Une séance de plus

Tiens, une abeille qui danse. Je sens le pollen qu’elle relâche dans l’atmosphère et qui manque de me faire éternuer. Le vrombissement de ses ailes se fait tonitruant, à tel point qu’une tondeuse semble me raser la barbe. Oh, je crois avoir compris. Ça recommence. Une, deux, … ce doit être la quatrième fois ce mois-ci, peut être la dixième de l’année. Ils ont l’air en forme en ce moment, je ne sais qui, je ne sais quoi a encore dû les énerver. Ce ne doit pas être moi, cette fois-ci j’entends. D’ailleurs une odeur de brûlé me fait comprendre le bourdonnement de l’abeille. Comme lors des enfermements précédents mon ouïe et mon odorat sont décuplés. Tous ces sens accentués me submergent et manquent de m’étourdir. Malgré un vacillement, je me reprends, mes hôtes pourraient arriver à tout moment. Je dois être prêt. La dernière fois ils ont essayés de savoir qui était mon père. Heureusement que je n’ai pas craqué, je serais mort sinon. La dame avait été plutôt gentille pour une fois, mais faut pas se faire avoir par ces monstres. Good cop, Bad cop, à l’ancienne. Parce que je me souviens d’il y a quelques séances où l’interrogatoire était plus musclé. « Monsieur, on sait que vous mentez et inventez ces histoires, il faut nous dire la vérité maintenant, sinon on n’avancera pas ». Il n’y a que vous qui voulez avancer, moi je veux rester en vie, c’est tout. Et puis merde alors, si je dois mentir pour sauver ma peau qui peut me le reprocher ?
L’odeur de brûlé se fit plus intense. Une porte avait dû s’ouvrir, pourtant aucun bruit, aucun crissement. La femme de ménage avait dû graisser les gonds pour mieux me tromper. Quelle fourbe. Heureusement, malgré ses efforts elle ne pourrait pas cacher les bruits de pas. Ah ! Qu’est ce que je disais, des bruits de pas et des voix au loin, il faut que j’écoute. « Oui c’est vrai que la dernière était pas évidente, mais celui-ci est calme et courtois, au moins. », une voix de femme, différente de celle que je connais. « Les plus courtois sont les plus… ». Satané abeille qui danse, je n’entends plus rien. La porte a claqué, une autre personne de torturée pendant des heures. Je sentais l’odeur de la haine de l’homme qui s’était perdu dans le tango d’abeille. Il fallait faire quelque chose si je voulais comprendre ce qu’il se passait ici. Elle accaparait tant mon attention que mon odorat avait arrêté de fonctionner depuis la dernière odeur de brûlé. Je me prépare, doucement. J’écoute ses pas de danse. Trois, quatre, cinq, six, sept et PAF. Je l’ai eu sur son dernier temps. Coup de tête bien placé sur la table. C’était risqué mais en valait la peine. Je retrouvai immédiatement mon odorat. L’odeur du lave-sol mentholé, quel choix exécrable, il faudrait que j’en parle à mes hôtes. Je percevais de légères notes grasses. Vu la propreté habituelle, ce devait être les gonds. J’en étais sûr, j’avais deviné avant même de le sentir. Ma tête posée sur la table, je la testait du bout de la langue. Sans aucun doute je reconnu la texture et le goût des tables de classe de mon école primaire. La table avait vécu mais c’était la première fois que je la rencontrait depuis mon enfance. C’était donc une première dans cette salle ou bien du budget avait été investi pour nous faire parler. Que pourrais-je raconter cette fois-ci ?
Je me réveillai le cœur palpitant, les sens aux abois. Je ne voyais toujours rien mais entendais la femme parler avec l’homme de tout à l’heure. Cette fois, sa voix me fit un flashback. C’était le Bad Cop d’une des pires séances d’interrogatoire, j’en cauchemardait encore. Je sentais ma peau commencer à transpirer. Des gouttes coulaient le long de mes jambes, tombaient du front sur la table. Ploc, ploc, ploc. STOP ! Le son était trop fort je ne comprenais pas l’échange de mes hôtes. Je m’essuyai le front puis entendis immédiatement des pas, la main qui se pose sur la poigné et une entrée tonitruante dans la salle. Leur présence était oppressante. Une première chaise posée délicatement, une odeur de déodorant bas de gamme, mentholée aussi, puis une chaise qui traine de l’autre côté de la table. Mes hôtes étaient prêts.
« Bonjour Monsieur, c’est la première fois que je vous vois, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
- Bonjour madame. En effet je ne vous ai jamais vu mais je connais votre collègue. Vous savez donc qui je suis et vous savez que je ne dirais rien de mes activités.
- Je comprends mais j’aimerais quand même vous entendre le dire.
- Je suis Monsieur Cotam.
- Bien, est-ce que vous pouvez me montrer votre visage ?
Je relevai ma tête.
- Est-ce que vous pouvez me décrire la pièce dans laquelle nous sommes ?
- Non, je n’ai plus la vue
- Bon, Cotam, repris l’homme. T’es ridicule. On sait très bien que te moques de nous. On est là pour que tu nous parles, pas que tu te paies notre tête
- Je ne comprends pas. Je ne vois rien depuis des heures, qu’est-ce que j’y peux ? Ca fait plusieurs fois ce mois-ci, quatre même si mes souvenirs sont bons.
- Au moins ta mémoire ne te fait pas défaut cette fois.
- Monsieur Cotam, où sommes-nous ? Qui sommes-nous ?
- Vous êtes mes ennemis et vous essayez de me soutirer des informations.
- Bien Monsieur Cotam, nous allons partir, je crains que notre séance du jour ne soit pas fructueuse.
L’homme sorti en premier, l’odeur mentholée disparu rapidement. Avant de fermer la porte la femme s’arrêta et me lança : « Monsieur Cotam, essayez d’ouvrir les yeux. Nous sommes dans un hôpital, nous ne sommes pas vos adversaires ».

