Pénitence vers l'Éternel

Tout est si calme, si brutal. L'horreur a vite fait place à l'affliction. Il ne reste plus rien du bleu du ciel. Seul subsiste le froid et l'oppressante masse de silence. Le monde m'a été dérobé. Me voilà seul à présent, piégé entre les quatre murs de l'infini.

Les dieux se moquent bien des pécheurs. Je les entends murmurer, tout au bout de l'absolu. Leurs reproches se mêlent à mes hurlements. Et cette cacophonie sourde se réverbère dans l'inconnu pour revenir me lacérer la peau. Mes jambes ne veulent plus participer à mes errements. Elles sont toutes tremblotantes de froid et de peur, probablement couvertes de bleus. Mon oncle m'avait prévenu « Surtout, ne t'aventure pas sur les sentiers de l’Éternel. ». Je ne l'ai pas écouté. Je n'ai plus que ça à présent.

Le ciel a puni ma curiosité. Mes yeux d'alors avaient exploré l'avenir interdit. Des mondes multiples et différents m’étaient alors apparu. Et puis plus rien. Tout s'est envolé dans un grondement de tonnerre. Le visage de ma fille s'est évanoui sous mes doigts, puis ce fut le tour des murs de notre maison, des collines, des nuages, jusqu'au soleil. Le monde que nous avions battit s'est évaporé en un battement de cils. Il ne me reste plus qu'un corps pour porter ma culpabilité.

Les ténèbres enserrent ma gorge de leurs doigts fins. Ce nouveau monde n'a pas mis longtemps avant de se liguer contre moi. Ils ne m'ont pas pris que la vue. Mon courage, ma force et mes espoirs se sont fait faucher par leur colère aveugle, ne me laissant que la peur. Je sens déjà toutes les petites mains de l'obscurité se faufiler dans mes entailles pour les élargir. Ça ne fait rien. Mon sang me rappelle à moi. S'il coule, c'est que je vie. S'il me chauffe, c'est pour me redonner du courage. S'il me recouvre, c'est pour m’étreindre.

C'est un voyage sans fin que m'ont prévu les dieux. S'ils ont plongé mes yeux dans l'obscurité, c'est avant tout pour m'isoler. Que mes sinistres pensées puissent envahir la place que leur offrent les ténèbres. Mes remords si bruyants font vibrer l'air autour de moi. Ils m’étouffent. C'est là la plus grande douleur. Ni mes blessures, ni mon infirmité ne sont à l'origine de mes lamentations.

Bientôt, ma peau commencera à se désagréger. Mes organes sont devenus durs et mon souffle court. Ils comptent me changer, faire de moi une sphère de tourments. Je l'ai vu à l'époque, dans un des univers. Tant qu'il me reste ma souffrance, c'est que je suis encore humain. La dernière chose à laquelle je peux encore me raccrocher. Alors je hurle à pleins poumons avant de perdre ma voix. Je me lacère jusqu'aux veines pour récolter encore un peu de ce qu'il me reste de sensation.

Le vide devient de plus en plus petit. Me recroqueviller ne suffit plus. Ce qu'il me reste de chair se mélange à mes os. Ma voix ne me parvient plus. Mes sens se sont unis. Plus rien ne ressemble à rien. Il ne reste que mon esprit. Et avec lui le nom de ma fille comme dernier poignard pour mon âme.

« Lucie. »

Très beau texte, très émouvant ! On ressent bien tout le poids de la culpabilité de ton personnage et c'est fait sans lourdeur, sans tomber dans l'excès de pathos, donc vraiment bravo !

J'ai juste relevé une petite erreur de vocabulaire : Ce nouveau monde n'a pas mis longtemps avant de se liguer contre moi. -> Liguer ne s'emploie pas dans ce cas. On l'utilise uniquement pour parler d'un regroupement de personnes/entités contre quelqu'un ou quelque-chose. Ici, le monde est seul contre ton personnage, donc ça ne fonctionne pas.

Merci beaucoup pour ton retour.

C'est vrai que "liguer" ne marche pas maintenant que tu le dis Je voulais plutôt écrire "Tout les éléments de se monde se liguaient contre moi" ou quelque chose comme ca, c'est pour ca que j'ai utilisé ce verbe. C'est un élément de langage que j'ai de mettre "le monde" à toute les sauce, faut que je me sèvre xD

Mais j'ai bien aimé cet exercice parce que j'ai bien plus galéré que tout les autres ateliers je crois. Surtout que je me suis un peu refusé à déplacer le personnage pour me concentrer uniquement sur le ressenti . Monumentale erreur

Coucou ! Bravo pour ton texte ! Comme dit Céhah, on ressent bien toute la culpabilité du personnage. C'est vraiment très bien écrit et ça a un côté poétique, je trouve.
Encore bravo !

Très bon texte. Consigne bien respectée, bon rythme des phrases, très bon vocabulaire.
Bravo bravo !