La painpauté
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Lauracle6
Lauracle6
Messages : 8
Date d'inscription : 04/04/2022
Localisation : Au pays du sadisme

Halloween et célibat... Empty Halloween et célibat...

Sam 28 Oct - 22:29
Le gravier des bords de route de campagne n’avait rien d’agréable lorsqu’on s’y retrouvait en petites ballerines, à la semaine fine comme du papier à musique. Il rentrait à l’intérieur, déchirait le tissu et, à des instants de malchance, la peau de mes pieds. Aucune importance. L’endroit le plus douloureux restait mon coeur.


Si mon visage était noir, ce soir, aussi noir que la nuit, ça n’était pas les restes de mon ascendance de mineurs mais ce satané mascara qui décidait de retanscrire en route serpentaire, sur mes joues, les blessures de mon âme.

Il m’avait larguée ! Il m’avait trompée ! Et il me l’avait avoué comme ça, dans son fichu costume d'horreur. Des envies de meurtres étaient nées et s’incrustaient dans ma conscience. J’en avais eu mal aux poings, à force de les serrer.

Finalement, j’aurais dû me jeter de cette foutue voiture en marche.

Au moins, étalée sur l’asphalte, je n’aurais pas eu à me sentir si perdue, dans tous les sens du terme. La nuit était déjà tombée, à cause des nuages noirs et chargés qui engloutissaient chaque parcelle du ciel d’automne.

Sillonnant mes propres pensées, des souvenirs à retourner dans tous les sens pour trouver l’origine de la pelote de douleur, j’avais perdu le fil, même m'étais embourbée dedans. Aucune fichue idée, même en m’arrêtant pour tournoyer sur moi-même, d’où je me trouvais.

Alors même si le chanbranle de la porte d’entrée était fragile, les lumières de l’enseigne plus laiteuses que ma peau de porcelaine,  ce motel était un havre de paix. Un répis, entre ma vie d’avant, rangée, idyllique, et la route des enfers qui se dressait devant moi, dans cet avenir de solitude.

Je fus ravie, bien que surprise, de ne trouver personne à l’accueil, si ça n’était une machine d’une modernité étonnante, qu’on avait affublé d’une tête de mannequin peinturluré de rouge, pour réserver et payer. Au moins, de barbie ensanglantée, il n’y aurait plus seulement moi, mais aussi cet être de métal.

Ce fut, alors que je me débarassais de trop de billets pour ce que la chambre devait valoir, qu’un paradoxal sourire étira mes lèvres, pour la première fois depuis nos adieux houleux.

L’étage ne me fit pas mentir. Les murs tombaient en lambaux, le crépi se mourrait sur le sol. En ouvrant la porte de ma chambre, la poignée manqua de me rester dans la main, mais une fois enfermée à l’intérieur je fus rassurée : tout semblait tenir bon.

Je m’étalais sur le lit, et tant pis pour les punaises de lit, elles étaient bien, ce soir, le dernier de mes soucis.  Même une invasion de vampires zombies mutants ne me donnerait pas l’envie de m’y intéresser.

Vraiment, j’étais persuadée que rien ne pourrait venir troubler ma soirée de pleurs et de sanglots à m’en faire mal à la gorge.

Pourtant, alors que je fixais un mur jaune d’urine, dont l’odeur le confirmait, j’entendis un cris. Puis un autre. Terribles. Glaçants.

La peine se mua en colère. Qui osait-donc me déranger pour des foutaises d’Halloween alors que mon pire cauchemar s’était réalisé en perdant amour et dignité ? Avec colère je me levais, prête à ouvrir la porte, mais le courage me déserta dès que j’aperçus la manche déchirée de mon costume de poupéer horrifique. Je ne pouvais pas sortir ainsi, même pour botter les fesses de sales gamins.

Les cris finirent par se taire. Je soupirai. J’en avais marre. Minuit tardait à sonner et je m’accrochais aux aiguilles qui tournaient comme à une bouée. Il fallait passer à una utre jour. Comme si, en douze coups, allaient êtres balayées l’ensemble de mes souffrances.

Rassise sur le lit, je ne fus pas rallongée que le téléphjone de la chambre se mit à sonner, encore et encore.  Pour le faire taire et m’éviter de devenir sourde, en plus de tout le reste, je me saisis du combiné, que je tins à bonne distance de mon oreille, de la poussière et des saletés noires agglutinées dans les orifices du haut parleur ne me donnant que très peu envie de le coller contre la moindre partie de mon corps.

