Atelier du 17/10/21

C'était son moment favori.

Les longues balades de nuit à travers les rues vides où s'entremêlent rêve et réalité. Marcher sur l'extrémité du trottoir les bras à l'horizontale pour garder son équilibre alors qu'elle marche sur les fines bordures tout en riant de sa bêtise avec celui ou celle qui l'accompagne. Ses soirées se finissaient souvent comme ça et c'était incroyable.
Pourtant, ce soir-là, elle était seule et ses bras restaient bien ancrés le long de son corps. Elle déambulait sous la lumière chaleureuse et presque réconfortante des lampadaires de sa petite ville. Les rues ne semblaient pas vide à ses yeux, elles étaient mortes. Il faisait froid, c'était normal en décembre, mais elle ne semblait même pas s'en rendre compte alors qu'elle ne portait qu'un simple t-shirt manche courte et un jean serré qui frottait sa peau à en faire mal. Ses mains, son visage, ses oreilles étaient rouges vif, brûlés par la température hivernale.
Pendant qu'elle déambulait, les yeux dans le vague, ses pensées voguaient en même temps qu'elle.

Qu'est-ce que je dois faire ?

C'était la question qui tournait en boucle, sans arrêt et ça commençait à la rendre folle.
Soudainement, elle s'arrêta. Elle avait continué à marcher jusqu'à arriver à la périphérie du centre-ville où elle habitait et vivait, elle se retrouvait donc face à un lieu inconnu. Se trouver dans cet environnement nouveau sembla l'ancrer un instant dans le moment présent, et elle se mit à détailler ce qui l'entourait.
Il y avait de grands bâtiments, datant des années quatre vingt, aux façades moches avec leurs couleurs délavées et leurs fissures si énormes qu'on arrivait à se demander comment les immeubles tenaient encore debout. Les lampadaires étaient vacillants, fatigués, et n'éclairaient plus grand chose. Le ciel sombre était comme une chape de plomb prête à écraser tout être réveillé à une heure aussi déraisonnable. Il n'y avait aucun nuage pourtant on ne distinguait rien des étoiles et la lune avait disparue.
Elle continua à marcher, cherchant du regard un endroit où se poser, mais finit par reprendre sa marche qui n'avait pas de but.  

Qu'est-ce que je cherche ?

Vivre une telle expérience, à son âge, n'était pas prévue. Elle flotta encore longtemps, retraçant toujours le même chemin en boucle sans vraiment s'en rendre compte. Elle se souvenait vaguement de visages, d'un en particulier, un visage en pleure. Un visage magnifique qui lui insufflait le même réconfort que les lampadaires du centre-ville, celui d'une jeune femme qui avait marqué sa vie.

Sa vie ?

Elle ne comprenait pas, toujours pas. Alors elle marchait même si le soleil commençait à éclaircir lentement un morceau du ciel. Les lumières des appartements s'allumaient, et la routine reprenait avec le jour, mais elle n'y était plus attachée.
Soudain, devant un passage piéton, elle s'arrêta et se souvint du visage. C'était celui de Roxane. Qui était Roxane ? Elle ne savait pas, mais Roxane lui avait dit de faire attention.
Un élément la captiva, une scène qui se déroulait devant ses yeux de manière flou, évanescente. Elle se voyait, en pleine nuit, courir avec Roxane dans les rues, elles avaient l'air heureuse et, il est vrai, un peu éméchées. Elle traversa la route sans regarder alors que Roxane, encore sur le trottoir, avait sortit son téléphone pour répondre à un message. Roxane avait à peine eu le temps de relever les yeux, de crier, que le camion l'avait déjà percuté.

Qu'est-ce que c'était ?

Elle haussa les épaules, pas vraiment consciente de ce qu'elle venait de voir, et se remit à marcher. Le matin l'enveloppa dans une lumière douce et elle disparue avec tous les autres fantômes de la nuit.

Hello ! Bravo pour ton texte, il est très agréable à lire !

J'ai juste l'impression que tu te contredis un peu au début et du coup on ne sait pas trop quelle ambiance tu souhaites instaurer : "Elle déambulait sous la lumière chaleureuse et presque réconfortante des lampadaires de sa petite ville. Les rues ne semblaient pas vide à ses yeux, elles étaient mortes. " D'un côté, les lumières chaleureuses et de l'autre les rues mortes, je ne sais pas ce que je dois ressentir.
Attention à ne pas trop piétiner : "elle habitait et vivait, " : c'est la même chose
Aussi, tu n'es pas obligée d'annoncer que tu vas faire une description, ça alourdit la narration : " et elle se mit à détailler ce qui l'entourait."

Mais très chouette texte, la fin est très bien trouvée !