La tour écarlate
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Daikitumichi
Rosario_gnd
misstic21
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La tour écarlate
Dim 29 Jan - 16:28
Une brume moite s’élevait du marais. Elle m’emplissait les narines d’effluves d’algues et de l’humidité de la végétation. Sans plus de manières, je plongeais mes bottes en caoutchouc dans l’eau trouble. Prudente, j’empoignais les troncs asséchés pour rejoindre l’autre rive, qui formait comme une presqu’île nue au milieu du marécage.
Une fois sur le sol spongieux, je fermai les yeux, et récitai dans un souffle l’incantation si durement obtenue. Je battis des paupières, deux fois. Un mur de vieilles pierres se dressa alors à quelques pas devant moi. Je dû prendre du recul pour contempler le manoir dans son intégralité, écrasant au passage quelques buissons morts. Les plantes grimpantes s’agrippaient à ses parois, remontant sur sa tour d’angle et jusqu’à l’entrée de ses hautes fenêtres, comme pour s’en saisir et l’engloutir dans le marais. Une corneille surgit de l’obscurité d’un oculus. Ses griffes grincèrent sur des débris de verre, et elle s’envola sans émettre aucun son. L’espace d’un instant, le silence régna dans les ruines du manoir ; je n’entendais plus que ma respiration tranquille.
Mon regard fut attiré par les meurtrières de la tour. S’en écoula soudain un fluide épais et sombre, d’abord lentement. Puis ce fut un flot qui s’échappait des ouvertures du toit, jusqu’à en colorer la tour entière, devenue écarlate. J’en eu un mal de crâne à m’en éclater la tête contre un mur. Cette première vision avait surgi avec violence, mais au moins, j’avais une piste claire à explorer.
Une fois que j'avais reprit mes esprits, j’entrai dans le manoir par les grandes portes en bois, provoquant un long grincement et un nuage de poussière. A la lueur des multiples lucarnes, je m’engouffrais dans l’escalier en colimaçon qui menait au sommet de la tour. Passée la dernière marche, le parquet craqua sous mes pieds. Même si la nuit approchait, on distinguait encore l’ouverture des meurtrières à même le sol, derrière les parcelles de charpentes et de tuiles. Le toit à moitié effondré laissait entrer un vent froid ; la demeure siffla lorsqu’il glissa entre ses entailles.
Qu’avait-il bien pu se passer ici ? Le lieu se prêtait volontiers à l’idée d’une bataille sanglante au moyen-âge, mais j’avais le pressentiment que l’événement meurtrier était bien plus récent. Mon intuition me trompait rarement : j’étais sûre que ce manoir était lié à l’assassinat d’une sorcière. C’était pour éclairer ma lanterne que je m’étais obstinée à m’y rendre. Or je n’y trouvai aucun indice. Aucune aura, aucune trace de magie noire, ni même l’empreinte d’une âme torturée. Etrange. Pourtant, je sentais que le voile de la mort flottait dans ce semblant de pièce exiguë.
Tout à coup, une brise glaciale me traversa les entrailles. Une silhouette venait d’apparaître dans mon dos, si près que je sentis un souffle dans ma nuque. Je n’eus pas le temps de réagir. L’individu me ceintura la gorge d’un bras et sans hésitation, me planta une lame en plein cœur. C’est alors que je compris ma vision.
Ce n’était pas une réminiscence de mes ancêtres. C’était un avertissement.
Sombrant peu à peu dans l’inconscience, je sentis la chaleur de mon sang couler sur mon corps, avant qu’il ne se répande sur les tuiles, le parquet, et jusqu’aux meurtrières.
Une fois sur le sol spongieux, je fermai les yeux, et récitai dans un souffle l’incantation si durement obtenue. Je battis des paupières, deux fois. Un mur de vieilles pierres se dressa alors à quelques pas devant moi. Je dû prendre du recul pour contempler le manoir dans son intégralité, écrasant au passage quelques buissons morts. Les plantes grimpantes s’agrippaient à ses parois, remontant sur sa tour d’angle et jusqu’à l’entrée de ses hautes fenêtres, comme pour s’en saisir et l’engloutir dans le marais. Une corneille surgit de l’obscurité d’un oculus. Ses griffes grincèrent sur des débris de verre, et elle s’envola sans émettre aucun son. L’espace d’un instant, le silence régna dans les ruines du manoir ; je n’entendais plus que ma respiration tranquille.
