressé de rentrer chez soi, bien au chaud.

  Tout le monde ? Non ! Un jeune homme, seul, luttait contre le froid. Ou plutôt s’en accommodait : il fallait dire qu’avec les quelques verres qu’avait pris Tom, l’air lui semblait aussi doux que celui d’un soir d’été. Ainsi, quand ses amis lui avaient interdit de repartir en voiture de la soirée, il s’était empressé d’enfiler ses chaussures et de filer à pied. Et voilà comment il était arrivé là.

 Sur le chemin, il avançait de lampadaire en lampadaire, ravi de re-découvrir ce chemin qu’il avait déjà parcouru mille fois. Les façades des bâtiments présentaient des fenêtres comme autant de tableaux lumineux. Oh, il n’y discernait pas grand-chose, entre rideaux et angles de vue : mais ce flou artistique lui aurait presque fait verser une larme.

 Baissant la tête, il admirait l’évolution de son ombre sur le pavé : elle se déformait selon la distance avec le lampadaire suivant, s’étirait et se tassait, se dédoublait ou disparaissait. Étrange jeu qu’il avait, Tom ne se lassait pas de la voir se mouvoir, accélérant le pas ou le ralentissant, alternant marches avant et arrière.

 Las de regarder son ombre, il fixa son regard sur les lumières et les trouva belles. C’était comme regarder le soleil, mais sans cette caractéristique brûlure à la rétine. Il se mit à suivre ces lumières, transporté par leurs halos. La fatigue créait des points flous mais si reposants qu’il ne pouvait que les suivre. Jusqu’à ce que deux points foncent sur lui, avant de se détourner au dernier moment.

 Tom s’était décalé sur le bitume, et observa la voiture partir au loin. Un peu perdu et choqué, il s’assit sur le bord de la route. Il cligna des yeux pour discerner de nouveau les formes autour de lui, et attendit. Il en avait marre, de marcher. Normalement, il aurait du arriver chez lui depuis deux jours, et il était encore sur ce stupide trottoir. Stupide, stupide trottoir. Il leva la tête, et la lune lui faisait face. Avec les lampadaires ambiants, les étoiles étaient invisibles, mais la lune était là, elle. C’était réconfortant, en un sens. Sans doute parce qu’il avait l’impression de revoir une vieille amie, il demanda :

- C’est par où, la rue des Mimosas ?

 Tom sursauta : un grand bruit de chute avait résonné, plus loin sur le trottoir. Il apercevait un amas de cartons d’ici, mais rien d’autre. Il tourna de nouveau son regard vers la Lune, comme pour voir si elle avait changé, esquissé un clin d’oeil, mais rien. C’était un signe !

- Merci, Madame, salua-t-il respectueusement avant de se relever.

 Il s’avança vers le carton, avec un sentiment d’appréhension qui montait. Dans le renfoncement mal éclairé où les cartons avaient été balancés, seul un bougeait légèrement. L’endroit parfait pour cacher un corps, sans doute. Il s’approcha du carton, espérant ne pas y retrouver un bout d’humain, et ce fut le coup de cœur.

 Une petite boule de poils gigotait dans le fond, les griffes grattant le carton dans l’espoir de trouver une sortie. Tom observa l’oreille blessée de l’animal, son petit nez rose, son regard torve… Il se revoyait gamin, regardant encore et encore a cassette d’Oliver et Compagnie, l’introduction dramatique où le chaton ne se faisait pas adopter et restait dans son carton. Il s’était juré que si cela lui arrivait dans la vraie vie, il adopterait ce chaton. Oui, ce soir, c’était bien un signe qui lui était tombé dessus.

 Il glissa sa main dans le carton et, avec toutes les précautions du monde, attrapa l’animal. Le pauvre avait les côtes saillantes, n’ayant sans doute pas mangé depuis des jours. Ignorant les morsures et griffures de la bête, il la leva à hauteur des yeux. Il était certain qu’il comprenait ses intentions rien que par la pensée, mais préféra les déclarer à voix haute. C’était plus solennel.

- Ecoute-moi bien, Pikachu. A partir de maintenant, tu es mon chaton. C’est toi et moi contre le reste du monde.

 L’animal lui mordit le pouce tout en le fixant dans les yeux. Tom était ravi : ils étaient sur la même longueur d’onde. Il le glissa sous son manteau, car le pauvre petit chou avait froid, voyez-vous. Et faim, apparemment, s’il en croyait ses morsures d’affection.

 Maintenant que Tom était parent, il devait assumer ses responsabilités : il devait retrouver le chemin de l’appart. Cela ne devrait pas être trop difficile, normalement…

- Tooom !

 Il se tourna et reconnut sa colocataire, Léa. Elle courait dans sa direction, l’air plutôt énervée.

- Qu’est-ce que tu faisais ? Ça fait une demi-heure que t’es parti de la fête, Louis m’a appelé pour vérifier que t’étais bien rentré, mais tu répondais pas au téléphone ! Qu’est-ce qui t’a pris de partir tout seul comme ça ?

 Tom attendait patiemment la fin du sermon car, il fallait l’avouer, ce n’était pas la première fois que Léa lui faisait la morale. Non, tu ne peux pas conduire si t’as bu plus d’un verre. Non, tu ne peux pas sortir en t-shirt quand il neige. Repose ce truc par terre, ça ne se mange pas. Il en avait parfois marre de se faire materner, et apparemment Pikachu aussi vu comment il se démenait pour sortir de son manteau par son col. Sa petite sortie improvisée eut au moins pour mérite de couper Léa dans son élan.

- Tom. Je peux savoir ce que c’est que ce truc sur ton épaule ?

- Mon chaton.

- Tom, c’est un rat. Et il est en train d’essayer de manger ton oreille.

- C’est Pikachu. Et c’est sa manière de me montrer son amour.

 Et c’est ainsi que commença l’histoire de Tom et de son rat.

ahah j'adore ! Quelle belle histoire, très touchante ! Coeur sur Pikachu <3

Tu réussis très bien à rendre compte de l'état de ton personnage et j'ai beaucoup aimé la partie avec le rat, qui est juste adorable. C'est rythmé, on s'attache au pauvre personnage, bravo
A part les "que" / "quelques" un peu redondants/lourds du début, je n'ai rien à te reprocher.
Merci pour ta participation !

Merci beaucoup pour ton retour, ça fait trop plaisir ! Content si mon histoire t'a plu, merci beaucoup pour le temps pris ^^

J’ai adoré le début avec la description de son état, surtout le passage avec le jeu de l’ombre avec les lampadaires. C’était super bien tourné. J’ai un peu moins accroché à partir du moment où il trouve le rat, une différence dans la façon de tourner les phrases je pense. (Mais je suis une lectrice qui aime les descriptions et le contemplatif c’est sûrement pour ça haha) bravo à toi pour ton travail !