La painpauté
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Léna
Messages : 3
Date d'inscription : 30/07/2023

La vue cendrée Empty La vue cendrée

Dim 30 Juil - 16:40
Un cri perçant déchira la nuit me faisant sursauter. Ce cri n’avait rien d’humain mais aucun animal, peuplant ma région natale, n’eut été capable de le produire. Paniquée, je me redressai sur mon postérieur et tâtai les poches de mon pantalon à la recherche de mon briquet. Le contact froid du métal suffit à calmer les battements de mon cœur. Je ne savais pas où je me trouvais, persuadée que quelques minutes à peine me séparaient du moment où je quittais le domicile parental à vélo. Comment pouvais-je deviner que vingt-quatre heures s’étaient écoulées ? Étonnement, je ne remarquai pas du tout l’absence de logique de la situation. Je me disais simplement être tombée de ma bicyclette, supposant avoir perdu connaissance quelques secondes seulement et m’être réveillée à l’aide d’un cauchemar. J’essayai quatre fois d’allumer mon briquet jusqu'à ce que celui-ci ne me brûla le pouce. Alors, ahurie, je le lâchai.
Cette fois, la réalité me sauta à la figure. Où était le fin croissant de lune qui me souriait à travers la baie vitrée parentale au moment de mon départ précipité ? Où étaient les lampadaires en surnombres de la départementale ? Où était la lumière ?
Je tâtai entre mes jambes écartées à la recherche de mon briquet, ne rencontrant qu’herbes et terre humides. Pendant plusieurs minutes, la panique m’empêcha de réagir convenablement. Je bondis sur mes jambes, ignorant tout de mon environnement direct. Il n’y avait que le tambourinement de ma cage thoracique, le bourdonnement de mes oreilles et des larmes incapables de brouiller ma vue puisqu’elle n’était plus.
Je ne vois rien, murmuré-je d’une voix chevrotante comme pour être contredite par le vent qui se levait soudain. Il apporta avec lui une odeur familière. Une odeur de fumée âcre. Je me jetai à terre craignant que mon briquet ne soit en train de déclencher un feu de forêt quant je finis par le trouver dans une flaque d’eau, profonde, parallèle à une autre, d’à peu près la même largeur.
Un chemin agricole, pensé-je.
Hésitante, j’avançai à quatre pattes sur un périmètre de un mètre de diamètre que j’agrandis ensuite jusqu’à trouver un arbre puis deux, puis quatre.
Un soupir de soulagement libéra tout l’air contenu dans mes poumons. Je me trouvais bien en pleine forêt. Accrochée à un tronc trop grand pour que mes bras en fassent le tour, j’inspirai profondément l’odeur de l’écorce mousseuse et humide afin de faire descendre mon inquiétude qui m’empêchait de savoir quoi faire. Mille pensées jaillissaient dans mon esprit confus. Ma cécité était temporaire, n’est-ce pas ? À moins que... Je me frottais l’arrière du crâne. M’étais-je cognée si fort en tombant ? Au point d’endommager une partie de mon cerveau ? Il me fallait donc courir au plus vite à l’hôpital ! À nouveau, je me forçai à inspirer profondément pour diminuer cet afflux de pensées négatives. Complètement hors sujet, une question s’invita à la fête : Il n'a pas plu cet après-midi, si ? m’étonnai-je. Puis, le calme environnant me frappa soudain et dévia encore une fois mon attention. Où sont les craquements de branches et les oiseaux nocturnes qui me terrorisaient enfant ? Pourquoi les renards se taisaient-ils ainsi ?
Pire, la départementale n’est-elle fréquentée plus que par des voitures électriques pour qu’aucun son de moteur ne vienne transpercer ce silence dérangeant ? Bon sang, où sont passés les gens qui rentrent de leurs soirées entre amis ? N’y a-t-il pas un seul camion de lait ? Minuit ne doit même pas avoir sonné. Inutile d’attendre d’être éblouie pas des phares, suis-je obligée de me rappeler au cour de ma longue attente. Deux ou trois heures s’écoulèrent sans que j’osai bouger de peur de tomber si je m’écartai du puissant tronc qui me soutenait. À chaque fois que le vent se levait, il charriait cette même odeur d’incendie étouffé. Aussi, il faisait bruisser les branches et me tirai un geignement. Je tremblai de peur mais pas de froid. La fraîcheur de la nuit semblait un mythe pour mes bras et mes jambes nues.
Je serais rester dans cette immobilité jusqu’au matin, jusqu’à ce que mes parents s’inquiètent de ma disparition, si je n’avais pas eu envie de faire pipi. Au début, c’était facile à ignorer mais bientôt ce fut la seule chose qui occupa mon esprit. Trouver un buisson pour me cacher. Toujours sûre d’être au bord de la départementale, j’entrepris de faire le tour de mon arbre pour en atteindre un autre. Mon objectif était donc de m’enfoncer dans la forêt.
J’étais la pire des idiotes. Sans repères, j’allais à l’opposé de ma destination. Ce n’est qu’en baissant mon legging de sport, accroupie derrière une fougère que j’agrippai de la main gauche, que deux pensées surgirent simultanément : si ça se trouve je suis en train de montrer mes fesses aux automobilistes, mon vélo n’était pas à mes pieds quand j’ai tâtonné autour de moi à mon réveil.
Ce n’est rien, pensé-je. J’ai dû faire un sacré vol plané.
Un bout de la fougère me resta dans la main quand je perdis l’équilibre et tombai, fesses les premières. Sous mes mains la terre me sembla étrangement sèche et dénuée de végétaux à quelques centimètres de la forêt vierge que j’expérimentais depuis mon réveil. Trop pressée de me rhabiller, je m’allongeai pour faire glisser mon pantalon vers le haut de mon corps. Ce n’est qu’une fois les cheveux plein de poussière que je fis la différence entre la terre présumée et la cendre qui m’entourait réellement. Je laissai échapper un cri et me roulait par terre à la recherche d’un arbre. J’en trouvais un complètement calciné. Trois pas plus loin, un autre était couché par terre. Il me fit un croche-pied. Étalée de tout mon long, je tâtai ma mâchoire endolorie qui venait de heurter un caillou. Ce que je sentis sous mes doigts me tira un cri inhumain mais qu’aucun animal de ma région natale n’eut été capable de produire.