« S’il vous plaît, aidez-nous… »

La voix résonnait dans mes tympans même quand le bip se fut. Une petite fille. Leur imagination n’avait-elle donc même pas les limites de la décence ? Ils utilisaient jusqu’à une enfant, du moins l’enregistrement de sa détresse, imitée ou réelle, pour attirer les voyageurs jusque dans leurs pattes et rires un bon coup ?

Je haïssais cette soirée. Je haïssais Halloween, ce soir. Je haïssais ce motel, ces gosses, cette vie. Je me haïssais.

La colère bandait mes muscles et je ne refermai même pas la porte derrière moi. Je descendis jusqu’à la réception, prête à en découdre.

Vingt-deux heures sonnait au loin, au même rythme que mes ballerines chuitantes d’humidité tapaient sur une moquette trop fine pour absorber le moindre son.

Je pénétrai dans le hall du motel. Toujours aucune réceptionniste à l’horizon, mais la scène qui se déroulait sous mes yeux me sidéra. Je restai sans voix, silencieuse, paralysée. Le sang me tournait la tête, car cette fois, il ne s’agissait plus de jouer. L’odeur ferreuse m’en donnait confirmation.

Une famille se faisait attaquer, blesser, assassiner, peut être, même. Et cette petite… Des cheveux qui dépassaient à peine du bord du comptoir. Son regard me percuta comme une voiture lancée à pleine vitesse.

Je ne sentais plus la douleur dans mon coeur car celui-ci se convulsait dans mon estomac à m’en donner la nausée, je ne sentais plus la peine car j’étais submergée par la terreur. Sans doute autant que cette enfant, qui elle n’avait plus l’opportunité d’appeler à l’aide. Trop jeune, trop fébrile, et trop proche.

Je repris peu à peu conscience de mon corps. Je tournais mes doigts dans tous les sens, puis mes poignets, mes chevilles, dévérouillai mes genoux, et je me jetai dans les escaliers, le coeur tambourinant dans ma poitrine. J’en perdis mon bracelet et ses rebonds dans les escaliers me donnaient l’impression d’être poursuivie, alors j’accélérai encore. Je n’avais jamais courru aussi vite de toute ma vie.

J’avais mal partout, comme après une bonne séance de sport, mais d’une façon encore différente. C’était une douleur asphyxiante, des andorphines brûlantes qui ruisselaient dans les veines.

La porte bloquée, barricadée même, avec ce même lit qui tenait à peine debout, j’entendis le téléphone sonner à nouveau, mais j’étais incapable de décrocher. Je n’en avais plus la force. Mes jambes flageollaient et ployaient sous mon poids. Je me retrouvais à genoux sur un parquet qui collait de crasse sous les paumes de mes mains. Elles en ressortaient poisseuse et dégoutantes, mais je les collais par réflexe sur mes oreilles. Le téléphone devait se taire, à tout prix, et dès que ce serait fini… je pourrais appeler les secours. Je pourrais le faire, et tout serait régler…

Mais les mauvais pressentiments me gangrénaient. Je sentais dans mon être que je ne le pourrais jamais. Que les agresseurs de cette famille me retrouveraient, morte ou vive, et finirais par me faire passer de vie à trépas.

Je suppliais le monde de faire qu’Eliott, mon ex, désormais, veuille de moi. Me cherche. Me regrette.

Je ne voulais plus de son amour, mais je voulais ses muscles, sa force, son courage… je voulais qu’il m’aide, quitte à marcher sur mon coeur ça valait toujours mieux que de l’imaginer marcher sur ma tombe.

Le téléphone se tut, et des pas résonnèrent derrière moi. L’angoisse me saisit encore plus, et j’eus beau me lever en triple vitesse, saisir le téléphone, il n’y avait aucune tonalité. J’étais seule. J’allais mourir seule.

Les coups à la porte s’enchaînèrent, et je saisis, désespérée, le pauvre couteau que je trimballais dans mon sac parce que j’avais toujours été un peu psychotique.

A chaque coup, je me flagellais mentalement. Je donnais raison à tout ceux qui m’avaient abandonner avant. Après tout, le destin devait avoir une raison de me précipiter ainsi vers le royaume de Satan. Sinon, quel serait l’intérêt de me laisser mourir dans la crasse, et dans cette flaque d’urine qui se dessinait sous moi à cause de la peur ?

Les jointures de mes doigts devevnaient blanches autour du manche du couteau.
Je suis prête ! Hurlai-je comme une possédée.

La porte céda sous mon cri, comme si ce fut lui qui l’avait précipité au sol, et rien du petit lit qui était positionné derrière ne put la maintenir debout.

