La painpauté
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Radus
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Date d'inscription : 08/03/2023

La Comptine des Vrais Héros Empty La Comptine des Vrais Héros

Dim 28 Mai - 16:44
Hello !

Au tirage, je suis tombé sur l'Arcane sans Nom (la Mort), la Papesse et le Soleil.
Je suis un peu plus parti sur l'arcane sans nom (même si pour moi, il y a aussi un petit côté papesse).
J'ai coupé dans les 200 mots qui servaient un peu à faire 18 couches de background. ^^
J'ai mis un titre car il en fallait un, je ne suis pas hyper-convaincu, pour le coup.



Les vrais Héros ne meurent jamais, ô grand jamais
Car trop vertueuse, pure et grande leur âme est.


Aujourd’hui, Micah s’était battu pour son pays, pour son Roi, comme tant d’autres avant lui. Et comme la plupart d’entre eux, il tentait de réciter la comptine de son enfance alors que la vie l’abandonnait, s’échappant par les multiples blessures qui criblaient son corps. Il entendait ses camarades, ses adversaires ?, qui comme lui agonisaient, fournir ce même effort, chuchotant ce qui leur revenait en tête de ce texte si court et dont, pourtant, seules les deux dernières lignes revenaient en boucle à Micah.

Les vrais Héros ne meurent jamais, ô grand jamais
Car trop vertueuse, pure et grande leur âme est.


Il avait beau se concentrer, fouiller dans ses souvenirs, aucun autre mot ne lui venait. Il revoyait son enfance, les jeux avec ses camarades, le texte qu’il récitait fièrement à sa mère. Son doux visage, plein de tendresse et de bienveillance devant les efforts de mémoire de son fils, et qui s’était petit à petit obscurci, terni, au gré des décès sur les « terrains d’opération » de ses frères, de ses neveux. De son premier fils Rodolph. Rodolph. Micah se souvenait de son visage également, de leurs excursions nocturnes pour observer les animaux qui sortaient une fois le tumulte humain endormi. De leurs envies d’aller combattre pour leur pays. Il se souvenait du jour où le messager était venu annoncer son décès, quelques jours à peine après son départ. C’était cinq ans auparavant, Rodolph avait eu dix-huit ans au Printemps, et était mort avant les première brumes de l’automne. Chacun des proches de Rodeolph avait pris sa part d’émotion à cette annonce. La colère et – il se l’avouait aujourd’hui avec remords – le mépris envers ce frère trop faible pour ne pas mourir pour Micah. La douleur et la honte pour sa mère, dont le fils était raillé par petits et grands. Car c’était bien connu, les vrais Héros ne meurent jamais.

Aucun autre vers ne quittait les lèvres de Micah. D’autres autour de lui s’en sortaient visiblement mieux. Ils soupiraient, de plus en plus faiblement, d’autres phrases qui avaient guidé leur engagement. Micah ne saisissait plus ces mots, il laissa de nouveau ses pensées divaguer. Pourquoi penser à Munia, la fille du menuisier qui habitait plus loin dans la rue, maintenant ? À ses tâches de rousseur ? au doux parfum de fleurs qui l’entourait ? à ses cheveux couleur paille qui, il lui semblait, avaient toujours été noués par un bout de tissu rouge ? Munia qu’il connaissait depuis leurs quatre ans, qui avait été dans sa première classe d’école. Qui était venue le voir quand son frère était mort et avait parue si peinée en l’entendant se moquer de Rodolph le Mort. Munia qu’il avait vue dans la foule observant le départ des bataillons au front il y a de cela quelques jours. Munia qui occupait ses dernière pensées alors que, comme tant d’autres autour de lui, Micah perdait la vie sur un champ de bataille.

