Le grand départ

Le tirage : Monde - Lune - Etoile
Choix : La lune, avec une touche de monde et un soupçon d'étoile.
Note rien à voir : comme titre j'avais juste mis "le départ", mais il semble qu'il faille au minimum 10 caractères. Non pas que ça ait une quelconque importance, mais je m'interroge sur la raison de ce choix.
972 mots

- Tu ne comprends pas, il FAUT que je parte ! J'en peux peux plus de vivre ici, cloitrée dans cette station ! J'étouffe, je veux partir, voyager, découvrir ce qu'il y a ailleurs !

- Luna, tu sais très bien que tu ne peux pas, tu es lunarienne, et ça a des implications !

- Tu vois ? Tout cherche à me retenir ici, à m'emprisonner. Même mon prénom est lié à la Lune : Luna, la 18e enfant née sur la Lune ! Ca ne m'amène que des problèmes ! 14 ans, 2m01, des tas de problèmes physiques liés à une croissance anormale, et tout le monde agit comme si c'était une fierté. Tu ne sais pas la chance que tu as d'avoir une taille normale !

- Mouais... je ne ne serai pas contre quelques centimètres de plus. Et tu trouves franchement que Rolande c'est mieux ?

- Tu vas m'aider à partir, oui ou non ?

- Bien évidemment que oui, soupira la petite brune. Mais promets-moi que tu m'appellera souvent !

- Bien évidemment que oui, répéta son amie en souriant.


Les deux jeunes filles se turent et regardèrent un moment la terre, elle était presque pleine ce soir là, à travers l'immense verrière qui courait sur une bonne moitié de la station.


- Il parait que sur Terre, la journée, on ne voit pas les étoiles, tu te rends compte ? repris Luna.

- Oui c'est vrai, le ciel est bleu, avec des nuages, et le soleil.

- Des nuages, j'aimerais tellement en voir en vrai. Allez, raconte-moi encore le monde, s'il te plaît !

De bonne grâce, Rolande se plia au jeu, elle ne se lassait pas de la fascination que ses mots provoquaient dans le regard de Luna.


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L'heure de la fin des cours venait de sonner. Luna se précipita fébrilement chez son amie, évitant de justesse le chambranle de la porte.

- Rolande, j'ai trouvé, dit-elle, peinant à maîtriser le tremblement de sa voix.

- Trouvé quoi ?

- Comment partir de cette foutue base lunaire. Mais chut, pas ici, il y a trop d'oreilles indiscrètes. Suis-moi, murmura-t-elle en tirant sa camarade par le bras.


Elle la traîna dans les couloirs de la station qu'elle connaissait comme sa poche. Passant par des locaux techniques dont Rolande ignorait jusqu'à l'existence, elles finirent par arriver aux mélangeurs à oxygène, où Luna fit signe à sa comparse de s'asseoir.


- Regarde ça, lui intima-t-elle en lui fourrant son écran sous le nez.

- Euh, oui, c'est bien, mais c'est quoi ?

- Les plans d'une navette de ravitaillement standard.

- Magnifique ! Et tu veux en faire quoi ?

- Trouver où je pourrais me cacher !

- Mais c'est hyper dangereux ! Ca va pas ou quoi ?

- Quoi, quoi, quoi... Change un peu de disque ma vieille. Je t'a dis que je trouverai un moyen de partir, et tu vas m'y aider.

- Même si tu trouves une cachette, tu pourras jamais y accéder, les hangars sont gardés, et les pistes de décollages dépressurisés.

- On va trouver !


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- Mais arrêtes enfin ! Y'a plus que ça qui compte, ton "grand plan d'évasion". Ca ne m'amuse plus du tout. On ne fait plus rien d'autre, c'est vraiment devenu une obsession chez toi, s'emporta Rolande.

- Ca n'a jamais été un jeu pour moi. Je veux découvrir le monde, sentir le vent sur mon visage, voir l'océan, voir un ciel sans avoir une vitre qui nous sépare, S'agaça la lunarienne en désignant la grande verrière pour appuyer ses propos. Toutes ces choses qui te semblent banales et sans intérêt mais que je n'ai jamais connu, et que je ne connaîtrais jamais si je ne prends pas mon destin en main.

