La Fête des Mages- Image Fantasy

La succession de roulottes progressait à un rythme saccadé le long de la route, soulevant des nuées de terre et de poussière. Le voyage entamé deux semaines auparavant s’éternisait et Saya observait avec sa mère le paysage monotone qui défilait devant elles depuis la fenêtre de leur compartiment. Des montagnes grises et imposantes entouraient la vallée dans laquelle les roulottes s’étaient engagées et des arbres fleuris commençaient timidement à border les chemins. De fines pellicules de neige recouvraient le sommet des montagnes, signe que l’hiver s’était enfin retiré, avant de disparaître au gré du vent et des nuages. Alors que l’une des roues buta soudainement contre une pierre pointue, faisant trembler la caravane, la petite fille sursauta. Sa mère sourit et prit sa main dans la sienne.
— On est bientôt arrivés ma chérie.
Elle déposa un baiser sur le front de sa fille qui replissa distraitement sa jupe. La famille de Saya et bon nombre de leurs amis avaient accepté pour la première fois de faire une expédition jusqu’à la ville d’Alcore en l’honneur de la fête des Mages, et petite fille avait du mal à retenir l’excitation qui s’était emparée d’elle depuis le jour du départ. Saya n’avait que dix ans mais connaissait déjà par cœur les récits et légendes qui enveloppaient la ville, composés d’histoires de cape et d’épée et de magie noire. Isabella, sa mère, travaillait aux archives de leur village et possédait une culture phénoménale qu’elle n’avait pas hésité à retransmettre à sa fille sous forme d’histoires du soir. Saya s’endormait ainsi souvent dans les bras de sa mère, l’esprit voguant vers des contrées imaginaires, nourrissant ses pensées, sa soif d’aventures et sa curiosité inassouvie. La petite fille était consciente que ces mythes étaient seulement inspirés de la réalité, mais ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de vénération dès qu’elle songeait à la cité d’Alcore qui était le berceau de toutes ces histoires. Souvent, elle se disait que des récits si merveilleux ne pouvaient être que le fruit d’une vérité plus belle encore. La petite fille pencha de nouveau la tête vers la fenêtre entrouverte et la sortie brièvement pour tenter d’apercevoir les premières murailles de la ville. Elle ne vit que les chevaux de traits qui tiraient courageusement les caravanes sur le sentier en terre battue, et les hommes qui les guidaient. Elle soupira et se rassit sur le coussin carmin qui lui servait de siège, mais également d’oreiller. Isabella, qui n’avait rien perdu de ce manège, passa une main dans les cheveux bruns et ondulés de sa fille.
— On a fait le plus gros. Tu penses que tu peux encore attendre un tout petit peu ma puce ?
Saya croisa les bras en rechignant.
— Moi j’ai plutôt l’impression qu’on n’y arrivera jamais.
— Tu me fais confiance ?
La petite leva ses yeux gris pour fixer ceux plus sombres de sa mère. Isabella était une femme magnifique, à la peau diaphane et aux traits harmonieux. Elle observa tendrement sa fille qui la jugeait sévèrement.
— Oui, finit-elle par dire, en reniflant. Mais ça devient long.
— Je comprends. Tu veux jouer aux cartes ?
Saya avait passé le plus clair du voyage à s’imaginer leur entrée dans la cité, mais maintenant qu’ils étaient si près du but, son euphorie se transformait en impatience.
— Je suppose que oui. Il n’y a rien d’autre à faire de toute façon.
Elles en étaient à leur cinquième partie de bataille lorsqu’un éclaireur passa devant eux dans un trot actif, annonçant que la cité était enfin en vue.
— Nous devons laisser les roulottes ici et continuer à pied à partir de maintenant, déclara-t-il. Hedvin et Alaric se sont portés volontaires pour rester en attendant l’arrivée des soldats qui vérifieront l’état de nos cargaisons.
