Grand'place

Voici les trois cartes que j’ai tirées :
la roue de la fortune
le diable
le chariot

J’ai choisi la roue de la fortune.


Comme chaque 1er avril à midi, nous étions tous vêtus de blanc et regroupés, à l’ombre des platanes, sur la grand-place. L’esplanade bourdonnait de piétinements et de murmures impatients. Quelques anciens, fatigués, s’assoyaient sur les marches de à l’immense fontaine. Elle crachait des gerbes pleines de fraîcheur. La cérémonie accusait un important retard. Des techniciens s’activaient encore. Le matériel endommagé par le coup de vent de la nuit nécessitait des réparations. L’air vibrait à l’unisson des coups de marteaux portés sur les barres métalliques. Soudain, masses et maillets se turent. Des cordes claquèrent. Les ouvriers hissaient enfin le mat. L’engin se redressa, imposant. Alors que j’admirais le spectacle, la housse glissa sur le sol et dévoila l’Augure. Parfaitement ronde, elle brillait. Mon regard se figea sur les lettres du nom de ma mère, je les voyais pour la première fois s’étaler sur la grande roue. J’essuyais la paume de mes mains tout à coup humides dans les replis de mon aube. Puis mes yeux glissèrent d’une case. Mes mains froissèrent un peu plus mon vêtement de cérémonie. Je lus : Octavia inscrit en rouge sur fond blanc, couleurs caractéristiques des nouveaux adultes de l’année. Plus de doute, j’avais 16 ans. L’âge adulte, l’âge du premier tour de roue.
Le maire et l’aruspice à la robe pourpre prirent d’assaut l’estrade suivis d’une ribambelle de gamins.
L’édile, d’un seul petit signe de la main, réduisit l’assemblée au silence, même les arbres semblaient retenir leurs feuilles de bruisser.
Un enfant s’avança jusqu’à la table placée sur le podium. Il plongea ses petits doigts dans l’urne et en extirpa un morceau de papier. Il le déplia et le lut. Il prit une grande goulée d’air avant de s’époumoner.
— premier adjoint.
Alors qu’il dévalait les escaliers de la scène et regagnait les jupes de ses parents, le prête tendit le bras et lança l’Augure. Après quelque tours, elle s’immobilisa. Et désigna Ambre comme premier adjoint. Celle-ci embrassa  ses parents ravis avant de s’extraire de la foule et rejoindre à la hâte la plate-forme.
Un autre enfant tira un petit papier dans la boîte. L’aruspice relança l’Augure. Un nouveau conseiller municipal, dévolu à la culture celui-là, fut désigné.
Après une vingtaine de tours de roue, le conseil municipal fut entièrement renouvelé. Les techniciens procédèrent au masquage, sur les sections de roue, des noms des personnes fraîchement choisies. Le nouvel édile, quant lui, décompta les sections blanches à lettres rouges. C'est-à-dire celles des personnes ayant atteint l’âge de 16 ans dans l’année. Un, un seul, annonça-t-il
Tout le monde, à l’exception du prêtre, regagna l’esplanade. En silence, les membres du conseil municipal, les enfants et leurs parents formèrent un large cercle autour de la fontaine. Moi, ma mère et ceux dont le nom figuraient encore sur la roue, nous sommes serrés sur les marches, inquiets. Je serrais les pans de ma robe et tripotais la petite pochette rouge sang cousue sur ma poitrine. L’Augure se mit à tourner. Une goutte de sueur gelée me dégoulina dans le cou. Je baissais les yeux. Flap, flap, flap. Le son du clapet qui frappait les picots ralentissait peu à peu. Je serrais un peu plus les pans de ma robe d’une main et de l’autre pressais l’avant-bras de ma mère. Flap. Silence. Je levais les yeux, d’un coup. Section blanche. J’embrassai ma mère et hurlai ma joie. Nous étions sauvés.

Coucou ! Le texte est bien écrit mais je l'ai pas compris. Il se passe quoi si elle est désignée ? J'ai deviné que c'était quelque chose de mal mais quoi ?
Sans ça, c'est difficile de me plonger dans l'ambiance.

Raaaah, j'avais écrit un long post mais il y a eu un bug et il a pas pu s'envoyer... Du coup je recommence mais en plus condensé.

Pour moi, il y a deux problèmes dans ton texte : des phrases courtes qui rendent la lecture saccadée et un manque de contexte rendant la fin difficile à appréhender. 

Pour le premier cas, je te proposerai par exemple de remplacer "Un enfant s’avança jusqu’à la table placée sur le podium. Il plongea ses petits doigts dans l’urne et en extirpa un morceau de papier. Il le déplia et le lut. Il prit une grande goulée d’air avant de s’époumoner." par 'Un enfant s’avança jusqu’à la table placée sur le podium. Il plongea ses petits doigts dans l’urne et en extirpa un morceau de papier, qu'il lut. Puis il prit une grande goulée d’air avant de s’époumoner." La lecture est rendue plus fluide par la fusion des phrases 2 et 3, en enlevant l'action de déplier qui n'apporte pas grand chose à part un peu de lourdeur dans la phrase (l'action principale ici est la lecture) et en ajoutant un "puis" au début de la phrase 4 pour éviter une répétition de "Il" (3 de tes 4 phrases commencent par ce "Il", alors que là il n'y en a plus qu'une seule). 

Pour le second cas, ça rejoint ce qu'a dit Sisuki : tu as une idée de base très intéressante, mais qui nous laisse sur notre faim car on en sait trop peu, au final. Non pas qu'il faille tout révéler des mystères de cette ville et de sa roue, mais au moins que l'on sache de quoi Octavia et sa mère sont sauvées. Le fait que tu disent "sauvés" et non "sauvées" laisse entendre qu'un châtiment collectif les attendrait en cas de désignation, mais on ne peut pas en être sûr non plus. On a trop de zones d'ombre là-dessus. On pourrait aussi avoir un peu d'histoire de la ville à un moment du texte, ça pourrait l'étoffer un peu, le rendre plus consistant.

Voilà pour ce que j'avais à dire, en espérant ne pas avoir été trop dur et t'être utile  

Merciiiiii de vos retours, ils sont précieux.
Désolée de vous avoir laissé sur votre faim. @Sisuki @cehah
Vous avez totalement raison, j'ai bâclé la fin. Je l'ai modifiée au dernier moment. Parce que je trouvais le texte déjà trop long et que je ne voulais pas y passer trop de temps. (Je posterai une fin alternative dans kes jours qui viennent).
Je pensais que les phrases courtes apportaient de la tension. En définitive, j'aurais dû allonger les phrases pour étirer le temps et alourdir l'ambiance.
Merci encore de vos coms

Bravo pour ton texte ! L'idée est vraiment chouette, bon vocabulaire, bon rythme. Des éléments qu'on ne comprend pas trop mais qui ont l'air intéressants.

fraîcheur. La cérémonie accusait un important retard. : un retour à la ligne aurait été chouette. Aurait donné du rythme tout en permettant de changer de sujet de manière plus fluide.

Parfaitement ronde, elle brillait. : pas assez d'éléments pour développer la roue, un peu perdue du coup.

On comprend le concept mais ça manque de développement pour qu'on ressente de l'émotion et qu'on appréhende vraiment ce qu'il se passe. Mais la fin est sympa.

Merci pour ta participation !

Comme ce que d'autres ont déjà dit, super idée de base mais on ne devine pas à quel danger la roue risque de les condamner, ça manque au lecteur