L'éveil des sens

L'éveil des sens

Un bruit résonnant me réveilla. Quelque chose gouttait à intervalle régulier, sans s’arrêter.

Où étais-je ? Il faisait sombre, je ne voyais rien. Absolument rien. Je n’apercevais même pas le liserait d’une lumière quelconque qui se serait infiltrée. Instinctivement, je me mis à tâter mes paupières comme pour m’assurer qu’elles étaient bien ouvertes, c’est lorsque je me mis le doigt dans l’œil que je compris. Ce n’était pas la pièce qui était sombre, mais moi qui étais aveugle.

Que s'était-il passé, seules les quelques brides d’image de l’homme qui m’avait assommé me revenais en mémoire. Que m’avait-il fait. Je ne ressentais aucune douleur et mes orbites semblaient encore à leur place. Alors pourquoi je n’y voyais rien ?

Il fallait que je sorte d’ici.

En panique, je me relevais. Mes fesses rejoignaient aussitôt le sol. Jamais je ne m’étais rendu compte à quel point ma vue me donnait de l’équilibre.

— Calme-toi Tarja… tentais-je de me rassurer.

Si je veux sortir d’ici je dois rester calme et avancer à tâtons.

Doucement, cette fois-ci, je me relevais. Je n’étais pas tout à fait stable, mais je tenais sur mes deux pieds au moins. Il me fallait un mur, n’importe quoi qui pourrait m’aider à évoluer dans cet endroit. Les bras tendus, je brassais de l’air à la recherche d’une surface solide. Mes pas étaient similaires à des pas de fourmi, il valait mieux éviter de me prendre un mur en pleine face.



Enfin, je sentis quelque chose. De la pulpe de mes doigts, je caressais une surface granuleuse. Mes sensations étaient décuplées, en un frôlement, je parvenais à ressentir la texture, la pierre, son humidité. Sans m’en écarter, je longeais le mur en quête d’une sortie.

Soudainement, je passai de la rugosité du mur à une barre froide, une couche fine s'en détachait sous mon contact, comme de la peinture sur du fer. J’en approchais mon visage et la reniflai timidement. Une forte odeur de rouille s’agressa les narines, sans la lâcher, je m’en écartais toussotant.

— C’est une porte, réalisai-je euphorique.

Je me faufilai par l’encolure, par chance, elle était ouverte. Allais-je enfin rejoindre l’extérieur ?
Malheureusement pour moi, ce n’était pas le cas. L’air était toujours aussi humide, et le mur granulé était toujours là.

Sans comprendre pourquoi un profond malaise me gagna. Je me sentais étrangement moins en sécurité dans ce nouvel environnement, les mètres, s’enchaînais sans que je ne croise de nouveau une porte ou quoi que ce soit d’autre. C’était un couloir.

Mes pieds s’emmêlèrent sur une masse lourde au sol. Je tombai sur du dur et moelleux à la fois, du bout du doigt, je tâtai ce sur quoi je m’étais vautrée. Cette odeur… Cette texture impossible de se tromper. Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine. Je n’entendais plus que ça. Incrédule, j’essayais d’analyser dans l’espoir que ce soit autre chose. Ma main rentra en contact avec un liquide. Priver de ma vue, c’était le seul moyen d’en être sûr. Les doigts tremblant, j’approchais ma main de mon visage.

— Aller Tarja, tu peux le faire, peut-être que ce n’est pas ce que tu penses après tout…

Je susurrai ces mots à moi-même, mais ils ne me donnèrent guère plus de courage. D’un coup de langue, je goûtai le liquide. Un goût de clou, comme du métal, mais liquide. Du sang. Terrorisée, je hurlais tout en chevauchant ce qui était sans aucun doute un cadavre. Une fois éloignée, je vomis, écœurée par le goût qui me restait en bouche.

Un bruit assourdissant en provenance du fond du couloir fit trembler les murs, il résonnait jusque dans le sol qui tremblait sous mes fesses. Je plaquai mes mains sur ma bouche. L’odeur iodée toujours présente sur mes doigts me donnait envie de vomir de plus bel. Ma respiration me paraissait faire autant de boucan qu’un avion au démarrage.

Je n’étais pas seule ici. Mais je ne pouvais pas rester ici en plein milieu du couloir, prête à me faire attraper, ni attendre patiemment dans ma cellule là où l’on m’attendait. Il ne me restait plus qu’une solution. Avancer.

D’un revers de la main, j’essuyais les larmes de mes joues.

- Reprends-toi Tarja ou tu vas crever ici, pensais-je silencieusement.

En plus de devoir avancer dans ce lieu complètement inconnu tout en étant aveugle, je devais le faire discrètement.
Un pas après l’autre, je continuais de marcher dans l’espoir d’une sortie, priant pour ne tomber sur personne.
Mais à peine quelques mètres plus loin, je me heurtai de nouveau à quelque chose, je m’y accrochai ce qui m’empêchai de trébucher de nouveau. Cette fois-ci, cela dégageait une certaine chaleur.
Ça bougeait !
Tétanisée je demeurai immobile, comme si cela suffirait à me rendre invisible.
Un souffle avait chatouillé mon oreille, une voix grave avait pénétré mes tympans.
— Salut beauté.

Il était juste à côté de moi.

Bon texte, bravo. Seul point qui me gêne un peu, ton perso ne semble pas longtemps affectée par son état, un peu comme si c'était pas la première fois qu'elle était aveugle. Ça casse un peu la crédibilité de la scène. Avis personnel.

Kiyewan a écrit:Bon texte, bravo. Seul point qui me gêne un peu, ton perso ne semble pas longtemps affectée par son état, un peu comme si c'était pas la première fois qu'elle était aveugle. Ça casse un peu la crédibilité de la scène. Avis personnel.

Totalement d'accord avec toi ! Ça m'a gêné aussi quand je me suis "relu", mais pas assez de temps donc je me suis dit tempis je focus la description

Bravo pour ton texte ! Bonne suite d'actions, super idée l'idée de goûter le sang, bonne narration au "je". Bonne utilisation des sens.

seules les quelques brides d’image de l’homme qui m’avait assommé me revenais en mémoire. : un peu cahotante

Je me sentais étrangement moins en sécurité dans ce nouvel : sors-la un peu de ses pensées résumées, montre-nous ses ressentis

Je tombai sur du dur et moelleux à la fois, du bout du doigt, je tâtai ce sur quoi je m’étais vautrée. : attention au rythme de la phrase + "du dur et moelleux" peut être plus joliment dit.

En plus de devoir avancer dans ce lieu complètement inconnu tout en étant aveugle, je devais le faire discrètement. : pas vraiment nécessaire.

Bizarre à la fin qu'elle n'identifie pas que c'est un mec.

Merci pour ta participation !