La painpauté
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Anna_Ourtlas
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La dispute - atelier 27/02/22 Empty La dispute - atelier 27/02/22

Dim 27 Fév - 16:05
Bonjour à vous.
Le texte n'est pas encore terminé, mais voici ce que j'ai pondu en 1h30.


- Tu es vraiment sûr qu’il faut se marier ? demanda Raymond, indécis.

- J’ai les alliances, lui répondit Armelle.

- Mais tu es sûr ? insista-t-il.

Elle était agacée par son insistance. Raymond était l’homme de sa vie, mais il n’était pas le plus intelligent non plus. Il en fallait du temps, pour qu’il comprenne les choses. Et l’âge n’aidait pas. Armelle et Raymond se sont toujours connu. Il étaient nés à quelques jours d’intervalle dans la même clinique. Leurs mères étaient de bonnes amies depuis l’Université, alors il était tout naturel qu’elles tombent enceinte en même temps, qu’elles passent leurs grossesses ensemble et qu’elles accouchent à la Clinique de Beaumont.

A Beaumont, tout le monde se connsaissait. C’était une petite bourgade de moins de 200 habitants. Les nouvelles allaient bon train. Tout le monde connaissait tout de tout le monde.

Quand les deux amies avaient su qu’elles étaient enceinte, il n’avait pas fallu une heure pour que la boulangère, le médecin et le coiffeur soient au courant. C’était LE sujet du moment, avec la nouvelle coupe du Président.

- Ecoute-moi bien, mon gros béta. Ca fait maintenant plus de quarante ans qu’on hésite. Toi, tu t’es marié une fois, puis deux, puis trois. Et qu’est-ce que ça t’a apporté ?

Elle attendait la réponse. Raymond était vraiment long. Mais il comprit qu’elle attendait une réponse.

- Des divorces ?

Elle se frappa la main sur le front.

- Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Ce que tu peux être bête parfois.

Elle secouait la tête devant l’air benet de son futur mari.

- Mais tu veux quoi, à la fin, Melia ?

Le ton commençait à monter. La tâche de naissance de Raymonds commençait à rosir, signe d’une émotion forte qui risquait d’exploser.

- Mais Raymond ! Mais je veux me marier avec toi !

Il se gratta la tête.

- Ca, j’avais compris, bougonna-t-il. Mais pourquoi ? Nous sommes deux sacs de vieux os, deux cadavres ambulants près à passer l’arme à gauche.

- Merci bien ! le coupa-t-elle.

- Laisse-moi finir, vieille bique !

Elle n’aimait ce surnom. Raymond l’utilisait souvent pour rire, mais elle le trouvait déplacé. Elle avait été une très belle femme, dans sa jeunesse. Elle avait cotoyé les plus grands, les plus riches, les plus célèbres. Elle s’était adapté aux attentes de la société. Et encore aujourd’hui, elle était plutôt bien conservée. Mais Raymond, lui, il n’était qu’un veil âne, un rustre qui n’était jamais sorti de sa cambrousse.

La claque était partie toute seule. Elle n’avait pas pu la retenir.

- Ah, tu le prends comme ça ? se facha-t-il. Et bien tu sais où tu peux te les mettre, tes alliances ? Dans ton cul ! Et enfonce les bien profond.

Et il sortit en claquant la porte.

La dispute avait été courte, mais intense. Comme à chaque fois. Raymond allait bouder pendant quelques jours et s’enfermer chez lui, et quand il en aurait assez, il prendrait son téléphone, composerait le numéro de sa tendre amie, resterait devant comme un imbécile sans oser appuyer sur le bouton d’appel, reposerait son téléphone, sortirait de chez lui en trâinant la patte et se rendrait quelques maisons plus loin. Il passerait peut-être chez le fleuriste lui acheter un bouquet de roses. L’homme lui demanderait si c’était pour Armelle. Il lui répondrait par l’affirmative. Et il les déposerait devant sa porte. Il sonnerait et, comme un adolescent, il courrait se cacher derrière un buisson et observerait son âme soeur ouvrir la porte toute décoiffée et encore en robe de chambre, prendre le bouquet en souriant et l’appeler de sa plus douce voix.

Cette succession d’actions était devenue une habitude. Et à chaque fois, elle sautait dans ses bras et l’embrassait avec passion.

Mais cette fois, ce serait différent. Raymond ne voulait plus être le petit chien qui revenait vers sa maîtresse la queue entre les jambes pour s’excuser. Il estimait qu’il n’avait rien à se faire pardonner.

Quelques jours s’était écoulés depuis l’incident. Il n’avait pas eu de nouvelles d’Armelle, et ça lui convenait très bien. Elle devait s’imaginer qu’il rongeait son frein et qu’il allait bientôt se montrer. Cette fois, elle se trompait.

