La painpauté
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Tegamy
Tegamy
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La nuit des Citrouilles Empty La nuit des Citrouilles

Dim 30 Oct - 0:04
C'est ma première participation à un atelier lecture. J'ai hâte d'avoir vos retours.
Bonne lecture.

La nuit des Citrouilles.

Ce soir, c’est Halloween. En temps normal, je serais sur la route avec mes parents et mon frère pour aller passer la Toussaint chez mes grands-parents. Mais cette année, j’ai trouvé un petit boulot pour les vacances. J’ai donc la maison pour moi tout seul et je compte bien en profiter.
J’attrape la boîte de “La nuit des Citrouilles.” que j’ai récupéré aujourd’hui dans le magasin de jeux vidéo où je travaille. J’ai un petit sourire quand je vois le “-18 ans” en-dessous du titre. Certes, je les aurais seulement dans six mois mais ce n’est pas ce qui va m’empêcher de passer un bon moment. Je m’installe dans mon lit et enfile mon casque de réalité virtuelle.

***

Tout devient blanc autour de moi. Mon esprit rejoint l’univers du jeu. Je trouve toujours aussi dingue les progrès de la science qui nous permettent de vivre des aventures comme si on y était vraiment.
Je réapparais dans un petit cabanon. Devant moi, sur un râtelier se trouvent différents outils de jardinage.

[Equipez-vous de deux outils.]

À ma vision, se superpose l’interface du jeu et un message m’indique la marche à suivre. J’attrape une bêche ainsi qu’une petite hache.
La porte derrière moi s’ouvre et je suis forcé de sortir. Je découvre une immense plantation de citrouilles. Les premiers petits jardinets sont des carrés d’une quinzaine de mètres de côté avec différentes variétés de courges et tous sont délimités par des barrières.

[Franchissez le premier champ.]

Je suis bêtement les indications mais arrivés prêts des plantes, quelque chose me saute au visage. Je la repousse et découvre une petite courge butternut avec un visage et des ailes de chauve-souris. Au-dessus de sa tête, son nom s’affiche Bat-ternut. Le jeux de mots me fait rire mais je dois vite me concentrer car la bestiole revient à l’assaut.

[Défendez-vous, servez-vous de vos outils.]

C’est vrai, je suis dans la zone de tutoriel et le jeu me donne des conseils. Un bon coup de bêche et la Bat-ternut explose.
_ Arg!
Une pression sur mon mollet me fait me baisser. Une autre de ces créatures a planté ses petites dents dans ma chair.

[Méfiez-vous de leurs canines, elles pourraient aspirer toute votre vie.]

Suite à cette notification, une partie de mes points de vie disparaît sur mon interface.
Je saisis ma hachette et me débarrasse de la sangsue puis continue mon chemin. Je frappe à tout va avec ma bêche et arrive au bout de la première zone.
Le tutoriel continue avec la suite. Je découvre un nouveau type d’ennemi, les Muscades Masquées.
Les développeurs ont définitivement beaucoup d’humour.
Ces monstres-là ont la capacité de se camoufler dans les champs et de vous attaquer quand vous passez trop près d’elle. Je rencontre ensuite des Poti-marrants. Ceux-là ont un rire à vous glacer le sang. Si vous l’écoutez trop longtemps, vous pouvez vous retrouver paralysé. Les suivants sont des Ci-trouilles et sont l’opposé des précédents. Leurs hurlements vous forcent à décamper.
Après avoir fait l’expérience de tous ces monstres-courges, le vrai jeu peut commencer. J’arrive dans un nouveau jardin. Il est beaucoup plus grand que la zone de tutoriel, à un tel point que je n’en vois pas les limites. Ici, toutes les créatures seront a priori réunies.

[Survivez jusqu’au matin ou abattez le Boss pour remporter la partie.]

