La painpauté
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Nic'Auteur
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Les soldats de l'Armée d'outre-tombe Empty Les soldats de l'Armée d'outre-tombe

Sam 29 Oct - 23:57
Les soldats de l'Armée d'outre-tombe
Ce soir, trente-et-un octobre, nous allons enfin pouvoir nous réveiller … Il y a trois cent soixante-cinq jour que nous attendons cela ! Ah … Même six-pieds sous terre, j’entendais les sanglots de tous les visiteurs du cimetière passant devant ma tombe, que des niais ! À mon époque, c’était parfaitement normal de crever, même jeune. Forcément, à Verdun, on s’habitue rapidement à regarder la mort, se tenant constamment à quelques pas de nous … Ouais, c’n’était pas facile de voir tous mes camarades mourir en attendant mon tour, mais c’était la guerre, que voulez-vous !
J’n’en peux plus d’entendre ces gens chialer parce que leur grand père de quatre-vingt-huit ans est mort. Vous savez comment ma vie à moi s’est arrêtée ? Dans un hôpital de fortune. J’ai reçu un obus dans la guibole, on m’a transféré d’urgence à l’arrière-tranchée sur un brancard. Évidemment, il fallait que les Boches décident de tirer une nouvelle salve avec leurs fichus canons, sinon, on ne se serait pas amusés.
On a fini par réussir à me transporter jusqu’à l’hôpital de guerre – j’ai fini à moitié recouvert de terre sur mon brancard, mais au moins, j’étais en vie.
Malheureusement, après deux longues heures de tentatives pour me soigner, je finis par mourir de ma blessure. Étant assez loin du front pour être dignement évacué, j’ai été un des rares soldats à être proprement enterré dans un vrai cimetière, au lieu que mon cadavre ne se décompose au beau milieu du no-man’s land …
Mais mes camarades n’ont pas eu cette chance.
EN CETTE NUIT DU TRENTE-ET-UN OCTOBRE, CENT QUATRE ANNÉES APRES MA MORT TRAGIQUE, JE VAIS ENFIN REGAGNER LA SURFACE ET RETROUVER LE MONDE DES VIVANTS !!!
Mes anciens camarades aussi profiteront de ce miracle. Morts seulement dix jours avant la fin, quelle funeste plaisanterie … Ce soir, nous allons prendre notre REVANCHE.
Minuit moins cinq …, moins quatre, moins trois …
Vingt-trois heures cinquante-huit, vingt-trois heures cinquante-neuf …
Enfin, il est minuit. Une force étrange s’empare de mon corps – je me réveille. J’ouvre les yeux, et j’observe l’obscurité qui règne à l’intérieur de mon cercueil. Je m’y sens comme quelque peu à l’étroit … vivement que j’en sorte.
Je pense qu’il est inutile de pousser le couvercle avec mes mains faiblardes, essayons plutôt de passer au travers, un peu comme un fantôme. Même si j’arrive à observer et sentir mon corps – qui sent d’ailleurs abominablement mauvais – je suppose qu’un zombie pour quitter sa tombe n’aurait qu’à passer la tête dehors, retourner à la surface en remontant la terre comme de l’eau … Raté, je me suis cogné la tête, qui s’est à moitié détachée de mon corps. C’est une sensation bizarre, mais pas vraiment désagréable. Maintenant, je peux pivoter ma tête à trois cent soixante degrés, c’est plutôt cool.
Ah ! J’ai trouvé ! En fait, c’est ma main qui est passée à travers le cercueil. Je n’ai plus qu’à creuser, je suppose …
Je gratte donc la terre avec les maigres forces de mes doigts verts et putréfiés, je gagne en force à mesure que je m’approche de la surface …
*

Deux heures sont passées. Oui, creuser un mètre cinquante vers la surface avec les muscles quasi-inexistants d’un mort-vivant, c’est long.
Je me tiens maintenant debout sur ma pierre tombale. Je regarde le ciel, ça faisait longtemps. Je vois la pleine lune … Parfait ! Les nuits de pleine lune sont les meilleures pour les morts-vivants : nos yeux défectueux peuvent voir malgré l’obscurité grâce à lumière de la lune. En plus, ce spectacle est tout simplement le plus beau que le monde ait à offrir.
Oh, bien sûr. Les bons moments ne durent que quelques instants. À peine une seconde après avoir détaché mon regard de la lune splendide, je suis dégoûté par ce que je vois sur terre. Ah douce lune, comme j’aimerais te rejoindre dans le ciel … Mais pour une raison que j’ignore, le Seigneur m’a condamné à rester vivant après la mort, sur cet enfer qu’est la Terre.
Je prête désormais attention aux vivants : ces pauvres sots qui osent s’aventurer la nuit du trente-et-un octobre dans les rues fuies par la lumière. Ils sont si insouciants, comme je l’étais autrefois … Cependant, je ne me rappelle pas de ce détail … Pourquoi sont-ils tous déguisés en monstres ? Comme c’est étrange … Mais soit. Ils semblent vouloir se faire peur, je pense que je pourrais contribuer à ces étranges festivités sans avoir à me déguiser : je peux en juger rien qu’à regarder mes doigts.
Je mets un pied à terre et sens la fraîcheur de l’herbe fraîchement mouillée par la rosée. Ça non plus, je ne l’ai pas ressenti depuis longtemps - comme toutes les choses de la vie, finalement.
Bon. Assez observé ces imbéciles, il est temps de me mettre en route pour Verdun.
*

Je suis revenu ici. Sur le lieu de ma mort. C’était exactement ici, sauf que presque tout a été rebouché. Il y a bien quelques restes : je reconnais en effet le mur en briques – le seul sur quelques centaines de mètres – derrière lequel moi et mes camarades étions établis les trois quarts du temps hors des combats. J’ai compté avec mes pas, et je me tiens bien exactement là où j’ai succombé à ma blessure.
Bien, il est temps désormais de ramener mes frères.
« Une simple pensée, un geste symbolique … Je pense à tous mes camarades tombés au front, je souhaite leur retour, et je plante ma baïonnette dans le sol de l’ancien champ de bataille … Et les soldats vaincus reviendront à la vie !!! »
Le sol de Verdun se mit à trembler avec une force inouïe. Les lumières de toutes les maisons des villages aux alentours s’allumèrent successivement, tandis que de nombreux civils sortaient de leur logement pour se rapprocher des champs …
Soudain, une armée de cent cinquante mille morts-vivants surgirent de la terre. Ces milliers de corps décharnés dévoilèrent à l’unisson leurs visages zombifiés, leur crâne à moitié dénudés de chair et leurs visages gelés, poilus et atrophiés – des restes des conditions dans lesquelles ils ont combattu il y a plus de cent ans.
Je levai mon poing, ultime symbole du départ de notre revanche. L’armée qui s’est dressée devant moi s’est alors dispersée, courant à une vitesse démesurée, ouvrant leur énorme gueule de zombie affamés, vers les villages alentours. Ce soir, Halloween sera l’invasion de l’armée des soldats morts-vivants de Verdun ; qui se nourriront de la chair des innocents pour combler leur faim ignorée depuis un siècle : les monuments sont pris d’assauts, leurs forteresses. Les civils seront dévorés : leur nourriture. Et cette fois-ci, les soldats de Verdun, morts-vivants, ne seront plus jamais oubliés.
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