Les secrets du pharaon - Scènes 1 à 3

Comme une oasis au milieu des dunes, l’entrée du tombeau baignait dans la seule lumière de la pleine lune.
Charlie dévala les marches deux à deux. Une vague de chaleur montait dans son corps tandis qu’elle voyait son rêve approcher. La fente, juste assez large pour un homme, ne laissait rien deviner des trésors que les lieux renfermaient.
Quand elle se faufila à l’intérieur, Charlie crut que les parois l’engloutissaient. L’obscurité envahit l’espace, plongeant la jeune archéologue dans un monde inconnu. Si ce mystère aurait pu l’effrayer, il l’excita davantage. Quelles trouvailles pouvait bien renfermer le monument si méticuleusement dissimulé ? Un souffle glacial la fit frémir, laissant un frisson parcourir sa chair. Était-ce un murmure qu’elle avait entendu ? Non, aucun archéologue n’avait encore pénétré le site. Il devait s’agit d’un courant d’air.
Elle palpa ses poches à la recherche de son téléphone portable avant de s’en saisir. Lorsqu’elle déverrouilla l’appareil, la photographie de Jared, son frère aîné fièrement appuyé contre une pyramide, apparût.
- Montre-moi le chemin, comme tu l’as toujours fait, souffla-t-elle, consciente qu’il ne l’entendait pas.
Charlie activa le flash. Elle détourna le faisceau lumineux de ses chaussures de randonnée et le dirigea vers les parois. Son souffle se resserra :  les murs, bien plus proches qu’elle ne l’aurait imaginé, la contenaient dans un long couloir dont elle ne percevait pas le bout. Elle laissa glisser ses doigts contre la paroi rugueuse, découvrant des centaines de hiéroglyphes. Ses yeux balayèrent les textes anciens, mobilisant ses connaissances en égyptien. De toute évidence, le Pharaon appréciait peu les visiteurs ! Des dizaines de malédictions tapissaient les murs. Mais parmi elles, une ligne retint son attention. L’encre, si c’en était bien, se démarquait des autres par sa teinte rouge sang.
« Si vous osez vous aventurer, nombreux seront les pièges sur votre chemin. »
Un nouveau courant d’air traversa l’échine de Charlie.
« Celui qui empruntera la voie du Nil subira les tourments de mille morts. »
« La voie du Nil » ? Charlie doutait que le Nil traverse le tombeau, sans doute s’agissait-il d’une légende ancienne, ou bien de menaces du pharaon pour faire reculer les intrus.
Déterminée à découvrir ce dont il en retournait, l’exploratrice s’enfonça dans le tunnel obscur. Quelques menaces écrites des siècles en arrière ne suffiraient pas lui faire rebrousser chemin. A mesure qu’elle avançait, les parois semblaient se resserrer, réduisant l’air. Au fil des minutes qui s’étiraient, son souffle s’accélérait tandis qu’un vent de panique l’envahissait peu à peu. Et si ce chemin n’était qu’un gouffre sans fin ?
Son esprit subjugué par le doute, l’archéologue hésitait à faire demi-tour. Après tout, elle pourrait essayer de convaincre le vieux Lebon de la laisser entrer une fois qu’il aurait connu la gloire d’être le premier à explorer les lieux ? Concentrée sur ses pieds, elle se laissa surprendre par la roche qu’elle heurta. Charlie releva la tête. Une intersection se présentait devant elle. Ce devait être un signe. Non, elle n’était pas une chercheuse de second rang. Elle serait la première à explorer ce tombeau, et il n’en serait pas autrement.
Deux voies se présentaient. Sur sa gauche, un nouveau tunnel prolongeait le premier dans un couloir ressemblant. Sur sa droite, une pente obtue plongeait dans les profondeurs du tombeau. Charlie, plus à l’aise en surface, entreprit de partir sur la gauche. Mais la jeune femme s’arrêta net en distinguant les gravures dans la paroi. Des centaines de vaguelettes creusaient la roche.
« Celui qui empruntera la voie du Nil subira les tourments de mille morts. »
Elle fit marche arrière et s’engagea finalement dans la pente abrupte. D’un pas tremblant, Charlie se demanda si elle avait fait le bon choix. La descente s’avérait bien plus raide qu’elle l’avait imaginée. Malgré les crampons de ses chaussures, son pied glissa sur un caillou. La jeune femme se trouva subitement entraînée dans une suite de roulades sans fin. Son cœur s’affola, prêt à sortir de sa poitrine, jusqu’à ce qu’une colonne l’arrête. Une pluie de gravillons s’écroula sur son flanc suite au choc.