Mon regard fut attiré par les meurtrières de la tour. S’en écoula soudain un fluide épais et sombre, d’abord lentement. Puis ce fut un flot qui s’échappait des ouvertures du toit, jusqu’à en colorer la tour entière, devenue écarlate. J’en eu un mal de crâne à m’en éclater la tête contre un mur. Cette première vision avait surgi avec violence, mais au moins, j’avais une piste claire à explorer.
Une fois que j'avais reprit mes esprits, j’entrai dans le manoir par les grandes portes en bois, provoquant un long grincement et un nuage de poussière. A la lueur des multiples lucarnes, je m’engouffrais dans l’escalier en colimaçon qui menait au sommet de la tour. Passée la dernière marche, le parquet craqua sous mes pieds. Même si la nuit approchait, on distinguait encore l’ouverture des meurtrières à même le sol, derrière les parcelles de charpentes et de tuiles. Le toit à moitié effondré laissait entrer un vent froid ; la demeure siffla lorsqu’il glissa entre ses entailles.
Qu’avait-il bien pu se passer ici ? Le lieu se prêtait volontiers à l’idée d’une bataille sanglante au moyen-âge, mais j’avais le pressentiment que l’événement meurtrier était bien plus récent. Mon intuition me trompait rarement : j’étais sûre que ce manoir était lié à l’assassinat d’une sorcière. C’était pour éclairer ma lanterne que je m’étais obstinée à m’y rendre. Or je n’y trouvai aucun indice. Aucune aura, aucune trace de magie noire, ni même l’empreinte d’une âme torturée. Etrange. Pourtant, je sentais que le voile de la mort flottait dans ce semblant de pièce exiguë.
Tout à coup, une brise glaciale me traversa les entrailles. Une silhouette venait d’apparaître dans mon dos, si près que je sentis un souffle dans ma nuque. Je n’eus pas le temps de réagir. L’individu me ceintura la gorge d’un bras et sans hésitation, me planta une lame en plein cœur. C’est alors que je compris ma vision.
Ce n’était pas une réminiscence de mes ancêtres. C’était un avertissement.
Sombrant peu à peu dans l’inconscience, je sentis la chaleur de mon sang couler sur mon corps, avant qu’il ne se répande sur les tuiles, le parquet, et jusqu’aux meurtrières.
zebulon911, Rosario_gnd, marie_jda, lupinae, Daikitumichi, Sayuri.K, Sisuki et aiment ce message
- Rosario_gnd
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Date d'inscription : 07/10/2021
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Localisation : Côte d'Opale
Re: La tour écarlate
Dim 29 Jan - 16:41
La nouvelle MissTic écrit des meurtres et du sang <3
J'ai adoré la fin !
J'ai adoré la fin !
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- Daikitumichi
- Messages : 209
Date d'inscription : 07/10/2021
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Re: La tour écarlate
Dim 29 Jan - 16:45
J'ai adoré ! Le ton, l'ambiance, la fin... Super !
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- Sayuri.K
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Age : 28
Re: La tour écarlate
Dim 29 Jan - 23:27
Bravo à toi pour ce texte Misstic, j'ai beaucoup aimé ! Pour être tout à fait honnête, j'ai été un peu perturbée au début par la mention de la tour parce que je ne voyais pas où caser une tour dans un manoir et puis je suis allée revoir l'image du marais sur Discord et effective on distingue bien une tour sur la façade donc c'est juste moi qui manquais d'imagination Comme Michi et Rosa, c'est la fin qui m'a surtout marquée. Une bonne idée de montrer à ton héroïne une vision de sa propre mort sanglante qui se réalise à la fin, c'était complétement inattendu en plus Un atelier brillamment réussi !