Au premier coup d’œil, je ne distingue rien d’anormal mais ces foutus courges se cachent très bien. Je repère par contre différentes armes disséminées à différents endroits du carré potager. Je jette mon dévolu sur un taille-haie électrique. Je dois lutter pour arriver jusqu’à lui mais une fois l’arme en main, le jeu devient jouissif. De la chair de courge vole dans tous les sens, un vrai carnage. L’espace d’un instant, je me demande qui est le vrai monstre ici. Les créatures sensées me tuer ou moi avec mon taille-haie et mon rire dément qui les déchiquette.
Je survis facilement les premières “heures” qui durent une dizaine de minutes dans le jeu. La difficulté augmente à chaque palier et je n’ai toujours pas rencontré le Boss. Cela change arrivé au dixième niveau. Alors que je continue ma boucherie végétale, m’éclatant comme jamais, un frisson me parcourt tout le corps. Les poils se dressent sur mes bras et je ressens une immense pression dans mon dos. Je me tourne doucement et découvre enfin le seigneur de ces lieux, le Pump-King. Une citrouille d’un bon mètre de diamètre qui se déplace doucement dans ma direction grâce à des tentacules faits de lianes.
_ Alors on s’amuse bien?
Ces quelques mots suffisent à faire s’entrechoquer mes genoux. Je n’aurais jamais pensé qu’un légume puisse me faire tant d’effet. Puis je me rappelle que nous sommes dans un jeu. J’ignore le nœud dans mon ventre et fonce sur le Boss. Avant même de pouvoir l’atteindre, je suis saisi par ces tentacules qui s’enroulent autour de mon cou. Un craquement net et ma vision devient noir.

[Game Over]

Je relance le niveau encore et encore mais rien à faire, impossible de venir à bout du Pump-King. J’y passe toute la soirée avant de finalement abandonner. Après bien quatre heures passées dans “La nuit des Citrouilles”, et un énième [Game Over], je quitte le jeu.

***

Ma conscience réintègre mon corps et je retire mon casque de réalité virtuelle. La transition est toujours un peu étrange. Après avoir eu l’interface superposé à mon champ de vision, il me faut quelques minutes pour me réhabituer au monde réel.
Je file à la salle de bain pour prendre une douche. J’attrape le gel douche mais c’est bizarre, je suis certain d’avoir fini celui-là hier et d’en avoir ouvert un autre.
Nathaniel a dû prendre le nouveau pour chez mamie.
J’ai entamé le parfait préféré de mon frère, ça ne m’étonnerai donc pas qu’il me l’ait chippé pour le week-end.
Une fois propre, je file me coucher. Il est déjà 2h du matin.
Dans la nuit, je me réveille. Je sens quelque chose venir se blottir contre mon ventre. Je ne m’inquiète pas, ce doit être Moustache, mon chat. Cette boule de poil adore venir profiter de ma chaleur. Je bouge doucement le bras pour venir le caresser mais au lieu de sa douce fourrure, je touche une surface lisse.
Je me redresse en sursaut et tâtonne pour trouver ma lampe de chevet. Je n’ai pas le temps de l’atteindre que la chose sur mon lit se jette sur mon bras. Quatre crocs pénètrent ma chair et m’arrachent un cri de douleur. J’attrape mon radio réveil et frappe. J’entends un craquement et un liquide visqueux se répand sur moi. J’arrache la chose de mon bras et, sans même chercher la lumière, me réfugie dans la salle de bain.
Je verrouille la porte derrière moi. Mon bras tremble tellement et je galère pour trouver  l’interrupteur. Mon cœur bat la chamade. Je tâtonne le mur.
Où est ce fichu bouton?
Ça fait dix-sept ans que j’habite ici, je devrais le trouver les yeux fermés. C’est comme si mon esprit me jouait des tours. Finalement, une petite protubérance, je la bascule et dans un crépitement, l’ampoule s’allume. La lumière me rassure légèrement mais je peux toujours sentir mon cœur cogner jusque dans ma tête. Je constate enfin les dégâts sur mon bras et reconnaît tout de suite les morsures de Bat-ternut. C’est confirmé par les graines de courges coller à mon pyjama.
Je suis toujours dans le jeu?
Non, impossible, je n’ai plus d’interface et la douleur ressentie est bien réelle.
Je suis en train de rêver?
Je me pince, me jette de l’eau au visage.
Non! Tout ça est bien réel.
Mon bras me lance et continue de saigner. Je cherche du désinfectant et un bandage dans la trousse à pharmacie. Pendant que je me fais un pansement de fortune, mille questions défilent dans ma tête.
J’hésite à rester enfermé là pour le reste de la nuit mais ma curiosité l’emporte. Je dois en avoir le cœur net. J’attrape le seul truc qui ressemble à une arme, à savoir, la ventouse des toilettes. Je déverrouille la porte et traverse lentement le couloir.
Je dois avoir l’air ridicule avec mon débouche-chiotte au-dessus de ma tête.
J’arrive enfin dans ma chambre. J’allume la lumière et découvre la Bat-Ternut éclatée sur mon lit. Ce n’était pas une hallucination mais ça ne me rassure pas plus.
Un petit bruit m’interpelle sur l’étagère à côté de moi. Je tourne la tête me retrouve nez à nez avec une Muscade Masquée.
_ Bouh!
Je sursaute et en lâche même ma ventouse avant de me réfugier en face, dans la chambre de mon frère. Je claque la porte derrière moi et la bloque avec la chaise de son bureau.
Ma respiration va vite, beaucoup trop vite. Je ne comprends pas ce qui se passe.
Une arme, j’ai besoin d’une vraie arme!

