Texte émotion

Toc, toc.

Je geignis dans mon sommeil. Encore ce foutu chat qui fait du grabuge.

Toc, toc.

Je me réveillai en sursaut. Depuis quand les chats cognent à la porte ? Je me traînai difficilement hors de mon lit en maugréant contre l’importun qui ose me déranger un dimanche matin.  

— Marie, appelai-je agacer.

Mais où est donc passée cette maudite servante ?

Toc-toc...

— J’arrive... Pas la peine d’insister comme ça.

J’ouvris la porte.

Deux policiers devant ma porte, un dimanche matin.

— Bonjour madame, pouvons-nous entrer ? Demanda le policier le plus âgé.  

Je les invitai à entrer d’un signe de la main, en les guidant vers le salon.

— Que me vaut l’honneur de votre visite ? Maugréai-je encore mal réveiller.

Les deux hommes échangèrent un regard. Comme s’ils n’osaient pas parler franchement.

— Nous sommes désolés de vous apprendre que votre mari est décédé..., M’annonça le plus jeune.

Je sentis une douce chaleur envahir mon corps. Impulsivement, je me mets à faire les cent pas. Je ne parvins pas à contenir ma réaction. Le poids du regard des deux policiers pèse sur mes épaules.

Je dois réagir et vite !

— Oh mon Dieu ! Fut tout ce que je réussis à dire.

— Vous devriez vous asseoir, madame. C’est une terrible nouvelle que nous venons de vous apprendre, dit avec sollicitude le plus âgé.

Je m’exécutai. Mon menton se mit à trembler. J’avais du mal à rester en place.

— Que s’est-il passé ? Où aviez-vous retrouvé ?

Calme-toi ! Parle plus lentement. Laisse faire les choses le plus naturellement possible.

— C’est que... bafouilla le jeune policier. Ce matin, un badaud a retrouvé le corps de votre mari... Il a été mutilé et jeté dans un bois.

— Oh mon pauvre Paul ! M’exclamai-je en me tenant la poitrine.

Des larmes perlèrent sur mes joues rougies. De nouveau, une chaleur envahit mon corps, bien plus forte que la fois précédente.

— Qui a bien pu faire une chose aussi affreuse ?

— Quand avez-vous vu votre mari pour la dernière fois ?

Demanda le plus âgé.  

— Depuis deux jours, répondis-je en baissant la tête.

— Et il n’a pas appelé en deux jours ?

Je soufflai. Mes pieds n’arrivaient pas à rester en place.

Ce n’est qu’un mauvais moment à passer ?

— C’est que Paul... Mon mari n’a jamais été un époux très démonstratif.    

— Je vois, dit le policier en notant dans son calepin mes dires.

— Il m’a informé qu’il partait pour deux semaines pour affaire...

Du coup, je ne me suis pas inquiété. Je lui ai envoyé un sms hier matin pour prendre des nouvelles. Pour toute réponse, je n’ai eu qu’un : je vais bien. Je suis occupé. Je n’ai donc pas insisté.

— Reprenait votre souffle, madame. Voulez-vous boire ?

Je saisis la clochette posée sur la table basse que j’agitai.

— Marie, appelai-je en tentant d’apaiser les battements de mon cœur.

La domestique entra dans la pièce.

— Apportez-moi un verre d’eau. Ainsi qu’un cachet d’aspirine.

La femme s’apprêta à faire demi-tour vers la cuisine quand je l’arrêtai d’un signe de main.

— Oh, je suis désolée, je ne vous ai pas demandé si vous souhaitiez boire quelque chose, dis-je aux policiers.

Tous deux déclinèrent ma proposition.

— Vous pouvez y aller, Marie.

Le jeune policier me regarda en m’adressant un sourire.

— Vous avez d’autres questions ? Je ne me sens pas bien.

— Nous allons vous laisser vous reposer. Dès qu’il y a du nouveau, je vous appelle.

Le vieux policier quitta la pièce en premier. Jean attendit que son collègue parte avant de me caressait tendrement la main. J'esquissai un sourire en le voyant partir.

Enfin, j’avais obtenu ce que je voulais ! Jamais personne n’apprendra la vérité. Et de toute façon, si ça tournait mal, j’avais le parfait idiot pour porter le chapeau.