Le golem de pierre

C'était plus dur que ce que je pensais. La magie ou les créatures magiques ne sont pas mon domaine, mais je me suis amusée à écrire ce texte.
Le golem qui ne voulait pas rouler
« Allez, roule ! Roule ! »
Grondhir n’en pouvait plus de ces cris !
— Non ! Pas question. Je viens juste de lustrer mes cailloux. Jamais je n’ai été aussi brillant.
« Mais on s’en fout ! Allez, bon sang de roche. Tu vas rouler, oui ! Sinon tu ne seras jamais un vrai golem ! »
Grondhir se frappa les oreilles, il ne voulait plus les entendre.
— Je refuse d’être un golem ! Je suis trop beau pour ça. J’ai besoin de plus. De me sentir vivant. Pourquoi devrais-je être comme vous ?
« Parce que sans la roche qui te tient, tu ne seras rien d’autre qu’un tas de cailloux »
« Roule, roule, roule »
—  Vous ne comprenez pas. Je voudrais m’habiller d’arbre et me recouvrir de feuille. Je veux des fleurs sur mon crâne pour me parer de toutes leurs senteurs. Vous ne m’offrez que de la roche stérile, des cailloux gris, et des crevasses noires.
« Roule ! Roule ! Roule ! »
— Je ne suis pas comme vous ! Laissez-moi vivre comme un monde et accueillir la vie sur mes épaules.
« Roule ! Roule ! Roule ! Si tu ne roules pas, tu disparaîtras. Roule et tu vivras. Roule, et peut-être que tu pourras amasser de la mousse. Mais roule d’abord. »
— De la mousse ? Vous pensez vraiment que c’est possible ?
« Roule, le monde n’existe pas. Seule la ronde des golems tient la terre, roule ou part. Roule ou tu cesses d’exister. Roule ! »
Grondhir hésita. Il connaissait le moindre caillou de son corps. Chaque grain de sable qui le liait et la poussière qui luisait dans ses yeux. Il n’était peut-être qu’un de fragment de montagne, mais ses rêves n’avaient rien d’impossible. Il ne voulait pas rouler. Rouler, c’était créer un nouveau golem, qui à son tour roulera et continuera la chaîne.
Une fois qu’on se lançait, et que la roche résonnait dans votre corps, plus rien ne pouvait vous arrêter. Il ne voulait pas rouler. Il voulait sortir de cette danse. Il voulait que les oiseaux nichent dans ses creux, que les serpents se lovent dans ses cavernes. Il voulait juste être aimé.
Et pourtant, les golems semblaient si heureux de rouler, de gronder, de tonner les uns contre les autres. Mais il ne voulait pas être dans l’esprit du groupe, et s’oublier dans la masse.
Des rivières de sable s’écoulèrent de ses yeux. Les autres avaient compris.
Le tonnerre de leurs voix se tut. Tous les golems lui faisaient face. Ils se baissèrent et ramassèrent les pierres, les rochers, et les pics. Les bras levés, ils attendaient.
« Roule ! »
Grondhir recula d’un pas.
« Tu n’es plus l’un des nôtres ! Nous ne roulerons jamais ensemble. Pars. »
Une pluie de roche s’abattit sur lui. Grondhir s’offrit un instant à la douceur de cette averse et tourna le dos à ses congénères. Une nouvelle vie s’offrait à lui. Mais au fond de son cœur de pierre, une part infime de lui s’effrita. Il n’était plus un golem. Restait à découvrir ce qu’il allait devenir.

L'histoire est très touchante et j'aime beaucoup les petits détails comme le sable à la place des larmes !

Il est vraiment très touchant, ton golem épris de liberté... J'ai trouvé que c'était une très jolie métaphore en fait, plus délicate que quand nos parents nous disaient " et si Paul se jette par la fenêtre, tu le fais aussi ?" :p Franchement je me suis dit que ça ferait un joli conte pour enfant, avec des illustrations toutes choupi.

Comme le dit Fullcarton, les images que tu utilises sont elles aussi très poétiques et très agréables à lire. Tu as beaucoup joué avec les expressions, les mots liés à la roche, la géologie, et la nature, et ça renforce totalement l'immersion dans l'univers des golem ! Tu as parlé à mon imaginaire !

Si je peux relever une phrase qui m'a fait un peu bizarre malgré tout
"Une fois qu’on se lançait, et que la roche résonnait dans votre corps, plus rien ne pouvait vous arrêter." Je pense que c'est le sujet qui passe du "on" au "vous". Peut être que tu peux même utiliser ici un présent de vérité générale ? Par exemple : "Une fois que vous êtes lancé et que la roche résonne dans votre corps, plus rien ne peut vous arrêter"
Simple supposition, peut être que je me suis arrêté sur cette phrase mais que d'autres personnes te diront qu'elle est très bien. Je suis loin d'avoir un niveau incroyable en français !! Et j'espère que tu auras d'autres retours pour ne pas te fier qu'a mon avis...