- Et même si tu y arrives, tu feras quoi ? Tu ne supporteras pas la gravité terrestre, et si par miracle tu y parvenais, tu te feras prendre tout de suite, ton physique de grande asperge ne passe pas vraiment inaperçu.

- Tu parles comme mes parents. Je pensais que toi au moins tu me comprenais. De toute façon, quoi que tu dises, je vais le faire. qui ne tente rien n'a rien comme on dit ! Et si tu me lâches, ce sera plus dur, mais je le ferai quand même. Alors, t'es avec moi ou pas ?

- Bon, ok, abdiqua la terrienne.


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Allongée sur son lit, Rolande décrocha son communicateur.

- Oui ?

- Je crois que cette fois, tout est prêt, dit Luna en tremblant d'excitation.

- Il semblerait, oui, lui répondit son amie sur un ton nettement moins enjoué.

- Départ lundi, sur "l'écrevisse bleue". Cachette dans la salle des machines derrière le réacteur. Le timing est important pour que je puisse monter à bord. Tout ce que tu auras à faire, c'est de distraire le vigile et ses chiens.

- Je sais, je sais...


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Luna jeta un oeil rapide autour d'elle. Personne. Elle s'extirpa comme elle put de la caisse où elle s'était caché et fila aussi vite que possible vers le réacteur de la navette. Tout se passait comme prévu. Elle tendit l'oreille, redoutant chaque son inconnu. Des pas s'approchèrent, puis repartirent. Quelqu'un vérifiait le chargement, certainement. Elle commençait à se détendre, quand la porte s'ouvrit. Elle se fit aussi petite que son corps dégingandé le lui permettait, la tête entre les mains. Mais soudain, elle senti un souffle chaud et haletant, puis un deuxième, et enfin un aboiement.


- Allez ma grande, tu vas venir avec moi, ordonna le vigile.


Penaude, elle le suivit sans faire d'histoire. Son aventure s'arrêtait là. Dans le hangar, ses parents l'attendaient. L'un furieux, l'autre pleine d'inquiétude. Entre eux, Rolande était en pleurs. Leurs regards se croisèrent. Elle ne dit rien, mais Rolande sut qu'elle ne la pardonnerait jamais.

J'aime beaucoup ton texte. Je comprends que Luna veuille partir mais Rolande s'inquiète pour elle. Ca aurait pu être intéressant de la voir s'adapter à la Terre. ^^

Y a vraiment des bonnes idées dans ton texte et tes personnages sont très bien caractérisés. On capte immédiatement les différences entre les deux filles et ça s'accentue jusqu'à la fin du récit, donc ça marche super bien.

Par contre, j'ai pas trop compris ta mise en page. Pourquoi séparer certains paragraphes avec ces grands traits ? Ca coupe complètement la lecture, c'est assez étrange... (mais bon, tu auras compris qu'on est sur du pinaillage là).

En réponse au commentaire précédent : la mise en page est-elle un moyen de nous faire comprendre une ellipse dans le temps ?

Sinon, un kiffe personnel : les dialogues ! J'admire toujours les dialogues bien écris (sans doute parce que ce n'est pas mon talent premier ^^). On sent bien la personnalité des deux jeunes femmes, on perçoit leurs intonation, et limite pas besoin de narration tellement c'est claire : top !!

C'est exactement pour ça la mise en page, c'est pour séparer des scènes éloignées dans le temps.
J'ai le sentiment que de ne pas mettre de séparation nette aurait rendu l'ensemble confus, mais je me trompe peut-être.

Bravo pour ton texte ! L'histoire est vraiment chouette, tu rends très bien les deux personnages ainsi que leur personnalité. Les dialogues sont bien écrits, mais je trouve que ça manque un peu de narration pour apporter de la profondeur aux scènes.


Les deux jeunes filles se turent et regardèrent un moment la terre, elle était presque pleine ce soir là, à travers l'immense verrière qui courait sur une bonne moitié de la station.


Merci pour ta participation !