La caravane s’était à peine arrêtée que Saya sauta à terre, serrant son doudou porte bonheur contre elle, un petit chat noir au visage barré d’une cicatrice. Elle l’avait fait tomber dans un ravin au début de l’expédition et son père l’avait grossièrement recousu avec les moyens du bord, mais elle s’en fichait éperdument. La petite fille se retourna vers l’entrée puis écarquilla les yeux.
— Ça, c’est de l’architecture, siffla un homme à sa droite.
Elle opina, bouche-bée. Des murailles immenses et anthracites encerclaient un réseau de maisons et autres bâtiments aux toits flamboyants. Les édifices étaient situés à des hauteurs différentes, en bordure de montagne, et étaient reliés par des escaliers en pierre polie. Mais ce n’était même pas ça le plus magnifique. Une statue grandiose et majestueuse, finement ouvragée, surplombait la ville et accueillait les visiteurs du monde entier, la main tendue et le port altier. Saya la reconnût aussitôt. Elle représentait la mage Advar, la bienfaitrice de la cité qui avait contribué à sa construction et à sa protection des centaines d’années plus tôt. Ses cheveux longs descendaient le long de son dos et une robe bustier mettait en avant ses courbes gracieuses et avenantes. Après quelques minutes d’émerveillement, Isabella prit Saya par la main, rompant le charme et la relation d’intimité que la petite fille venait juste de ressentir avec la sculpture somptueuse.
— Je suis désolée ma puce mais nous devons avancer, murmura-t-elle. Des gens attendent.
En effet, ils n’étaient pas les seuls voyageurs à vouloir s’introduire dans la ville et la queue commençait sérieusement à s’allonger. Des hommes, des femmes et même parfois des familles entières patientaient en files organisées devant une énorme porte, semblable à une arche. Certains avaient le visage encapuchonné, comme s’ils cherchaient à passer inaperçus. Saya, malgré sa curiosité, ne réussit pas à capter le regard de l’un d’entre eux. La raison de cette attente était simple. Des soldats vérifiaient méthodiquement chaque allée et venue dans la ville, étudiaient la véracité des papiers et s’échangeaient des ordres brefs s’il y avait le moindre doute sur l’un d’entre eux. Lorsque ce fut autour d’Isabella, son mari et leur fille, celle-ci se cacha derrière les jupons de sa mère. Son père s’excusa devant un soldat à la carrure monstrueuse qui haussait les sourcils. Il la toisa sévèrement et lui saisit le bras pour la mettre devant lui.
— Tiens-toi tranquille, souffla-t-il dans sa direction. Il ne va pas te manger.
Saya masqua sa peur en haussant les épaules puis attendit le verdict du garde, son chat noir collé contre son cœur qui tambourinait dans sa poitrine.
— Raison de la visite ? aboya le garde.
— Nous sommes de passage pour la Fête des Mages, assura la mère. Nous sommes venus ici avec la garnison 254. Tous nos papiers sont normalement en règle.
Le visage fermé, le soldat lut rapidement deux pages d’un long parchemin. Il acquiesça finalement de mauvaise grâce.
— Ça m’a l’air tout bon, vous pouvez entrer. Faites attention à vos bourses, il y a des vols à la tire dans le coin en ce moment. Avec l’effervescence de la Fête, des petits malins se croient intelligents.
— Merci, dit le père de Saya. Nous en prenons note.
Le soldat avait déjà détourné la tête.
— Au suivant !
Isabella empoigna un sac en cuir et son mari un autre, et ils s’enfoncèrent dans une rue passante en montée. Saya se retourna une dernière fois pour capturer l’essence de la ville. Des chariots tirés par des ânes la dépassèrent alors qu’elle regardait deux femmes préparer la devanture de leur boutique de vêtements. Les deux femmes paraissaient âgées mais restaient très actives.
— Saya ! cria son père quelques mètres plus haut.
La petite fille se redressa, releva les pans de sa jupe et se mit à courir.
— Tu veux te perdre ? la réprimanda-t-il.
Saya secoua la tête.
— Reste près de nous, cette ville est gigantesque. On n’en a même pas aperçu la moitié.

