Une soirée étrange

La sonnette de la porte d’entrée du bar retentit. Les têtes se retournent dans ma direction. Leur visage grimé en mort me fit iriser le poil des bras. J’avais oublié que c’était Halloween. La chaleur étouffante me coupa la respiration un court instant.

Je me frayais un chemin parmi cette foule. Quand je commençai à paniquer, je préfère les coins de pièce. Celui à gauche n’avait peu de personnes. Les groupes se sont déjà constitués et c’est difficile de rentrer dans une conversation, mais avais-je vraiment envie de cela, me dis-je.  Je chassai cette pensée de mon esprit, je ne vais pas rester seul toute ma vie. La convention « Runes et potions » a rejoint la soirée. Un homme déguisé en Orc me marcha sur le pied.

— Excuse-moi, je ne t’avais pas vu avec le masque, cria l’orc.
— Tu n’es pas obligé de porter ce masque toute la soirée.
— Je m’appelle Azorth, je peux t’offrir un verre pour me faire pardonner, me demanda-t-il.
— Non, merci je n’ai pas soif.

Azoth me tourne les talons en lâchant un grognement.
Le bar est rempli de toiles d’araignée tellement que j’ai du mal à m’orienter. La patronne a un peu trop forcé sur la décoration, je trouve. Une image sort du lot presque anachronique. Une femme en tailleur gris est dans la pièce. On dirait qu’elle sait tromper de soirée. Ses mimiques trahissent son mal à l’aise.

— Vous venez pour la soirée dactylo, lui dis-je avec un sourire.
— Non, j’ai le droit de m’amuser sans me ridiculiser dans un stupide déguisement, me lâcha-t-elle sur un ton hautain.
— Désolé, je ne voulais pas vous vexer. Je m’appelle Charli et j’avoue que je suis perdu avec toutes ces personnes.
— Moi c’est Bernadette. Je vous ai trouvé, me dit-elle sur le bout des lèvres avec une grimace qui était un sourire pour elle.
— Oui, on ne me l’a jamais faite celle-là, lui répondis-je.
— Vous venez souvent à ce type de soirée, vous pensez quoi de l’ambiance, ça manque de décoration, me demandait-elle.

Je n’avais pas fini de répondre à une question qu’elle m’en posait d’autres. J’allais l’impression de subir un interrogatoire. Un moment, elle s’arrêta, je crus qu’elle avait épuisé son sac de questions.

— Je dois aller aux toilettes, dit Bernadette.
Quelle elle termina sa phrase, elle était déjà plus la.

J’avais la bouche sèche. Le tabouret à en cuire du bar me fit reposer mes jambes.

— Un diabolo menthe, demandé-je au barman.
— Qu’elle plait cette soirée de célibataire. Moi je venais pour la convention et vous, me demanda une femme Elfe.
— Je viens pour la soirée célibataire. J’avoue que j’ai un faible pour les femmes elfiques dans le seigneur des anneaux, dis-je.
— Vous êtes au courant que c’est un déguisement que je porte. Et que les elfes n’existent pas, nous sommes dans le mode réel et de croire le contraire est une forme de refus de la réalité, de dit-elle sur un ton professoral.
— C’est vous qui êtes déguisé en Elfe pas moi, lui répondis-je.
— Vous marquez un point, je vais y aller.
Elle se leva du tabouret. Je mis sur son bras pour la retenir et découvrir son prénom collé sur son déguisement.
— Azel boit un verre avec moi comme ça tu n’auras pas perdu ta soirée, lui dis-je.
— Vous passez du vouvoiement au tutoiement sans permission et retenir une jeune femme contre sa volonté. C’est typique d’un comportement imbu de sa personne et sur celle de lui, lâcha-t-elle en se rasseyant.
— C’est une soirée célibataire pendant Halloween, on peut un peu lâcher la pression et s’amuser, non, lui demande-t-je.
— Oui, je comprends votre position. Vous êtes dans une recherche de l’âme sœur. Vous avez besoin d’une soirée spéciale pour surmonter votre timidité. Ça va à l’encontre de votre comportement de tout à l’heure. Bien que j’aime continuer cette conversation avec vous, je n’ai rien à faire ici, le termina sa phrase en se levant.
— Est-ce mal de faire des soirées organisées à terme pour rencontrer d’autres personnes a quelles occasions pouvons-nous rencontrer d’autres personnes, lui demandé-je.
Elle se rassit.
— Il y a plein d’occasions, comme le sport, une passion les concerts. Mais c’est que ça à l’air plus facile quand c’est une soirée sur le thème de la rencontre.
Elle termina sa phrase avec son verre, je fis signe au barman de resservir un verre.
— La petite dame veut s’en aller et vous la retenez depuis tous a l’heure, il faut savoir lâcher l’affaire, me dit le serveur Jeff.
— C’est une soirée rencontre, donc je discute avec des personnes. Je ne te demande pas comment tu fais les cocktails.
— C’est mon bar ici, soit tu suis mes règles ou sinon tu dégages, compris, me demanda Jeff.
— Je suis client dans une soirée à thème, pour quoi je me ferai virer par un barman, lui répondis-je.
— Dégage-t-on sinon je te sors moi-même ? me dit-il en me pointant du doigt rouge de colère.

Jeff se rapprocha de moi avec un air menaçant et je préférai sortir du bar de moi-même, plus jamais je ne reviendrais dans ce qui bouge, me dis-je.

La batterie de mon téléphone s’était déchargée pendant la soirée. Je marchais dans la nuit froide pour rejoindre mon appartement. Je ne croisais aucune âme qui vive. On aurait dit que le monde avait disparu. Un bruit de moteur m’obligea à regarder le trottoir. Un SUV me dépasse et je reconnus l’homme et la femme de la soirée. Au moins eux, ils ont trouvé leur moitié ce soir, pensé-je.

Je continuais ma marche silencieuse quand des feux de voiture attirèrent mon attention, c’était le SUV. Le couple soutient une jeune femme et marche avec elle. Quand d’un coup, la jeune femme s’évanouit au sol. L’homme se pencha sur elle et la traina par les bras dans un bâtiment. La femme referma la porte de la bâtisse, elle avait un sourire aux lèvres.

Mon cerveau a mis du temps à comprendre la situation. Je ne m’attendais pas à ça. L’homme aurait dû porter assistance à la jeune femme pour la ranimer, au lieu de la trainer comme un chasseur avec sa proie.
Que faire, me dis-je. Je ne pouvais pas appeler les secours ni laisser la jeune femme avec ce couple. Je me dirigeais vers la bâtisse. Les fenêtres étaient obstruées par du papier journal daté de la semaine précédente. Le couple avait prémédité cet enlèvement, dans ce quartier désert, ils ne pourraient pas être dérangés, pensais-je. Une fenêtre cassée me permit d’entrer. La lumière des réverbères m’éclairait le chemin. Quand d’un coup je sentit quelque chose qui cogna sur ma tête et je perdis connaissance.