Bonjour,
Première participation, je connais pas les codes. Je me suis dis qu'un deuxième message serait sûrement plus clair.
Je suis partant pour être lu en stream le 11/08 si possible, sinon je regarderais ça en replay !

Merci pour vos futurs retours, sur ce je vais faire les miens, de retours !
Bisous

=> Je sens le pollen qu’elle relâche dans l’atmosphère et qui manque de me faire éternuer. Le vrombissement de ses ailes se fait tonitruant, à tel point qu’une tondeuse semble me raser la barbe. => ça manque de rythme, mais après la dernière phrase je suis lancé ! Bravo.

=> D’ailleurs une odeur de brûlé me fait comprendre le bourdonnement de l’abeille. => me rappelle le bourdonnement d'abeille, ça serait plus fluide :-)

=> (...)et manquent de m’étourdir. Malgré un vacillement, => Tu peux dire "Je vacille." simplement :-) Excellent rythme suite à ça ! Bravo.

C'est très sensoriel, bravo. Je sens bien l'abeille (ou les abeilles) et l'odeur du lave-sol mentholé.

J'ai eu peur que le dialogue soit "chiant" et décalé de ton magnifique descriptif, mais avec cette chute, ça a tout rattrapé. Bien joué

Salut ! J'ai beaucoup aimé le texte, première participation ou pas c'est pas mal du tout ! C'est très mystérieux jusqu'au bout et je me demandais vraiment ce qui ce passait. Je croyais qu'il était dans une cellule de prison quelque chose comme ca, surprise par la fin du coup, joli retournement de situation. En relisant le texte tout prend sens haha.
Il y a néanmoins une phrase que j'ai trouvé bizarre. "Malgré un vacillement, je me reprends" le début de la phrase me dérange "vacillement" ça me semble pas être le bon mot.. J'aurai plutôt parlé de "relâchement" / "de se relâcher" si c'était l'idée que tu voulais exprimer ?
Voilà bravo

Coucou ! Bravo pour ton texte ! Il est très intriguant, et tout s'éclaire avec la chute. Les sens autres que la vue sont bien mis en valeur. Juste une remarque : tu commences la narration au présent et ensuite tu bascules au passé, c'est un peu étrange. Il aurait fallu rester sur le même temps tout du long.
Encore bravo !

Merci à vous trois pour vos retours !

Pour le rythme je suis d'accord, j'ai pas trouvé comment faire mais vos remarques me font dire qu'il faut que je bosse dessus. C'est une remarque qu'on m'a faite sur mon premier chapitre de mon projet actuel. Faut que je bosse dessus !

Pour le vacillement, je voulais parler d'un étourdissement, un peu comme quand on s'apprête à faire un malaise et qu'on se ressaisi au dernier moment. Je note que c'est peut être pas si clair


J'ai un gros soucis sur la concordance des temps. Même à la relecture j'ai du mal à identifier les passages problématique. J'ai tendance à m'emmêler les pinceaux. Si vous avez des astuces / ressources je suis preneur !

Bonjour, j'ai lu ton texte. Super! même si je suis d'accord avec toutes les remarques précédentes. Tout du long on se demande où il est et la chute... vraiment très bien, elle répond à toutes les questions qu'on pouvait se poser pendant la lecture. Continue comme ça.