Bravo pour ton texte, je suis impressionnée par ce que tu as réussi à écrire en 1h30
J'aime bien la petite Saya et sa famille. La description de la ville s'articule bien avec le reste du texte, c'est fluide et maîtrisé et les dialogues sont intéressants.
Il y a juste une phrase que j'ai mal comprise dans le contexte : "Saya se retourna une dernière fois pour capturer l’essence de la ville." Si elle avance pour entrer en ville, en se retournant, elle voit le dos des gardes et le reste de la queue logiquement. Mais c'est du chipotage, parce qu'en si peu de temps, tu as écrit un texte de qualité.
Est-ce qu'une suite est prévue pour Saya et sa famille? J'aimerais savoir pourquoi ils se rendent à la Fête des Mages
Au plaisir de te lire à nouveau ^^

Coucou !

Lors des précédents ateliers BL, j'ai constaté que tu écrivais plutôt bien, donc je ne suis pas surprise de la belle qualité de ton texte
C'est assez posé, je trouve, la façon dont c'est écrit. Et en si peu de temps, je rejoins Ginevra, bravo pour avoir écrit autant !

Si je dois chipoter, je souligne peut-être un manque de virgules dans certains dialogues (mais ce n'est que mon avis), et aussi, ça me paraît étrange que le nombre soit en chiffre plutôt qu'en lettre : Nous sommes venus ici avec la garnison 254. Mais j'imagine que c'est le côté "pressant" de l'atelier !

De toute façon, si on pouvait se relire/corriger, ça ne donnerait pas du tout le même texte à la fin... Finalement, je trouve ça intéressant que l'on puisse juger un premier jet, même d'un court texte. Car c'est aussi comme ça qu'on s'améliore plus rapidement, en progressant dans le "brut" de l'écrit

Sinon, rien à dire de plus, j'ai beaucoup aimé ton texte !

Coucou ! J'ai beaucoup aimé ton texte, tu écris bien, c'est très agréable à lire et je trouve que tu intègres parfaitement la description de la ville à la narration Si je voulais chipoter je dirais que certaines phrases sont peut-être un peu longues (je crois que j'avais déjà dit ça la dernière fois, peut-être que c'est seulement moi   )
Bravo !

Merci beaucoup à tous pour vos retours, ça me fait super plaisir !

Ginevra > En relisant je me suis rendue compte que tu avais tout à fait raison, c'était bien de le souligner xD c'était pas du tout logique cette phrase, surtout vu que j'avais dit avant, mais comme je l'avais déjà posté, je n'ai pas retravaillé derrière^^

PetiteAloy> C'est vrai que j'aurais pu rajouter certaines virgules pendant les dialogues, merci de de le souligner j'y penserai plus la prochaine fois (j'espère xD). Finalement, je suis d'accord avec toi! C'est pour ça que j'aime autant les ateliers d'écriture, parce qu'on améliore la qualité de notre texte brut et on se met à nu en quelque sorte puisque l'on ne retravaille pas nos premiers jets, c'est à la fois très intéressant pour mieux comprendre ses forces et ses faiblesses et aussi très formateur puisque nous avons un temps limité et que nous devons travailler nos structures, notre imagination et la création de personnages!

Azulys> Merci également pour tes retours qui m'aident! Je crois que tu as raison, j'ai tendance à faire des phrases un peu trop longues parfois, il faut que je travaille là-dessus!

J'ai bien aimé ton texte, je trouve Saya attendrissante et rafraîchissante ^^ J'aime bien la petite famille, et son petit doudou qu'elle chérit comme un trésor. Tu as réussi à taper un sacré texte en 1h30 ! J'ai presque envie que tu écrive la suite pour voir ce qui va se passer durant la fête des mages.

allya33 a écrit:La succession de roulottes progressait à un rythme saccadé le long de la route, soulevant des nuées de terre et de poussière. Le voyage entamé deux semaines auparavant s’éternisait et Saya observait avec sa mère le paysage monotone qui défilait devant elles depuis la fenêtre de leur compartiment. Des montagnes grises et imposantes entouraient la vallée dans laquelle les roulottes s’étaient engagées et des arbres fleuris commençaient timidement à border les chemins. De fines pellicules de neige recouvraient le sommet des montagnes, signe que l’hiver s’était enfin retiré, avant de disparaître au gré du vent et des nuages. Alors que l’une des roues buta soudainement contre une pierre pointue, faisant trembler la caravane, la petite fille sursauta. Sa mère sourit et prit sa main dans la sienne.

Je trouve tes phrases un poil longues sur ce passage. Tu devrais essayer de faire varier la longueur pour donner plus de rythme.

Merci pour ton retour Akari!

Tu as raison, décidément je crois que mes débuts ont tendance à manquer de rythme à cause de leur longueur xD Le temps que je me mette dedans sans doute. Je prends note!

Bravo pour ton texte ! Ecrire tout ça en 1h30, chapeau

Saya est très attachante, et j'aime beaucoup la relation mère-fille que tu as instaurée (pour le père on le voit moins, mais le petit détail du doudou qu'il a réparé comme il a pu est très mignon ^^)

Je rejoins Petite Aloy sur le manque de virgules dans les dialogues, mais à part ça j'aime beaucoup ton écriture.

Encore bravo !

Hello ! Bravo pour ton texte, il est très chouette. il se lit bien, tu fais appel aux bons éléments au bon moment. Attention aux phrases trop longues qui s'enchaînent (La famille de Saya et bon nombre de leurs amis avaient accepté pour la première fois de faire une expédition jusqu’à la ville d’Alcore en l’honneur de la fête des Mages, et petite fille avait du mal à retenir l’excitation qui s’était emparée d’elle depuis le jour du départ....)
Aussi, attention aux descriptions mal organisées (le fait de parler de la montagne, puis des arbres et de revenir à la montagne).
Merci pour ta participation !