Raymond ne s’était pas baricadé chez lui. Il avait passé de bons moments, seul, sans Armelle. Il s’était rendu à la boulangerie et il avait commandé un chocolat chaud, un thé et deux croissants. Il s’était installé à une table, près de la fenêtre, et il avait regardé les passants. Il avait bu son chocolat lentement, par petites gorgées. Et il avait dégusté son croissant. L’odeur lui avait rappelé son enfance, quand sa mère faisait elle-même le pain et les viennoiseries. L’odeur sucrée et grasse emplissait la cuisine pendant tout une journée. Et le soir, Raymond s’endormait en rêvant d’un monde plein de douceur.

Il avait pris un thé et un second croissant par habitude. Armelle et lui se posaient de temps en temps à cette même table. Leur passion était de regarder les passants et de faire des critiques bien piquantes.

- Raymond, Armelle n’est pas avec vous cet après-midi ?

La boulangère le regardait, intriguée. Ce n’était jamais arrivé que les deux compers ne soient pas ensemble. Les gens allaient jaser. Il le savait, mais il s’en foutait.

- Nan.

Comme il n’ajoutait rien d’autre, la boulangère retourna derrière son comptoir. Ses voisins le regardait d’un drôle d’air.

Il se leva et laissa sur la table le thé. Il prit le second croissant et sortit du magasin.

- Eh, M’sieur Raymond !

Un jeune gamin venait de rattraper le vieil homme et lui tirait la manche.

- Quoi ? l’apostropha Raymond.

Il s’en voulut de son impolitesse en reconnaissant l’enfant. Son visage se modifia totalement. Il prit un air serein. Et le sourire qu’il lui adressa aurait pu faire fondre le plus dur des coeurs.

- Bonjour José ! Je suis content de te voir !

L’enfant portait des vêtements trop grands pour lui qui avait du appartenir à un grand frère. Des tâches noires rayaient sa casquette. Son pantalon était troué. Le semelle de sa chaussure se décollait.

- Ca te dit, un croissant ?

Les yeux de l’enfant se mirent à briller alors que son ventre grondait. Le pauvre avait faim. Il n’avait rien mangé depuis le matin, rien d’autre qu’une tranche de pain rassie qu’il avait trouvé sur le plan de travail. Sa mère n’était pas rentrée de la nuit. Elle devait sans doute se trouver dans un coin de rue, recroquevillée sur le bitume, à décuver de sa soirée. Elle était connue pour être très portée sur l’alcool. Et il lui arrivait souvent de revenir des courses avec seulement une dizaine de bouteilles.

- Oh oui, m’sieur. Merci.

Raymond avait rencontré José grâce à Armelle. C’’était elle qui, le coeur sur la main, avait ouvert sa porte à l’enfant et lui préparait de bons petits plats. Et un jour par semaine, le jeudi en général, ils se retrouvaient tous les trois au restaurant autour d’une belle pièce de viande. L’enfant était content et les adultes le regardaient avec bienveillance.

- Elle est où Armelle ? questionna l’enfant de sa toute petite voix.

La question prit le vieil homme au dépourvu. Armelle. Toujours elle. Il ne faisait que penser à elle. Et quand ce n’était pas le cas, il y avait toujours quelque chose qui lui rappelait son bon souvenir.

- Armelle, elle est ...

Il n’eut pas le courage de terminer sa phrase. Il allait répondre qu’il ne le savait pas. Mais il se retint.

- Pourquoi tu me demandes ça, gamin ? Tu n’es pas allé chez elle ce midi ?

- Si.

- Et tu l’as vu ?

- Non.

- Elle n’était pas chez elle ?

- Si.

- Et elle ne t’a pas répondu ?

- Non.

L’enfant n’était pas très bavard. Mais ses réponses inquiétèrent Raymond. Que se passait-il ? Armelle n’était pas du genre à abandonner un enfant en détresse, et surtout pas José.

- Tu veux que l’on aille voir ce qu’il se passe ?

Le petit hocha la tête avec vigueur. Le vieil homme essaya de mettre son égo de côté. Il s’était juré de ne pas retourner la voir, de ne pas faire comme d’habitude. Mais il semblerait que tout le ramenait à Armelle. Sa conviction s’effritait à mesure qu’il marchait dans les pas du gamin.

Ils arrivèrent devant la maison de la vieille dame. Tout paraissait calme. Normal. José monta les marches du perron et manqua de se casser la figure. Raymond le rattrapa de justesse.

Après quelques coups à la porte, personne ne répondit. Aucun son. Aucun mouvement. Rien.

- Armelle, ouvre-moi ! C’est ton vieux beta !

Toujours aucune réponse.

- Armelle ?

Il continuait à taper de plus belle, de plus en plus fort. Toujours rien. Il commença à s’inquiéter.

- Mais qu’est-ce que tu fous, bordel ! Réponds-moi !

Toujours rien.

- Je suis désolé, Armelle. J’ai été un gros balourd con et maladroit. Je n’aurai pas dû te claquer la porte au nez. Je n’aurai pas du partir comme ça. Excuse-moi.

