"Repérage"

Je saute du chêne sur lequel j’étais perché et roule sur le côté pour me mettre à l’abri. L’étui de mon couteau cogne ma hanche et le carquois me rentre dans le dos, mais le tapis de feuilles brunes, au pied de l’arbre, amorti les chocs. Je me réfugie derrière le buisson le plus proche et relève enfin la tête.
Cinq cent mètres plus loin, des murs gigantesques.
Il est sûrement à l’intérieur. Il ne se doute de rien.
Je sors une feuille, un morceau de charbon et je commence mon croquis. J’indique les portes, les fenêtres, les fissures, la taille du pont, le nombre de gardes, l’inclinaison du canon et les fentes dédiées aux archers. Je trace les contours de l’immense château pendant un demi-heure, notant les informations de mon écriture la plus soignée.
Soudain, quelque chose attrape mes cheveux avant de les tirer en arrière avec violence. J’essaie de me retourner et balance mon poing dans tous les sens, mais impossible de toucher quoi que ce soit.
« On rentre. Tout de suite. »

Et merde. Je me relève et avance sans rien dire, empruntant en sens inverse le chemin que j’ai effectué il y a deux heures. Faire du bruit ici ne servirait à rien.

Une clé dans la serrure. « Clic. Clonc. ». Un salon. Je m’avance au milieu de la pièce et fait un demi-tour pour me retrouver face à face avec le chef du village.

« J’étais en repérage.
- En repérage ? Mais en repérage pour quoi ?
- Je suis sûr que tu es capable deviner, si pour une fois tu réfléchis par toi-même.
- Attends… Non mais… Tu crois pourvoir les vaincre, à toi tout seul, avec ton minuscule couteau et ta dizaine de flèches ?
- Je ne suis pas seul. Les gens souffrent. Ils travaillent deux fois plus dur chaque jour, ils se lèvent avant le soleil et se couchent seulement quand ils ne peuvent plus voir dans le noir, pour obtenir quoi ? Seulement moitié de leur ancienne ration. A peine de quoi vivre. Les gens m’écoutent. De plus en plus. Ils entendent mais idées, ils les comprennent et ils y adhèrent. Tu es en train de perdre, papa. Nous sommes prêts. Nous attendons notre tour, bien sagement dans le noir. Mais dans deux semaines, les rôles vont s’inverser, je te le jure. Le seigneur et toi, asservi, vous allez tomber de haut. De bien plus haut que les falaises qui entourent la plage. De plus haut que les murs de la prison de pierre où tu as osé envoyer tes propres enfants.
- Tu délires. Tu es un rêve. Tu hallucines, mon pauvre. Tu n’es rien, Ren ! Une petite poussière dans l’oeil qui disparaît dès qu’on le ferme.
- Mais putain, arrête de fermer les yeux, justement ! Tu vois pas qu’il s’affaiblit ? Il a aucun héritier, ses ont été recrutés pour aller se battre en Bretagne ! Il est enfermé dans son petit jeu mesquin, il est assoiffé de pouvoir, mais si les murs de son château sont si hauts, c’est parce que le moindre coup de vent peut le déraciner !
C’est en cours, papa. Tu ne peut plus arrêter un engrenage lancé avec tant de rage. Tu ne peut pas étouffer une révolte alimentée par tant de haine, par tant d’envie de liberté !
Alors reste ici. Ferme les yeux. D’accord. Mais moi, je serais en tête de file pour venir vous détruire.

Je me rue hors de la pièce en claquant la porte. Je cours le long du ruisseau, je traverse le bois, grimpe sur le chêne et reprend mon poste. Là, par terre, gît un os de cerf.

Coucou !
Bravo pour ton texte, il est très bon et reprend les caractéristiques de la fiche de personnage avec un conflit père-fils très marqué.
Il y a quelques fautes d'orthographe, mais rien de bien méchant et ça se corrige facilement à la relecture.
J'ai juste une remarque: l'argumentaire de Ren me semble peu crédible: trop long dans une dispute. Ren en dévoile trop aussi, mais étant aussi jeune et impétueux, ça peut se comprendre. Peut-être reformuler le dialogue avec des phrases plus courtes.

Bravo pour ton texte^^

Merci beaucoup, c'est vrai que je n'ai pas trop pris le temps de me relire )

Bonjour,
D'accord avec Ginevra pour les quelques fautes d'orthographe:

"Il a aucun héritier, ses ont été recrutés pour aller se battre en Bretagne !": il manque des mots ce qui rend la phrase incompréhensible.

C'est vrai que des phrases plus courtes et un dialogue agrémenté de réparties du père donneraient plus de tonus à ton texte.

Bravo pour ta participation!

Bravo pour ton texte ! Tu as trouvé une action qui caractérisait bien Ren, mais je pense qu'à travers le dialogue et la narration autour tu aurais pu davantage montrer sa personnalité. Sinon le rythme est bon, l'échange est bien même si c'est vrai qu'il y a beaucoup d'infos compactées. Aussi :

quelque chose attrape : quelqu'un attrape

Faire du bruit ici ne servirait à rien. : commencer une dispute ? pour être plus précis

Une clé dans la serrure. « Clic. Clonc. ». Un salon. : je pense qu'il y a mieux comme lancement d'une scène pour poser le lieu/l'ambiance

Je m’avance au milieu de la pièce et fait un demi-tour pour me retrouver face à face avec le chef du village. : pas suffisant pour accompagner le dialogue, il faut développer une vraie narration pour étoffer les personnages, montrer les émotions et approfondir la scène.

Tu délires. Tu es un rêve. Tu hallucines, mon pauvre. : un peu redondant je trouve

Un peu trop de "je" dans le dernier paragraphe

Merci pour ta participation !