Je réfléchis avec les quelques neurones qui veulent bien encore fonctionner.
Sa batte.
Mon frère fait partie de l’équipe de baseball. Je suis sûr qu’il doit avoir sa batte dans ses affaires. Je me précipite vers son placard et saisis son sac de sport. J’en vide le contenu sur le lit quand quelque chose me mord le pied. Une nouvelle Bat-ternut vient de surgir de sous le matelas. Je repère le manche en bois qui dépasse sous la pile de vêtements. Je l’empoigne et éclate la courge au sol.
Je jette un coup d’œil sous le lit mais il fait trop sombre dessous. Heureusement, mon frère à toujours sa frontale sur sa table de chevet. J’attrape la lampe et éclaire sous le sommier. Le sourire malicieux d’une Ci-trouille capte les reflets de la lumière. Avant même qu’elle puisse ouvrir la bouche, je m’élance vers la porte.
À peine ouverte, une nuée de Bat-ternuts me repousse dans la chambre. Je tombe à la renverse et me retrouve nez à nez avec la Ci-trouille. Ses lèvres s’ouvrent doucement mais je ne la laisse pas faire. Je plante l’arrière de ma batte dans sa tête et l’éclate. Un souci de moins mais les Bat-ternuts virevoltent toujours au-dessus de moi.
Je me relève et fais preuve de mes plus beaux swings mais mes bras fatiguent vite. Je regrette d’avoir abandonné le sport depuis plusieurs années. Du mouvement près de l’oreiller attire mon attention. Une nouvelle Ci-trouille surgit du polochon. Déjà au prise avec les Bat-ternuts, je n’ai pas le temps de l’éclater avant son cri. Le hurlement me vrille les tympans et fait même exploser les ampoules de l’étage. Pris de terreur, je m’élance vers la porte mais marche sur le verre brisé. Malgré la douleur, mon instinct me force à continuer à courir comme dans le jeu. Arrivé en haut de l’escalier, une armée de Poti-marrant m’attend en embuscade. Leurs rires combinés rigidifient mon corps instantanément. Plus maître de mes mouvements, je bascule dans les marches et dégringole jusqu’en bas.
Au moins, la chute m’aura sortie de ma torpeur. La paralysie s’estompe mais je ne me redresse pas pour autant. La douleur dans ma poitrine est inquiétante. J’ai dû me casser une ou deux côtes. La moindre de mes respirations est comme une poignard qu’on m’enfonce dans le torse. Malgré ça, je dois me relever, je ne peux pas rester là.
Je me redresse tant bien que mal. J’ai de la chance, la frontale de mon frère n’a pas été affectée par le cri de la Ci-trouille. Je me traîne difficilement jusqu’à l’entrée de la maison. Mes pieds laissent une jolie traînée de sang derrière moi. Je tourne la poignée mais la porte refuse de bouger. Grâce à la petite vitre, je réalise que de nombreuses lianes bloquent l’accès. Quelques pas douloureux et je découvre la même chose au niveau de la fenêtre de la cuisine. Ça doit être pareil pour tous les autres accès.
À ce moment, quelque chose en moi cède.  Des larmes commencent à couler le long de mes joues. Je me laisse glisser contre le buffet de la cuisine, abattue. J’ai toujours la batte de mon frère dans les mains. Je pense à ma famille, au fait, je ne les reverrai peut-être jamais. Je suis déjà en train de leur dire au revoir dans ma tête.
Mes adieux sont interrompus par l’horloge du salon. Six carillons s’enchaînent.
6 heures.
Si c’est comme dans le jeu, je dois survivre jusqu’au matin pour gagner. Moins d’une heure et ce cauchemar devrait se terminer. Avec cette volonté retrouvée, je me relève. J’attrape le film alimentaire dans le tiroir du buffet et m’enroule le torse avec. Ça limitera le mouvement de mes côtes. La douleur en devient presque supportable.
Si je peux attendre les toilettes du bas, je devrais pouvoir m’y barricader.
Je resserre mes mains sur la batte et m’élance dans le couloir. Ma course est stoppée net par ce qui m’attends là, le Pump-King.
_ Alors, on s’amuse bien?
Il enchaîne par un horrible ricanement. J’essaye de faire demi-tour mais je suis déjà empêtré dans ses lianes. Plus je me débats et plus mes côtes me font souffrir. Mais entre ça et mourir, le choix est vite fait. Je lutte de tout mon être mais la végétation se resserre tout autour de moi. Je sens son tentacule s’enrouler autour de mon cou. Il est trop tard.
La dernière chose que je vois, c’est le sourire du Pump-King. Un craquement net retentit, mon corps devient mou, la douleur de mes côtes disparaît. Ma vision s’obscurcit.

