Seul dans la pénombre

Seul dans la pénombre


J’ouvre les yeux. La nuit m’accueille. La pierre froide contre mon dos m’informe de ma position allongée. Malgré la pénombre, j’essaie de me relever. Mes mains battent dans le vide et ma tête heurte le plafond. Un gémissement m’échappe. La cavité est étroite, humide et froide. Pour couronner le tout, je ne vois rien. Rien du tout. Je sais qu’une lampe attend dans mon sac à dos, mais je n’ai aucune idée de l’endroit ou il est tombé. Ce sac contenait pourtant tout ce dont j’avais besoin pour survivre : de quoi me nourrir, de l’eau potable et des vêtements chauds… Je devrais me débrouiller sans.
Les souvenirs remontent à flots dans mon esprit embrumé. Je m’appuie un instant contre une paroi rocheuse à ma droite, et replonge dans mes souvenirs. J’explorai une grotte souterraine en montagne lorsque mon pied a glissé sur une roche, j’ai basculé dans le vide. Mon corps a dévalé plusieurs mètres de pente avant de s’arrêter. J’ai ensuite perdu connaissance. Je n’ai aucune idée du temps écoulé depuis ma chute. Une heure ? Deux ? Cinq petites minutes ?
J’inspire. L’air est poisseux. Lourd. Je lève la tête, dans l’espoir d’attraper un maigre rayon de lumière. Il n’en ai rien. L’obscurité se fait pesante. Et plus les secondes s’écoulent, plus elle m’oppresse. Ma poitrine se compresse. Hésitant, je fais un pas en avant. J’avance sans savoir ou je vais. Mes mains tâtonnent à l’aveugle. Mon corps se crispe, transi de peur. L’angoisse m’habite, elle me rabâche les mêmes questions en boucle. Et si un précipice m’attendait deux mètre plus loin ? Et si une pierre me tombait dessus ?
Je ne suis pas idiot, seul, dans le noir, mes chances de survie sont faibles. J’ai la chance de ne pas avoir été gravement blessé lors de ma première chute. Si je tombe à nouveau, je risque bien plus grave.
Cependant, je n’ose pas rester immobile. Le froid m’engourdit les doigts. Je frappe des pieds sur le sol plus que je ne marche, pour éviter que mes jambes se transforment en glaçons. Ma tête, lourde, m’élance. Si je ne bouge pas, le froid m’emportera plus vite que n’importe quel autre saut dans le vide.
Le chemin s’agrandit au fur et à mesure que j’avance. Plus besoin de courber le dos. Alors que je chemine sans but, je ressens une vive brûlure dans ma nuque. Je porte une main à mon cou. De l’eau. De l’eau glacée. Une deuxième goutte me tombe en travers le visage. Bientôt, je suis éclaboussé de partout. Mes vêtements mouillés me collent et je peux pas me réchauffer. Je suis paralysé, je tremble. Ne vais-je donc jamais m’en sortir ? Je ne bouge plus, mais j’ai l’impression que l’eau vient à moi. Je ne comprends pas. Que ce passe-t-il ? Je ne recevais que des gouttes d’eau et à présent mes chevilles sont immergées. Que faire ? Rebrousser chemin ?
La pression de l’eau me fit soudain reculer. Le courant devient plus fort ! Je ne résiste pas longtemps, je trébuche en arrière. Je tombe sur les fesses. Mes mains heurtent violemment le sol en roche. Crac ! Je serre les dents, je crois m’être fracturé le poignet gauche. J’essaie de me relever, mais c’est difficile, je ne vois pas ou m’appuyer et je n’ai plus qu’une main valide. La panique s’empare de mon cœur. L’obscurité me dévore, l’eau m’attaque comme un animal. Je veux bouger mais je n’y arrive pas. L’eau glacée me submerge. Mon corps hurle. La douleur me rend fou, je me mets à crier. Je brûle. Je prend feu.
Alors que ma raison s’éloigne, un objet heurte ma tête. Sonné, je le rattrape d’une main tremblante. Froid et long, il mouille ma paume. Je devine qu’il s’agit d’une stalagmite. Un éclair me frappe. C’était le choc dont j’avais besoin. Je m’active. Si je ne me sors pas de là, je vais finir par me noyer dans quelques centimètres d’eau, paralysé par le froid.
Au prix d’un immense effort, je me redresse. Debout, les jambes ankylosés, je cherche comment me sortir de là. J’affronte le courant et coupe le chemin de l’eau. Enfin, mes chaussures rencontrent de la roche épargnée par les flots. Je cris victoire. Je m’effondre, à bout, mais je dois encore m’éloigner du courant. Je rampe, la pierre m’érafle et m’égratigne plusieurs fois la peau. Peu importe. Me voilà en sécurité, pour l’instant du moins.
Je n’ai toujours ni eau, ni nourriture, ni lumière pour me guider. Épuisé, je décide de rester là encore un moment. J’ai toujours froid, tellement froid que même mes os semblent gelés. Je ne sais pas si je serai capable de reprendre la route, si j’en aurai la force, le courage… Mes yeux se ferment tout seuls. Me réveillerai-je un jour ? Je m’endors avec l’espoir de revoir un jour la lumière du soleil.

Bravo pour ton texte ! Bon vocabulaire, bonnes émotions, bonnes descriptions, mais c'est vrai qu'à la lecture, entre les phrases courtes qui s'enchaînent et les actions rapides, on (Yoomise et moi) a une impression d'actions segmentées qui nous a empêché d'être emporté par la lecture.

La pierre froide contre mon dos m’informe de ma position allongée. : pas très joli le "informe"

replonge dans mes souvenirs. : manque de subtilité, les souvenirs de la chute auraient pu être amenés par ses blessures par exemple.

Merci pour ta participation !