696-Amanda

Amanda n’avait même pas pensé à nouer sa robe de chambre. Sa nuisette dévoilait ses cuisses, en plus de laisser un décolleté plongeant découper sa poitrine moite. Le policier de l’autre côté de la porte ne s’en formalisa pas. A vrai dire, rien ne semblait pouvoir étonner cet homme d’âge mûr, au visage grave et austère. Derrière lui, se tenaient deux autres agents, qui devaient tout juste dépasser la vingtaine.
- Est-ce qu’on peut entrer ?
Ce n’était pas vraiment une question, mais la jeune femme les laissa pénétrer dans le salon. D’un geste incertain, elle s’enveloppa dans un châle qui traînait sur le canapé pendant que son chat détalait. Renaud détestait les inconnus.
- Vous avez une pièce d’identité ? demanda le policier, après avoir jeté un œil à la bouteille de vodka au fond de l’évier.
Elle lui avait déjà donné son nom, il l’avait même noté sur son téléphone. Fébrile, elle lui tendit son passeport qui n’avait servi qu’une fois et attendit qu’il finisse de prendre le document en photos.
- Vous savez pourquoi on est ici, madame ?
Amanda balbutia que non, l’haleine encore chargée. Le type en face d’elle l’impressionnait. Il était grand, mais son uniforme lui conférait une stature encore plus imposante. Le pouvoir de l’autorité sans doute, appuyé par un pistolet solidement attaché à la ceinture.
- Nous avons reçu un appel de madame Alexandra Bonnet. Son véhicule a été incendié la nuit dernière et elle vous accuse. Selon elle, vous la harcelez depuis des mois et l’avez menacée plusieurs fois.
Un hoquet de stupeur échappa à la jeune femme. Alexandra essayait-elle vraiment de la faire passer pour une folle ? Elle ouvrit à peine les lèvres pour lui répondre.
- C’est une menteuse.
Le policier hocha la tête, son passeport toujours en main. Un appel fit sortir l’un de ses collègues de l’appartement, qui resta plongé dans le silence. Les flics affichaient une nonchalance travaillée, à la fois alerte et détendue. De son côté, Amanda avait du mal à tenir en place maintenant. Elle ouvrit la fenêtre pour faire rentrer un peu d’air, sa peau transpirait par tous ses pores. Un orage avait explosé au-dessus de la ville et des rafales de vent s’engouffraient dans les rues en fauchant tous les détritus au passage. La voiture des policiers était garée juste en dessous, à moitié sur le trottoir.
- Pourtant, elle nous a envoyé une photocopie des lettres que vous lui adressez. Elle vous a également surpris devant chez elle à ce qu’il paraît. C’est bien vous sur cette photo ?
Le cliché sur son téléphone montrait une silhouette qui ressemblait vaguement à la sienne, le visage dissimulé derrière une casquette noire. Ça pouvait très bien être n’importe qui. Un rire échappa à la jeune femme.
- Je vois que vous avez le même couvre-chef, dit l’agent en indiquant le porte-manteau, où était accrochée une casquette Adidas noire.
- Comme des millions de gens dans le monde, c’est une marque très populaire, siffla Amanda.
Le jeune collègue revint et entraîna son supérieur à part. Amanda en profita pour se servir un verre d’eau. Sa main tremblait tant qu’elle faillit le laisser tomber.
- Vous en avez encore pour longtemps ? demanda-t-elle à la recrue qui était restée. Je travaille demain et je dois me lever tôt.
- Ca, c’est au capitaine de voir, madame.
Capitaine ? Rien que ça. Le sourcil d’Amanda tressauta, un vilain tic qui trahissait toujours sa nervosité. Elle s’attarda sur ses chaussures, abandonnées près de l’entrée et qui sentaient le cramé, ainsi que sur son manteau où se trouvait encore la boîte d’allumettes. Quelle idiote. Elle serra les lèvres, furieuse contre elle-même. Cette négligence ne lui ressemblait pas, mais il faut dire que les deux litres de vodka qu’elle s’était enfilé dans la journée lui avaient quelque peu brouillé le cerveau.
- Madame, dit le capitaine en revenant, Alexandra Bonnet a déposé une plainte officielle contre vous, elle est au poste. A son accusation, se joint celle de Marie, sa compagne. Elle aussi dit que vous la harcelez depuis qu’elles se sont mises ensemble.
Un vide s’ouvrit dans le ventre de la jeune femme. Alexandra la trahissait ? Sans qu’elle parvienne à le contrôler, des larmes tremblotantes s’accumulèrent entre ses paupières. Elle les effaça d’un geste.
- Qu’est-ce qu’elle a dit ?
- Qui ?
- Alexandra.
Le capitaine pencha la tête.
- Dites-moi plutôt ce que vous vous êtes fait au bras. On dirait une brûlure.
Amanda battit en retraite. Quelque chose grandissait en elle, une boule noire qui enflait, enflait encore. Cette salope de Marie, elle avait retourné Alexandra contre elle ! De l’air, il lui fallait de l’air. Le vent extérieur l’agressa comme une gifle, mais au moins elle pouvait respirer à plein poumons. Mais le policier ne comptait pas en rester là.
- Vous allez devoir venir avec nous, madame.
- Où ça ?
Sa voix tremblotait, comme un fil trop tendu qui menace de se rompre. Ses ongles rentraient dans la rambarde de la fenêtre et la peinture s’incrustait sur sa peau.
- Au poste.
- Mmh. Avec cette voiture j’imagine, dit-elle si bas que personne ne l’entendit.
D’une pichenette, elle fit tomber le pot de fleurs offert par Alexandra un an auparavant. Le géranium s’écrasa sur le pare-brise de la voiture de police, faisant rugir l’alarme.