[Game Over]

Le message apparaît devant mes yeux. Le jeu revient sur le menu démarrer. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je quitte et arrache presque le casque de réalité virtuelle de ma tête. Un coup d’œil à mon réveil, 23h13. Je saute de mon lit, traverse le couloir en trompe, descend les marches de l’escalier quatre à quatre. Je me jette sur la porte d’entrée. Cette fois, elle s’ouvre. Je m’élance dans l’allée de la maison jusqu’au trottoir. Mon cœur va exploser dans ma poitrine. Je regarde frénétiquement tout autour de moi et aperçois enfin un autre être humain. Ma voisine, Madame Pradel, promène son petit chien Chipie.
Rassuré, je fais demi-tour. Je ne comprends toujours pas ce qui vient de se passer mais je pense que je suis bel et bien de retour dans le monde réel. Je fais quelques pas dans l’allée quand Chipie se met à grogner. Intrigué, je me retourne et regarde dans la rue. Au loin, une silhouette flotte.
_ J’ai agrandit le terrain de jeux
Le ricanement du Pump-King résonne dans la nuit.

Toctoc aime ce message

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tavtav
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Date d'inscription : 25/09/2022

La nuit des Citrouilles Empty Re: La nuit des Citrouilles

Dim 30 Oct - 10:33
Lecture très sympathique.
Sacrée imagination pour les noms des bestioles, l'immersion y est ^^
Le petit twist à la fin est malin. Pendant tout le texte je me suis dit qu'il n'y avait (probablement) pas de danger, qu'il était encore dans le jeu et que ça serait ça le twist. En particulier parce que tuer de simple courge ne justifierait pas un pegi 18. Le dernier paragraphe fait mine de me donner raison mais en fait pas du tout.  La nuit des Citrouilles 1f601   La nuit des Citrouilles 1f631

Etant débutante, j'ai pas grand chose à redire. Peut-être un poil trop de "je" sur certains paragraphes mais je sais pas vraiment comment éviter ça dans un récit à la première personne.
Sinon, juste pour pinailler "une jolie traînée de sang" me semble un peu décalé du point de vue du personnage. Je doute que quelqu'un dans sa situation trouve ça "joli" ^^
Voilà, c'est pas vraiment des critiques, j'essaie surtout de donner un retour plus constructif que juste "C'était très bien" mais honnêtement j'ai trouvé ton texte super.   La nuit des Citrouilles 1f603

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Toctoc
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La nuit des Citrouilles Empty Re: La nuit des Citrouilles

Mar 1 Nov - 15:52
Sympathique petit texte, bien vivant et dynamique. Il colle bien à la période d'Halloween, et le nom "Pump-king" est très bien trouvé. J'aime bien le côté "Matrix" de l'histoire, et le principe du "rêve dans le rêve". Bref, bonne histoire
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La nuit des Citrouilles Empty Re: La nuit des Citrouilles

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