A notre liberté - atelier du 27/02

Armelle regarda autour d’elle en sentant son cœur battre à toute allure dans sa poitrine. La cloche de l’église sonna 23h00, mais toujours aucun signe de Raymond. Alors que les deux jeunes gens s’étaient donné rendez-vous devant la gare à 22h30.

Avait-il finalement changé d’avis ?

Marie – sa jeune sœur – avait-elle vu juste en lui disant que les hommes n’étaient pas fiables ? Non, impossible ! Il lui en avait fait le serment. Le frêle corps de la jeune fille trembla d’effroi à l’idée que Raymond est pu l’abandonner de la sorte. Elle tenait fermement la poignée de sa valise comme pour lui donner de la force.

Au loin, un chien aboya bruyamment en la faisant sursauter. Ses parents s’étaient mis d’accord pour arranger son mariage avec un bon parti. Et s’il ne venait pas, cette fois-ci, il n’aurait plus d’espoir pour elle d’échapper à ce mariage qui la désespérée tant.

Elle posa sa valise sur le sol froid.

Elle prit son sac à main pour en sortir un petit miroir de poche ; la jeune fille souhaitait s’assurer que son apparence n’était pas trop étrange à cette heure du soir, afin de ne pas attirer l’attention.

Quelques mèches blondes dépassées de son chignon devant son visage fin et gracieux. Le vent froid avait fait rougir légèrement ses joues qui faisaient ressortir davantage sa peau blanche. Elle essaya tant bien que mal de se recoiffer un peu. Naïvement, Armelle espérée encore qu’il viendrait pour que tous deux puissent quitter le village.

Son espoir ne fut pas vain.

Son cœur trépigna de joie en voyant Raymond arriver vers elle en courant.

— Pardon, pour le retard, dit-il en la serrant dans ses bras.

— J’avais tellement peur que tu m’abandonnes, chuchota-t-elle en posant sa tête contre son épaule.

— Jamais, je t’en avais fait la promesse. Mais tu es vraiment sûr qu’il faut se marier ?

— J’ai les alliances dans mon bagage. Nous ne pouvons plus reculer maintenant, lança Armelle en se détachant du jeune homme.

Son visage devint impassible. Puis quelques secondes plus tard, il lui sourit en prenant la valise de son amie.

— C’est la seule façon pour nous d’être libre.  

Il lui adressa un autre sourire avant que tous deux ne rentrent dans la gare pour prendre le train qui leur permettra d’acquérir une certaine liberté.

Ils s’assirent sur un banc chacun rêvant à leur avenir. Dans un monde, où être différent était une tare Raymond et Armelle eux, choisissez d’en faire leur force.

Armelle écrivait et peignier.

Son monde, elle l’imaginait remplie de couleur loin des convenances de cette époque qui avait décrété qu’elle ne pourrait qu’être qu’une bonne épouse et une bonne mère.

Quant à Raymond, lui, pourrait enfin retrouver la personne qu’il aimait réellement. Il vivait une histoire d’amour avec une personne que la bonne société condamnerait sans pitié s’il en venait à connaître la nature exacte de sa relation avec son ancien camarade.

Armelle étant la seule à être dans la confidence concernant les véritables sentiments de son ami – lui proposa que tous deux s’unissent dans les liens du mariage – ainsi chacun pourra vivre l’existence qu’ils auront choisi sans avoir peur du qu’en-dira-t-on.

— Prêt pour notre nouvelle vie ? demanda-t-elle en montant dans le wagon.

Il eut un moment d’hésitation avant de répondre :
— À notre liberté !