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- Azulys
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Age : 33
Re: La tour écarlate
Lun 30 Jan - 9:13
Coucou ! Ton texte est super, l'ambiance est retranscrite à merveille et comme les autres j'ai beaucoup aimé la fin, elle est vraiment inattendue et fonctionne super bien !
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- misstic21
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Date d'inscription : 07/10/2021
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Localisation : Haute-Savoie
Merci <3
Lun 30 Jan - 18:19
Oh merci les miettes d'amour, vous êtes adorables !
- marie_jda
- Messages : 161
Date d'inscription : 07/10/2021
Localisation : Chocolatine
Re: La tour écarlate
Mar 31 Jan - 17:16
Je m'attendais pas à ça pour la fin, du coup mon premier sentiment en terminant la lecture ça a été "ah ben mince, c'est ballot ça" ^^' Bravo en tout cas, c'est bien écrit et l'ambiance est bien mystérieuse et angoissante...
Juste du coup, à ce propos, vu l'environnement pesant et la raison de sa venue, ça m'a paru un peu bizarre qu'elle soit tranquille et respire calmement en arrivant devant les ruines ("je n’entendais plus que ma respiration tranquille").
Mais encore bravo, c'était super à lire !
Juste du coup, à ce propos, vu l'environnement pesant et la raison de sa venue, ça m'a paru un peu bizarre qu'elle soit tranquille et respire calmement en arrivant devant les ruines ("je n’entendais plus que ma respiration tranquille").
Mais encore bravo, c'était super à lire !
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- misstic21
- Messages : 96
Date d'inscription : 07/10/2021
Age : 31
Localisation : Haute-Savoie
Re: La tour écarlate
Mar 31 Jan - 18:35
[quote="marie_jda"]Je m'attendais pas à ça pour la fin, du coup mon premier sentiment en terminant la lecture ça a été "ah ben mince, c'est ballot ça" ^^' Bravo en tout cas, c'est bien écrit et l'ambiance est bien mystérieuse et angoissante...
Juste du coup, à ce propos, vu l'environnement pesant et la raison de sa venue, ça m'a paru un peu bizarre qu'elle soit tranquille et respire calmement en arrivant devant les ruines ("je n’entendais plus que ma respiration tranquille").
Mais encore bravo, c'était super à lire !
[/quote]
Justement, elle n'a pas peur de cette ambiance là :-) (Comment ça, j'ai été inspirée par Mercredi Addams ?)
Juste du coup, à ce propos, vu l'environnement pesant et la raison de sa venue, ça m'a paru un peu bizarre qu'elle soit tranquille et respire calmement en arrivant devant les ruines ("je n’entendais plus que ma respiration tranquille").
Mais encore bravo, c'était super à lire !
[/quote]
Justement, elle n'a pas peur de cette ambiance là :-) (Comment ça, j'ai été inspirée par Mercredi Addams ?)
Re: La tour écarlate
Ven 3 Fév - 15:49
Hello !
Bravo pour ton texte, il est vraiment chouette. J'aime l'originalité, c'est bien rythmé, le style est bon.
Elle m’emplissait les narines d’effluves d’algues et de l’humidité de la végétation. : premier paragraphe à revoir.
Sans plus de manières, je plongeais mes bottes en caoutchouc dans l’eau trouble. Prudente, j’empoignais les troncs asséchés pour rejoindre l’autre rive, qui formait comme une presqu’île nue au milieu du marécage. : attention à ne pas répéter la même construction.
Merci pour ta participation !
Bravo pour ton texte, il est vraiment chouette. J'aime l'originalité, c'est bien rythmé, le style est bon.
Elle m’emplissait les narines d’effluves d’algues et de l’humidité de la végétation. : premier paragraphe à revoir.
Sans plus de manières, je plongeais mes bottes en caoutchouc dans l’eau trouble. Prudente, j’empoignais les troncs asséchés pour rejoindre l’autre rive, qui formait comme une presqu’île nue au milieu du marécage. : attention à ne pas répéter la même construction.
Merci pour ta participation !
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