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La vue cendrée Empty Re: La vue cendrée

Ven 15 Sep - 15:22
Bravo pour ton texte ! Bon vocabulaire, le rythme marche bien et tu as bien développé la narration. Cependant, je n'ai pas senti les émotions du personnage que j'ai trouvé très analytique et un peu "hors-sujet" (elle réagit à peine au fait d'être aveugle et perdue, a peur qu'on voit ses fesses, n'appelle pas à l'aide, a peur de la cendre).

où je quittais le domicile parental à vélo. : bizarre de parler de domicile parentale pour ses parents

Comment pouvais-je deviner que vingt-quatre heures s’étaient écoulées ? Étonnement, je ne remarquai pas du tout l’absence de logique de la situation. Je me disais simplement être tombée de ma bicyclette, supposant avoir perdu connaissance quelques secondes seulement et m’être réveillée à l’aide d’un cauchemar. : tu sors de la narration au "je" je trouve. Elle n'est pas censée savoir ça a priori et les explications nous sortent de la situation.

Je me jetai à terre craignant que mon briquet ne soit en train de déclencher : bizarre de se jeter au sol quand on sent une odeur de brûlé.

Inutile d’attendre d’être éblouie pas des phares, suis-je obligée de me rappeler au cour de ma longue attente. : bizarrement dit

Mon objectif était donc de m’enfoncer dans la forêt. : en trop, l'explication pour être sûr qu'on comprend n'est pas utile.

Sous mes mains la terre me sembla étrangement sèche et dénuée de végétaux à quelques centimètres de la forêt vierge que j’expérimentais depuis mon réveil. : maladroitement dit et je trouve que la narration nous coupe de ses émotions.

Et pas compris la fin Sad

Merci pour ta participation.
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