Les secrets du pharaon

Charlie pénétra dans la pyramide, son cœur palpitant d'excitation. Enfin, elle allait percer les mystères millénaires qui s'y dissimulaient. À peine ses pieds touchèrent-ils le sol que le souffle glacial effleura sa nuque, lui arrachant un frisson. Elle serra sa poitrine de sa main, tentant de reprendre une respiration régulière. Était-ce un avertissement ? Devait-elle rebrousser chemin ? Impossible ! Elle n'avait pas bravé l'autorité de son patron pour abandonner maintenant, si près du but. Surtout lorsqu'elle aperçut, du coin de l'œil, des hiéroglyphes gravés sur l'une des parois de la pyramide.

Une douce chaleur enveloppa tout son corps, l'excitation la faisant presque bondir d'impatience. Pourtant, elle savait que le temps lui était compté, avec la batterie de son téléphone sur le point de lâcher à tout moment. Mais rien ne pouvait éteindre son désir ardent d'être parmi les premières à déchiffrer ces hiéroglyphes.

S'approchant du mur, elle illumina les inscriptions avec la lumière de son téléphone, les rendant plus distinctes. Charlie entreprit de les déchiffrer, trouvant l'exercice étonnamment facile.

Soudain, elle retint son souffle. « Celui qui empruntera la voie du Nil subira les tourments de mille morts ». Une vague d'émotions contradictoires l'assaillit : excitation, angoisse, peur, mais surtout une impatience étrange à percer les mystères du lieu. Plus la menace semblait grande, plus elle imaginait la puissance du pharaon et la splendeur des trésors cachés.

Malgré les pulsations de son cœur qui lui commandaient de fuir, son amour pour l'histoire la poussait à approfondir ses connaissances et à explorer chaque recoin. Peut-être n'aurait-elle plus jamais une telle opportunité dans sa vie. Elle continua son chemin pendant ce qui lui sembla une éternité, jusqu'à arriver à une intersection.

Quel chemin devait-elle emprunter ? Après un bref moment de réflexion, Charlie opta finalement pour le chemin de droite. À peine avait-elle avancé quelques pas que le sol glissa sous ses pieds, et elle se mit à hurler à pleins poumons pendant sa chute. Dans l'obscurité qui l'attendait en bas, elle ignorait ce qui l'attendait, et son cœur battait la chamade une fois de plus. Après ce qui sembla être une éternité, elle arriva enfin au bas du couloir, avec un atterrissage un peu brutal.

— Ouch! grimaca-t-elle en serrant son téléphone contre elle.
Heureusement, plus de peur que de mal, son corps ne semblait pas trop meurtri, juste quelques égratignures. Mais son cœur continuait de tambouriner dans sa poitrine, une sensation de boule dans l'estomac l'envahissant. Elle prit une grande inspiration pour calmer ses battements de cœur, éclairant autour d'elle avec la faible lueur de son téléphone.

La salle dans laquelle elle se trouvait était de taille moyenne, ornée de colonnes. Au centre trônait un grand coffre, tandis qu'aux extrémités se trouvaient des armes et des boucliers posés au sol. Impatiente d'examiner de plus près ces artefacts, elle se releva un peu trop précipitamment. Des points noirs envahirent son champ de vision, et elle eut l'impression qu'un poids écrasant lui tombait sur la tête. Elle passa une main sur son front.

Au loin, elle perçut des bruits de pas, faisant frissonner tout son être. Décidant de jouer la discrétion, elle éteignit son portable et se déplaça silencieusement comme un félin. Elle devait découvrir la source de ce bruit. En tâtonnant à travers la salle, elle piétina malencontreusement des objets inconnus, marmonnant des jurons entre ses lèvres.

Une voix murmura quelque chose, mais Charlie ne parvint pas à distinguer les mots. Reculant de surprise, elle vit une silhouette familière près d'une grande porte scellée. Maurice !
Il était exaspérant que ce vieux grincheux décide lui aussi de s'aventurer dans cette découverte. Charlie observa alors Maurice, marmonnant dans sa barbe tandis qu'il arpentait nerveusement le sol, tenant fermement une torche qu'il agitait devant lui. Il semblait évident qu'il tentait de déchiffrer l'inscription, succombant lui aussi à la tentation d'être le premier à pénétrer ce lieu sacré.

La jeune fille, intriguée, décida de l'observer. Elle vit le vieil archéologue glisser sa main dans la serrure en forme de gueule de crocodile, déclenchant un hurlement déchirant qui résonna dans le tombeau. L'estomac de Charlie se noua si violemment qu'elle faillit vomir en découvrant l'horrible scène : du sang partout, un véritable carnage ! Maurice continuait de hurler en fixant son membre arraché. L'impulsion première de Charlie fut de se précipiter pour lui porter secours.

Un cliquetis retentit, suivi d'un autre, bien plus fort. La porte scellée s'ouvrit dans un grincement lugubre, laissant jaillir une lumière éblouissante de l'intérieur. La pièce devait regorger d'or et de richesses en tout genre.

Une sensation étrange envahit Charlie. Cette fois-ci, elle comprit que ce n'était pas un avertissement, mais plutôt un encouragement à avancer davantage. Tant pis pour Maurice, son temps était révolu. C'était désormais au tour de la jeunesse.

Elle sortit de sa cachette pour rejoindre la porte, laissant Maurice hurler dans son désespoir, son visage déformé par la douleur. En voyant son élève, une lueur d'espoir brilla dans ses yeux.

— Il faut que tu m'aides... Pitié... gémit-il, sa voix s'affaiblissant.

Les yeux de Charlie s'ouvrirent de stupeur en découvrant les montagnes d'or qui s'offraient à elle, des objets d'une beauté inouïe, des armes impeccables et un sarcophage d'une conservation parfaite. Le tombeau de Ramsès III était enfin découvert.

Des années plus tard, Charlie referma le livre, lourd de souvenirs. La culpabilité ne la quittait pas, malgré sa renommée d'archéologue. Elle était devenue une meurtrière, une femme sans âme, incapable de comprendre pourquoi elle avait laissé Maurice mourir. La nuit, ses hurlements résonnaient encore dans sa tête.

Elle avait songé à avouer son crime, mais cela lui semblait impossible. Son silence était sa propre tombe. Et maintenant, après vingt ans, l'Égypte la rappelait. Peut-être pour exorciser ses démons et pleinement profiter de sa gloire, ou peut-être pour trouver enfin la paix.

"Celui qui empruntera la voie du Nil subira les tourments de mille morts".