L'échapée du ninja

Quand j’émerge, je suis suspendu par les pieds. Ils sont noués l’un à l’autre par une corde, qui m’enserre aussi les mains dans le dos. Il règne en ces lieux un silence de mort. A en juger par la fraîcheur et l’humidité de l’air, je dois me trouver en sous-sol. La douleur flambe dans ma tête, je souffre à m’en arracher les cheveux, si j’en avais encore. Ils ont poussé l’humiliation jusqu’au bout. Ma longue chevelure noire n’est plus qu’un souvenir. Mais à la différence de ma vue, elle me reviendra.

Juste avant de m’emprisonner ici, le shogun en personne m’a brûlé les yeux à l’aide d’une immonde substance bouillante. S’il me garde en vie, c’est qu’il me réserve un sort pire que la mort. Combien de temps suis-je resté inconscient, au juste ? Suffisamment en tout cas pour que la soif m’assèche la gorge. Il va me falloir être d’autant plus efficace que les fois précédentes, qui plus est à l’aveugle.
Je m’active, me mets en mouvement, contracte les abdos jusqu’à suer ; je contorsionne mes mains pour les glisser hors du nœud de corde. J’attrape mes chevilles, puis le support qui me retenait jusque-là et dégage mes pieds après maint agiles changements d’angle. Le pilier métallique remonte jusqu’à un plafond rugueux : de la pierre. Un bref courant d’air m’indique qu’une ouverture se trouve à ma gauche. Mes mouvements sont rapides, je ne me laisserai pas glisser vers un trou peut-être sans fond. D’un saut hasardeux, je constate que j’avais vu juste quand ma main agrippe le rebord d’une fente dans la paroi. Par la force de mes bras, je me hisse au travers de la minuscule fenêtre.

De l’autre côté, l’odeur de paille de riz doit provenir des tatamis qui parcourent le sol. Des voix lointaines doivent provenir d’une autre pièce. Sans perdre de temps, je m’extirpe de ma prison et me redresse, à l’affut du moindre bruit de pas. Mes pieds nus effleurent les tapis tressés, ma main le mur lisse, mon seul guide. Il y a forcément des samouraïs qui gardent les entrées. Ils ne tardent pas à se trahir par des soupirs de surprise. Ils ne s’attendaient probablement pas à voir un fuyard, nu comme un ver, dans les couloirs du palais impérial. C’est tout à mon avantage. Ils n’ont pas le temps de glisser la lame des katanas hors de leurs fourreaux : le tranchant de ma main a déjà frappé leurs points vitaux. Celle-ci se referme ensuite sur le manche de l’un des sabres. L’arme me permet de me débarrasser d’autres guerriers ; je me fie aux murmures de leurs mouvements, aux soupirs de leurs efforts vains. Une fois sorti du palais, le vent me heurte de plein fouet, or je ne suis pas encore tiré d’affaire.

Non loin de là, au dehors, les roues d’un char frottent sur la terre brute, accompagnées des pas lourds des chevaux. Ma chance. L’alerte est donnée. On sait que je me suis enfui. Sans plus attendre, c’est avec l’entrain d’un nouveau-né que je cours après la liberté.

J'ai bien l'image du type qui court à poil. Aucun point faible ce ninja, trop fort. Belle "nouvelle" vie à toi, Samouraï ! Bravo pour ton texte, c'était pas un sujet facile.

Ton texte est sympa mais on ne ressent pas tant que ca que le personnage est aveugle. Je pense que c'est du au fait qu'il soit très entrainé et très compètent, du coup il traverse les obstacles comme si il n'avait pas changé. Ca se voit notamment lorsqu'il frappe ses ennemis aux points vitaux.

[quote="Yoomise"]Ton texte est sympa mais on ne ressent pas tant que ca que le personnage est aveugle. Je pense que c'est du au fait qu'il soit très entrainé et très compètent, du coup il traverse les obstacles comme si il n'avait pas changé. Ca se voit notamment lorsqu'il frappe ses ennemis aux points vitaux.[/quote]

Effectivement, je pourrais travailler davantage sur les ressentis et sur les difficultés par rapport à ses missions habituelles ; j'avoue avoir été prise de court par le temps limité de l'atelier, or tu as tout à fait raison

Coucou ! Bravo pour ton texte ! Il se lit bien et ce ninja est vraiment très fort ! (peut-être un petit peu trop, comme l'a dit Yoomise ? ^^')
Juste deux petits détails que j'ai relevés :
"De l’autre côté, l’odeur de paille de riz doit provenir des tatamis qui parcourent le sol." -> je pense que "qui recouvrent" conviendrait mieux, puisque parcourir implique une idée de mouvement, ce qui n'est pas le cas pour des tatamis.
"De l’autre côté, l’odeur de paille de riz doit provenir des tatamis qui parcourent le sol. Des voix lointaines doivent provenir d’une autre pièce." -> répétition de "doit/doivent provenir"
Encore bravo !

[quote="marie_jda"]Coucou ! Bravo pour ton texte ! Il se lit bien et ce ninja est vraiment très fort ! (peut-être un petit peu trop, comme l'a dit Yoomise ? ^^')
Juste deux petits détails que j'ai relevés :
"De l’autre côté, l’odeur de paille de riz doit provenir des tatamis qui parcourent le sol." -> je pense que "qui recouvrent" conviendrait mieux, puisque parcourir implique une idée de mouvement, ce qui n'est pas le cas pour des tatamis.
"De l’autre côté, l’odeur de paille de riz doit provenir des tatamis qui parcourent le sol. Des voix lointaines doivent provenir d’une autre pièce." -> répétition de "doit/doivent provenir"
Encore bravo ![/quote]

Merci pour ton retour Marie ! Je valide tes remarques, je pense qu'une réécriture ne ferait pas de mal à ce texte  

Quitte à basculer dans l'humour, autant que ça se ressente vraiment ! ^^'

J'ai bien aimé ton texte, on se représente bien le ninja courant nu comme un vers la liberté. D'accord avec toutes les remarques qui précèdent, j'y ajouterai que si le fuyard est si fort c'est que c'est un ninja très bien entraîné. Cool ton texte