Texte atelier Manely67

Helena se réveille en sursaut. Quelqu’un tambourine à la porte de son appartement. C’est la police. Ils ont une nouvelle difficile à lui annoncer.
Son pas est lourd. Elle sent déjà que la matinée ne lui prévoit rien d’agréable. Sa main se pose sur la poignée de porte, elle la tourne doucement, souffle et fait face aux policiers qui attendent.
« Madame Rottenberg ?
- Oui, c’est moi. Un problème, messieurs ? »
Elle savait très bien pourquoi il était là. Mais elle devait demander pour savoir si tout cela était bien réel.
« Tom Rottenberg, c’est bien votre frère ? N’est-ce pas ?
- Absolument oui, mais ne demandez pas à nos parents, ils nieraient en bloc.
- Nous avons, en effet, fait un tour à leur domicile avant le vôtre… Vous voyez juste.
- Si vous étiez passé chez moi d’abord, vous auriez perdu moins de temps.
- Vu comme ça… »
Ils parlent longtemps, plus longtemps qu’elle ne l’avait prévu. Le temps semble suspendu. Elle n’écoute pas, hoche la tête de temps à autre, mais ne prête aucune attention à ce qui est dit. Pourquoi le ferait elle ? Elle sait pertinemment ce qui lui ai annoncé aujourd’hui…
Helena l’a toujours su, depuis sa plus tendre enfance, qu’un malheur allait frapper son frère.
Il faut dire qu’il n’a jamais été un brave petit qui attendait sagement dans son coin. C’était un voyou, un petit bagarreur. Il était de ceux qu’on ne cherchait pas dans la cour de récré et qui faisait rire toute la classe pendant les leçons. Helena était fière d’être sa sœur parce qu’il était tellement drôle. Alors elle, souvent à côté, elle paraissait si ennuyeuse !
Ses parents lui disaient parfois :
« Mais sors donc ta tête de ces bouquins ! Vis un peu plus, comme Tom ! »
Sauf que voilà, vivre oui, pensais-t-elle, mais à son rythme c’était bien aussi.
Et puis, par la suite, vivre comme lui, ça allait un peu plus contre les règles. Tom avait passé cette subtile barrière de voyou à malfrat, de jeune homme trépident à jeune homme problématique. Les parents d’Helena ont cessé de les comparer entre eux, de prouver que son énergie était la marque d’une vivacité d’esprit.
Au fur et à mesure des années, on parlait de moins en moins de ce qu’il faisait, des soucis qu’il avait. Helena est devenue fille unique pour leur entourage mais elle n’oubliait pas qu’elle avait un frère.
Parfois elle passait le voir, peu importé où il trainait. Ils ont toujours beaucoup ri ensemble, alors elle aimait le voir.
Les dernières fois, c’était compliqué, Helena a essayé de le résonner, il allait faire une grosse bêtise, une plus grosse que les précédentes et Tom s’est fâché. Elle voulait simplement le sauver de lui-même mais il était trop tard. C’est là qu’elle sut. Ses parents ne feraient rien et elle avait déjà essayé.
« Donc votre frère… Votre frère s’est mis dans des ennuis trop grand pour lui… Nous avons trouvé son corps dans la rivière qui bordait le quartier où il squattait régulièrement… Une histoire de règlement de compte à ce qu’il semble. Vous avez eu des contacts récemment ?
- Oui, monsieur l’agent.
- Vous avait-il parler de bandes rivales et d’altercation organisée ?
- Messieurs, même si ça avait été le cas, je n’aurais rien pu changer à ça. »
Pendant que les policiers détaillaient la procédure, elle pensa à ce moment, celui où il lui hurlait de partir.
« Donc c’est vous qui allait vous occuper de la suite, à ce qu’il semble, demanda le policier à Helena.
- Je n’ai pas trop le choix.
- Sachez que si vous en avez le besoin, une cellule d’écoute est à votre disposition au poste.
- C’est très gentil de votre part mais je vais devoir décliner. Je n’ai rien à dire de plus.
- Très bien, alors bonne journée à vous. Enfin au mieux qu’elle puisse être. »
Elle savait qu’elle n’aurait rien pu changer au destin de Tom, mais elle aurait tellement voulu…
Aujourd’hui, elle est devenue la fille unique de ses parents, qui ne parlent définitivement plus de leur fils. Il n’y avait qu’Helena à la crémation, personne n’a voulu venir. Elle a regardé le cercueil brûler comme les derniers souvenirs de joie de son frère, en se promettant qu’elle en vivrait d’autre pour lui et ceux qui souffrent du même mal.

J'ai bien aimé ton texte, très agréable à lire. Malheureusement je n'ai pas bien ressenti l'émotion que tu as voulu transmettre. La tristesse peut-être ? Mais on a l'impression que le personnage est plus resignée que triste.

D'accord avec Yoomise, je ne suis pas sûre de l'émotion transmise. En fait j'aurai plutôt penchée sur la nostalgie moi. Pour autant ton texte est très sympa Bon rythme, fluide, joli style. J'ai d'ailleurs beaucoup aimée le passage ou elle se rappelle de son frère quand il était à l'école et de la manière dont il a "chuté". J'aime aussi le fait qu'à la fin, elle désire vivre pour lui dont plus personne ne s'occupe. En fait, au final, le texte retransmet bien de la tristesse, mais c'est le personnage qui n'a pas vraiment l'air triste (je sais pas si c'est clair ?)
Bravo

Comme Yoomise, je suppose que l'émotion est la tristesse mais on ne la ressent pas vraiment. L'héroïnes semble très détachée. Elle était déjà dans l'acceptation du drame avant que les policiers ne le lui annoncent.
Mais sinon, c'est un texte très doux, plein de nostalgie et de regrets. Joli :-)

Amertume ? Nostalgie ? Solitude ?
Joli texte. Pareil, pas trouvé l’émotion

Joli texte ! L'histoire m'a émue