Vision Unique

Titre : Vision Unique

Ma respiration s’arrête un bref instant, laissant mon rythme cardiaque s'accélérer frénétiquement. Où suis-je ? Je me sens sans me voir, je sais exister sans pouvoir analyser mon environnement. J’ai été transporté ici, il y a de cela quelques jours. Un vaisseau qui devait m’emmener au pied de mon projet de recherche. Une sorte d’antre à insectoïdes spatiaux, vivant dans un essaim et sous le règne d’une Mère. Mon objectif était limpide et tenait en une seule ligne sur ma thèse : analyser le comportement du nid, et comment sa conscience a pu devenir collective.

Suis-je devant elle ? Je n’en sais rien. J’utilise en ce moment-même un module de journal à retranscription neurale pour vous transmettre mon ressenti à travers un texte interprété de ma pensée. J’espère en apprendre plus sur Elle. Qui est-Elle réellement ? Comment un royaume aussi colossal a-t-il pu être formé en seulement quelques années ? Elle dirige son armée d’une main de fer, et parvient parfaitement à contrôler chaque comportement, tout en considérant l’humeur de ses soldats. Nous humains avons beaucoup à apprendre d’Elle et des siens, qui ont su développer d’autres sens que les plus primaires.

D’ailleurs, depuis que je suis ici, certains de mes sens sont devenus plus affûtés. Et pourtant, malgré toute ma concentration, je ne saurai décrire ce qu’il se trouve en face de moi. Une piqûre d’andrénaline dans le coeur, et je m’éloigne de mon vaisseau, naviguant dans le noir complet. Je me libère de ma combinaison afin de profiter de mon ouïe, avant de me heurter à un rocher. Au toucher, il semble plus lisse qu’une pierre polie, et aussi mouvante qu’une matière organique.

C’est Elle. Toutes les paroies que je touche font partie de sa forteresse géante, et sont une amalgamation de tous ses sbires. Des bruits de battement d’ailes me viennent aux oreilles, comme l’appel d’un chemin que l’on me conseille d’emprunter. J’y vole en me raccrochant comme je peux aux surfaces que je croise. L’escalade n’y est pas facile. Cependant, à proximité du noyau, je sens ses pulsions me venir à l’esprit. Je suis dirigé, accompagné par sa douce voix qui m’appelle. D’abord de simples flatteries de sa part avant de me proposer de me joindre à eux. Les battements de mon cœur poursuivent leur monologue au gré du sien, alors que je m’efforce de résister, mon destin me contredit.

Au plus proche d’Elle, son corps se déplace au contact de mon souffle. Un doux arôme traverse mes narines, et rassure mon choix. Ma peau se colle à la sienne, et me permet de percevoir ses plus intimes réactions. Une sensation chaude m’envahit alors, comme un exilé qui aurait retrouvé son foyer. La chaleur de son brasier texturé me paralyse par sa tendresse, et m’empêche de restreindre mon étreinte.

Depuis le début, mes yeux refusaient de m’aider, comme s’ils ne voulaient pas s'ouvrir à la vérité. Pourtant, je sais que ma présence en son lieu n’est pas le fruit du hasard. Elle me voulait moi, et personne d’autres. J’accepte de rejoindre l’essaim, de fusionner mon être à son esprit omniscient, et à ne plus jamais ressentir l’indépendance. La joie m’envahit. Le réconfort d’avoir trouvé ma voie parmi les ténèbres me transperce, une chose que j’ai toujours cherché en vain.

Soudainement, un liquide coule le long de mon torse. Elle vient de me percer le cœur. La sensation chaleureuse que je ressentais se voit remplacée par un froid glacial. Plusieurs de ses membres me perforent le corps jusqu’à réduire le reste de mon enveloppe en morceaux. Aveuglé par ses précédents mots, je ne trouve pas la force de lutter. Mon esprit se noie dans le sien, pour parfaitement se fondre dans ses bras maternels. Je comprends maintenant ce que mes frères de la colonie peuvent ressentir. Tous ne sont pas des insectes originaires de l’espace, mais simplement des humains cherchant à ne plus ressentir la solitude sur Terre. Nos deux esprits coexistent maintenant avec d’autres, avec comme résultat, l’anéantissement total du principe d’individu.

Cher journal, j’ai enfin découvert ce que j’étais venu chercher. Si vous aussi vous subissez l’isolation par vos pairs, cherchez le Nid, et vous y trouverez la paix éternelle.

FIN DE TRANSMISSION.

Hello ! J’aime bien le ton du texte, et l’idée est originale

Je ne lis pas souvent de la SF ou de la fantasy, je ne suis pas vraiment une experte dans ce domaine donc je vais juste te faire remarquer deux-trois trucs :
« afin de profiter de mon ouïe » —> un peu bizarre je trouve
« ne plus jamais ressentir l’indépendance » —> je ne sais pas si on peut « ressentir » l’indépendance, être indépendant plutôt ?
Aussi, selon moi, il a manqué quelques lignes concernant les pensées du personnage vis à vis de sa vue. La narration ne s’attarde pas trop sur la perte de ce sens.

Mis à part ces détails j’ai trouvé ton texte vraiment sympa (encore une fois, je ne suis pas une experte en la matière pour juger ce genre), et certaines phrases étaient poétiques, cohérentes avec le ton de la narration.

Bravo pour ton texte ! Il est vraiment original, et même si on est perdu pendant la première moitié, la deuxième se lit sans souci. Un peu trop de contexte, mais bon rythme et bon respect de la consigne. Juste des maladresses :

Je me sens sans me voir, je sais exister sans pouvoir analyser mon environnement. ; j'aime l'idée, mais je trouve la phrase bancale.

J’utilise en ce moment-même un module de journal à retranscription neurale pour vous transmettre mon ressenti à travers un texte interprété de ma pensée. : compliqué

Je me libère de ma combinaison afin de profiter de mon ouïe, avant de me heurter à un rocher. : afin/avant : lourd d'avoir les deux je trouve

Merci pour ta participation !