J'hésite entre peur et surprise. J'opte pour la surprise, car ton texte se focalise sur l'instant immédiat, plutôt que sur l'anticipation de fait horrible ou de conséquences.
Et pour avoir déjà mis une pichenette dans un pot de fleur en terre cuite, c'est une très mauvaise idée ! 1-0 pour le pot.

En fait, après avoir lu ton texte j'opte plutôt entre colère et surprise.

La colère, on la devine par ce qu'elle a fait: Elle s’attarda sur ses chaussures, abandonnées près de l’entrée et qui sentaient le cramé, ainsi que sur son manteau où se trouvait encore la boîte d’allumettes (découle d'une réaction de colère).
Et puis: Quelque chose grandissait en elle, une boule noire qui enflait, enflait encore. Cette salope de Marie, elle avait retourné Alexandra contre elle !
Et encore: D’une pichenette, elle fit tomber le pot de fleurs offert par Alexandra un an auparavant. Le géranium s’écrasa sur le pare-brise de la voiture de police, faisant rugir l’alarme.

La surprise: Un vide s’ouvrit dans le ventre de la jeune femme. Alexandra la trahissait ? Sans qu’elle parvienne à le contrôler, des larmes tremblotantes s’accumulèrent entre ses paupières (réaction de surprise mêlée de tristesse)

J'aime bien bien sa réaction à la fin  

Ah ben pour ma part, j'hésite plus entre la colère et la peur   

La surprise, je la vois pas vraiment dans le texte. J'opterais plus pour la colère, qui me paraît mieux correspondre, surtout à la fin. Maintenant, j'avoue que je suis pas sûr de moi, là  

Je suis comme Céhah, j'hésite un peu entre la peur et la colère au niveau des émotions. La peur clairement dans la première partie et la colère vers la fin surtout avec sa réaction d'envoyer le pot de fleurs sur la voiture des flics Elle m'a trop fait rire cette réaction, c'est tellement mesquin xD J'ai adoré ton texte en tout cas, c'était juste trop bien !

C'est marrant de voir les gens dans les commentaires argumenter sur l'émotions potentielle
Je dirais la colère personnellement vu qu'Amanda a mis le feu par amour/colère + qu'elle rengorge sa colère face à la révélation. Cette émotion est, il me semble, plus au centre de ses prises d'actions

Bon, je vois que les paris sont lancés je ressens plus la peur sur l'ensemble du texte. La colère ne vient qu'à la fin, donc plus une conséquence, pour moi.