Z - ville cyberpunk

Z écarta les pans de son long manteau en skaï. Le rafraîchissement apporté par l’averse s’était envolé aussi sec, ne laissant qu’une humidité envahissante. Les dernières flaques d’eau s’échappaient en volutes de vapeur au-dessus du bitume chaud. À travers l’avenue et les ruelles déambulaient des chapes de brume.

Les bottes de Z déformaient le reflet des néons sur les restes de pluie quand il marchait.

Les heures sombres n’existaient pas, ici. Quand le soleil s’écrasait sur les buildings qui servaient d’horizon, les enseignes criardes prenaient le relais. Z aurait pu prétexter que la présence des gens l’importunait pour justifier ses horaires de sortie atypiques, mais il fallait bien avouer que lesdites gens ne fréquentaient pas ces quartiers.

Au-dessus de la tête de Z, le train gronda.

La structure maintenant les rails en hauteur trembla sous son poids lancé à toute vitesse, et quelques lettres lumineuses fixées dessous clignotèrent. Z reçut en pleine tête le souffle chaud des bouches d’aération. Il leva un doigt rageur en direction de l’engin qui était déjà loin.

On avait encore renversé les poubelles. Z garda au coin de sa tête d’en parler aux gars tout à l’heure. Ce n’était pas parce qu’ils traînaient une réputation de sauvages qu’il fallait donner raison à l’opinion publique. Ils n’avaient plus 12 ans.

Des étincelles jaillirent d’un câble électrique alors que Z passait devant la porte métallique d’un garage. Des rongeurs avaient dénudé des fils laissés à l’air libre. Tous les câbles des environs se frayaient un chemin hors de leurs coffres. Dire que cette vieille avenue était autrefois une des artères principales de la cité, avec sa quatre voies entre des devantures aujourd’hui rafistolées. Ce n’était plus qu’un soubassement urbain que piétinait sans arrêt leur fichu train.

Z reconnut la grosse voiture rouge de J garée en travers de la voie.

Déjà, il entendait le pouls de la musique et de la chair en mouvement. Apparut une silhouette rose électrique qui ondulait au-dessus d’une petite échoppe éteinte. C’était comme si elle l’appelait personnellement.

La devanture du cabaret crachait sa lumière blanche sur un groupe d’hommes. La fumée de leurs cigarette se confondait avec les vapeurs humides. Près d’eux, la carrosserie des motos luisait comme les ailes d’un scarabée, leurs énormes roues assez hautes pour qu’ils puissent s’accouder sur le pneu. Leurs rires résonnaient contre les façades. Z adressa un signe de tête à D, qui montait la garde devant l’issue de secours de la boîte de strip-tease.

Une brise tiède balaya l’avenue, emportant avec elle quelques cannettes vides et effrayant au passage la brume, qui se rétracta dans les ruelles adjacentes. Le monde devint plus net. La peau du bitume luisait.

Les gars saluèrent Z lorsqu’ils le virent approcher. Des poignées de main alambiquées s’échangèrent, les éternelles blagues sur l’absence de cheveux de Z fusèrent. Il en rit avant de leur faire les remontrances prévues sur l’état de leur quartier. Chacun opina du chef avec humilité et des promesses furent proférées. Z leur donna une tape amicale sur l’épaule. Ce n’étaient pas les esprits les plus affûtés, mais c’étaient de bons gars. Ses gars.

Z contempla le tourniquet qui menait à l’intérieur de la boîte. Il s’imaginait déjà la chaleur ambiante, tous ces radiateurs humains collés les uns contre les autres, échauffés par l’alcool. La musique qui résonnait jusque dans la poitrine et martelait le cœur. Sa décision était prise pour ce soir. Dahlia serait certainement déçue, mais elle comprendrait.

D’autres affaires attendaient Z.

Sur un dernier signe de la main, il s’engouffra dans les entrailles de la cité.

On ressent bien l'ambiance de la ville nocturne, et ta dernière phrase claque !

Merci ! Mais tu vois, je retrouve encore mon style wattpadien qui me dérange...

Superbes descriptions de notre ville du Turfu On retrouve vraiment bien tous les éléments de l'image de base, c'est génial ! J'adore l'ambiance de ton texte et Z qui fait régner l'ordre dans son quartier un peu comme un parrain de la pègre ou un chef de gang x) J'avais envie qu'il entre dans cette boîte de strip-tease ça sentait bon les trafics et les bails pas clairs, j'avais trop envie que ça continue Toujours aussi douée Lupi, je me lasserai jamais de tes ateliers x) Bravo à toi !

Très bon texte ! Ta description correspond bien à l'image et l'ambiance est super bien retranscrite, on s'y croirait ! Bravo !
C'est quoi que tu appelles ton "style wattpadien" ?  

Ben ces phrases ternes sujet/verbe/complément à tout bout de champ... Je ne sais plus du tout mettre de rythme ou faire de jolis trucs comme je faisais avant

Tu es dure avec toi-même, je trouve ça bien écris et pour moi il n'y a pas de problème de rythme. Et puis au pire, le rythme ça peut se retravailler dans un second temps
Après si tu as l'impression de "régresser" par rapport à avant, c'est peut-être seulement une passade. On n'est pas toujours objectif non plus pour juger son propre travail, mais de mon humble avis c'est un très bon texte !

Hello !
C'est très bien, de bonnes images, du bon vocabulaire, toujours un style à la hauteur. Je pense que tu es en train d'évoluer pour faire encore mieux que ce que tu fais déjà très bien, et du coup certaines phrases cahotent un peu:

Les bottes de Z déformaient le reflet des néons sur les restes de pluie quand il marchait.

Z aurait pu prétexter que la présence des gens l’importunait pour justifier ses horaires de sortie atypiques, mais il fallait bien avouer que lesdites gens ne fréquentaient pas ces quartiers.

La structure maintenant les rails en hauteur

avec sa quatre voies entre des devantures aujourd’hui rafistolées.

On avait encore : le "on" trop impersonnel je pense, tu aurais pu trouver un vrai sujet.

Merci pour ta participation !