Une soirée entre amis

  Chloé n'était pas la personne la plus courageuse du monde, ni même de la pièce. Entourée de ses amis et emmitouflée dans un plaid malgré la chaleur ambiante, elle tentait en vain de distraire son esprit.

  Le tueur abatis sa machette.

  - Oh put... jura Chloé, sursautant pour la dixième fois de la soirée.

  Ses camarades étaient hilares. La jeune fille n'aurait jamais dû accepter de fêter Halloween avec eux. Oh elle connaissait pourtant le programme, mais elle avait naïvement pensé qu'une soirée entre copains ne serait pas si terrible.

  Quelle cruche.

  Ces dix amis ne lui apporteraient aucun confort les nuits prochaines, quand Chloé, seule dans sa chambre, se remémorerait les scènes qu'elle ne parvenait à ignorer. Elle détestait les films d'horreurs. A quoi bon se faire peur ? ça n'avait rien d'agréable.

  - Oh les gars, il est bientôt minuit ! remarqua Liz.

  Super... pensa Chloé, elle avait oublié ce détail. Il restait quinze minutes avant le lendemain. Le groupe éteignit le téléviseur et se rassembla dans le noir autour du placard aux portes miroir.

  - On voit rien. Se plaignit Thomas.

  - Un peu de patience, répondit Liz en allumant une veilleuse.

  La lumière blanche éclairait faiblement les adolescent, leur donnant une teinte fantomatique. Ils attendirent, brisant le silence de quelques ricanement nerveux.

  - Je dois aller au toilette, annonça soudain Chloé.

  - Maintenant ? s'exclama Liz.

  - Je me dépêche, promis la jeune fille en se précipitant dans le couloir.

  Le contact froid du carrelage de la salle de bain lui fit du bien. Elle s'assis, pliée en deux sur la cuvette. Le stresse lui donnait des crampes.

  - Ce n'est qu'un mythe, une histoire pour effrayer les enfants, murmura-t ‘elle.

  A l'heure où se croisent le lendemain et la veille, la dame blanche s’éveille. Armée d'un poignard elle traverse les miroirs, là où le niais cherche son reflet.

  Ses amis, en quête de frissons, s'étaient mis en tête de vérifier la légende. Non pas qu'ils y croient réellement. Chloé se lava les mains et en profita pour se passer de l'eau sur le visage. Elle trouvait la fraicheur apaisante. Son téléphone sonna dans sa poche.

  - Grouille toi, tu vas tout manquer ! s'écria Liz quand elle décrocha.

  - Je me sens pas bien. Problème de filles, mentit Chloé.

  - On a plus le temps. T'es devant un miroir ? s'enquit sa meilleure amie. 

  - Ouai, dans la salle de bain, répondit la jeune fille.

  Le portable posé sur le bord de l’évier, l'adolescente entendit ses amis commencer le décompte. "Dix, neuf, huit..."

  Allons Chloé, ne fait pas ta chochotte, se réprimanda-t ‘elle. La dame blanche n'était qu'une fable. Chloé fixait résolument son reflet, dix secondes et elle n'en aurait plus jamais peur. 

  "Cinq, quatre..." Son visage était pâle. La fraicheur qu'elle avait jusque-là trouvée agréable la fit frissonner, lui donnant la chair de poule.

  "Deux, UN".

  Chloé ferma les yeux. Sale lâche !

  Après quelques secondes, elle desserra enfin ses paupières. 

  - Pff, il ne s'est rien passé, dit-elle au téléphone avec une nonchalance feinte.

  Elle n'entendait plus ses amis. 

  - Allô ? demanda Chloé, s'assurant que l'appel était toujours en cours.

  Personne ne répondit.

  - Liz ? Si c'est une blague c'est pas drôle, s'énerva l'adolescente.

  L'inquiétude grandissante la poussa pourtant à jeter un coup d'œil vers la chambre où étaient ses amis, au travers du sombre couloir silencieux. La lumière de la veilleuse luisait faiblement dans l'entrebâillement de la porte, à peine visible.

  - Il y a quelqu'un ? lança Chloé sans quitter son refuge.

  Un faible sanglot retenti derrière elle, lui arrachant un petit cri. Son portable. La jeune fille se précipita vers l'appareil.

  - Allô ? Liz tu es là ? Qu'est-ce qu'il se passe ? s'écria l'adolescente paniquée.

  - J'ai fermé les yeux, sanglota Thomas.

  Il fut le seul à répondre.

  Dix secondes... jamais plus la peur ne quitterait Chloé.