Aveuglée!!

L’odeur d’humidité me frappe lorsque je me réveille. Ce n’est pas l’odeur de ma chambre, je me demande où je suis. La panique s’empare de moi quand j’ouvre les yeux. Tout est noir. Pas de lumière ni sous une porte ni derrière un rideau. L’obscurité est totale. Mon cœur semble vouloir s’échapper de ma poitrine tant il y cogne.
Le sol où je suis allongée est dur et froid mais présente des irrégularités. Je tente de me relever mais un de mes poignets est pris au piège d’une chaîne cadenassée. J’ai besoin de mes deux mains donc je tâte le sol à la recherche de quelque chose pouvant me libérer.
Je saisis un objet que j’explore de mes doigts. Un manche en bois rugueux, une large lame en métal. C’est une hache. J’hésite à frapper mais je n’ai aucune autre option. Je ne sais pas où je suis, qui m’y a amené et que veut mon ravisseur. Alors je frappe, je frappe encore et encore, avec force et rapidité. Une douleur fulgurante me plie en deux. Je me mors la langue pour ne pas crier. Le goût métallique du sang empli ma bouche. Je tremble quand je touche ma main, la chair est à vif et je sens qu’un os dépasse de celle-ci. Mon pouce. Mon pouce n’est relié à ma main que par un morceau de peau pas plus large qu’un pièce de monnaie. Des larmes m’échappent mais je les efface de ma main libre. Pas question de craquer maintenant.
Je remarque que la chaîne est brisée. Soulagée, j’arrache un morceau de ma robe afin d’en faire un pansement. Il faut éviter l’hémorragie alors je serre le plus possible le lambeau de tissu.
J’essaye d’invoquer la lumière. En vain. Ils sont malins. Rendre aveugle une fée de la lumière. Il n’y a pas meilleur moyen pour l’enfermer et lui faire perdre tout espoir.
Néanmoins, je me lève. Ma fierté est tout ce qu’il me reste.
J’avance les bras devant moi et en quelques pas je rencontre un mur en pierre. Je l’explore et repère un symbole en volume, je suis le tracé de celui-ci de mes doigts. C’est l’emblème des fées. Je décide d’explorer chaque centimètre carré de cette cellule. En tout, quatre symboles sont représentés : celui des fées, des elfes, des sirènes et des centaures. Mais que cela signifie-t-il ? Je ne comprends pas. Il faut que je réfléchisse.
Je me laisse choir mais me cogne à une boîte en métal qui semble soudé au sol. La boite est incrusté de symboles, des symboles de toutes les espèces (fées, lutins, elfes, nymphes, trolls etc.). J’appuie sur les symboles présents sur les murs de la cellule. Un grincement retentit. Un courant d’air me caresse le visage. Une voix grave résonne :
— J’y suis peut-être allé un peu fort avec cette histoire de hache. Va chercher le soigneur Dobby.
Cette voix. Cette voix grave mais enjouée. Je la reconnais. Des larmes coulent sur mes joues. Je me sens trahie, brisée.
— Louis ? C’est toi ?
Louis est mon meilleur ami depuis toujours. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Je le sens qui s’approche, il touche mon front de ses doigts calleux. La mémoire me revient.
— Alors qu’est-ce que tu en penses ?
Je sens dans l’intonation de sa voix qu’il est fier de lui et qu’il attend mon approbation.
— C’était une expérience unique Louis, effacer la mémoire des participants est l’idée du siècle, ajoute quelques énigmes et l’escape game sera prêt à ouvrir ses portes, dis-je le sourire aux lèvres.