Pandia, fille de la Lune

J'ai tiré : la tempérance - le Diable - la lune
J'ai choisi : la lune

880 mots.
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La nuit est noire, les nuages sont menaçants, le vent est glacial. Des éclairs ne tarderont pas à jaillir du ciel et à s’écraser sur terre, précédés par un tonnerre assourdissant. Les dieux s’acharnent, ce soir.

Pourtant, Murphy ne se met pas à l’abri. Au contraire, elle quitte le sanctuaire pour s’enfoncer dans l’obscurité de la forêt. Seule, mais déterminée. Son sac à dos sur les épaules et ses écouteurs dans les oreilles, elle traîne ses pieds dans la poussière. Prudemment, un pas après l’autre. Peu importe si elle ne voit rien à l’horizon, peu importe si le ciel risque de lui tomber sur la tête, peu importe si le vent souhaite la faire reculer. Ses émotions sont plus fortes que les éléments. Elles se déchaînent en elle, provoquant un véritable séisme au sein de son esprit. La colère domine. Murphy est las, à bout de souffle, mais sa haine lui sert de moteur. Elle ne s’arrêtera pas de marcher tant qu’elle n’aura pas atteint le manoir de son enfance. C’est là qu’elle trouvera des réponses ; là qu’elle confrontera son père, pour qu’il assume ses mensonges et ses péchés.

Murphy avance en gardant ses yeux rivés vers le ciel. Elle cherche à travers les nuages celle qui est désormais son seul repère. Elle brille et la guide à travers les ombres. Séléné, déesse de la lune. Sa gardienne, venue à elle dans son sommeil pour lui montrer la triste vérité sur son passé. Murphy s’est toujours posé de nombreuses questions à propos de son adoption et de ses origines. L’une d’elle revenait très souvent : pourquoi l’avoir choisi alors qu’elle était une magicienne sans pouvoir ? Ses parents adoptifs lui répondaient vaguement, détournaient son attention ou lui affirmaient seulement que ça avait été une évidence.

À présent, grâce à l’intervention de Séléné, Murphy sait que tout ça n’avait rien à voir avec la certitude ou le hasard. Ils l’avaient kidnappée aux portes du domaine de la Nuit, dans l’unique but de capturer sa divinité. Sans qu’elle ne s’en aperçoive, ils avaient absorbé toute sa magie, année après année, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus capable d’en produire. Et quand elle ne leur fut plus d’aucune utilité, ils l’avaient envoyée au Sanctuaire, en prétextant qu’elle serai à l’abri dans cet horrible couvent.

Si Maman est décédée depuis des années - sans doute à cause de la culpabilité - Papa, lui est toujours bien vivant. Murphy est bien décidé à lui faire payer son crime. C’est pourquoi, à l’aube, quand Séléné veille encore un peu sur le monde et qu’Hélios s’apprête à prendre sa place dans le ciel, la jeune femme fracasse la porte du domaine familial sans ménagement. Sa rage n’a pas diminué dans la nuit, pire encore, elle s’est décuplée et bouillonne sous sa peau.

Le bruit de son entrée a alerté les gardes. Ils affluent en nombre autour d’elle, mais Murphy n’en tient pas compte. Le seul homme qui attire son regard se tient en haut des marches. Papa descend avec nonchalance. Il ne semble même pas surpris, comme s’il avait attendu ce moment durant des siècles. Sur son passage, les gardes s’écartent et baissent la tête. Ses grands airs et sa fausse noblesse donnent la nausée à Murphy, ainsi que des envies de meurtres. Pourtant, elle demeure impassible lorsqu’il s’arrête à sa hauteur.

— Murphy, ma chérie… Que me vaut l’honneur de ta visite ?

La jeune femme tressaille face à tant d’hypocrisie. Sa langue claque sur son palais quand elle répond :

— Cesse ta comédie. Je ne me suis jamais appelée Murphy et tu sais très bien que je suis venue réclamer ce qui m’est dû : mes pouvoirs.

Un effroyable sourire se dessine sur le visage du maître de lieux. Ravi d’être enfin mis au défi, il recule de quelques pas et écarte les bras.

— Comme tu voudras. Viens donc les chercher, Pandia.

Entendre son véritable prénom donne à Murphy - Pandia - la force nécessaire pour achever sa quête. Plus aucune peur ne se fait sentir dans ses entrailles, au moment où elle sort sa dague. Il n’y a plus l’ombre d’un doute, elle est prête à tout pour retrouver ce qui lui a été enlevé et regagner la place en tant que fille de la Lune.

Très bon texte, j'ai vraiment beaucoup aimé Dès le début, on est plongés dans les pas de Murphy on a envie de la suivre. La lune est bien représentée on sent qu'elle a une grande place dans la vie de ton héroïne, j'aurais presque voulu en avoir un peu plus sur la relation spéciale entre la déesse lunaire et Murphy, peut-être des pouvoirs caractéristiques mis en avant. Je dis ça mais en vrai, j'étais suspendue à ta narration. La fin promet un beau combat entre le père et Pandia, c'est frustrant que tout s'arrête en si bon chemin ! Mais c'est la dure loi de l'atelier et du temps limité Grand bravo à toi, tu as une jolie plume! Au plaisir de te relire

"Des éclairs ne tarderont pas à jaillir du ciel et à s’écraser sur terre, précédés par un tonnerre assourdissant." C'est l'inverse non ? D'abord les éclairs puis le tonnerre

J'aime bien l'histoire. Je me demande quels pouvoirs avait Pandia même si je me doute que c'est en rapport avec la lune.