***

Le soleil écrasait la place de toute la lourdeur dont il était capable. Le bruit des outils pour graver la pierre emplissait l’atmosphère tandis que les passants allaient et venaient aussi vite qu’ils le pouvaient. Personne n’aimait être ici, où étaient alignées des rangées de stèles commémoratives. Certains s’arrêtaient bien sûr pour adresser une prière ou un salut aux statues des Grands Héros qui parsemaient l’endroit. Mais il ne fallait pas donner la même considération aux fameuses stèles.
Ceux dont les noms figuraient sur ces dalles, eux, étaient morts au front, jetant discrédit et honte sur leurs proches, leur interdisant parfois jusqu’à la douleur de la perte. Un phénomène social qu’avait tout le loisir d’observer le vieux Hugues. Il était allé se battre, bien évidemment. Il en était revenu, assurément. Mais il ne faisait pas plus partie des Héros auxquels étaient dressés des statues. Il avait été blessé à l’abdomen, et n’avait pu retourner au combat une fois plus ou moins – surtout moins – remis. Il n’avait pas eu « l’honneur » d’être l’un de ces Héros. Ces types qu’il avait parfois (rarement) vus briller, il est vrai. Ces gars qu’il avait aussi aperçus en retrait, se cachant loin du gros de la mêlée, donnant des ordres à des combattants plus jeunes, plus désireux d’en découdre qu’eux.
Blessé et inapte à la guerre, il avait été chargé, comme d’autres, d’entretenir cet endroit. De graver les noms de ceux qui sont tombés. Il s’y appliquait, et prenait ensuite soin des stèles. Il les nettoyait, refaisait la gravure si nécessaire. Il souhaitait que ces jeunes gens puissent être trouvés, et honorés par ceux qui le désirent. Relevant la tête de sa gravure, il la remarqua. À deux rangées de là, une jeune fille se tenait devant l’une des dalles. Il ne la voyait que de profil, les mains jointes sur le cœur, elle fixait les noms gravés. Une immense tristesse se lisait sur ses traits qu’Hugues pouvait voir, merci au petit tissu rouge qui retenait ses cheveux. Sentant certainement le regard du vieil homme sur elle, elle tourna le regard vers lui. Touché par la douleur lisible sur son visage constellé de taches de rousseur, il lui adressa un léger signe de tête et un petit sourire.
« Merci, lui dit-il.
– Je vous demande pardon ? Merci de quoi ? », répliqua-t-elle d’une voix faible, comme atténuée par les larmes qu’elle n’osait visiblement pas verser en public.
« Merci pour lui, répondit-il en lui souriant un peu plus largement, désignant le mémorial du menton. Qui qu’il soit, merci. Grâce à vous, c’est enfin vrai.
– Qu’est-ce qui est vrai ?, rétorqua la jeune fille.
– La comptine. Leur comptine, dit-il. Grâce à ceux qui, comme vous, leur rendent visite, les vrais Héros ne meurent jamais, ô grand jamais ».

Sisuki, phoenixosaure, ninja-janine et Lehiodi aiment ce message

Sisuki
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La Comptine des Vrais Héros Empty Re: La Comptine des Vrais Héros

Lun 29 Mai - 19:48
Très bon texte sur les horreurs de la guerre. ^^

ninja-janine et Radus aiment ce message

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La Comptine des Vrais Héros Empty Re: La Comptine des Vrais Héros

Ven 2 Juin - 14:42
Bravo pour ton texte ! il se lit très bien, bon rythme et bonne idée qui décrit bien la carte. Juste des petites phrases confuses :

La colère et – il se l’avouait aujourd’hui avec remords – le mépris envers ce frère trop faible pour ne pas mourir pour Micah. : un peu confus je trouve

Une immense tristesse se lisait sur ses traits qu’Hugues pouvait voir, merci au petit tissu rouge qui retenait ses cheveux. : on comprend mais un peu alambiqué

Merci pour ta participation !

Radus aime ce message

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ninja-janine
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La Comptine des Vrais Héros Empty Re: La Comptine des Vrais Héros

Ven 2 Juin - 19:33
Je ne dirais pas mieux que Sisuki et notre reine, bien sûr

Radus aime ce message

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