Une saisie intéressante

Voilà, je vous présente mon dernier texte, inspiré du roman de SF Le problème à trois corps. Bonne lecture !

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Astrid émergea des brumes du sommeil avec difficulté. Un bruit retentit, sourd, répétitif, lancinant, qui n'avait rien à voir avec le quotidien des scientifique. Elle se redressa et frappa une fois dans ses mains. Une discrète lumière éclaira les piles de livres et de rapports à côté de son lit. Elle comprit enfin qu'on frappait à sa porte. Elle enroula une robe de chambre autour de son corps maigre et osseux et alluma la caméra de l'interphone. Le commissaire Shi Tao se tenait devant sa porte, son insigne bien en vue au cas où elle aurait des doutes sur l'identité de son visiteur. Avec un soupir, elle appuya sur la commande qui déverrouillait la porte blindée de ses quartiers. Alors que le policier entrait et refermait derrière lui, elle alluma la cafetière dans la kitchenette et passa ses doigts dans ses cheveux pour les ramener en un chignon maladroit.

« Si j'avais pu, je vous aurais laissé dormir, Docteur. Vous comme vos collègues, vous avez beaucoup travaillé ces derniers jours... »

Astrid agita la main pour lui demander de continuer sans la caresser dans le sens du poil. Les faits et rien que les faits. C'est ce qui lui avait valu sa place à la tête de l'unité de radioastronomie. L'odeur du café couvrit celle des chaussettes sales. Sa tasse à la main, elle fit signe à son interlocuteur de s'installer sur l'unique chaise de la chambre pendant qu'elle prenait place sur le lit.

« Nous avons mené avec succès une intervention au sein de l'Organisation Terre-Trisolaris. Le but était de démanteler leur dernière antenne radar.
— Une bonne nouvelle. Mais ce n'était ni la première ni la dernière. »

Ses lèvres plongèrent dans sa tasse de café, dans un silence lourd de sous-entendus.

« Nous avons saisi ceci. »

Shi Tao exhiba une banale clé USB, les yeux brillants. Astrid leva un sourcil.

« Leurs dernières transmissions avec la flotte trisolarienne.
— Et vous attendez de moi que je les décode ? »

Le commissaire lui sourit en retour. Elle soupira.

« Laissez-moi trouver quelque chose pour m'habiller. »




Sanglée dans la combinaison réglementaire de la base, Astrid conduisit le commissaire jusqu'au centre de traitement. Les serveurs ronronnaient comme à l'accoutumé.

« Je ne suis pas sûre que vous soyez déjà venu ici. Dans cette salle, nous traitons les données issues de radiotélescopes. Comme vous le savez, toutes les dernières communications, les nôtres comme celles issues de la flotte trisolarienne, utilisent un système de codage se fondant au fond diffus cosmologique. Nous sommes très loin des premières transmissions des années 70. »

Astrid mit la formidable capacité de calcul de son ordinateur quantique à décoder les derniers messages.

SOS... SOS... Déshydratation en cours de la totalité des équipages des unités 1 et 2. Dommages de la carlingue dus à objet indéterminé. SOS... SOS...

Le coeur d'Astrid manqua un battement. Elle n'osait y croire. Fébrile, elle compulsa les données d'émission: 1157 heures TS. Puis elle décrocha son téléphone.

« Ici le Dr Clarence, j'appelle pour confirmation. J'aurais besoin des dernières données émises par les sondes R414P, R414Q, R414R et R414S en direction d'Alpha du Centaure. »

L'attente, interminable, devant les consoles. Le commissaire la pressait de livrer ses conclusions, mais elle n'osait pas. Ce serait trop beau... Le sang résonnait à ses oreilles, elle trépignait sur place. A côté d'elle, le commissaire Shi Tao la pressait de livrer ses conclusions, mais il était trop tôt. La confirmation arriva. Fin de transmission pour les quatre sondes il y a 10 ans, 3 mois, 12 jours et onze minutes, soit 1157 heures TS.
Un cri franchit les lèvres d'Astrid et elle sauta en l'air avant qu'elle n'ait pu se contrôler. Elle se pinça la peau pour confirmer qu'elle ne rêvait pas et battait des mains d'excitation comme une petite fille. Le commissaire commença à s'impatienter. L'astrophysicienne reprit son souffle et expliqua, au milieu des hoquets qui accompagnaient ses larmes:

« Il y a 10 ans, alors que je venais juste d'avoir mon premier poste ici, mes collègues ont envoyé une série de sondes armées de têtes nucléaires en direction d'Alpha du Centaure dans le but d'endommager la flotte trisolarienne avant son arrivée dans le système solaire.»