La porte resta close. Le vieil homme tambourina de toutes ses forces. Quand il devint clair que le panneau de bois ne s’ouvrirait pas, il se laissa glisser au sol. José était parti, effrayé par le comportement de Raymond. Il se retrouvait seul.

Il resta ainsi longtemps. Les larmes coulaient sur ses joues sans qu’il n’en ait conscience. Il n’avait jamais imaginé qu’Armelle ne soit plus là. Elle avait disparu et lui, il ne pouvait rien faire. Son amie, sa confidente de toujours, où était-elle en ce moment ?

Il s’assoupit. La voisine le retrouva étendu sur les marches. Curieuse, elle s’avança vers lui. Raymond avait toujours eu le sommeil imperturbable. Elle lui secoua l’épaule.

- Hum ?

Sa voix était pâteuse. Il avait du mal à ouvrir la bouche. La femme se recula pour lui laisser la place de se relever.

- Une ambulance est venue se garer devant sa porte. J’étais en train de coucher le petit quand le bruit infernal l’a réveillé. Et il n’a pas pu se rendormir avant une bonne heure. Vous savez que les ambulances sont beaucoup plus bruyantes qu’on l’imagine ?

Il ne prit pas la peine de répondre à sa question. Une ambulance ? Qu’était-il arrivé ? Il prit la femme par les bras et la secoua.

- Que lui est-il arrivé ?

- Mon fils a fait des rêves de camions de pompier.

- Mais non, pas à votre fils, la coupa-t-il. A Armelle.

- Ah ... Et bien ils l’ont emmenée à cette clinique, là ...

- La clinique de Beaumont ?

Elle se gratta la tête.

- Oui, c’est ça, répondit-elle.

- Vous êtes sûr ?

- Oui, maintenant je m’en rappelle !

- Et vous savez pourquoi ?

La voisine secoua la tête.

- Je me souviens juste qu’ils l’ont emportée à la clinique.

Raymond était rapidement rentré chez lui. Il avait ouvert son garage et il essayait de faire démarrer sa voiture. Elle était vieille et capricieuse, à l’image de son propriétaire.

- Allez ! Démarre !

Le tas de féraille ne semblait pas pressé de lui obéir. Ils tournait la clé mais le moteur faisait des siennes.

- Je te promets qu’au retour, tu pars direction la casse !

Cette menace eut l’air de faire son effet. La voiture démarra comme si elle avait retrouvé toute sa jeunesse. Sur la route, Raymond faillit rentrer dans un camion.

- Et du con ! Bouge-toi de là !

Le chauffeur ouvrit sa porte et descendit de son véhicule. Raymond se fit tout petit sur son siège. L’homme semblait plus gros et plus fort que ce qu’il avait imaginé. L’homme toqua à la vitre et lui fit signe de la descendre. Raymond obéit. Il était pressé, mais il ne servait à rien de se retrouver dans une situation handicapante.

- Oui ? questionna-t-il.

Le camionneur avait l’air innofensif. Contrairement à ce qu’il pensait, l’homme ne voulait pas régler le problème par la violence. Il lui demanda des explications et parut satisfait.

- Faites tout de même attention, vieil homme.

- Oui. Oui. Je suis juste pressé.

- Je comprends. Mais la route est un monde dangereux.

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zebulon911
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La dispute - atelier 27/02/22 Empty Re: La dispute - atelier 27/02/22

Mar 1 Mar - 13:56
Belle ponte, avec plus de temps tu écrivais un roman Smile

Anna_Ourtlas aime ce message

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Anna_Ourtlas
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La dispute - atelier 27/02/22 Empty Re: La dispute - atelier 27/02/22

Ven 11 Mar - 15:59
Je pense continuer ce texte. Qui sait, peut-être qu'un jour il sortira en roman ...
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La dispute - atelier 27/02/22 Empty Re: La dispute - atelier 27/02/22

Ven 18 Mar - 12:32
C'est très bien écrit, bravo ! C'est fou la facilité avec laquelle tu enfiles le costume de ce vieux grognon. J'ai vraiment adoré et n'ai rien à te reprocher. Zebulon a raison, tu aurais pu écrire tout un roman que ça ne m'aurait pas dérangée, j'étais embarquée dans ma lecture avec Maurice. Tout est parfait, les dialogues, les descriptions, la narration... bravo !
Merci pour ta participation !

Anna_Ourtlas aime ce message

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Anna_Ourtlas
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La dispute - atelier 27/02/22 Empty Re: La dispute - atelier 27/02/22

Ven 18 Mar - 22:18
Merci beaucoup pour ton commentaire. Tu n'imagines pas à quel point ça me fait plaisir et du bien à la fois.
Ce texte, je ne l'ai pas vraiment pensé. Les idées sont venues d'elles-mêmes.
J'écrirais une suite, c'est certains, mais j'ai déjà un projet que je voudrais terminé avant de reprendre celui-là. Les miettes seront les premières à en lire les lignes.
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