En bref, merci pour cette lecture et bravo

Merci à tous les deux. Vos commentaires me vont droit au cœur. Même si je lis énormément de de roman où la magie et les personnes ou être doués de magie sont présent, c'est vrai que je n'ai jamais créer de personnages qui utilisaient la magie. Pour moi c'était vraiment une expérience toute nouvelle et j'avoue que je me suis bien amusée.
Pour la phrase "Une fois que vous êtes lancé et que la roche résonne dans votre corps, plus rien ne peut vous arrêter" Je trouve qu'elle colle beaucoup mieux que celle que j'ai écrite. Par contre si le texte t'inspire, tu peux t'en servir sans aucun problème, et inventer une suite si tu en a envie.
En tout cas, merci à vous deux. Vous m'avez donnez le sourire pour toute la journée.

J'adore ton texte! Je pensais qu'il voudrait devenir un humain mais je suis contente de voir qu'il a autre chose en tête. Même si j'ai l'impression qu'il veut devenir un arbre en fait ^^

J'aime beaucoup son nom. Ainsi que le sable que tu décris dans son corps ! (toutes les descriptions sont même très bien)

Je n'ai pas réussi à deviner la caractéristique (je ne suis pas très forte non plus). La tristesse ? Ou l'envie peut-être ?

Merci pour ton si gentil commentaire, je dirais que c'est un golem qui rêve d'exister pour lui même, il a besoin de se démarquer des autres et de changer le cours de sa vie pour se sentir vivant . Je crois que je ne me suis pas trop focaliser sur un trait de caractère en particulier, mais plutôt sur un sentiment, une envie de liberté plus forte que l'obligation de se fondre dans la masse. Enfin, je crois, je n'ai pas toujours les bons mots pour exprimer ma pensée, et j'utilise souvent des images pour traduire le fond de ma pensée, même à l'orale, ce qui souvent donne des tournures pour le moins bizarres à mes phrases ^^

Texte super immersif. La répétition des "Roule" donne un super rythme et les mots choisis créent une vrai cohésion autour du thème des golems. J'aime beaucoup l'introduction de Grondhir qui semble un peu précieux et vain au début (emphase sur la beauté) puis dont on découvre les motivations plus profondes après (accueillir la vie)
J'ai pas de conseil à donner mais je voulais te dire que j'ai adoré.

Waaaa merci, merci, et encore merci. Je n'imaginais pas que tous vos commentaires pouvait autant me donner le sourire. Le plus dur ça va être de redescendre de mon nuage pour continuer la réécriture de mon roman haha. Merci, tavtav et merci à tous pour vos commentaires. Je peux vous assurer que quand je dis que j'ai le sourire jusqu'au oreille, c'est pas une image .

J'ai beaucoup aimé ton texte ! C'est bien écrit, le rythme fonctionne et l'histoire de ce golem est touchante. Tu réussis à transmettre de l'émotion donc bravo à toi !

Merci Azulys, ton commentaire me touche énormément

Hello, bravo pour ton texte, il est très original et je l'ai vraiment bien apprécié. Comme d'autres l'ont dit je suis très fan des métaphores que tu utilises, notamment les larmes de sable. Son désir d'indépendance et son côté coquet m'ont touchée. Et comme d'autres, je voyais bien cette histoire illustrée dans un livre pour enfants.
Super participation

Merci Ginevra pour ton commentaire. Dire qu'au début je ne pensais pas être inspirée par cet atelier. Je me suis laissée portée par la musique et j'ai commencé à écrire. En fait cet atelier m'a permis de découvrir que j'étais capable d'écrire dans un autre registre que le mien et je pense que je retenterai une incursion dans le domaine de la magie ou des créatures magiques à l'avenir. Merci pour toi et à vous tous, vos mots me pousses et m'encourages à continuer dans l'écriture.

On ressent bien la détermination de ton Golem qui ne veut pas suivre le même mouvement que les autres. Je me suis amusé à comparer cette scène à la description du Coniatus de Spinoza par LinksTheSun, où celui-ci l'illustre avec une boule de bowling si heureuse de rouler ! Belle maîtrise du champ lexical par rapport aux pierres et une fin ouverte qui donne envie d'écrire la suite.

Merci Pioro, ton commentaire me fait vraiment plaisir. En plus grâce à toi, je viens de découvrir LinksTheSun que je ne connaissais pas. J'adore découvrir de nouvelles choses, et j je crois que là j'en ai pour en moment avant d'en avoir fait le tour ^^

Hello ! Bravo pour ton texte ! J'ai rien à te reprocher, c'est rythmé, c'est intelligent, il y a de belles phrases, de belles idées.
Merci pour ta participation !