La pilule

Il était tard, le soleil faisait part de sa superbe depuis des heures entières, pourtant Samia fut sortie de ses songes en entendant les multiples coup s’abattre sur sa porte d’entrée. Elle était déboussolée, ne savait plus quel jour il était, l’heure sur sa montre indiquait treize heure passée.
Les coups continuaient, et des voix indistinctes lui parvenait.
– J’arrive ! cria-t-elle en se levant.
La tête lui tournait, elle était nauséeuse, pourtant elle ne se rappelait pas avoir bu la veille. Une main sur ses clés, l’autre sur la poignée, elle ouvrit sans prendre la peine de regarder à travers le judas. Deux policiers lui faisaient face, un homme et une femme, c’était la première fois qu’elle les voyait.
– Samia Belem ?
– Oui, c’est moi. Que se passe-t-il ?
– Pouvons-nous entrer s’il vous plaît ?
La jeune femme se méfiait, elle ne comprenait pas ce que ces deux officiers lui voulaient, elle n’avait rien à se reprocher.
– Je préfère que l’on reste ici.
– Elle ne nous reconnaît pas, tu avais raison, dit l’homme en regardant sa collègue.
– Tout se passe comme prévu, ne t’inquiète pas.
La policière s’avança face à Samia, la regarda de haut en bas.
– Votre demande a été acceptée, la clinique vous fait sortir et par la grande porte qui plus est.
– Une clinique ? Quelle clinique ?
– Vous avez mal à la tête et la nausée vous guette ? ajouta l’homme.
– Comment vous… ?
– De quoi te rappelles-tu ?
– De rien à dire vrai, je ne sais même plus qui sont mes voisins, dit-elle en cherchant les numéros des portes avoisinantes.
Une anxiété la gagna, il n’y avait pas de numéros, pas de portes, elle était seule dans cet immeuble. Les deux policiers la regardaient tout sourire, attendant qu’elle se calme.
– Suis-je internée ?
– Internée ? rigola l’homme en tapant le bras de sa collègue.
– Non, tu es ici de ton plein grès. Tu es là où tu as toujours voulu être. Je sais que tu es confuse mais peut-être que cette lettre t’aidera.
Samia attrapa le mot qu’on lui tendait, en l’ouvrant, la première chose qui la frappa, fut l’écriture. Elle lui était familière mais impossible de savoir pourquoi. Sans perdre plus de temps que nécessaire, elle entama sa lecture.  
« La vie ne t’a jamais aimé, tu ne l’as jamais aimé non plus. Je sais que Marcus et Agnès te font face en lisant ceci et je sais que tu ne sais plus. Les médicaments, la solitude, la dépression t’ont eu, tu ne sors plus, tu ne manges plus. L’ivresse de la paresse te consume de plus en plus, tu dors sans cesse, cherchant juste à ne plus être. Mais si tu lis ceci, c’est que ton heure est arrivée, la loterie de la vie te sourit. Dans quelques minutes tu embrasseras la mort, quitteras ton corps pour ne plus jamais faire d’efforts. Tu as attendu l’éternité que ce jour vienne, malheureusement tu ne sais plus rien, tu ne ressens pas la joie de la fin. Tes deux meilleures amis sont là pour toi, ils te regardent comme ils regardent le printemps fleurir mil et un champs. Si tu veux te souvenir, avale la pilule ».
En relevant ses yeux, Samia était perdue. Elle était sur le point d’interroger Marcus et Agnès quand elle vit quelque chose pendre au cou de cette dernière. C’était une pilule.
– Tiens, avale-là tant que tu as encore le temps, dit la policière en arrachant son collier et en lui tendant.
– Samia, tout ira bien ne t’en fais pas, nous sommes fiers de toi.
Elle regarda une dernière fois leurs sourires, sa gorge était nouée, son cœur cherchait à s’évader et ses pensées tambourinaient. Paralysée, elle hésitait. « Qui m’a écrit cette lettre ? Que me veut-ils ? Pourquoi désirer mourir devrait me ravir ? Pourquoi il n’y a pas de numéros, pas de portes ? » pensait-elle tandis que ses entrailles se tordaient plus violemment.
– Qui a écrit cette lettre ? demanda-t-elle.
– Mais enfin Samia, c’est toi bien sûr, qui d’autre cela pourrait être ? rigola Marcus en lui tapant amicalement l’épaule.
– Vous mentez, jamais je n’aurais écris ceci.
– Tu vas nous faire croire que maintenant tu as la trouille de mourir ? s’exclama Agnès un sourire en coin. Des lettres comme celles-là j’en ai des dizaines et des dizaines si tu veux tout savoir, ajouta-t-elle en les sortant de sa sacoche.
Les lettres étaient de la même écriture que la première, Samia sentit ses pieds se dérober, sa respiration se saccadait, des larmes lui montaient tandis que son corps ne lui répondait plus.
– Avale la pilule, tu comprendras, insista l’homme d’une voix si douce qu’elle semblait fausse.
– Qu’y a-t-il à l’intérieur ?
– Un subtile mélange de ciguë et de cyanure, répondit la policière avec un enthousiasme qui ne s’imposait guère.
– Enfin, Samia tu as toujours voulu mourir, tu n’as cessé de nous le rabâcher depuis des années et maintenant que ce rêve est à ta portée, tu décides de refuser. Je ne te comprends plus, tu es venue ici dans cet objectif, tu es venue ici pour en finir et tu voudrais tout recommencer ? s’impatienta Marcus.
Les mains moites, le rythme cardiaque en feu et la respiration de plus en plus difficile, Samia sentait qu’elle devait prendre la pilule, c’était ce qu’elle avait toujours désiré même si elle l’avait oublié. L’angoisse de l’inconnu, l’effroi de la fin la retenait de passer à l’action. Elle était sur le point de prendre le mélange mortel, ses lèvres l’effleurant doucement quand des coups retentirent. Ils se faisaient de plus en plus forts, de plus en plus insistants.
Agnès et Marcus déboulèrent dans l’appartement, Samia une lettre à la main et des dizaines d’autres par terre, était allongée sur le divan, une boite vide de médicaments à ses côtés. Elle les avait tous avalé, tous sauf une pilule. La dernière, qui si elle l’avait prise, lui aurait fait réaliser son rêve qui n’était désormais plus le sien.