Devant moi se tenait un monstre.

Il était grand, poilu, il tenait dans sa main un crochet métallique déjà poisseux de sang. Son duvet marron était collé par l’hémoglobine. Une oreille était coincé entre deux coutures, des doigts sous la manche. Les mèches blondes de la fillettes collaient à ses chaussures.

Bientôt, je rejoindrai, je le sais, cette parrure terrible.

Mais le plus horrifiant fut son sourire, puis ses yeux, sur lesquels mon regard remontait.

- Je ne t’ai pas entendu supplier.

Eliott se rapprochait, et mon couteau glissa de mes mains. Je pleurais.

- Je t’en supplie...

Je ne savais pas ce que j’implorais, désormais, mais Eliott était devant moi.

Il est trop tard, Célia. Bien trop tard. Il est minuit, et les monstres sont de sortie.

Ainsi, je sentis le crochet se planter en mon cou, à l’arrière de mon crâne qu’il venait de frapper contre le sol à l’aide de mes cheveux. Mon sang saignait, le métal tirait sur mon atlas, et les autres cervicales. Il me releva, tandis que la paralysie saisit l’ensemble de mon être. Mes pieds frolèrent, sans vie, la lame de mon couteau et s’y entaillèrent. Mon sang glissa sur le plancher.

J’observais une dernière fois cet ours horrifique, ce costume d’Halloween. Tant que je ne voyais pas son regard, finalement, il me semblait réconfortant.

- Je quitte les gens, mais eux ne me quittent jamais, Barbie…

Et ainsi, je fus exposée, à une fenêtre au verre déjà brisé par les secousses de l’attaque. Tout le monde le verrait : la poupée cocue a succombée ; et désarticulée, ma tête ploya, mon menton toucha ma clavicule, et mon dernier souffle s’échappa.


Dernière édition par Lauracle6 le Dim 29 Oct - 13:48, édité 1 fois

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Emma Jynn
Emma Jynn
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Halloween et célibat... Empty Re: Halloween et célibat...

Dim 29 Oct - 0:07
Code:
Si mon visage était noir, ce soir, aussi noir que la nuit, ça n’était pas les restes de mon ascendance de mineurs mais ce satané mascara qui décidait de retanscrire en route serpentaire, sur mes joues, les blessures de mon âme.
-> j'aime beaucoup ce passage !

Code:
Son regard me percuta comme une voiture lancée à pleine vitesse.
-> joli !

Code:
Je ne sentais plus la douleur dans mon coeur car celui-ci se convulsait dans mon estomac à m’en donner la nausée, je ne sentais plus la peine car j’étais submergée par la terreur. Sans doute autant que cette enfant, qui elle n’avait plus l’opportunité d’appeler à l’aide. Trop jeune, trop fébrile, et trop proche.
-> je trouve que tu vas un peu vite là, ça me donne l'impression que c'est la petite fille derrière le comptoir qui est évoquée.

Code:
Je suppliais le monde de faire qu’Eliott veuille de moi.
-> tu as pas dis qui c'était, Eliott, si ?

Ce twist final ! Superbe !

ninja-janine aime ce message

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Wekake
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Halloween et célibat... Empty Re: Halloween et célibat...

Mer 1 Nov - 10:59
Même une invasion de vampires zombies mutants ne me donnerait pas l’envie de m’y intéresser.
-> que tu crois, cocote :/

J'ai beaucoup aimé ! tu es carrément sorti du cliché du motel banal qu'on est nombreux à avoir pris, tu as daté le récit, tu a rajouté un véritable antagoniste nommé... Bonne surprise !

ninja-janine aime ce message

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Halloween et célibat... Empty Re: Halloween et célibat...

Mar 14 Mai - 11:55
Hello !
Bravo pour ton texte ! C'est vrai que tu as fait original avec cet antagoniste, même si je ne suis pas trop sûre d'avoir compris ce qu'il se passait quand la famille se faisait tuer à l'accueil. C'est son ex déguisé qui a tué tout le monde ?
Après, il y a des phrases un peu trop longues je trouve comme : "Si mon visage était noir, ce soir, aussi noir que la nuit, ça n’était pas les restes de mon ascendance de mineurs mais ce satané mascara qui décidait de retanscrire en route serpentaire, sur mes joues, les blessures de mon âme. " J'ai vu que d'autres avaient apprécié, moi je trouve que c'est long et un peu trop convenu le "noir comme la nuit" et "les blessures de mon âme".

Mais beaucoup de vocabulaire, c'est original, bravo à toi Smile
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