Un café court

Blake se réveilla en sursaut. Trois nouveaux coups, sourds.

- Police, ouvrez !

Blake s’immobilisa dans son lit, à l'affût. A tous les coups, ce con de voisin avait encore déconné. Cet ex taulard avait le chic de cumuler les emmerdes, et en faisait profiter tout l’immeuble. Il jeta un rapide coup d'œil à son réveil.

- Putain, six heures trente, les cons !

Cinq coups tambourinèrent de nouveau. C’était bien à sa porte que l’on frappait.

- Cinq coups, putain, plus personne fait ca !

Il se leva, du mauvais pied, enfila le caleçon sale de la veille en vitesse et se dirigea vers sa porte blindée. Il approcha son œil du judas.

- Qu’est ce que vous voulez ?
- Mr.Martins ? Nous voudrions vous parler, pourriez-vous ouvrir votre porte s'il-vous-plaît ?

Un à un, il défit les verrous et mécanismes dans des claquements métalliques. Finalement, la lourde porte s’ouvrit, très lentement.

- Bonjour Mr.Martins…

Les deux policiers levèrent les yeux vers le géant balafré. Son crâne rasé court ne passait pas la porte. Le colosse inspira bruyamment, plissant son large nez.

- C’est pour quoi ?
- Mr.Martins, pardon de vous déranger à cette heure, balbutia le policier joufflu soudainement plein de politesses. Nous avons, malheureusement, une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Comme vous le savez…
- C’est ce connard de Pirak, encore ? anticipa Blake en jetant un regard mauvais à la porte de son voisin.

Les deux hommes en uniformes se regardèrent, dubitatifs.

- Oui, heu, en fait, pas tout à fait.

Blake croisa ses énormes bras musclés sur sa poitrine et respira profondément. Il s’impatientait. Il dévisagea le deuxième policier et son air souffreteux. Ses larges cernes et ses joues creusées n'avaient rien d’enviable. C’était ça, la Police. Un petit gros et un cancéreux. Minable. Les affaires n'avançaient pas, et cela n’avait rien d'étonnant.
Le petit gros reprit :

- C’est votre fils. Je suis désolé, il…

Le géant attrapa la porte d’une main et frappa de son poing. Trois coups.

- Fils ! De ! Pute !

La porte gémit légèrement : elle avait vu pire. Dans un effort visible, Blake, qui avait rougit de rage, se controla. Il inspira calmement, contrôla son expiration. Il força un sourire, et se tourna vers les deux policiers qui avaient reculé d’un bon pas.

- Qu’est ce qu’il a fait, encore, ce fumier ?
- Il… Il est mort monsieur. Nous tentons de mettre la main sur votre voisin, Mr.Pirak. Si vous avez la moindre information, appelez nous je vous prie.

La masse imposante du colosse s’immobilisa. Son sourire disparut. Son fils ? Mort ? Son poing gauche se serra de lui même. Les policiers reculèrent d’un pas de plus. Blake posa de nouveau la main sur la porte. Et voilà, il était énervé.

- Voilà, Mr.Martins, c’est tout. Avec nos condoléances. Si vous avez besoin de quoi que ce soit…
- Merci, messieurs.

La porte se referma, tout doucement. Les verrous cliquetèrent. Blake entendit les pas des policiers quittant expressément les lieux. Bien. Il se dirigea vers la cuisine, nerveux. Un café. Court. Fort. D’une traite. Pour se réveiller. Un deuxième, plus long, pour le plaisir. Il enfila un marcel sale, un jean sale, une paire de chaussette sale, et des baskettes neuves d’un blanc immaculé. Il lui fallut trois reprises pour faire ses lacets, tant ses doigts tremblaient.

- Putain ! Hurla-t-il. Tu vas morfler.

Il passa au salon. Sur le seuil de la lourde porte, une odeur aigre le saisit. Il n’y prêta pas la moindre attention et alluma la lumière.

Au milieu de la pièce était enchaîné un homme nu, défiguré, en sang. A la vue de Blake, l’homme se raidit. Le colosse posa son mug sur la petite table d’appoint et fit craquer ses phalanges.

- Je sais où est ton fils ! Détache moi et je t’y emmène tout de suite ! supplia le prisonnier.

Le géant fut parcouru d'un spasme. Son regard était mauvais.

- Putain Pirak, tu vas crever !

Incroyable ! J'ai adoré lire ton texte, c'est super bien écrit ! Je n'ai pas eu trop de mal à deviner l'émotion... Franchement, chapeau !

Waouh! J'ai beaucoup aimé ton texte et je suis d'accord avec @magenta c'est super bien écrit. On devine bien l'émotion du géant. Merci en tout cas d'avoir partagé ton texte... Un moment cool de lecture

Mon dieu cette narration, mais c'était génial ! J'ai adoré ! Pas trop de doute sur l'émotion, elle est plus que claire : c'est la colère! Je suis tout de suite rentrée dans ton texte, j'aurais pu continuer encore longtemps! Seule petite interrogation de ma part, je n'ai pas compris pourquoi au début Blake se dit que c'est surement le voisin qui a déconné si on toque à sa porte alors qu'il l'a littéralement enchainé dans une pièce juste à côté. Peut-être une incohérence ? Mais vu le peu de temps qu'on a en atelier, aucun reproche là-dessus ça m'est déjà arrivé plein de fois Vraiment merci pour ce texte, j'ai bien rigolé! Au plaisir de te relire avec d'autres narrations explosives comme celle-là

Super texte, bravo. J'ai beaucoup aimé comment tu as caractérisé ton personnage principal. Outre le fait qu'il soit gigantesque, on sent très bien que la colère fait partie de son tempérament naturel. C'est tres efficace

Sayuri.K a écrit:[...] Seule petite interrogation de ma part, je n'ai pas compris pourquoi au début Blake se dit que c'est surement le voisin qui a déconné si on toque à sa porte alors qu'il l'a littéralement enchainé dans une pièce juste à côté. Peut-être une incohérence ?

J'y avait pas pensé. Je me suis dit que le voisin avait put déconné sur plein de truc, bien avant la scène, et que ca lui tomberait dessus maintenant.

Super texte, bravo ! Quelle ambiance !

Je vais pas vraiment en rajouter, je pense que les autres ont déjà à peu près tout dit dessus. Juste te féliciter à nouveau !  

Super texte, super ambiance, narration impeccable. Je n'ai rien à rajouter à part bravo !