Je dirai la Peur, car tu insistes sur ses émotions internes. Il y a aussi pas mal de Surprise.
J'ai bien visualisé la scène et l'enjeu. Je suis bien rentré dedans !

J'ai, en revanche, eus du mal a bien comprendre les deux derniers paragraphes (le dénouement).
- Qui sont les deux policiers ? Quel est leur but ?
- Pourquoi Agnès et Marcus "déboulent" ? Il se doute de quelque chose ?
- Pourquoi reste-il UN médicament ? Et si c'est le mélange de cyanure, quelle est donc cette boite de médicament qui semble l'avoir tué ?
- Quel est son rêve ? de mourir ? Elle est morte, pourquoi ce rêve ne serait plus le siens ?

Voilà, beaucoup d'intéroguations sur le scénario enfaite =)

@FunkyToc, oui c'était bien la peur.
Et en ce qui concerne le scénario, je voulais montrer avec le dénouement que tout ce qui s'est passé avant le dernier paragraphe était dans la tête de Samia. Elle désirait mourir, elle avait écrit plusieurs lettres à ce sujet et avait prévu de sauter le pas. Mais au moment final, quand elle est arrivée sur la dernière pilule elle a hésité. Elle avait peur de mourir, elle ne se reconnaissait plus. Elle ne l'a donc pas prise et n'est donc pas morte. Ses amis Marcus et Agnès rentre dans l'appartement à ce moment-là, ils sentaient que quelque chose n'allait pas.
Elle les avait personnifié comme des policiers dans sa tête, ils représentaient sa morale, sa justice, sa décision d'en finir. C'est pour cette raison qu'ils insistaient tant pour qu'elle réalise son "rêve". Rêve qui n'est plus le sien car elle a choisi de vivre plutôt que de mourir.
J'espère que tu y vois un peu plus claire, j'avoue qu'écrire un texte sans savoir de quoi il va parler est un peu compliqué

Moi j'ai bien aimé ton texte et sa chute (juste la dernière phrase "son rêve n'était plus le sien", je ne l'avais pas comprise). Par contre pour la peur, elle n'est pas très marquée. Il y a plus de confusion et d'hésitation que de peur selon moi.

J'ai bien aimé ton texte et je suis tout à fait d'accord avec @FunkyToc et pour moi surtout la cohérence de la dernière phrase qui me pose souci, peut-être qu'en la supprimant ça devient plus cohérent. Si tu l'enlèves ça devient la pilule de cyanure qu'elle n'a pas voulu avalé et alors que l'info sous-jacente serait que ses amis pourraient la sauver, qu'elle n'est peut-être pas morte. Mais ce n'est que mon avis

Wow. Je m'attendais pas du tout à la fin ! Mais je suis pas sûre d'avoir compris. En prenant ces médicaments Samia aurait fait une sorte de rêve ? Et Marcus et Agnès n'arrivent finalement qu'à la fin et ils faisaient aussi partis du rêve ?
Franchement j'ai bien aimé, je me suis laissée emportée. Y a quelques phrases qui me paraissaient maladroites mais j'avoue que j'y faisais plus trop attention à la fin comme l'histoire m'intriguais. Mais de manière générale, j'ai trouvé ton texte assez bien écrit.

Et pour l'émotion... Au début je penchais sur la Peur. Est-ce que ce serait pas plutôt de la Tristesse finalement ? L'histoire est assez triste après tout et le personnage aussi...

Bref bravo !

@ladyhana
Plus une sorte de bataille interne qu'un rêve. Et oui Marcus et Agnès sont dans cette bataille interne, mais ils ne sont que la représentation de son désir de mourir, de sa morale, de ce qu'elle pensait être sa justice. C'est pour ça qu'elle ne les reconnait pas, ils ne sont pas les amis qu'elle connait, ceux qui viennent l'aider.
Et c'est pareil pour Samia, elle ne se reconnait pas, elle se sent étrangère à elle-même, une dualité se joue dans sa tête. Vivre ou mourir? Prendre ou non la pilule?
L'émotion était censé être la peur mais il est vrai que la tristesse emplit aussi ce texte tout comme la confusion et l'hésitation entre autre

Texte très intéressant. Pour l'émotion, j'ai senti la peur, au début, et comme les autres, ça été confus, mais c'est en raccord avec ton sujet. Et bravo pour avoir écrit sur un thème comme ça. J'espère juste que c'est pas toi le personnage

Quelques petits problèmes de cohérence, comme pourquoi avoir une pillule en collier ? Mais bon, c'est un rêve (même si on le comprend qu'à la fin), alors ça passe.

Bravo

Comme les autres, j'ai surtout senti la peur ici. Et comme les autres, j'ai eu un peu de mal à suivre et à comprendre où tu nous emmenais. Sans doute qu'en développant plus (impossible dans le cadre d'un atelier) ça aurait été plus clair, mais là c'était un peu confus je trouve 

J'ai adoré ton texte, parsemé de poésie, de sens caché, j'ai vraiment apprécié te lire. Continue comme ça, c'est vraiment super !