Les larmes coulaient maintenant sur ses joues, incontrôlables. Le visage du commissaire sembla s'illuminer. Il commençait à comprendre.

« Il faudra encore confirmer cette information, mais... Je le sens... Je sens que... Le signal de détresse a été émis au moment où nous avons perdu le contact avec le groupe de sondes R414...
— Vous pensez que les têtes nucléaires ont atteint leur cible? » s'exclama le commissaire.

Astrid hocha la tête sans pouvoir cesser de sourire. Le policier d'ordinaire si réservé, leva les bras en l'air en signe de victoire.

« Dans les dents Trisolaris, prends ça ! »

Et il se mit à rire. Un rire incontrôlable, presque animal. Il enlaça la scientifique et la fit tourner dans ses bras. Astrid ne broncha pas. Elle avait envie de sauter, de danser, était envahie d"une émotion si intense qu'elle avait la respiration coupée. Comme si la nuit dans laquelle l'humanité était plongée depuis 100 ans venait de s'éclaircir.

« Combien de temps pour les vérifications?
— Nous ne pourrons en être à 100 % sûrs que dans quelques années, tenta-elle de tempérer sans cesser de sourire. Mais nous pourrons vous en dire un peu plus dans 48 heures. Laissez-nous le temps de tout décoder et d'effectuer des vérifications plus poussées. Nous devons analyser l'ensemble des données des sondes R414 et de vos transmissions. »

Elle tamponna ses larmes avec son mouchoir avant de continuer.

« Si tout est confirmé, nous enverrons des photons dans la direction présumée de la flotte et nous analyserons leur spectre infrarouge...
— 48 heures Docteur. Je vous laisse 48h pour vérifier. S'il vous plaît, donnez-nous cet espoir. »

J'ai écouté/lu ton texte avec beaucoup de plaisir. L'écriture est fluide. Je suppose que la roue de la fortune t'a dédié "la joie" comme émotion, une émotion qui n'occupe qu'une petite partie de ton texte. Sinon va-t-elle réussir le challenge des 48h finalement? C'est souvent comme ça avec les textes de l'atelier, on a envie de connaître la suite

Bonjour Ninja-janine, merci pour ton commentaire.
Oui, le reste des résultats va confirmer ce qu'elle a dit, ainsi que le rayon de photons.
En fait, je me suis laissée envahir par le contexte. Le texte était beaucoup plus long et amenait beaucoup plus de détails sur la relation entre le commissaire et la scientifique et sur le contexte de travail en général. C'est un problème récurrent chez moi, j'essaye de corriger, mais c'est pas simple.

La joie :-)
Alors, on a droit a beaucoup de contexte quand même :-D Mais l'histoire est chouette et on sent qu'il y a tout un background derrière. Et puis surtout, on ressent bien l'émotion et c'est le but de cet atelier donc bravo !

Merci pour ton commentaire Maelinn. Oui, je sais, le contexte ^^' En plus, j'ai été prise par le temps, j'ai du faire des coupes à la va-vite. Et du coup, ça se ressent dans le rythme. C'est pas mon meilleur atelier, mais tant mieux si tu as ressenti la joie des personnages

Coucou!
Quel texte entraînant et plein d'action ^^
Pour ma part, au début j'hésitais, mais pour la fin je pense que c'est la joie. Tu la décris très bien je trouve, et ton texte est très bien raconté!
Merci pour ce bon moment

Merci pour ton gentil commentaire La p'tite miette

On ressent bien la joie dans ton texte, c'est bien sympa.
Par contre j'ai eu un petit peu de mal avec tout le jargon technique, il y en a peut-être un peu trop à mon gout :p

Merci pour ton commentaire Yoomise.
Pour le jargon technique, je me suis mise dans la tête d'écrire dans le style du dernier livre que je viens de finir, Le problème à trois corps de Liu Cixin, qui est génial, mais qui est de la hard SF du point de vue des personnages astrophysiciens. Du coup, pour être réaliste, il y a beaucoup de jargon technique ^^' C'est mon parti pris stylistique sur cet atelier.