Rave party en forêt

J’avais la sensation que la température avait chuté depuis que nous avions quitté le sentier du sous-bois pour nous engager plus profondément dans la forêt. La nuit était tombée subitement, rendant notre progression hésitante parmi les arbres dépouillés de leurs feuilles et la végétation hivernale.
– T’es sûr que c’est par ici ? dit Simon en balayant les fougères alentours avec le faisceau lumineux de son smartphone. On est paumés je suis sûr. C’est ta faute si on est là, moi je voulais pas y aller.
– Mais c’est bon, on est pas perdu, je te dis ! T’es relou aussi là à me demander toutes les deux minutes.
Simon traînait les pieds et ronchonnait depuis que ses baskets s’étaient embourbées dans le sol, marécageux par endroits. Je le soupçonnais aussi de flipper, il sursautait à la moindre brindille craquant sous nos pas depuis que nous nous étions éloignés du chemin.
– Ton GPS il a pas l’air de fonctionner, t’es sûr que tu captes ? Hé, Léo, t’es toujours là ? insista Simon en braquant sa lumière sur moi comme je ne répondais pas.
Je le repoussais d’un geste impatient.
– Mais oui, je te dis qu’on est dans la bonne direction, et arrête de m’éclater les yeux avec ta torche ! On est juste à…
– T’entends ? me coupa Simon d’un filet de voix. Y a comme une respiration. Putain, j’ai trop peur.
Sa lumière sonda les buissons gelés et les arbres dépouillés. Un mince brouillard planait autour de nous, rendant la visibilité particulièrement mauvaise. Simon s’était agrippé à la manche de mon manteau.
– Arrête de flipper ! Il y a rien. Aller, on y va.
Mon GPS m’informait que nous étions presque arrivés à destination, il suffisait de marcher encore cinq minutes, droit devant nous. Je poussais Simon pour l’inciter à poursuivre, il commençait à m’agacer. Un bruit humide attira mon attention.
– Oh non ! Bordel, c’est pas vrai, maugréa Simon, pataugeant dans l’eau jusqu’aux mollets. Mes baskets sont mortes là, c’est sûr !
– Tu pourrais regarder où tu mets les pieds, marmonnais-je en l’aidant à se tirer de là. Tiens, regarde, on voit la maison, là-bas, t’es rassuré ?
Simon était trop mécontent pour prêter attention à ce que je disais. Il secouait ses pieds et son jean humide pour tenter d’en chasser l’eau qui imbibait le tissus, sans grand succès. Lorsque la lumière de son smartphone éclaira la maison je l’entendis déglutir.
– C’est glauque cet endroit…
La grande bâtisse de style gothique, isolée au milieu de nulle part dans les bois, était en ruine et ressemblait typiquement au décor d’un film d’horreur. Une partie du toit s’était effondrée, emportant dans sa chute tout un pan de mur. L’endroit n’avait pas l’air particulièrement sûr, pourtant de la lumière brillait aux fenêtres du rez-de chaussée, dans l’aile de l’habitation qui semblait avoir échappé à la décrépitude.
– Quel plan de merde d’aller ici, ruminait Simon.
– Bon, t’es chiant là.
À mesure que nous approchions de la musique et des voix se faisaient entendre.
– Enfin ! lança la voix de Thomas depuis le seuil de la maison. Vous êtes des oufs de venir en pleine nuit.
Simon avait gravi les marches du perron en deux enjambées, laissant sur son passage une longue traînée humide.
– Gros, c’est quoi cet endroit pourri ? grommela-t-il. Mes Nike sont trempées, j’ai le seum.
Thomas le fit entrer avec un sourire moqueur. Je les rejoignais à mon tour, et fermais la porte derrière moi. L’intérieur de la demeure était aussi vétuste que sa façade décrépie, mais l’animation qui y régnait rendait les lieux vivants. Toute une foule allait et venait dans les différentes pièces, l’air était saturé par une forte odeur de tabac et le fracas des voix mêlé à la musique beaucoup trop forte étaient étourdissants. Simon avait déjà disparu, les traces humides de ses pas sur le parquet râpé menaient en direction d’une vaste salle illuminée par des projecteurs.
J’avais ouvert mon sac à dos pour en sortir son contenu.
– On a ramené des bières, dis-je à l’attention de Thomas.
Simon réapparut dans l’entrée, un gobelet en plastique rempli de wisky coca à la main.
– Wow l’ambiance est folle ici, grosse soirée, cria-t-il pour se faire entendre avant de repartir dans la foule.
Toute sa mauvaise humeur s’était volatilisée.

Sur la première partie, j'étais en mode "non mais les gars, si vous entendez pas la musique alors que vous êtes à 5 minutes de la fête, ça sent pas bon du tout"

J'ai beaucoup aimé ton texte, je me suis revue progressant dans les chemins, le soir, avec les copains quand j'étais ado, scrutant le moindre bruit suspect (la campagne, ça fait du bruit en vrai).

J'ai trouvé aussi vachement chouette que tu utilises les descriptions sonores pour donner plus de relief aux lieux. Bravo, j'ai passé un bon moment !

Coucou ! J'ai beaucoup aimé ton texte, c'était chouette de suivre tes personnages ! C'est fluide et c'est bien écrit. La description s'incorpore parfaitement aux dialogues, donc bravo !
Juste pour chipoter, attention aux quelques répétitions : "arbres dépouillés", "humide"...
Après c'est un premier jet écris en 1h30 donc c'est vraiment rien, ça se corrige facilement avec une relecture
Bravo !

Hey ! Bravo pour ton texte, c'est marrant que tu sois parti dans une direction complètement différente des autres. Le rythme est bon, les dialogues accompagnent bien l'action. Juste deux petites remarques, je pense que tu pourrais parfois supprimer des infos pas très importantes pour donner plus de rythme à tes phrases : "J’avais la sensation que" : la phrase est plus directe sans.

Un bruit humide : je ne pense pas que ça se dise. Un bruit de succion ?