15h30 du matin

913 mots, Pas convaincu, j'ai l'impression de pas avoir trouvé le ton juste.

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- Police ! Ouvrez !


Oh bordel ! Qu'est qu'ils veulent, encore ? Peuvent pas me laisser roupiller tranquille ces cons ? J'suis claqué, barbouillé, mal au crâne. Il fait trop chaud. Une chaleur moite, insupportable. C'est vraiment pas le jour. J'me traîne jusqu'à la porte et j'ouvre. Devant moi, un p'tit bleu avec une face de calculette et l'inspecteur Gros Tas, j'm'e rappelle jamais son blaze à cet amas de saindoux. Comme d'hab, il pioche des caramels dans le kraft qu'on dirait greffé à sa pogne. Il suinte comme un porc sur une broche, ça me file la nausée.


- Qu'est'ce vous voulez ? J'étais en train de pioncer, j'ai rien fait, laissez-moi finir ma nuit !

- Finir ta nuit ? Il est 15h30, petit génie, me dit l'obèse.

- Ouais, je me suis pieuté tard et alors ? Foutez-moi la paix.

- Ça va pas être possible. Dis-moi, tu habites bien ici tout seul ?

- Depuis qu'la vioque a clamsé, ouais, et alors ?

- Et alors, ça veut dire que le jardin est à toi aussi, et donc que t'es dans la merde.

- Qu'est-c'tu m'jactes ?

- Venez voir, monsieur, me dit le cancrelat boutonneux en m'invitant du geste à sortir.


Monsieur ? Mais d'où il sort lui ? Il pue l'major de promo tout juste sorti de l'académie : uniforme impec, bien r'passé, avec le pli bien au milieu du falzar (sûrement r'passé par sa môman chérie) et tout le tintouin. Très poli aussi, trop ? Il doit essayer de faire son taf de merde tout bien comme il faut, en suivant le manuel à la virgule. J'déteste ce genre de p'tit con. Mais tous ces efforts minables sont ruinés par le pus jaunâtre s'écoulant d'un énorme cratère sur son front et qu'il n'a pas encore remarqué. Dégueu, mais j'dit rien. Mon estomac n’apprécie pas, mais ça m'f'ra marrer d'voir sa tronche quand il s'en rendra compte.


Je les suis dans le jardin. Deux mecs en blanc sont agenouillés vers les rosiers. Qu'est ce qu'ils foutent ? Y'a rien à trouver par là, j'y vais jamais, ma planque de dope est de l'autre côté.


- Qu'est ce qu'y glandent là, les cotons-tiges ? Z'avez rien de mieux à foutre que d'venir m'faire chier ?

- Sur un autre ton, tu veux ? On nous a signalé un truc. Un chien a échappé à sa propriétaire et est entré dans ton jardin. Elle n'a pas passé la grille, mais elle a vu qu'il reniflait autour de tes rosiers et a commencé à creuser. Elle l'a appelé, mais ce qu'il lui a ramené ne lui a pas plu, alors elle nous a appelé. Elle a eu raison, c'était un doigt. Montre-lui ! Ils sont en train de déterrer le corps.


Le morveux me fourre un sac en plastique sous le pif. Tout juste s'il m'le balance pas en pleine tronche. Trop zélée la bleusaille ! J'grimace. J'devine une espèce de machin blafard, spongieux et baveux. Un doigt, ça ? C'tellement mâchouillé qu'ça pourrait être n'importe quoi.


- Un corps ? Tu déconnes ? Mais j'y suis pour rien ! Vous voulez m'foutre ça sur le dos ? Bande de salauds !

- Je veux rien, j'enquête ! Mais essaye pas de te faire passer pour un enfant de chœur. Allez, amène-toi, on va déjà voir si tu sais qui c'est.


Tu parles, j'les connais les keufs ! S’empiffrer de donuts et faire chier le monde, ça ils savent faire, mais se sortir les doigts du fion pour résoudre une vraie enquête, c'est trop compliqué ! C'est bien plus simple de tout coller au premier connard qu'ils trouvent, et là le connard, c'est moi. J'vais aller au trou pour un truc que j'ai pas fait, et pour longtemps ! Et eux pendant ce temps là, ils siroterons leur café abject, le cul bien au chaud, fier du travail accompli. Et à ce petit jeu, Gros Tas c'est pas le dernier ! Ca m'file la gerbe.


Les deux têtes d'ampoule s'écartent et j'la vois. Encore a moitié enterrée, j'devine une peau livide parsemée de grosses traces bleuâtres. Ses cheveux bruns, plaqués sur son visage par l'humidité, ne suffisent pas à cacher son oeil crevé à moitié sorti de son orbite. J'm'avance et une odeur de charogne m'agresse. Elle commence à se décomposer, ça doit faire plusieurs jours qu'elle est là. J'ai un haut-le cœur. Je n'ai qu'une envie, c'est de m'éloigner de cette atrocité, et vite, mais je me force à approcher. S'ils veulent me coller ça sur le dos, autant savoir qui c'est. Soudain, sa peau cireuse est parcourue de soubresauts et un tas de vers grouillant couvert d'un mucus visqueux s'extrait de ses narines et de sa bouche entrouverte dans un bruit humide écœurant.


- Alors ? Tu la connais ? Demande l'inspecteur en enfournant un de ses foutus caramel.


J'le r'garde mâcher, le filet de bave au coin des lèvres. Ses bajoues flasques tremblotent au rythme de ses mâchoires. J'me r'tourne, un peu plus loin le grêlé essuie son front frénétiquement, puis finit d'presser son furoncle pour le vider de son pus. C'en est trop. Je m'écarte de quelques pas et vais vomir une bile amère, seule chose que mon estomac vide me permet de rendre.


- On fait moins le malin quelques jours plus tard, pas vrai ? Me lance le tas de graisse, goguenard. Bon, on t'emmène au poste, essaye de pas saloper la voiture.

Le dégoût!
Pour moi, le texte fonctionne bien, tant au niveau du ton que de la façon dont tu fais passer la sensation de malaise et de dégoût.
Bravo pour ton texte !

j'ai bien kiffé l'histoire, surtout le coté racaille du gars qui est bien dosé =)

Moi aussi j'ai bien aimé ton texte: le ton surtout un peu décalé de ce que je lis généralement dans les textes d'atelier, mais justement ça me plaît. Le dégoût est bien amené. Quelques erreurs de style et de fautes d'orthographe: faciles à corriger à la relecture, finalement on n'a que 2X45 minutes pour écrire, c'est court pour faire un texte sans bavure mineure. Félicitations pour ton texte